Chapitre 6
La mine boudeuse, Serephina posa ses mains sur ses hanches.
— Qu'est-ce que tu en sais ?
Il haussa un sourcil.
— On se connait depuis qu'on a trois ans, si tu en étais capable, je pense que je serais le premier à le savoir.
Elle pencha la tête sur le côté pour lui montrer qu'il avait raison.
— Un point pour toi. Qu'est-ce que tu fais là ?
— J'ai besoin d'une raison pour venir te voir, maintenant ?
Elle haussa les épaules et regarda dans le lointain, là où sa chouette s'était envolée. Il allait lui dire que, maintenant qu'elle était à Gryffondor, il ne voulait plus être ami avec elle et qu'elle le décevait. Elle allait perdre le seul ami qu’elle avait.
— Tiens, lui dit-il.
Elle se tourna vers lui, curieuse de savoir ce qu’il lui tendait. Au creux de sa main se trouvait un bout de pain et une pomme.
— C’est tout ce que j’ai réussi à te prendre en cachette, s’excusa-t-il.
Elle regarda la nourriture, les sourcils froncés. Ce n’était pas le comportement de quelqu’un qui allait rompre une amitié. Quand il vit la réaction de la rouquine, Draco rougit. Chose qu'il ne faisait jamais.
— Pourquoi tu m’apportes ça ? demanda-t-elle.
— Tu n’as rien mangé et c’est hors de question que tu partes d’ici le ventre vide.
— J’ai pas faim.
Il lui fourra le fruit dans les mains sans lui demander son avis.
— Je ne te laisse pas le choix. Tu es déjà assez maigre comme ça sans louper des repas.
Elle soupira et croqua une bouchée, sachant qu’il ne lâcherait pas l’affaire tant qu’elle n’aurait pas avalé ce qu’il lui avait apporté. Il sourit, satisfait, et passa son bras autour des épaules de Serephina lorsque celle-ci frissonna. Elle se blottit contre lui et inspira son parfum mentholé. Le silence se fit et se poursuivit jusqu’à ce que Serephina ait fini de manger la pomme.
— Alors comme ça, t’es à Gryffondor, fit-il remarquer.
Il la sentit se crisper quand il aborda le sujet. Il comprit directement pourquoi. Il posa ses mains sur ses épaules et la déplaça de manière à pouvoir voir son visage.
— Hé, il n'y a rien de mal là-dedans.
Elle ouvrit de grands yeux étonnés, ce qu’il trouva mignon.
— Ça ne te pose pas de problèmes ?
— Quoi ? Bien sûr que non ! s’exclama-t-il. J’étais persuadé que tu serais envoyé là-bas. Le contraire m’aurait déçu.
— Pourquoi ? Parce que tu aurais eu tort ?
Il rigola avant de la contredire. Serephina sourit. C’était tellement rare de le voir rire.
— Non. Parce que ça aurait voulu dire que je me serais trompé sur toi pendant toutes ses années. Tu n’es pas comme ton père et tu ne le seras jamais.
Pour lui, c’était un compliment. Mais Serephina, comme à chaque fois qu’il insinuait une chose du genre, se vexa. Elle s’éloigna de lui en le fusillant du regard.
— J’arriverai à te prouver le contraire.
— Si tu le dis.
Il ne voulait pas insister plus que ça, de peur de l’énerver. Il voulait aller la prendre dans ses bras pour s’excuser mais elle recula d’un pas.
— Phina…
Elle détourna le regard. Il la prenait pour une incapable et ça la mettait hors d’elle.
— Comment tu comptes t’y prendre avec Potter ?
Au fond de lui, il espérait qu’elle n'avait pas de plan concret et qu’il pourrait la faire renoncer et passer une année scolaire normale, sans faire semblant de le détester. Il avait cru que la mort de son père changerait cela mais ce n’était pas le cas.
— Moins tu en sauras, mieux ça vaudra pour toi si je me fais prendre. J’ai juste besoin de savoir où se trouvent les salles de potions et la réserve d'ingrédients.
Avant de lui répondre, Draco se demanda ce qu’elle pouvait être en train de préparer comme moyen de parvenir à ses fins.
— Tu verras demain, on a cours de potions ensemble en première heure. Dis-moi, je pourrais peut-être t’aider. T’as toujours été nulle pour en concocter.
Il sut qu’il avait réussi à se rattraper quand il vit son air indigné.
— Parce que mon père ne me laissait jamais les recettes ! s’exclama-t-elle. Même toi, tu aurais galéré !
— Des excuses, toujours des excuses, se plaignit-il en secouant la tête. Tu n’en auras pas ici non plus. Je suis certain que ce que tu cherches ne se trouve pas dans les manuels scolaires.
— J’ai demandé à ta mère de m’envoyer celui de mon père.
Il la fusilla du regard, ce qui la fit déglutir.
— Je t'avais demandé de laisser ma mère en dehors de ça.
— Et c’est ce que je ferai une fois qu’elle m’aura envoyé mon livre. Je te le promets, Draco. Je ne pouvais pas le mettre dans ma valise, elle a été fouillée à la frontière.
— Tu n’avais qu’à pas disparaître de l’Angleterre pendant des mois sans prévenir personne, gronda-t-il.
Elle grimaça.
— Tu m’en veux encore pour ça ?
— J’ai cru que tu avais été attrapée par les aurors ou pire… bien sûr que je t’en veux !
— Dray… murmura-t-elle.
Elle le prit dans ses bras et nicha sa tête dans son cou.
— Je suis désolée.
Il soupira et passa sa main dans ses cheveux. Une alarme sonna alors dans toute l’école, signe que l’heure du couvre-feu allait bientôt arriver. Draco s'inquiéta alors d’un détail qu’il avait jusque-là oublié.
— Tu vas faire comment dans les dortoirs ?
Serephina était sujette aux cauchemars. Elle en faisait toutes les nuits depuis qu’elle était arrivée au manoir Malfoy. Avant, elle ne savait pas. Elle n’avait aucun souvenir de ses trois premières années de vie. Toutes les nuits, elle avait réveillé Draco et ses parents à cause de ses cris et elle n’arrivait jamais à se rendormir après. Puis un soir, Draco s’était endormie dans sa chambre et ils avaient dormi ensemble parce que Serephina n’avait pas voulu le réveiller. C’était la première fois qu’elle avait dormi sans réveiller tout le monde en criant. Lucius l’avait félicitée d’être devenu assez mature pour ne plus tous les réveiller alors que Narcissa avait bien compris ce qu’il s’était passé.
Depuis, dès qu’il le pouvait, Draco la rejoignait pour dormir avec elle. Ce qui allait être très compliqué à Poudlard.
— J’ai expliqué à la vieille que je ne pouvais pas dormir avec les autres filles de ma maison à cause de mes cauchemars quand je me suis inscrite. Elle m’a dit que j’allais dormir dans les appartements des préfets en chefs.
— Vraiment ? demanda Draco en souriant.
— Oui. Apparement il y a trois chambres et ils ne sont que deux. Pourquoi ?
Il lui montra l’insigne qu’il portait sur la poitrine d’un air triomphant.
— Parce que j’en suis un !
Un petit cri de joie s’échappa des lèvres de Serephina et elle se couvrit la bouche avec sa main.
— Et comme McGo n’a toujours pas décidé qui allait être celui de Gryffondor, on sera que tous les deux. Pas de cauchemars pour vous cette nuit, miss Jedusor. Vous dormez avec moi !
Sans trop savoir pourquoi, elle rougit. Draco ne le vit pas puisqu’il était déjà parti devant pour lui montrer le chemin. Elle le suivit à travers le château et pénétra derrière lui dans l’ouverture laissée par un tableau juste après qu’il ait prononcé le mot de passe.
— Tu es fatiguée ?
Pour toutes réponses, elle bailla. Draco s'esclaffa et lui montra sa chambre.
— Viens me rejoindre quand tu voudras dormir.
Il désigna les deux pièces vides.
— Choisit celle que tu veux.
Elle hocha la tête et le regarda s’engouffrer dans la sienne. Elle entra dans la chambre qui se trouvait le plus près d’elle, à savoir celle à côté de celle de Draco. Elle ne regarda même pas comment était agencée la chambre. Elle voulait juste dormir. Elle n’avait pas passé une vraie nuit de sommeil depuis près d’un an, vu qu'elle n’avait plus dormi depuis Noël dernier.
Elle observa ses valises apparaître par magie devant elle et fouilla dans la première. Elle en sortit un tee-shirt de Quidditch appartenant à Draco et se changea pour le passer. Elle alla ensuite rejoindre son meilleur ami.
Elle s’attendait à tout, sauf à le voir allongé dans son lit, torse nue, un bras sous la tête. Ses joues virèrent au cramoisie.
— Mais, c’est mon tee-shirt ça !
— Exactement.
— Je le cherche depuis je sais pas combien de temps !
— Je sais.
Il soupira et tapota le matelas à côté de lui pour lui dire de le rejoindre. Elle le fit et se coucha à côté de lui. Il remonta la couette sur eux et la regarda se blottir contre lui.
— Bonne nuit, Phina.
— Bonne nuit, Dray.
Quand il fut sûr qu’elle dormait, il lui embrassa le front.
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