Chapitre 20 : Traumatisme

- C'était un quinze juin, je commence, gravement.

Je me relève pour m'installer en tailleur devant Julio, histoire d'être un peu plus à l'aise.

- Il faut savoir que j'étais en couple depuis sept ans avec un garçon qui s'appelle Alejandro. Nous nous sommes rencontrés à notre entrée au collège puis nous avons passé sept belles années à nous aimer. Ça a été mon premier amour.

Je ne cracherai jamais sur les sept années que j'ai vécu avec mon ex. En revanche, la fin de notre histoire me donne envie de vomir.

- Nous étions également dans le même lycée mais, un peu avant la dernière année, il a décidé d'arrêter ses études qui ne lui convenaient pas. Il s'est mis à chercher du travail. Je n'étais absolument pas contre le fait qu'il arrête les études. Tant qu'il était heureux et moi aussi, c'était l'essentiel.

Je jette un rapide coup d'œil à Julio. Il boit mes paroles et ne me lâche pas du regard.

- Mais Alejandro a commencé à m'offrir des cadeaux très chers. Ce qui ne convenait pas avec le soi-disant métier en boulangerie qu'il faisait. J'ai commencé à me poser des questions et il m'a finalement avoué qu'il venait d'intégrer un gang.

Les yeux de mon petit-ami s'écarquillent légèrement.

- Vous vous êtes quittés ? me demande-t-il.

- Tu sais, Julio, quand tu es avec quelqu'un depuis sept ans, tu ne réfléchis pas pareil. Avec du recul, j'aurai dû le quitter. Mais ce n'est pas ce que j'ai fait. Je pensais vraiment qu'on passerait notre vie ensemble. Alors j'ai accepté qu'il soit dans un gang. Et notre histoire d'amour a continué. Et c'est le quinze juin que tout a basculé.

J'essaie de faire fuir les images qui me reviennent violemment à l'esprit. Je fais une pause de quelques secondes pour trier mes pensées.

- Alejandro m'a donné rendez-vous dans un restaurant non loin de chez moi. J'ai donc décidé d'y aller à pied. Mais je n'y suis jamais parvenue. En pleine rue, en plein jour, j'ai reçu un coup derrière la tête qui m'a assommée.

Les larmes me montent aux yeux et Julio attrape ma main droite pour tenter de me rassurer.

- Je me suis réveillée les yeux bandés. J'ai senti que j'étais sur une sorte de matelas, j'ai su plus tard que c'était un lit. Mes mains étaient menottées au-dessus de ma tête tandis que j'étais allongée. Mes jambes étaient écartées et elles aussi attachées. Quand je suis revenue à moi, j'ai commencé à bouger dans tous les sens, par pur réflexe.

Je prends une grande inspiration avant de poursuivre.

- Lorsque j'ai commencé à bouger, j'ai compris que j'étais nue. Une peur sans nom s'est emparée de moi et je me suis mise à paniquer. J'ai tellement paniqué que j'ai continué de me tortiller dans tous les sens. J'ai alors entendu une porte s'ouvrir et les voix de trois hommes arriver vers moi. Je ne sais plus vraiment ce qu'il disait, mais un des hommes à commencer à me toucher. Il a commencé à me caresser tout le corps et je tremblais de peur. Il n'arrêtait pas de poser ses mains sur mes parties intimes et j'étais là, les yeux bandés, impuissante face à ce qui était en train de m'arriver.

Je serre, sans le vouloir, très fort la main de Julio.

- Je ne vais pas te faire le schéma du fonctionnement du corps humain, je continue, mais à force de me toucher j'ai fini par m'humidifier fortement. Et ils ont commencé à me violer, chacun leur tour. Sans arrêt. Je hurlais pour qu'ils arrêtent mais rien à faire. Pour me faire taire, il y en a un qui m'a mis son sexe dans ma bouche. Il m'a dit que si je tentais de le mordre ou quoi que ce soit, il me le ferait payer. J'étais tellement tétanisée que je n'ai rien fait.

Les larmes commencent à couler les unes après les autres avant de s'écraser sur mes jambes. Je ressens un certain soulagement à raconter ça à mon petit-ami mais ça me brise en deux de me rappeler tous ces sombres souvenirs.

- Je suis restée dans cette position pendant un certain temps. Je n'avais pas la notion du temps, j'avais tellement peur, Julio...

Il me caresse la main du mieux qu'il peut pour me soulager.

- En vérité, je n'avais pas mal. J'étais assez lubrifiée pour ne pas ressentir de douleur physique à proprement parlé. Mais je me sentais complètement morte psychologiquement. On me violait moi, mon intimité et ma dignité. Je me suis sentie complètement vide tout le temps que ça a duré. Et, à un moment donné, il y en a un qui m'a enlevé le bandeau que j'avais sur les yeux. Les trois hommes étaient nus et portaient des cagoules. J'ai croisé chacun de leur regard dont je me souviendrai à vie.

Je soupire fortement en attrapant ma boîte de mouchoirs. J'en prends un et m'essuie les yeux.

- Je vais t'épargner les détails du reste du viol. Ils ont changé plusieurs fois de position alors que j'essayais juste de me réveiller de ce foutu cauchemar. Je les ai suppliés d'arrêter en vain. Puis, à un moment donné, un d'eux m'a remis mon bandeau et on m'a collé un tissu au niveau de la bouche et du nez et j'ai perdu connaissance.

- Que s'est-il passé ? renchérit Julio en penchant la tête vers moi.

- Ils m'ont endormi afin de pouvoir me détacher sans que je puisse voir leur visage. Quand je me suis réveillée, j'étais libre et le bandeau m'avait été retiré. Au début, j'ai cru que j'avais rêvé. Mais les draps humides et ma nudité m'ont prouvé le contraire. J'ai donc fait ce que tout être humain aurait fait : je me suis effondrée et j'ai pleuré. Je comprenais ce qui venait de m'arriver mais je n'en revenais pas. J'étais dans un second état, à ce moment-là. Comme si j'étais dans un monde parallèle.

J'essaie de me rappeler en détails les scènes qui m'apparaissent à l'esprit.

- Je me souviens que j'avais la tête qui tournait violemment à cause du produit qu'on m'a fait respirer. Je passais par pleins d'états d'âme. J'étais triste, énervée, j'avais la haine, j'étais complètement perdue. Je suis donc descendue du lit en titubant et j'ai vu que mes vêtements avaient été balancés au pied du lit. Je portais une jolie robe rouge lorsque j'ai été enlevée. J'étais bien habillée puisque je devais avoir un rencard avec Alejandro. J'ai donc enfilé ma robe en tremblant, ainsi que mes sous-vêtements, mais je n'avais pas la force de marcher sur mes talons. Je suis donc restée pieds nus, mes chaussures à la main. Lorsque j'ai récupéré mon sac à main, rien n'avait été volé. Tout était en place. J'ai donc compris qu'on avait seulement voulu me violer.

Finalement je m'allonge aux côtés de Julio. Je n'ai pas la force de rester assise. Pour autant, je ne le regarde pas et fixe le plafond en continuant mon histoire.

- J'ai donc quitté ce qui semblait être un grand hangar. J'avais arrêté de pleurer mais mes yeux disaient tout le contraire. En sortant, j'ai remarqué que c'était la fin de la journée que la nuit était en train de tomber. Je n'avais aucune idée d'où je me trouvais. Je ne reconnaissais pas le décor. J'avais encore la tête qui tournait et je titubais à moitié sur le trottoir. J'étais dans les vapes et n'avais pas vraiment conscience du danger. J'ai voulu traverser la rue en quête d'une personne qui pourrait m'indiquer où j'étais.

- Pourquoi n'as-tu pas appelé quelqu'un avec ton téléphone ? s'étonne mon petit-ami.

- Je n'ai pas pensé à ça sur le coup. Je m'étais dépêchée de sortir du hangar puis j'ai marché à peine une minute avant de vouloir traverser. Je n'étais pas dans mon état normal et je suis descendue du trottoir sans regarder autour de moi. Une voiture à piler au dernier moment, je me souviens avoir eu très peur. Mais je n'ai pas bougé et j'ai regardé le conducteur d'un air complètement vide. Il est alors sorti de sa voiture. C'était un homme d'une quarantaine d'années, sûrement père de famille. Il s'est inquiété pour moi et m'a demandé comment j'allais. Je lui ai demandé où est-ce que nous étions et il m'a indiqué que nous nous trouvions tout au nord de la capitale. Je lui ai donc avoué que j'avais reçu un coup à la tête que je venais de me réveiller ici. Cet homme était vraiment gentil. Il m'a fait monté dans sa voiture, très inquiet pour moi, et a souhaité me raccompagner jusqu'à chez moi, quitte à faire plus d'une heure de route à cause de tous les embouteillages. Il m'a proposé plusieurs fois d'aller au commissariat mais je voulais juste rentrer à la maison. Une fois arrivée, il m'a donné son numéro au cas où je me retrouvais dans une autre situation difficile. Je me suis sentie soulagée d'être tombée sur un homme comme ça. Vraiment.

Je marque une pause de quelques secondes avant de reprendre.

- Je suis rentrée chez moi en pleurant. Mes parents étaient toujours au travail et María chez sa sœur. Seule ma petite sœur Anastasia était à la maison, mais elle était enfermée dans sa chambre, comme toujours. J'étais donc seule. La première chose qui me soit passée à l'esprit a été d'appeler Alejandro. Je l'ai appelé en pleurs en lui disant que je venais me faire violer et que je voulais qu'il vienne me voir. Il a débarqué en dix minutes à la maison. Je me souviendrai toute ma vie de cette scène. J'étais allongée sur le canapé du salon, le corps vide de larmes et les yeux rouges et bouffis. Alejandro est rentré à la maison en furie et il a crié ces mots exacts : « Je te jure, Rym, que je vais tuer les trois bâtards qui t'ont fait ça ! ».

Je décide d'enfin tourner ma tête vers Julio pour voir s'il a compris. Devant son regard plein d'incompréhension, je termine mon histoire :

- Je ne lui avais jamais dit qu'il y avait eu trois hommes pendant le viol. Il le savait car c'est lui qui a préparé cette agression...

Ma voix s'éteint d'elle-même et je vois les poings de Julio se serrer. Je pose mes doigts dessus pour le calmer.

- Pourquoi a-t-il fait ça ? me demande-t-il en serrant les dents.

- En entrant dans le gang, il a dû passer un test de loyauté. Une de ses proches devaient se faire violer. Il m'a choisi moi.

- Tu as porté plainte ?

- Oui, mais ça n'a rien donné. J'y suis allée deux jours après le viol. Mais étant donné que j'avais été lubrifiée, je n'avais aucune séquelle physique de ce viol. Je n'ai même pas été frappée. Le médecin qui m'a examinée n'a rien pu conclure, et puisque Alejandro n'était pas sur les lieux du crime et qu'il n'y avait aucune preuve de sa complicité, je n'ai jamais eu de suite. La policière qui a pris ma plainte me croyait dur comme fer mais n'a rien pu faire. Je n'ai pas eu le choix que de surmonter ça seule. Vraiment toute seule. Je peux au moins dire que ça m'a rendue bien plus forte mentalement.

- Je suis vraiment désolée, parvient à dire Julio en m'attrapant dans ses bras.

Il me fait le plus beau câlin que l'on ne m'ait jamais fait. Je sens son cœur battre vite dans sa poitrine. Il me caresse à nouveau les cheveux et m'embrasse le front en signe de protection.

- Merci pour la confiance que tu m'accordes, m'avoue-t-il en gardant sa tête contre la mienne. Je n'ai pas de mots pour t'expliquer combien je te suis reconnaissant.

- Je me sens soulagée d'en avoir parlé à quelqu'un. Comme si on venait de me retirer un poids. Je me sens plus apaisée. Merci à toi d'être entré dans ma vie, Julio.

Nous restons enlacés pendant un certain temps. Je ne saurais dire combien je suis reconnaissante à Dieu d'avoir mis un homme comme lui sur mon chemin. Je me sens si chanceuse. Julio est attentionné, mignon, gentil, prévenant, réconfortant, intelligent, et j'en passe. Il a vraiment tout pour lui. J'arrive même à sourire contre sa poitrine tant je suis heureuse de l'avoir dans ma vie. Mon viol est derrière moi. Et même si ça a changé ma vie et que je ne serai plus jamais la même, je continuerai tous les jours à me lever chaque matin le sourire aux lèvres et à vivre ma vie comme je l'entends.

Trois petits coups à la porte me sortent de mes pensées. C'est María qui nous apporte notre dîner.

- On aurait pu descendre manger avec toi, je dis à ma gouvernante alors qu'elle nous dépose un grand plateau sur mon lit.

- Je me suis dit que vous aimeriez manger en tête à tête.

- C'est très gentil, María, la remercie Julio en se relevant.

Elle repart aussi vite qu'elle est venue.

- Je vais aux toilettes, je reviens, déclare Julio en descendant du lit.

J'en profite pour attraper mon téléphone et y jeter un coup d'œil. Cinq appels manqués de Rafaël. Je suis avec mon petit-copain, je ne suis pas d'humeur pour parler de mission avec lui. Ça attendra. Julio revient au même moment et nous nous installons pour manger. Nous sommes tellement bien ensemble que nous n'avons même pas besoin de nous regarder un film pour combler le silence.

- J'ai juste une question par rapport à ce qui t'ait arrivé, me dit-il en enfournant une bouchée de pâtes au saumon dans sa bouche.

- Je t'écoute, je réponds en faisant de même.

- Est-ce que ça t'a changé au niveau du caractère ?

- Sans hésitation oui.

J'avale ma nourriture avant de m'expliquer.

- Avant le viol j'étais une personne très en retrait. Je ne me faisais pas remarquer, j'étais sage et douce. Une vraie poupée, je souris en me rappelant cette époque. Après le viol, je me suis beaucoup renfermée sur moi-même pendant plusieurs mois. Mes proches ne comprenaient pas pourquoi puisque je ne leur ai jamais parlé de mon traumatisme. Petit à petit, j'ai commencé à me reconstruire et j'avais été tellement humiliée ce quinze juin que j'ai décidé de ne plus jamais me laisser faire de toute ma vie. Et je me suis dit que plus personne ne me manquerait de respect sans subir de conséquences.

Je reprends une bouchée de mon plat délicieux avant de poursuivre.

- Puis avec le temps, j'ai développé un caractère de grande joueuse qui n'a peur de rien et un caractère très sarcastique et provoquant. Certains prennent ça pour de la méchanceté mais ce n'est pas le cas. Je ne dirai pas que c'est une manière de me protéger mais c'est ma façon de montrer aux autres qu'ils n'ont pas intérêt à me faire du mal. Pour le moment, ça marche.

- Tu as donc été une fille sage et douce ? rigole Julio. J'ai du mal à y croire !

Je lui donne un petit coup dans le bras en signe de désapprobation. Nous finissons finalement la soirée à parler de notre enfance et j'en apprends un peu plus sur mon petit-ami. J'aime passer mes soirées et mes après-midis avec lui, j'aime lui parler, j'aime le regarder, j'aime tout chez lui. C'est donc le cœur empli d'un millier de sentiments que je m'endors dans les bras de mon chéri.

*

La sonnerie du téléphone de Julio nous sort de notre sommeil. Je dormais comme un bébé dans ses bras. Finalement, je me rends compte que c'est le réveil de mon petit-ami et l'éteins à sa place. Je m'écroule dans le lit. Une heure de sommeil en plus n'aurait pas été de refus. Je soupire en me faufilant dans les bras de Julio, encore endormi.

- Chéri, je chuchote dans son oreille gauche, tu vas devoir te lever. Nous sommes des adultes et devons aller travailler.

Il grogne comme un petit ours et je décide de filer sous la douche la première. Lorsque je ressors de mon dressing, tout habillée, je remarque que Julio est toujours endormi. La personne fourbe qui est en moi prend le dessus et je m'approche sur la pointe des pieds du lit. Je mets mon visage à quelques centimètres du sien et hurle d'un seul coup dans ses oreilles. Il sursaute et je m'écroule de rire.

- Tu aurais dû voir ta tête, je parviens à articuler entre deux fous rires.

Julio est entre le rire et les grognements. Je m'en vais chercher mon sèche-cheveux pendant qu'il sort du lit.

- Allez, va te préparer. La douche est libre.

Il attrape le sac qu'il a ramené la veille avec des vêtements propres et s'en va dans la salle de bain. Je commence à me sécher les cheveux tout en jetant un coup d'œil à mon téléphone. Rafaël m'a rappelé deux autres fois hier soir. Je décide donc de l'appeler et coupe mon sèche-cheveux. Je tombe sur la messagerie mais réitère l'appel. Il décroche avec une voix endormie.

- Rym ?

- Il y avait une urgence hier soir ? je demande en tournant en rond dans ma chambre.

- Ça aurait pu être une urgence, rétorque-t-il. Pourquoi tu n'as pas décroché ?

- J'étais occupée. Que voulais-tu ?

Je sens qu'il se retient de me demander ce que je faisais.

- Tu te rappelles le jour où tu m'as dit que Diego avait menti à propos de ta mère ?

- Oui, je me souviens, je réponds en hochant la tête.

- Et bien j'ai parlé à Diego hier. Il m'a avoué que ta mère et lui ont déjà été en couple. Et je crois bien qu'elle était l'amour de sa vie.

- Je m'en doutais depuis quelques jours, je le coupe. J'ai trouvé une sorte de journal intime qui appartenait à ma mère. Elle parlait d'un Diego. J'ai maintenant la confirmation que c'est bien notre patron.

- Et tu te sens comment par rapport à ça ? s'inquiète Rafaël en baillant.

Je hausse nonchalamment les épaules.

- C'est le passé de ma mère, qu'est-ce que tu veux que je te réponde ? Je sais qu'ils étaient vraiment amoureux et qu'ils se voyaient vivre le restant de leur vie ensemble.

- Pourquoi se sont-ils quittés ?

- Je n'en sais encore rien, je n'ai que quelques hypothèses. Mais c'est leur passé, je ne pense pas que ça nous regarde.

- Où est passé ta curiosité légendaire ? rit-il.

- C'est la jeunesse de ma mère, ça me gêne d'aller fouiller dans son passé.

Nous finissons par changer de sujet mais j'entends la douche de Julio s'éteindre et écourte ma conversation avec Rafaël avant de raccrocher. Je préfère ne pas avoir à trouver un nouveau mensonge, alors je prends les devants. Je remets en marche mon sèche-cheveux et Julio sort de la salle de bain. Ni vu, ni connu. Je reste dix bonnes minutes à sécher ma tignasse pendant que Julio se coiffe, se lave les dents et finit de se préparer.

- Ton tailleur vert te va à ravir, me complimente-il en me dévisageant.

- Vert menthe, je le reprends en rigolant. J'ai mon entretien avec la journaliste, il faut que je sois présentable.

- Peu importe ce que tu mets, tu seras toujours aussi belle.

Il m'attrape par la taille, me tourne vers lui et m'embrasse langoureusement. Je suis sur mon petit nuage. Mais je le repousse en le pressant.

- Nous allons finir par être en retard si nous continuons comme ça !

Il rigole et coiffe une dernière fois mes longs cheveux noirs avant de les plaquer dans mon dos. Je m'en vais prendre une paire de chaussures à talons et les enfile. J'opte pour un sac à main de luxe blanc offert par ma mère pour mes vingt ans. J'y glisse toutes mes affaires et descends au rez-de-chaussée, suivie par Julio, après avoir mis mes différents bijoux en or.

- Que vous êtes beaux ! s'exclame Maríaen serrant les mains devant elle.

- Je suis en tenue de travail, rigole Julio en montrant son insigne de pompier.

Elle lève les yeux au ciel avant de filer à la cuisine.

- Vous prendrez votre petit-déjeuner ? nous demande-t-elle.

- Non, on va se prendre quelque chose à emporter dehors ! je crie en ouvrant la porte d'entrée. À plus tard, María !

- Tu ne te fatigues pas à crier tout le temps ? s'interroge Julio en me dévisageant.

- À ton avis ? je ris en fermant la porte derrière nous.

Nous quittons la grande allée bordant la maison et j'indique à Julio qu'il y a un café à deux pas de chez moi. Nous nous y rendons et commandons chacun notre petit-déjeuner. Pour ma part, je prends seulement un smoothie aux fruits rouges. Nous quittons l'établissement, notre nourriture à la main. Nous décidons d'aller nous promener dans un grand parc pas loin de mon quartier. Il est presque vide, tous les enfants sont à l'école. Seuls des couples de personnes âgées se promènent. L'étendue d'herbes s'étend à plusieurs centaines de mètres autour de nous.

- Tu en veux ? je demande à Julio en lui tendant ma boisson.

Le calme de ce parc est presque troublant. Comme un signe du destin. Et il y a tellement peu de monde que, lorsque je la vois, mon corps reste tétanisé. Mon petit-déjeuner tombe au sol dans un bruit sourd. Une tête brune que je reconnaîtrais entre mille se trouve à une centaine de mètres de moi. Je reste figée en la voyant là et ne réagit pas tout de suite.

- Anastasia...

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