Chapitre 1 - Maudit Chat !

Ladybug venait à nouveau de sauver Paris d'un vilain, nouvelle victime du Papillon. L'expérience des dernières années passées à les affronter rendaient la chose de plus en plus facile. L'expérience, et les cours d'arts martiaux qu'elle s'était décidée à prendre en entrant au lycée. Cela avait le double avantage d'améliorer sa forme physique et d'avoir une excuse toute trouvée pour ses bleus si on lui posait la question. Marinette l'avait appris à ses dépens : le lucky charm réparait les dégâts matériels, pas les blessures.

Cependant, cela ne lui donnait pas plus de créativité pour s'excuser de ses absences auprès de son entourage. Sa réputation d'éternelle retardataire trouvait des limites variées chez ses amis proches. Notamment Alya qui préférait en sourire qu'en pleurer. Et puis ses parents qui l'avaient sanctionné plus d'une fois à cause de ses multiples absences et retards au collège puis au lycée. Marinette n'imaginait même pas ce qui serait arrivé si elle avait raté son baccalauréat. Mais ils l'aimaient tous et elle avait fait amende honorable à chaque impair. Pendant des années.

Aujourd'hui était un jour différent. Après sa détransformation, elle ressortit de la bouche de métro et fila à son rendez-vous. Aujourd'hui, elle avait rendez-vous avec Hassan, un jeune homme qui étudiait l'infographie dans la même prestigieuse école où elle s'était inscrite en stylisme. Après toutes ces années à soupirer après Adrien Agreste sans jamais oser lui avouer ses sentiments, elle s'était efforcée de l'oublier et de se tourner vers d'autres horizons. Il y avait plus d'un homme sur Terre, n'est-ce pas ?

Et puis, elle n'avait pas à rougir de son succès en amour. Marinette était devenue une superbe jeune femme avec le temps, sa silhouette adolescente longiligne s'était développée toute en courbes sur un corps sculpté par les arts martiaux et la course. En fait, surtout la course. Quand on vit une double-vie, on devient sprinteur et marathonien car on n'hérite -hélas- pas d'une double journée pour la vivre. Du temps consacré à tout Paris, c'était logiquement du temps en moins pour son cercle proche. Et donc, moins pour un petit-copain. Logique.

Courir dans Paris en robe et talons était donc devenu un mode de transport habituel pour Marinette. Durant sa course folle, elle ruminait de sombres pensées. Elle était en colère contre elle-même, contre Papillon, contre Chat Noir. Oui, contre Chat Noir. Quelle idée de partager sa double-vie, d'être si compréhensif et à l'écoute ! En somme d'être son ami !

Peu après la fin de l'affrontement, elle avait esquivé les journalistes en se réfugiant en hauteur derrière un écran de cheminées, l'air sombre et perdue dans ses pensées. Chat Noir, intrigué, toujours au fait de ses humeurs à force de la côtoyer, l'avait suivi et interpelé à ce sujet.

- Ma Lady est préoccupée ? demanda-t-il en s'accroupissant à côté d'elle.

Elle n'avait pas eu à utiliser son Lucky charm, donc elle pouvait prendre son temps. Enfin, pas vraiment. Ah ! C'était si compliqué dans sa tête ! Elle ramena ses jambes contre elle, les entourant de ses bras et posant son menton sur ses genoux.

- Ma Lady ? s'inquiéta Chat Noir en s'asseyant près d'elle.

Elle tourna les yeux vers lui, le scruta puis baissa les yeux, les joues rosies.

- Ce n'est pas... je, ce ne serait pas juste que je t'en parle.

Il eut un sourire en coin.

- Ma Lady sait qu'elle peut tout me dire, lui affirma-t-il.

- Vraiment ? Même si c'est pour dire que j'ai un rendez-vous galant qui m'attend depuis...

De manière opportune, un clocher sonna la demie non loin de là.

-Une demi-heure !

Un ange passa.

Depuis cette fameuse Saint-Valentin qui remontait à plusieurs années en arrière, où Chat Noir lui avait sérieusement fait une déclaration et où elle l'avait repoussé parce qu'elle en aimait un autre.... Comment dire ? Le héros avait respecté son choix, tout en se jurant intérieurement de ne pas renoncer. La vie est longue après tout, surtout quand on est collégien. Ils n'avaient jamais refait allusion à l'évènement mais il y avait plusieurs incidents récurrents au cours des années précédentes. Une rose offerte par-ci, des sous-entendus un peu trop explicites par-là. Il avait toujours pris garde à ne pas dépasser les limites au nom de la stabilité de leur relation. Mais sa Lady en avait toujours eu une acuité exacerbée ce qui la mettait toujours dans un état de tension quand ils se côtoyaient.

Ou alors elle était carrément paranoïaque depuis tout ce temps.

Chat noir se frotta la nuque sans rien dire. Il semblait réfléchir.

- Pourquoi n'y cours-tu pas alors ? N'est-ce pas ce dont tu rêvais depuis toutes ces années ? dit-il avec douceur.

Ladybug enfouit sa tête dans ses bras, dissimulant ses larmes de frustration et de honte. Oui, c'est ça. Elle était mortifiée par la honte. L'héroïne releva la tête en la détournant, voulant cacher autant qu'elle le pouvait son état à son partenaire.

- Ce n'est pas avec lui que j'ai rendez-vous, avoua-t-elle à voix basse.

Elle repéra une masse blanche dans son champ de vision latérale. C'était un mouchoir qu'il lui tendait galamment. Elle l'accepta en rougissant avant de se moucher avec élégance.

- Ma Lady ajoute donc la trompette à ses multiples talents, lança-t-il taquin.

Elle le fusilla du regard et leva la boule de cellulose blanche souillée de morve en un geste explicitement menaçant. Le jeune homme leva les mains en signe de reddition avec un air faussement contrit mais une lueur définitivement victorieuse dans les yeux. Ladybug n'avait pu retenir un sourire amusé.

- Aurais-tu renoncé à lui, en fin de compte ? demanda-t-il avec prudence.

Ladybug tentait tant bien que mal d'endiguer l'écoulement du robinet qui avait pris la place de son nez. Sans grand succès. Chat Noir lui tendit le paquet de mouchoirs entamé avec diligence, sans faire le moindre commentaire ou jeu de mots dont il avait le secret.

Ils avaient bien changé depuis tout ce temps. Elle s'était endurcie ou elle le croyait, et il avait appris à laisser de côté ses facéties quand elles se montraient inopportunes. Ce qui était le cas présentement.

Il semblait sincèrement soucieux d'elle.

- Je... je ne sais pas. Non, je suis juste trop lâche pour reconnaître que c'est un amour impossible. Je ne suis rien et il est tellement parfait ! Qui suis-je pour qu'il m'ait seulement remarqué ? Je suis certaine qu'il a une foule d'admiratrices tout le tour de taille à ne pas savoir qu'en faire ! Il a l'embarras du choix, pourquoi il s'embarrasserait d'une potiche propriétaire de son propre fuseau horaire ! Et puis, je me vois mal venir le voir ! « Salut, on se connaît depuis le collège et je suis raide dingue de toi depuis autant de temps ! Epouse-moi ! »

Elle finit sa tirade sur un nouvel accord de trompette. Sa voix était montée dans les aigus jusqu'à devenir presque hystérique. A la réflexion, elle ne s'était pas endurcie, pas du tout. Bien au contraire.

Chat Noir siffla, ou expira lentement un souffle qu'il avait retenu avec peine. Elle ne sut le dire entre deux mouchoirs.

- Donc, tu n'as pas renoncé à lui, conclut-il placidement.

- On dirait que non, fit-elle en reniflant.

- Alors pourquoi fréquentes-tu quelqu'un d'autre ? demanda-t-il sans l'ombre d'un jugement tant dans sa voix que dans son regard.

Elle avait trouvé le courage de lui faire à nouveau face ; les narines passablement irritées mais tout de même. Ladybug voulut commencer par un nouveau « Je sais pas » mais se retint. C'était toujours ainsi que commençait les révélations.

- Parce que j'essaie de me prouver à moi-même que je peux être heureuse sans lui.

Elle renifla.

- Sans avoir à risquer d'être rejetée, d'avoir le cœur brisé.

Nouveau reniflement.

- Ce qui n'est pas honnête envers... l'autre, du coup, conclut-elle.

Toujours assis en tailleur, Chat Noir se racla la gorge avant de prendre la parole :

- N'interprète pas mal ce que je vais te dire, ma Lady... Tu es quelqu'un d'exceptionnel. Sous ce masque se cache l'âme d'une héroïne. Tu es généreuse, brave, déterminée, intelligente, brillante même ! N'importe qui serait bien chanceux d'attirer ton attention. Mais je pense que le nœud du problème n'est pas, ici, ta propre qualité en tant que petite-amie... mais plutôt ton manque d'honnêteté envers toi-même.

L'orgueil de Ladybug fut piqué au vif, et elle retint à grand peine une remarque cinglante. Sa réaction n'échappa pas à Chat Noir qui eut une expression contrite. Il se releva et s'étira les jambes qu'il devait avoir ankylosées. Son langage corporel exprimait clairement du regret, il détourna le regard et reprit :

- Je te demande pardon. Je ne voulais pas ajouter à ton tourment mes maladroites tentatives de réconfort. Oublie ce que j'ai dit. Porte-toi bien, ma Lady. Et à bientôt !

Sur une révérence, il sauta dans le vide pour se détransformer et retourner à la vie civile.

« Maudit chat ! » fulminait-elle intérieurement en traversant le passage piéton avant d'arriver au restaurant où elle avait rendez-vous.

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Premier chapitre d'une première fanfiction. J'espère qu'elle vous plaira. N'hésitez à me laisser des commentaires. C'est par la critique constructives que l'on peut s'améliorer !

A bientôt pour un nouveau chapitre :)

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