Chapitre 22

A peine avait-elle atterri dans la cour du manoir Malfoy que Serephina s’élança à grandes enjambées vers la salle du séjour. C’était là qu’elle avait le plus de chance de trouver Narcissa. Même si elle ne croyait pas un traître mot de ce que venait de lui dire les Weasley, elle devait bien avouer qu'ils y avaient certaines similitudes dans leur histoire. Elle ne se souvenait de rien avant ses trois ans et ses cauchemars coïncidaient étrangement avec les événements de son prétendu enlèvement.

Comme elle s’en doutait, la mère de Draco se trouvait dans le salon, sauf qu’elle n’était pas seule. La mère de Blaise s’y trouvait aussi. Elles étaient en train de prendre le thé. Quand elles virent la fille de Voldemort débarquer en trombe dans la pièce, elles se regardèrent, interloquées. Elle était censée être à Poudlard, prête à tuer Potter. Pas dans le séjour du manoir où elle avait passé son enfance.

— Serephina ? l’interpella Narcissa. Qu’est-ce que tu fais là ?

— Il faut que je te parle, Narcissa. Miss Zabini, si vous pouviez dégager, ça arrangerait tout le monde.

Elle le formulait comme une demande, mais ce n’en était pas une. C’était un ordre déguisé. Même si elle détestait obéir à la jeune fille à qui elle prêtait son nom de famille, elle se leva et salua Narcissa. Un elfe de maison la raccompagna jusqu’à l’entrée pendant que Serephina pénétrait dans le salon. Elle s’assit sur l’accoudoir d’un des sièges pendant que Narcissa s’installa de façon à lui faire face.

— Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? Tu as besoin de mon aide pour mettre ton plan à exécution ?

La rouquine secoua la tête. Narcissa avait remarqué qu’il y avait quelque chose qui clochait chez l’adolescente dès l’instant où elle l’avait vu. Son visage était livide et son expression lui paraissait troublée.

— Non, ce n’est pas ça.

Elle se tut quelques secondes, cherchant comment poser la question. Puis elle se rappela que prendre des pincettes n'avait jamais été sa spécialité.

— Qui est ma mère ?

La mine soucieuse de Narcissa devint apeurée. Elle redoutait cette question depuis que la petite était arrivée chez eux. Secrètement, elle avait espéré ne jamais l’entendre.

— Pourquoi tu me demandes ça ? Ça n’a jamais semblé t’intéresser avant.

— Et bien, figure-toi que je suis allée à Pré-au-Lard avec Potter, Granger et Weasley, aujourd’hui. Par un curieux hasard, j’ai décidé de mettre le collier de ma mère et ses imbéciles l’ont reconnu.

Au fur et à mesure qu’elle voyait le visage de Narcissa devenir blême, Serephina comprenait qu’elle lui cachait quelque chose et qu’elle se rapprochait de la vérité. Ce qui ne lui plaisait absolument pas.

— Encore plus par hasard, les parents de Weasley étaient présents au village. Tu ne devineras jamais ce qu’ils m’ont dit. Appare…

— N’en dis pas plus, la coupa Narcissa. Ils t'ont raconté que ce collier appartenait a leur fille qui leur a été enlevée il y a quinze ans, quand elle avait trois ans. Qu'elle était la sœur triplée de Fred et Georges Weasley.

Serephina écarquilla les yeux. C'était presque exactement ce que lui avaient dit les Weasley, mot pour mot.

— Comment tu sais ce qu'ils m'ont dit ?

Au fond d'elle, elle le savait. La famille rouquin ne lui avait pas menti. Elle lui avait dit la vérité. Elle serra les poings, attendant la réponse de la femme qui l'avait élevée.

— Parce que c'est la stricte vérité.

Serephina ne réagit pas tout de suite. Sa réalité était en train de s'écrouler. C'était une Weasley, pas une Jedusor. Elle n'était pas fille unique, elle avait une sœur - qu'elle avait droguée au filtre d'amour - et six frères. Non, cinq. L'un était mort pendant la guerre.

— Quand est-ce que tu comptais me dire que toute ma vie n'était qu'un putain de mensonge ? s'écria-t-elle en se levant.

— Je… je le voulais mais Lucius me l'a interdit !

A cet instant-là, Draco fit irruption dans la pièce, essoufflé.

— Tu devrais être à Poudlard ! s'exclama sa mère.

— Oui, je sais. Mais je suis allé dans le village avec Blaise et j'ai entendu Potter s'inquiéter pour Serephina a cause de révélations ou je sais pas quoi. Quand il a dit qu'elle avait transplaner je savais qu'elle allait venir ici.

Serephina ne fit même pas attention à son arrivée.

— Il était au courant, lui ?

Narcissa répondit par la négative, ce qui la réconforta un peu. Lorsqu'elle tourna la tête vers le blond, elle ne vit que de l'inquiétude sincère dans ses yeux, et aussi beaucoup d'incompréhension. Elle s'enfonça au fond du canapé, les jambes repliées contre sa poitrine.

— Explique-moi tout.

L'ancienne Serpentard attendit que son fils se soit installé à côté de Serephina pour commencer son histoire. Instinctivement, la brune posa sa tête sur l'épaule du blond.  Narcissa sourit à cette vue avant de prendre la parole.

— Tu es née un an avant Potter, en même temps que les prétendus jumeaux Weasley. Il paraît qu'à six mois, tu arrivais déjà à allumer des feux sans faire exprès. Voldemort en a entendu parler et a décidé que tu serais un point fort pour son plan une fois que tu serais en âge de te battre. Il a annoncé à Lucius que, dès qu'il en aurait l'occasion, il te kidnapperait. Harry Potter l'a mis hors d'état de nuire avant cela mais Lucius n'a pas oublié l'idée. Il pensait que ça lui permettrait de se faire bien voir au retour du Seigneur des Ténèbres. Un jour, il est parti du manoir seul et il est revenu avec toi. Les Weasley savaient que c'était lui qui l'avait fait mais ils n'avaient aucune preuve. Tu as été déclarée morte un an après.

Un silence pesant s'installa. Draco, qui ne comprenait rien, demanda des explications à sa mère. Serephina était tellement dans ses pensées qu'elle ne les entendit pas. Elle ne se reconnectant à la réalité que quand Draco se leva et lui attrapa les mains. Elle le questionna d'un regard perdu.

— Viens, on va dans ma chambre.

Elle le suivit à travers tout le manoir s'en prononcer un seul mot, ce que Draco respecta. Lorsqu'ils arrivèrent dans sa chambre, il ferma la porte et la traîna jusqu'à son lit. Il s'y installa et l'a fit asseoir à côté de lui.

— Allez, laisse toi aller.

Elle ne résista pas longtemps. Elle s'effondra en larmes dans ses bras.

De longues heures plus tard, elle s'endormit, toujours dans l'étreinte de Draco qui continuait de lui dire des mots doux même si elle ne l'entendait plus.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top