Chapitre 3 : Une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule

Plus personne ne parle. Tout le monde reste bouche bée face à cette annonce. Je fixe le policier sans ciller et délie ma langue pour briser le silence glaciale.

- Pardon ? Comment ça les disques durs ont disparu ?

- Là où les disques durs auraient dû se trouver, dans un grand placard, il n'y a plus que des fils qui pendent dans le vide. Et le bazar qui a été laissé témoigne que la personne qui fait cela l'a fait dans l'urgence. Mais cela a été fait avant l'explosion, sans aucun doute. La personne qui a les disques durs est sûrement l'auteur de l'incident.

Je recule de quelques pas, chancelante. Julio, par réflexe, m'attrape par la taille, tire une chaise et me fait asseoir dessus. Toutes ses bombes qu'on fait exploser dans ma vie sont en train de fortement m'affaiblir psychologiquement. C'est très dur d'encaisser autant en l'espace d'une seule journée.

- Comment allez-vous retrouver la ou les personnes qui ont fait ça ? demande tante Izabel aux policiers.

- Nous sommes obligés de visionner encore et encore les vidéos des caméras de surveillance de la rue mais il n'y en a pas beaucoup et elles ne sont pas fixées sur l'entrée des locaux de Sublimeza. Nous ignorons si cela donnera réellement quelque chose. Ensuite, il y a tous les prélèvements d'empreintes des pièces qui n'ont pas brûlées dans l'incendie. Sinon, les appels à témoins seront notre dernier recours.

- Vous êtes en train de me dire que vous basez votre enquête sur des potentiels témoins qui, vous le savez, au Mexique ne sont pas très bavards ? tonne ma tante.

Plusieurs membres de la famille hochent la tête, visiblement d'accord avec elle.

- Je suis désolé mais nous ne pouvons rien faire de plus. Mais soyez sûr que vous serez indemnisés.

Cette dernière phrase est à mon intention.

- Parce que vous croyez que c'est l'argent qui m'intéresse ? je me lève, en croisant les bras. Mes parents étaient blindés de tunes grâce à l'entreprise qu'ils ont bâti. Vous croyez que c'est l'argent dont j'ai besoin, vous vous fichez de moi ?

- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.

- C'est pourtant ce que vous avez dit ! Vous êtes en train de me proposer de l'argent plutôt que le nom de la personne qui a tué mes parents. C'est ça que je veux : savoir qui a tué mes parents ! Et vous n'êtes pas fichus de faire votre travail.

C'en est trop, ma tête va imploser. Je quitte la pièce en furie et remonte à l'étage. Je claque violemment la porte de ma chambre et me jette sur mon lit. Je frappe mes oreillers avec une rage monstre. Comment peuvent-ils me dire qu'il y a peu de chances qu'on retrouve le meurtrier de mes parents ?

J'entends la porte s'ouvrir dans mon dos et quelqu'un s'asseoir sur mon lit.

- María, je n'ai pas envie de parler, sors s'il te plaît, je dis, la voix étouffée par mon coussin.

- Ça tombe bien, ce n'est pas María, répond Julio.

Je sens à sa voix qu'il sourit.

- Je perds mes parents, je perds mon frère, ma sœur a disparu et ces policiers osent me dire qu'il y a des chances que l'assassin ne soit jamais retrouvé !

- Calme-toi.

La voix de Julio est si douce et apaisante. Je décide de changer de sujet pour penser à autre chose.

- Tu ne devrais pas travailler, toi ? je lui demande en sortant ma tête rouge de chaleur de l'oreiller.

- On dirait que tu as couru un marathon, rit-il. Une vraie tomate !

J'attrape l'oreiller pour lui balancer sur la tête. Il paraît surpris puis choppe, à toute vitesse, mon deuxième oreiller et me frappe dans le dos. Un gloussement s'échappe dans ma bouche. S'il croit que je suis une femme sans défense, il se met le doigt dans l'œil jusqu'au cou. Alors que je suis allongée sur le ventre dû à son coup d'oreiller, lui est allongé sur le dos, à côté de moi. Ni une, ni deux, je jette l'oreiller sur sa tête, pour le déstabiliser, je me mets à cheval sur son ventre et bloque ses jambes en enroulant les miennes autour. Je bloque aussi ses bras en appuyant mes mains sur ses poignets. Et avec la force qu'il me reste, je tords légèrement ses bras pour l'entendre lâcher des petits sons aigus. Il reste complètement bête face à la situation qui a tourné à son désavantage.

- Tu es douée, me félicite-il, toujours bloqué.

- Qui est la meilleure femme sur cette Terre ? je demande, d'un air narquois.

- Ma maman, sourit-il de toutes ses dents.

- Qui est la meilleure femme sur cette Terre ? je réitère en serrant un peu plus son bras.

Un nouveau cri très féminin s'échappe de sa bouche. Et puisqu'il n'est toujours pas décidé à me donner une réponse, je continue de tordre son bras en le fixant dans les yeux, jusqu'à ce qu'il me dise :

- C'est toi, Rym Abril, la meilleure femme du monde.

Je relâche d'un seul coup toute la pression que j'ai exercé sur son pauvre petit corps de pompier et m'allonge à côté de lui.

- J'ai été médaillée d'or trois années de suite aux championnats nationaux de taekwondo et j'ai gagné deux fois le bronze en championnat du monde, je lui explique, fière de mon parcours.

- Je t'avais dit que tu étais une fille forte, mais je ne pensais pas que tu l'étais aussi physiquement. C'est tout à ton honneur. Bravo !

Je tourne ma tête vers lui en souriant.

- Merci de me faire oublier l'espace d'un instant tout ce qui se passe dans ma vie.

- C'est un plaisir !

Il se relève et tourne la tête vers moi.

- Je vais te dire un secret.

- Je t'écoute, je dis en descendant totalement du lit.

- Je t'ai laissé croire que tu me maîtrisais. T'as vu cette tonne de muscles ? déclare-t-il en montrant son bras. Tu crois que ça ça n'aurait pas pu me sortir de ton attaque de petite fille ?

- Ils disent tous ça, je souris en levant les yeux au ciel, l'air de dire que je suis au-dessus de lui.

- J'aurai ma revanche et tu vas voir à quel point je suis fort.

- J'ai hâte de voir ça !

Je secoue la tête, exaspérée, puis je jette un coup d'œil à ma table de nuit. Mon téléphone y est posé en évidence. Je le prends, d'un geste mécanique, avant de me rappeler quelque chose.

- Je reviens, je dis à Julio en sortant de la chambre.

- Attends, où vas-tu ?

Sa question est lointaine, je n'y réponds pas. Je m'en vais dans la chambre de ma sœur, au fond du long couloir. Mes collants glissent sur le carrelage blanc et brillant. J'ouvre sa porte sur laquelle pleins de dessins y sont collés. Ana a toujours adoré dessiné, il y en a partout dans sa chambre. Une fois entrée, je regarde d'un premier coup d'œil si quelque chose a changé. Mais rien ne me saute aux yeux. Je vois cependant son téléphone trôner au milieu de son lit. Elle n'est donc pas revenue ici après le collège. L'homme qui est venu la chercher l'a prise directement avec lui. Ils ne sont pas repassés ici. Je n'ai aucun moyen de la joindre. Je m'assois sur son lit et commence à pleurer silencieusement. Je ferme mes yeux, joins mes mains et commence à lui adresser une prière. Cela m'apaise le cœur en même temps. Lorsque je rouvre les yeux, Julio est devant moi, impassible.

- Je n'aime pas quand on me regarde prier, je dis, sur la défensive.

Il allait répondre lorsque María nous interrompt.

- Mi hija, les policiers sont partis. Ils m'ont fait passer un message pour toi. Il faut que tu te rendes aujourd'hui dans le laboratoire de la police scientifique pour ton prélèvement de salive.

- Je vais t'y emmener, se propose Julio.
- Tu ne travailles pas, toi ? demande María.

- Le lendemain d'un incident pareil, tous les hommes ayant été sur le terrain sont en repos pour deux jours.
María lui répond quelques mots avant de s'en aller. Elle ne m'a même pas demandée pour quelle raison je suis dans la chambre d'Anastasia. Julio me tend ses deux mains pour que je me lève du lit. Je les attrape, pousse un profond soupire avant qu'il ne me relève.

- On redescend ? me demande-t-il.

- On va plutôt aller chez la police scientifique, comme ça ce sera fait.

Il hoche la tête et sort de la pièce, moi sur les talons.

- Je vais chercher mes bottines, je te rejoins en bas.

Je trottine jusqu'à mon dressing où des dizaines de paires sont alignées sur des étagères blanches. Je choisis des bottines simples à talons moyens, au cas où on marcherait longtemps. Je les enfile, me rends au rez-de-chaussée et m'en vais trouver María tandis que Julio discute avec un de mes oncles.

- María, je pars avec Julio pour mon prélèvement de salive.

- Pas de problème, mi hija. Fais attention !

- Oui, je souris. Je suis avec Julio, il ne va rien m'arriver.

- Si tu veux mon avis, intervient ma tante préférée, Julio est un très bon parti.

- Tu crois que j'ai la tête à penser à ce genre de chose ? je réponds, légèrement exaspérée.

- Ça te ferait du bien, mi amor.

Sa voix était très sérieuse. Elle l'est rarement d'ailleurs.

- On ne se connaît que depuis une journée, je soupire. Arrêtez d'inventer des bêtises.

- Tu sais, renchérit tante Izabel, dans les télé-réalités certains se mettent en couple au bout de deux jours.

- Tu me compares à ça ? je demande, faisant mine d'être choquée.

- Dans les telenovelas, aussi. Oh, María, tu connais « Un camino hacia el destino » ? La nouvelle telenovela qu'ils passent sur la chaîne première ?

María répond à l'affirmatif, toute aussi contente que tante Izabel. Je sais qu'elles font exprès de parler sujet aussi bêtes pour se changer les idées. Mais le sujet ne m'intéressant pas, et devant m'en aller, j'appelle Julio et nous sortons de la maison. Une fois dehors l'air frais me fait un bien fou. Je reste quelques secondes sur le pallier pour profiter de l'air pur.

- Tu ne vas pas avoir froid ? s'interroge Julio en me dévisageant.

- Je n'ai jamais froid.

Nous marchons dans la grande allée qui mène au portail. Ce dernier est d'ailleurs ouvert et toutes les voitures de ma famille sont garées dans notre propriété. Mais je ne vois pas la voiture de Julio.

- Tu t'es garé où ?

- Je suis arrivé le premier, le portail n'était pas ouvert alors je me suis garé sur le trottoir, juste à l'angle de la rue.
Nous rentrons dans sa petite voiture noire avant de prendre la routepour le laboratoire.

- María cuisine divinement bien, s'enthousiasme-il. Elle nous a donné à manger toute la matinée.

- Elle pense que la nourriture peut guérir tous les maux du monde. Elle est adorable.

Je souris bêtement et nous continuons à parler de tout et n'importe quoi. Le trajet de trente minutes paraît alors s'écouler à une vitesse folle. Julio se gare en créneaux dans une rue adjacente et nous nous rendons dans le grand établissement. Le prélèvement se fait rapidement et nous sortons dix minutes plus tard de l'établissement.

- Tu as faim ? me demande Julio.

- J'ai toujours faim, je dis timidement. Je suis un ventre sur pattes. Et mon petit-déjeuner n'a pas été très copieux.

- Allons dans une petite échoppe.

Il me prend instinctivement la main pour marcher plus vite. Il l'enlève directement.

- Je suis désolé. C'est un réflexe que j'ai eu, je ne sais même pas pourquoi, s'excuse-t-il, confus.

- Ce n'est pas grave, je réponds en haussant les épaules.

J'aime bien le contact de sa main dans la mienne. Je trouve Julio terriblement rassurant comme garçon. Et j'ai besoin de sécurité, surtout en ce moment. Mais peut-être a-t-il retiré sa main parce qu'il s'est rappelé qu'il avait une copine ? Mais dans ce cas pourquoi aurait-il passé la matinée chez moi ?

- Tu as une petite-amie ?

La question m'a échappée. Il sourit bêtement avant de me dire :

- Non, pas depuis quelques mois. Et toi ?

- Non plus. Pas depuis des années, je lui confie.

- Des années ? s'étonne-t-il.

Il s'arrête devant une échoppe de tacos et en commande deux au poulet. Puis il se tourne vers moi et attend que je continue.

- Il y a deux ans j'ai rompu avec un garçon dont j'étais vraiment amoureuse mais il n'était absolument pas celui que je croyais. Il m'a brisée. Littéralement. Et je n'ai plus voulu personne. Il s'appelait Alejandro.

- Tu avais appris quoi sur lui ?

- Je t'en parlerai plus tard, quand on se connaîtra plus. Sache juste qu'il m'a fait énormément de mal.

Il hoche doucement la tête puis se tourne vers le vendeur, prend nos deux tacos et le paye. Nous marchons dans les rues anciennes de Mexico. C'est vraiment jolie. Je ne me lasserai jamais de cette ville magnifique. Je croque dans mon tacos et ne regarde plus la route. Je me prends les pieds dans un poteau au sol et, en perdant l'équilibre, je fais tomber mon tacos au sol. La sauce dégouline entre les pavés de la rue. À bout de nerfs, je me mets à pleurer. C'est ridicule.

J'entends Julio éclater de rire à côté de moi. Et je me mets instantanément à rire au milieu de mes pleurs.

- Je suis minable, je sanglote en riant.

Julio n'arrive pas à arrêter son fou rire et s'assoit sur le trottoir pour se calmer. Je m'affale à côté de lui en essuyant mes larmes. On reste comme ça à rire pendant quelques minutes avant de se calmer. Il y a des gens avec lesquels le feeling est instantané. Et je n'ai pas besoin de connaître Julio depuis des années pour savoir qu'on va s'entendre à merveille.

Julio coupe son tacos en deux et me donne la moitié.

- Ça devrait te réconforter !

Je le remercie d'un grand sourire et nous finissons de manger, affalés sur le trottoir comme des mendiants. Qu'est-ce que la vie devient belle aux côtés d'une personne aussi bienveillante ! Une fois notre bout de tacos ingéré, nous retournons à la voiture et Julio me redépose chez moi avant de rentrer de son côté. Une fois à la maison, je reste en famille. On attend désespéramment un appel de la police qui aurait identifiée les corps mais non, rien. Alors, je décide de remonter dans ma chambre après avoir souhaité une bonne nuit à tout le monde. Certains vont dormir dans les trois chambres d'amis que nous avons, et les quelques uns qui restent seront dans le salon. Personne ne va dans la suite parentale, ni dans la chambre de ma sœur.

Je prends mon téléphone pour me changer les idées mais rien n'y fait. Je me sens coupable d'essayer de me divertir alors que l'entreprise de mes parents a brûlée et que des dizaines de gens en sont morts. Alors je repose mon portable, enfile un pyjama et me glisse sous les draps. Je pleure une nouvelle fois et la fatigue m'emportant, je tombe dans les bras de Morphée.

*

Le lendemain est tout aussi difficile que la veille. Je me réveille en me rappelant une nouvelle fois tout ce qui est arrivé ces derniers jours. Je pleure à nouveau et m'en vais prier. La prière m'apaise considérablement. Je fais quelques étirements pour me détendre et jette un coup d'œil à mon réveil. Il est dix heures. Je m'en vais prendre une douche rapide pour laver mon corps puis j'enfile un gros sweat et un leggings de sport. J'attrape une paire de baskets, mon casque audio et mon téléphone avant de descendre au rez-de-chaussée. Les adultes ont dû veiller une bonne partie de la nuit car ils dorment tous encore à poings fermés. Je rejoins donc María dans la cuisine.

- Holà, mi hija, me dit-elle doucement, avec un petit sourire. Que veux-tu manger ?

- Je n'ai pas faim, je vais sortir marcher un peu. J'ai besoin d'air frais.

- Tu es sûre ? Même pas un pancake ?

Elle me fait tellement de peine que je lui en prends un avant d'enfiler mes chaussures et de sortir. Je lance la musique dans mes oreilles et pars pour une petite promenade avec moi-même. L'avantage de marcher seule est qu'on a le temps de penser à tout ce dont on a envie. Et je suis tellement déterminée à marcher que je marche sans me rendre compte de la distance que j'ai parcourue. Au bout d'un certain temps, je m'arrête et me rends compte que j'ai marché une bonne heure. Je ne suis pas loin du collège d'Anastasia. N'ayant pas la force de rentrer chez moi à pied, je décide de prendre le bus. Je passe donc devant le collège pour rejoindre l'arrêt de bus lorsque, à travers ma musique, j'entends quelqu'un crier. Je me retourne derechef avant de voir le surveillant de l'école, à qui j'avais parlé, me faire des grands signes. Je baisse alors mon casque et m'approche à grand pas.

- C'est bien à vous que j'ai parlé, il y a deux jours, quant à la disparition d'une élève ?

- Oui, c'est moi, je confirme. La police vous a contacté ?

- Oui, je leur ai expliqué ce que je vous ai dit. En revanche, je me suis rappelé d'un détail hier soir. Et puisque vous êtes là, je vais vous le dire. L'homme qui est venu chercher votre sœur avait un tatouage sur l'avant-bras. Je m'en souviens car je l'ai vu lorsqu'il a retiré ses lunettes de soleil.

- Le tatouage représentait quoi ?

- Un couteau. Un immense couteau.

Je fixe le surveillant dans les yeux. On sait tous les deux ce que cela veut dire.

- Je vais vous laisser mon numéro, je lui dis. Au cas où vous auriez des nouvelles.

Nous échangeons nos numéros et je le quitte pour rejoindre l'arrêt de bus.

- Un couteau..., je murmure pour moi-même.

Ici, à Mexico, un tatouage représentatif d'un couteau ne pouvait signifier qu'une seule chose : un gang était mêlé à cette affaire. Ma sœur a donc suivi un homme faisait parti d'un gang ? Ce n'était donc pas mon père puisqu'il n'a pas de tatouage. Elle a donc appelé l'homme « papa » pour pouvoir quitter l'établissement sans problème.

« Anastasia, dans quel pétrin tu t'es mise ? », je pense avec tristesse. Je ne pourrai jamais expliquer ce que je viens de deviner à la police, ni à ma famille. Sinon la police voudra abandonner l'affaire. Entre les agents corrompus et ceux qui ont une peur bleue des gangs, ils ne mèneront jamais l'enquête sur le meurtre de ma famille. Et si je le dis à mes proches, ils vont tellement paniquer que je vais finir cloîtrer à double tour dans ma chambre. Je resterai donc une tombe.

Arrivée à l'arrêt de bus, je m'assois sur le banc en augmentant la musique dans mon casque. Mais ce que je vois arriver en face de moi me tétanise. Un homme que je connais par cœur avance vers moi. Il traverse lentement la route et vient s'asseoir à côté de moi. Je suis tellement paralysée que je ne parviens à faire aucun geste.

- Alors, Rym, je t'ai manqué ?

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

Mes dents crissent, ma voix est grave et ma gorge est sèche.

- On m'a envoyé pour te faire passer un message.

- Tu veux dire que c'est ton gang qui t'a envoyé, je traduis, du dégoût plein la voix.

- Ouais.

Je tourne la tête vers lui.

- Tu n'as pas honte de te pointer ici la bouche en cœur, Alejandro, après ce que tu as fait ?

Je vois dans le regard qu'il me jette que mon ex a pleins de choses à me dire. Mais je ne veux rien entendre de lui.

- Tu me dégoûtes, Alejandro, tu comprends ça ? Maintenant dis-moi ce que tu as à me dire et dégages d'ici.

- Tu ne me diras pas de dégager quand tu sauras ce que je vais te dire, me répond-il, insolant.

Heureusement que les collégiens sont en cours et que la rue est déserte. Les émotions d'il y a deux ans remontent à la surface. La colère de tout ce qu'il m'a fait à l'époque revient de plus belle et je le prends par le col de son pull, colle mon poing sur sa tempe et lui ordonne de parler. Il me fixe sans ciller une seule seconde, sourit narquoisement avant de me balancer :

- Je sais qui a tué tes parents.

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