Chapitre 26

Au milieu de la plaine qui bordait les alentours de la maison des Weasley, la famille de rouquin attendait que Serephina arrive. Harry, qui les avait rejoints après s’être enfui du manoir Malfoy, était assis par terre, en train de reprendre des forces. Hermione était à côté de lui, le mitraillant de questions pour s’assurer que son meilleur ami allait bien.

― C’est bon, Hermione. Je n’ai rien. Tu peux arrêter ton interrogatoire.

― J’en reviens pas que ma sœur ai fait ça, marmonna Georges. Qu’est-ce qu’il lui a pris ?

― Elle a été élevée par Lucius Malfoy en croyant être la fille de Voldemort. Tu ne peux pas lui en vouloir. 

Georges leva les yeux au ciel quand il entendit Harry défendre la jeune fille, même s’il était d’accord avec lui. Fred avait toujours pensé que leur sœur était toujours vivante. Qu’aurait-il dit en voyant ce qu’elle était devenue ?

― Tu es sûr qu’elle viendra, Harry ? le questionna Charlie.

Le jeune homme avait fait le déplacement dès qu’il avait apprit que sa petite sœur avait été retrouvée. Le seul membre de la famille qui manquait était Percy.

― Draco la convaincra de venir. J’en suis sûr.

A côté de son frère, Ginny ruminait. Elle avait été libérée du filtre d’amour et retenait des envies de meurtres envers celle qui était apparemment sa sœur aînée.

― Arrêtez de lui trouver des excuses. C’est une salope.

― Ginny ! s’exclama Molly.

― Eh bien, retentit une voix dans le dos de tous, on dirait que je suis appréciée, par ici.

Tous se tournèrent vers Serephina, qui venait d’arriver. Le visage de la jeune fille était impassible, même si elle ne savait pas ce qu’elle faisait là. Elle était venue pour demander des preuves de ce qu’ils avançaient. Narcissa avait beau lui avoir tout raconté, Serephina voulait avoir leur version de l’histoire. Draco, qui était apparu sur les lieux en même temps qu’elle, posa sa main dans le creux du dos de la rousse et lui lança un regard d’avertissement.

― Ne commence pas, murmura-t-il.

Son amie d’enfance leva les yeux au ciel et croisa les bras sur la poitrine. Elle fixa Harry quelques secondes.

― T’as l’air d’aller bien, remarqua-t-elle.

― Plutôt, oui. C’est gentil de t’en inquiéter.

― C’est pas le cas. Je m’en fou.

Etrangement, Harry sourit devant cette remarque. Georges et Charlie étaient restés figés sur place depuis qu’ils l’avaient vu arriver. Contrairement à Ron, qui ne l’avait connu que lorsqu’il était bébé et n’avait pas pu la reconnaitre, les deux rouquins surent immédiatement qu’il s’agissait bien de leur sœur. Des larmes montèrent aux yeux de Georges.

― Sere… C’est bien toi.

Serephina n’avait pas encore posé les yeux sur celui qui était son frère aîné de seulement quelques minutes. Lorsqu’elle le fit, un hoquetement de surprise s’échappa de ses lèvres. Elle l’avait reconnu. C’était avec lui qu’elle jouait dans certains de ses rêves, avant qu’ils ne deviennent des cauchemars. Il y avait également un autre garçon qu’elle ne voyait pas aujourd’hui.

― Georges, répondit Serephina.

Il se retenait à grand peine de se jeter dans les bras de sa sœur. Elle se souvenait peut-être de lui, mais il n’était pas sûr qu’elle allait apprécier.

Des souvenirs remontèrent dans la mémoire de la jeune fille à la vue de son frère. Elle observa le rouquin qui se trouvait derrière Georges.

Allez, grand-frère ! Moi aussi je veux voler sur un balai !

― N’insiste pas, Sere. T’es encore trop petite.

La Serephina de deux ans et demi du souvenir croisa les bras sur la poitrine, la mine boudeuse. Elle regardait Charlie, qui enjambait son balai en lui souriant devant le comportement de sa sœur. 

― Je suis pas petite ! 

― Bien sûr que si, petite sœur, intervint une voix derrière elle.

Serephina se tourna vers la personne qui venait de parler en tirant la langue.

― Je suis née cinq minutes avant toi, Fred !

― T’as aucune preuve !

― Taisez-vous, les enfants. Ordre de votre aîné. 

Les deux plus jeunes du trio regardèrent Georges, qui faisait son chef, les poings posés sur les hanches dans une posture de super-héros. Serephina et Fred se regardèrent, avant de se jeter sur leur frère en riant et en courant.

***

― Je m’ennuie. Je m’ennuie. Je m’ennuie. Je…

― Tait-toi, Serephina. J’essaie de travailler.

― Percy rabat-joie, ricana la jeune fille en se levant.

Elle attrapa la plume avec laquelle Percy écrivait et s’enfuie en courant dehors.

― T’es même pas cap de me rattraper !

***

Perturbée par ses souvenirs, Serephina regarda ses frères, les yeux dans le vide. Les jambes flageolantes, elle ne parvenait à tenir debout que grâce au bras de Draco autour de sa taille.

― Tout va bien ? lui demanda-t-il.

Serephina hocha la tête. Elle n’adressa pas un regard à Ginny, qui n’était pas encore née quand elle avait disparue, et se tourna vers ses parents. Les souvenirs lui revenaient petit à petit mais ils n’étaient pas dedans. Elle ne se souvenait que de ses grands frères.

― Pourquoi vous n’avez pas essayé de me retrouver ?

Un gémissement blessé franchit les lèvres de Molly et ce fut Arthur qui répondit, d’une voix lasse.

― Nous l’avons fait. Pendant des mois. Nous savions que Lucius Malfoy était derrière tout cela, mais nous n’avons jamais pu le prouver. Les aurors ont arrêté les recherches six mois après ta disparition, ils t’ont déclarée morte. Nous n’y avons pas cru mais nous ne pouvions rien faire sans aide.

Un silence gênant s’installa dans la clairière. Tous attendaient que Serephina prenne la parole, ce qu’elle ne fit pas. Elle était perdue. Elle ne savait pas quoi faire. S’excuser pour ce qu’elle avait fait à Ginny ? Sûrement pas. Pour avoir essayé de tuer Harry ? Peut-être, mais pas pour le moment.

― Si vous le dites, répondit-elle enfin.

Ce n’était pas la réponse attendue. Dans les bras de Draco, elle lança un coup d’œil à Harry et Hermione, qui se sentaient de trop. Elle voulait partir. Elle n’avait rien à faire ici. Ce n’était pas chez elle. Chez elle, c’était chez Draco. C’était le manoir Malfoy.

― Si vous avez rien d’autre à dire…

Elle sortit sa baguette de sa poche et s’apprêtait à partir quand Georges l’interpella.

― Attends ! On peut se parler ? Juste tous les deux ?

Prise au dépourvu, elle acquiesça et s’éloigna de Draco, qui la regarda partir, soucieux. Il fut interpellé par Harry et alla le rejoindre à contrecœur. Eloignés des autres, Georges et Serephina se faisaient face, chacun n’osant pas prendre la parole le premier.

― Où est Fred ? demanda enfin Serephina.

Elle trouvait étrange que son deuxième triplé ne soit pas là. Lorsqu’elle vit la tristesse envahir les yeux de Georges, elle sut ce qu’il allait lui dire.

― Il… il n’a pas survécu à la bataille de Poudlard. Il n’y a plus que nous deux.

Serephina déglutit. Elle venait seulement de retrouver ses frères et en perdait déjà un.

― Je ne savais pas.

Georges hocha la tête, prenant sur lui pour ne pas se laisser submerger par ses larmes. Il offrit un sourire triste à sa sœur.

― Je me doute que pour toi, je ne dois être qu’un souvenir qui revient comme une fleur dans ta vie alors que tu ne savais même plus que j’existais il y a encore quelques heures. Tu ne dois sûrement plus me considérer comme ton frère, mais, s’il te plaît, ne nous tourne pas le dos volontairement. Je t’ai perdu une fois. J’ai perdu Fred il y a quelques mois. Je ne veux pas te perdre une deuxième fois. Je ne le supporterai pas. Les parents non plus.

Comme la rouquine ne répondait pas, il continua, des larmes dévalant silencieusement ses genoux.

― Je me doute bien que nous ne serons jamais une famille normale. Mais on pourrait au moins essayer d’en être une, non ?

― Je ne pense pas que Ginny soit d’accord avec toi, ricana Serephina. Je te rappelle que je lui ai fait prendre un filtre d’amour pour pouvoir lui voler son petit copain.

Malgré la situation, Georges rigola et lança un regard à Draco.

― Pourtant, t’es pas mal lotie niveau petit ami.

― C’est pas mon petit ami.

― On en reparlera dans quelques semaines.

Il reprit un air sérieux.

― Alors, tu vas disparaitre de nouveau ?

Serephina regarda l’autre bout de la clairière. Charlie et ses parents les observaient, voulant savoir ce qu’ils se disaient. Draco essayait d’échapper aux remerciements d’Harry. Hermione pouffait de rire en les voyant.

― Non, je ne pense pas.

En souriant, Georges la prit dans ses bras.

― Merci petite sœur. 

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