Assise dans l'un des wagons du Pouldard Express, Serephina commençait à s'impatienter. Entre ce voyage interminable et son rendez-vous qui était en retard, elle regrettait d'être montée dans le train.

Au départ, elle avait prévu de se transplaner jusqu'à l'école pour s'épargner les nombreuses heures de transports. Et puis, un certain serpentard qu'elle côtoyait depuis qu'elle était petite lui avait proposé de rester avec elle jusqu'à ce qu'ils arrivent à l'école. Elle avait accepté. C'est pourquoi elle se retrouvait seule comme une idiote depuis maintenant cinq heures.

Elle détestait attendre. Personne ne l'avait jamais fait attendre avant lui.

Elle observait le paysage défiler sous ses yeux bleus en jouant avec sa baguette.

Si elle en avait eu l'occasion, elle aurait fait exploser ce train au beau milieu des plaines qu'il traversait pour s'épargner toutes ses complications. Mais elle n'avait pas pu le faire. Parce que son seul ami se trouvait à bord et qu'il n'avait pas pu louper le départ.

McGonagall, la nouvelle directrice de l'école, avait eu la bonne idée de faire l'appel avant que le véhicule ne parte en direction de Pouldard et avait décrété qu'il ne partirait pas tant que tout le monde ne serait pas à l'intérieur. Le vert et argent avait donc été obligé d'être présent et elle avait dû renoncer à son plan initial. Elle s'était inscrite à la dernière minute et sous un faux nom pour ne pas louper sa chance.

La nuit tombait doucement dehors quand la porte du wagon où elle se trouvait s'ouvrit sur une tête blonde qu'elle connaissait par cœur. Elle le fusilla du regard, pour la forme.

— Tu m'as fait attendre, l'accueilla-t-elle. Tu devais me retrouver avant le départ de la gare.

— Désolé, les autres ne voulaient pas me lâcher. Blaise me suivait même quand j'allais aux toilettes. Comme tu ne veux pas qu'ils soient au courant que tu es là avant ta répartition ce soir, je n'ai pas pu me débarrasser d'eux avant.

Serephina leva les yeux au ciel en le regardant fermer la porte.

— Ils avaient peut-être peur que tu disparaisse une nouvelle fois pendant trois mois sans donner aucune nouvelle comme la dernière fois ?

Après la défaite de Voldemort, la famille Malfoy était partie loin de Londres, le temps que les choses se calment. Le serpentard n'avait prévenu personne et n'était rentré que deux semaines avant la rentrée. Même Serephina commençait à croire qu'il ne reviendrait pas. Elle lui en voulait toujours d'avoir fait ça.

En entendant la suggestion de la sorcière, Draco haussa les épaules et s'adossa à la porte.

— Je te rappelle que tu as toi aussi disparue après la mort de ton père. Tu es plutôt mal placée pour parler.

— J'ai essayé de te donner des nouvelles sauf que ma chouette ne t'as jamais retrouvée, je te signal. J'avais besoin de m'assurer que les mangemorts ne dévoileraient pas mon existence, rétorqua-t-elle. Tu sais très bien que mon nom de famille me donnerait droit à un aller simple à Azkaban à perpétuité. Si l'un de ses imbéciles venait à cafter tout ce que j'ai fait pendant la guerre, je finirais en compagnie des Détraqueurs.

Le blond hocha la tête, grimaçant, en s'installant à côté d'elle.

— Ton nom de famille et tes envies de vengeance, surtout, miss Jedusor.

Elle sourit en entendant son patronyme.

— Ne m'appelle pas comme ça ici.

— Peut-être que tu préfères miss Malfoy ?

Il lui adressa un clin d'œil et elle lui tira la langue.

— Je préférerais encore m'appeler Potter. Comment veux-tu que je puisse l'approcher si je porte ton nom ? C'est un répulsif à Gryffondor.

— Tu es vraiment venue pour ça ?

Devant le ton étonné de Draco, Serephina abandonné sa contemplation du paysage pour le regarder.

— Pourquoi crois-tu que je suis ici ? Pour le plaisir d'apprendre ? Je connais déjà tout ce que vous avez au programme.

— Je sais très bien que tu n'es pas là pour étudier. Je ne suis pas idiot. Mais comme tu n'as pas pu faire exploser le train, je pensais que tu avais laissé tomber l'idée et que tu t'étais inscrite pour qu'on passe du temps ensemble.

La nouvelle élève de Pouldard fronça les sourcils.

— Je n'abandonne jamais. Et je peux faire exploser le train sans problème.

— Mais pas si je suis à l'intérieur et comme on ne peut pas transplaner, tu ne le feras pas.

Elle acquiesça.

Elle aurait tué absolument tout le monde sans aucun remords, mais pas lui. Il était la seule personne qu'elle ne supporterait pas de perdre. Le seul membre de son entourage toujours vivant.

Son père était mort. Elle n'avait jamais connu sa mère et ne savait même pas qui elle était. Lucius et Narcissa Malfoy l'avait élevée jusqu'au retour de son père mais elle n'avait jamais tissé de liens avec eux. À vrai dire, il n'y avait qu'avec Draco qu'elle en avait.

Quand ils étaient petits, ils se détestaient. Draco ne la supportait pas parce qu'elle lui volait l'attention de ses parents, qui s'occupait plus d'elle que de lui. Elle, elle lui en voulait parce qu'il avait des géniteurs présents, contrairement à elle. Des parents qui ne la confiait pas aux premiers venus dès qu'une difficulté se présentait.

Il avait fallu que le blond parte faire sa première année à Poudlard et qu'elle reste seule au manoir pour qu'ils se rende tous deux compte qu'ils s'appréciaient bien plus que ce qu'ils croyaient.

En secret, ils étaient devenus inséparables et personne ne se doutait du changement dans leur relation. Dans l'ombre, Serephina avait fait de son mieux pour protéger Draco pendant la guerre et lui faisait semblant d'avoir peur d'elle dès qu'ils n'étaient pas seuls.

Il était le seul à vraiment la connaître, et inversement.

— Comment tu vas t'y prendre ? demanda-t-il en la sortant de ses pensées.

Elle secoua la tête pour revenir à l'instant présent.

— Je ne sais pas encore. Je n'avais pas prévu de plan B. Je ne pensais pas en avoir besoin.

— Tu n'avais qu'à faire exploser ce train même si j'étais à l'intérieur.

— Je n'ai pas passé des années à te protéger de mon père pour te tuer moi-même en voulant le venger, gronda-t-elle.

Elle s'en voudrait pour toujours s'il lui arrivait quelque chose à cause d'elle.

Elle posa la tête dans le creux de son cou et il passa son bras autour de ses épaules avant de se mettre à jouer avec ses cheveux roux.

— J'espère que tu seras à Serpentard, murmura-t-il.

— Je suis une Jedusor, la fille de Tom Jedusor, bien sûr que j'y serai.

Mais ça, Draco n'en était pas convaincu. Elle avait certaines qualités pour être envoyer dans sa maison, comme la noblesse, l'ambition et la ruse. Mais elle en avait bien plus qui correspondaient à Gryffondor ou encore à Serdaigle. Il était le seul à le savoir parce qu'il était le seul devant qui elle laissait tomber ses défenses. Du coin de l'œil, il la regarda s'endormir et lui déposa un baiser sur le front.

Quand il voulut se relever pour rejoindre ses amis qui devaient se demander où il était passé, il remarqua que la rouquine avait refermé sa main sur sa cape de sorcier et qu'il ne pouvait pas partir.

Il soupira.

Elle était venue pour tuer Harry Potter mais elle n'était pas une tueuse. Son acte la hanterait toute sa vie. Elle n'était pas son père.

Il était là pour l'empêcher de faire cette erreur. Pour mettre fin à ses envies de vengeance.

Même si, pour cela, il devait la perdre.