Chapitre 2

Le train venait de s'arrêter lorsque Serephina émergea du sommeil. Elle chercha Draco jusqu'à ce qu'elle comprenne qu'il était allé rejoindre les autres Serpentard. Elle ne se souvenait pas de s'être endormie sur le blond. Elle se rappelait juste l'avoir senti lui embrasser le front. Elle bailla à s'en décrocher la mâchoire tout en s'étirant. Elle se leva, récupéra sa baguette, qui était tombée pendant qu'elle dormait, et s'approcha de la fenêtre.

Dehors, il faisait nuit noire. Elle ne savait pas combien de temps elle s'était assoupie mais elle vit la trace de sa main imprimée sur sa joue à travers la vitre. Elle observa le paysage. C'était la première fois qu'elle se rendait dans cette partie de l'Angleterre et qu'elle voyait Pré-au-lard. À cette heure-ci, toutes les boutiques étaient fermées, si bien qu'elle ne voyait rien.

Des bruits de pas venant du couloir attirèrent son attention. Supposant que c'était Draco qui venait vérifier si elle s'était réveillée, elle ne se retourna pas. L'individu s'arrêta devant son wagon et ouvrit la porte.

— On est arrivés, annonça la voix qui hantait ses rêves. Si tu ne sors pas de là, tu vas retourner à Londres.

Elle serra les poings contre le rebord de la fenêtre. Le sorcier qui avait détruit sa vie se trouvait juste derrière elle. Instinctivement, ses doigts agrippèrent sa baguette magique. Elle avait là l'occasion idéale de mettre fin à la vie de son ennemi juré qui ne soupçonnait même pas son existence. Elle s'arracha à la vue de Pré-au-lard pour se tourner vers lui.

Harry Potter.

Le Gryffondor à la cicatrice l'observait en fronçant les sourcils. Son visage lui semblait étrangement familier alors même qu'il était certain de ne jamais l'avoir vu avant.

— Tu es nouvelle ? lui demanda-t-il.

La main resserrée sur sa baguette, elle pesait le pour et le contre de l'assassiner là, sur le champ. Si le train et les quais étaient vides, elle réussirait à ne pas se faire repérer et à partir comme si de rien n'était.

— Oui, répondit-elle.

Elle le tuerait et son corps ne serait découvert que lorsque le Poudlard Express serait de retour à Londres et que le chauffeur ferait sa ronde pour vérifier que tout allait bien.

— Enchanté, moi, c'est Harry.

Elle le savait déjà.

Il lui tendit la main. Elle ne la lui serra pas. Un sourire narquois étira ses lèvres. Elle s'imaginait déjà lui lancer le sortilège impardonnable de la mort et le regarder s'effondrer, mettant fin à ses jours.

Seul bémol, elle ne savait pas lancer ce sort.

— Et moi, c'est Serephina.

Ou alors, elle pouvait l'immobiliser et faire exploser le train. Elle était presque certaine que Draco devait être en route pour l'école. Il ne risquait donc plus rien.

Elle allait pointer Harry avec sa baguette et l'attaquer sans qu'il ne comprenne ce qui lui arrive quand ils furent rejoints...

... par Draco.

Serephina le fusilla du regard. Comment arrivait-il à faire pour toujours arriver au mauvais moment ?

— Qu'est-ce que tu fais là, Malfoy ? gronda Harry.

— Mon travail, Potter, cracha le Serpentard. McGonagall m'a dit d'escorter miss Zabini jusqu'à son bureau.

À l'entente du faux nom de famille de la jeune fille, le brun fronça les sourcils. C'est vrai qu'elle aurait pu trouver mieux comme famille d'emprunt. À vrai dire, la mère de Blaise lui devait un service parce que Serephina avait sauvé son fils de la marque des ténèbres. Elle avait donc accepté de faire passer la rouquine pour sa nièce le temps nécessaire, à la condition qu'elle ne mette pas le métisse en danger.

Serephina croisa les bras sur la poitrine, toisant le blond.

— Dégage, Draco, lâcha-t-elle. J'ai pas besoin de ton aide.

Il parut décontenancé pendant quelques secondes. Il la fixa sans comprendre pourquoi elle agissait de cette manière.

Si elle voulait pouvoir s'approcher à nouveau du rouge et or, elle devait prétendre le détester. Même si sa couverture lui permettait de pouvoir lui parler sans trop de difficultés.

— Arrête de dire n'importe quoi, répondit Draco. Tu ne trouveras jamais le bureau toute seule. Ton sens de l'orientation est minable.

Elle lui fit un gros doigt.

— Ce cher Harry peut m'y accompagner. Je suppose qu'il sait où ça se trouve, lui.

Elle regarda le Gryffondor avec une expression qu'elle essayait de rendre désemparé. Elle espérait réussir à lui faire croire qu'elle n'appréciait pas le blond. Même si ce n'était pas vrai.

— Hé bien, si tu...

— La directrice me l'a demandé à moi, Potter, pas à toi, cracha Draco.

Le petit ton condescendant employé par son ami d'enfance faillit la faire sourire. Elle s'en retint à grand peine. Le Serpentard jouait très bien la comédie. Il n'était absolument pas comme ça. Il faisait semblant.

Potter fixa Draco et soupira.

— Si McGonagall lui a demandé à lui de t'y emmener, c'est à lui de le faire.

Il lui adressa une œillade désolée avant de partir, la laissant seule avec Draco. Dès qu'elle fut sûre qu'Harry ne pouvait plus les entendre, elle abandonna sa mine faussement abattue pour adopter un air énervé. Elle s'avança vers Draco et lui mit un coup de poing dans l'épaule.

— À quoi tu joues ? J'allais le tuer !

Il haussa les sourcils.

— Et comment ? T'as jamais réussi à lancer un Avada, je te signale.

Elle le fusilla de nouveau du regard. Elle le savait très bien. Ça avait été la pire déception de son père.

— J'allais faire cramer ce train stupide avec lui à l'intérieur. Pas besoin de sortilège interdit pour lui faire la peau.

Draco se retint de lever les yeux au ciel. Pourquoi voulait-elle à ce point détruire le Poudlard Express ?

— Et comment tu serais partie ? On ne peut pas transplaner aux alentours de Poudlard, pas même à Pré-au-lard.

— Je ne savais pas.

Il venait de lui empêcher un aller-simple à Azkaban. Encore une fois, il lui avait évité des ennuis phénoménaux.

— Ne me remercie pas, surtout.

— Bien sûr que non. Tu m'as appelée Zabini devant lui.

— Il aurait su comment tu fais semblant de t'appeler ce soir. Ça ne change rien.

Elle soupira. Il avait raison et elle détestait ça.

— Pourquoi Zabini, d'ailleurs ?

— Pour avoir une excuse pour pouvoir te parler, espèce d'idiot. Bon, tu m'emmènes voir la vieille peau qui a remplacé Dumbledore ?

Il acquiesça, sentant ses joues rougir.

Elle le remarqua, mais ne dit rien.

Le visage caché dans ses longs cheveux roux, elle lui pressa la main avant de la lâcher et de partir devant lui.

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