Chapitre 2 : Et la vie continue
Je n'en reviens pas de ce que je viens d'entendre. Mon père est venue chercher ma sœur ? C'est absolument impossible. C'est mon père qui travaille le plus dans l'entreprise. Il y reste jusqu'à tard le soir, la plupart du temps. Et ce n'est jamais lui qui va chercher ma sœur au collège mais ma mère. Mon père était forcément dans les locaux lorsque l'explosion a eu lieu.
- Comment était l'homme ? je demande, paniquée.
- Honnêtement, me répond le même homme, il était si lambda que rien ne l'aurait distingué d'un autre homme. Il portait un t-shirt noir, une jean de tout ce qu'il y a plus banal et des baskets blanches. Et il portait des lunettes de soleil.
Mon père ne s'habillerait jamais comme ça, en pleine journée. Il est toujours vêtu d'un costume pour assurer ses réunions et ses conférences à travers la capitale. Alors pourquoi venir chercher ma sœur habillé ainsi ? Sans me prévenir ? Savait-il qu'il y aurait une explosion ? Mais dans ce cas, pourquoi n'a-t-il pas sauvé ma mère et Juan ? Je n'y comprends plus rien. Mon père était forcément à l'intérieur. Mais qui est venu chercher ma sœur alors ? Un oncle ? Ma mère a deux frères et mon père n'a que des sœurs. Leurs maris auraient pu venir ? Je me mets à suffoquer et à avoir du mal à respirer. Je pose alors ma main sur le bras de Julio pour ne pas perdre l'équilibre.
- Aussi, reprend le surveillant, l'homme a retiré ses lunettes de soleil rapidement et votre sœur avait vraiment l'air de l'avoir reconnu. Mais comme je vous l'ai dit, l'homme était très banal.
Mais qu'est-ce que ma sœur a fichu ? Pourquoi a-t-elle suivi cet homme ?
- Je vous remercie messieurs, lâche Julio en me prenant par l'épaule pour retourner à la voiture.
Une fois dedans, je m'effondre une nouvelle fois.
- C'est impossible Julio... Ma sœur n'a pas pu suivre un homme comme ça. Elle le connaissait forcément. Mais qui était-ce ?
- Une fois que les pompiers auront identifié tous les restes de corps, nous serons fixés pour savoir si votre père était à l'intérieur ou non. L'explosion et l'incendie ont été extrêmement puissants, on retrouvera des parties de corps ou des dents. Puisque les dents ne brûlent pas. Mais s'il était présent, nous le saurons. Et je t'en tiendrai informé, compte sur moi.
Je hoche la tête en reniflant, le soleil mexicain me tape dans les yeux. Je baisse le pare-soleil en secouant la tête.
- Je n'arrive pas à croire ce qui vient d'arriver, je sanglote en tournant la tête par la fenêtre.
- Tu vas surmonter cela. Je pense que tu es quelqu'un de forte. Ça se voit, me dit gentiment Julio en posant une main sur mon épaule.
Il me frictionne doucement le bras avant de démarrer sa voiture.
- Demain, je viendrai te chercher pour aller déclarer la disparition de ta sœur à la police.
Et oui, il faut vingt-quatre heures de disparition pour pouvoir aller au commissariat. Quelle loi idiote ! L'attente sera interminable.
- Vous serez seule chez vous ? me demande Julio.
- Non. Nous avons une gouvernante qui s'appelle María. Elle s'occupe de nous depuis que nous sommes petits avec ma sœur et... mon frère.
Les larmes reviennent de plus belle sur mes joues déjà rouges. Je suis épuisée de pleurer. Je veux juste me réveiller de ce cauchemar qu'est devenu ma vie.
- Dis-moi où tu habites, je te ramène chez toi.
Je lui donne l'adresse et il prend la route, le regard concentré. Pendant le trajet, je jette un coup d'œil dehors. Les bâtiments et les immeubles défilent. Les gens aussi. Ils ont tous leur petite vie, leurs petits problèmes. Et moi je suis là, au milieu de tout ça, à devoir continuer une vie dont je n'ai jamais voulu. Une vie sans famille. Voilà ce qu'il me reste.
Nous arrivons devant le grand portail de notre maison. Julio se gare juste devant. Je descends de la voiture, les yeux rouges et bouffis. Avant de refermer la portière, je me retourne vers Julio.
- Je ne te remercierai jamais assez d'avoir été là. Merci d'être venu. Tu es...
Les mots meurent dans ma gorge. Mais il comprend ce que je ressens. Je tente un sourire, qui doit plutôt ressembler à une grimace, mais Julio me rend tout de même son beau sourire. Ça me réchauffe le cœur.
Je sonne à l'interphone du portail et ce dernier s'ouvre de lui-même. María sort en courant de la maison tandis que j'entre dans l'allée. Je jette un dernier coup d'œil à Julio qui s'en va, avant de voir une tornade foncer vers moi.
- Mon Dieu mi hija ! La police m'a appelée... L'explosion... Tes parents... Ton frère.
On se serre tellement fort dans les bras que j'ai l'impression que mon corps va se briser. Je pleure toutes les larmes de mon corps dans son cou. Elle pleure aussi et nous nous retrouvons dans un amas de larmes. J'ignore combien de temps nous restons ainsi mais le portail s'est refermé depuis bien longtemps maintenant. Une fois nos deux corps vides, elle me prend par l'épaule pour m'emmener à la maison.
- Gabriela est venue m'apporter tes affaires, elles sont dans ta chambre. Je lui ai expliqué ce qui s'est passé. Tes amies ont aussi appelé. Je leur ai dit que tu avais besoin d'être seule et...
Mais elle s'arrête dans sa phrase, fronce les sourcils et pose ses poings sur ses petites poignées d'amour.
- Où est Anastasia ?
Et je me remets à pleurer. C'est devenu une habitude depuis quelques heures maintenant.
- Un homme est venu la chercher. Les surveillants ont dit que c'était papa. Mais c'est impossible...
- Ta sœur a disparu ?
Je hoche la tête en la prenant dans mes bras, encore une fois. Je le sens à son corps tendu qu'elle est complètement paniquée. Elle me fait asseoir sur le grand canapé et s'installe à côté de moi en me frictionnant les cheveux.
- Je suis toute seule maintenant, je dis dans un filet de voix.
- Non, tu n'es pas seule. Je suis avec toi ma belle. Tu as tes amies aussi. Et le reste de la famille. Ils ne vont pas tarder à débarquer, d'ailleurs.
- Je ne veux voir personne.
Elle continue de me frictionner les cheveux encore quelques minutes quand je trouve enfin la force de me lever et de monter les immenses escaliers de chez nous pour rejoindre ma chambre. Je m'effondre sur mon lit et m'endors instantanément. La vie m'a mis une belle raclée.
*
C'est le vacarme du rez-de-chaussée qui me sort de mon sommeil. Le réveil affiche déjà onze heures. J'ai dormi près de vingt heures d'affilés. J'entends plusieurs voix au rez-de-chaussée, je dirai qu'il y a une quinzaine de voix. En quelques secondes, tous les souvenirs de la veille reviennent de plus belle. Mais les larmes ne sortent plus. Je reste là, assise sur mon lit, le cœur vide d'émotions. Je décide alors de faire ce que mes parents m'ont toujours appris lorsque je suis au plus mal : prier. Je m'installe donc dans le coin habituel de ma chambre et je me mets à faire la prière la plus sincère de toute ma vie. Je ne demande pas à Dieu de me ramener ma famille, ce qui est impossible, mais je le supplie de prendre soin d'eux et d'apaiser mon âme et celle de mes proches. Les mots sont mélangés aux sanglots. Mes mains jointes ne veulent plus se délier et je reste ainsi pendant une bonne vingtaine de minutes. Je récite toutes les prières que je connais pour apaiser mon cœur. On a tous un destin déjà tracé et notre vie doit s'arrêter un jour où l'autre. Mais ce n'est pas pour ceux qui partent que c'est dure, non, c'est pour ceux qui restent. Ceux qui subissent la perte d'un être cher. Ceux qui ressentiront le trou béant laissé par celui qui est parti. Et j'ai actuellement trois trous béants dans le cœur. Des vides que je ne pourrai jamais combler, même avec la plus grande volonté du monde.
- Mi amor ? j'entends derrière moi.
Je me relève de ma prière et tombe nez à nez devant ma tante. La grande sœur de mon père. Et sans un mot de plus, elle me serre fort dans ses bras fins.
- Tu es la femme la plus forte que je connaisse, Rym. Si tu veux venir chez nous quelque temps, tu sais que tu seras toujours la bienvenue.
Je suis la fille qu'elle n'a jamais eu. Tante Izabel n'a jamais eu d'enfant par choix mais elle et son mari m'ont toujours considéré comme leur fille. Et je les aime comme des seconds parents.
- Rappelle-toi que rien ne peut te faire chuter, mi amor. Garde toujours la tête haute.
- Merci, je réponds doucement.
Ce qu'elle me dit me réchauffe le cœur.
- Viens, on va t'habiller. Qu'as-tu de noir dans ta garde-robe ? me demande-t-elle.
Elle se dirige dans le dressing adjacent à ma chambre et en ressort avec une robe noire et des collants de la même couleur.
- Il ne fait pas très chaud dehors, les collants ne seront pas de trop, tente-elle avec un petit sourire. Maintenant file dans ta salle de bain et prend une bonne douche. Si tu as besoin de moi, tu n'as qu'à m'appeler, je reste dans ta chambre.
Je hoche la tête sans rien dire et me dirige dans la salle de bain, comme elle me l'a demandé. C'est plus facile de suivre les ordres de quelqu'un, je n'ai pas besoin de réfléchir comme ça. Je me déshabille, jette mes vêtements dans la corbeille de linge sale et fais couler l'eau chaude. Je décide de passer un coup de brosse dans mes longs cheveux ébènes. Leur raideur m'étonnera toujours.
Je rentre donc dans la cabine de douche et laisse l'eau couler le long de mon corps tandis que je retiens les larmes de couler sur mes joues. J'essaie de me laver mécaniquement, sans penser au reste. Mais c'est difficile. J'ai le cœur en miette et le cerveau prêt à imploser.
- Tu t'en sors ? me crie tante Izabel à travers la porte.
- Oui, j'ai bientôt fini, je tente de répondre assez fort pour qu'elle m'entende.
Je sors de la salle de bain vêtue de mon peignoir et d'une serviette sur les cheveux.
- Assieds-toi ici, m'invite ma tante en me montrant une place sur le lit.
Elle attrape une brosse sur ma table de nuit, retire ma serviette et me coiffe délicatement les cheveux.
- Tu as vraiment hérité des cheveux de ta maman, dit-elle doucement, nostalgique. Les cheveux de Marina ont toujours été magnifiques. Et toi, mi amor, tu es vraiment la plus belle et la plus merveilleuse femme sur cette Terre. N'en doute jamais.
Elle pose la brosse pour mettre ses mains sur mes épaules. J'en prends une de la main droite, en la serrant fort. C'est ce genre de phrases qu'on a besoin d'entendre dans des moments aussi durs que ceux que nous vivons en ce moment.
- Tu es merveilleuse aussi, je réponds sincèrement.
Elle sourit mais je vois que derrière son sourire, ses yeux pleurent. Ma tante est l'une des femmes les plus fortes que je connaisse. Elle est bien plus forte que moi. Je l'envie terriblement. Sa silhouette fine se lève pour aller me chercher dessous-vêtements. Elle est très grande, toute fine et longiligne.Elle a des cheveux châtains si clairs qu'on croiraient qu'ils sont blonds. Elle va régulièrement chez le coiffeur entretenir sa couleur naturelle ; je le sais parce que je l'y accompagne, la plupart du temps.
Elle revient avec un soutien-gorge et une culotte en dentelle.
- Tu crois que c'est l'occasion de mettre ça ? je lui dis, sur un ton léger.
- Il n'y a pas un jour où tu ne dois pas être belle, et plus particulièrement en ce moment. Tu dois vraiment te sentir belle. Allez enfile-moi ça, m'ordonne-t-elle en m'ébouriffant les cheveux.
Elle se met de dos le temps que j'enfile mes sous-vêtements. Elle porte une longue robe noire qui lui va divinement bien. Mais, de toute façon, on pourrait tout lui mettre qu'elle le porterait bien. J'attrape ensuite ma propre robe noire et l'enfile. C'est une robe avec quelques points de dentelle, à manches longues, très simple. Tante Izabel se retourne pendant que je passe les collants sur mes jambes.
- Tout aussi bien foutue que ta mère, tu me donnes envie, sourit-elle. Je me demande encore comment cela se fait-il que tu sois encore célibataire !
Je lève les yeux au ciel en souriant intérieurement. Elle me remonte tellement le moral dans un jour pareil. Ma tante est une thérapie. Je l'adore. Elle a tout autant été là pour moi lors du décès de mes grands-parents paternels, décédés à quelques jours d'intervalle. Alors que c'étaient ses parents, tante Izabel a pris le temps d'être là pour moi, il y a de ça quatre ans. J'avais alors seize ans. Et je ne la remercierai jamais assez d'être dans ma vie.
- Viens, je vais te sécher les cheveux, tu dois être la plus belle.
Je m'installe à côté d'elle sur le lit et elle finit de me préparer. Une vingtaine de minutes plus tard, parée de mon plus bel accoutrement, je descends les escaliers en marbre. C'est María qui me voit la première, et en quelques secondes, le monde aurez-de-chaussée se tait. C'est extrêmement intimidant. J'entre dans le grand salon et, comme je l'avais prédit, une bonne quinzaine de personnes est attroupée dans la salle.
- Rym, tu vas bien ma chérie ? me demande María en posant ses mains sur les miennes.
- Tante Izabel était avec moi, alors oui.
Je vois tous les visages rivés vers moi et je commence à voir flou. Je jette donc un regard insistant à María qui ordonne à tout le monde de continuer ce qu'il faisait. Ni une, ni deux, chacun lui obéit et les conversations reprennent.
- Viens avec moi, Rym, tu vas manger dans la cuisine, me dit-elle en me sortant de la pièce.
Je la suis sans broncher tandis que je vois tante Izabel entrer dans le salon.
- Il y a la famille qui est arrivé hier soir et ce matin. Trois policiers sont aussi ici et il y a un pompier.
- Un pompier ? je m'étonne. Il est là depuis quand ?
- Il s'appelle Julio. Il a déjà appelé hier soir pour savoir comment tu allais et il est arrivé tôt ce matin. Ça va bien faire quatre heures qu'il est ici. C'est un garçon charmant si tu veux mon avis.
- Non, justement, je ne veux pas ton avis, je grogne.
Elle pose devant moi une tasse de café et trois cookies. Je sais que je ne mangerai pas tout. La faim me manque mais j'en prends un pour faire plaisir à María.
- C'est le pompier qui était avec moi hier, je renchéris. Il est très gentil.
- Je vais le redire mais il est très charmant.
Elle continue à faire des éloges sur lui. Et je manque m'étouffer avec mon gâteau lorsque je vois Julio arriver derrière María, dans l'encolure de la porte. Mais elle ne le voit pas et continue :
- Tu as vu comment tu es belle, toi ? Il te faut un homme comme lui. Un vrai homme qui sache...
Je ne suis pas méchante, je fais signe à María de regarder derrière elle avant qu'elle ne dise n'importe quoi. Elle hurle de surprise ce qui, j'avoue, m'a fait sourire.
- Alors comme ça je suis un homme, un vrai ? rigole Julio en levant un sourcil à mon attention.
- C'est pas moi qui le dis, c'est elle, je souris en montrant María du doigt.
- Parce que pour toi je ne suis qu'un enfant ? rit-il.
- Un enfant qui adore jouer avec des camions de pompiers.
Il sourit de toutes ses dents ce qui me décroche une nouvelle fois un petit sourire. Pendant ce temps, María s'éclipse de la cuisine.
- J'ai des nouvelles informations concernant l'explosion.
Mon sourire disparaît et mon cœur se serre de nouveau.
- Plusieurs corps n'ont pas été retrouvés mais on a retrouvé leurs dents. Je te l'avais déjà expliqué, les dents ne se détruisent pas par le feu. Grâce aux dents, on a l'ADN des personnes. La police a contacté les membres de la famille de toutes les personnes qui ont été répertoriées comme étant présentes lors de l'explosion. Les membres de la famille doivent donner leur salive pour comparer les ADN et identifier les personnes décédées. Un des policiers, dans le salon, a cette liste, est-ce que tu peux confirmer que toutes ces personnes travaillaient dans l'entreprise ?
- Oui, bien sûr.
Il y a exactement cinquante quatre personnes qui travaillent dans les bureaux de l'entreprise. Et je connaissais chacune que ces personnes. Julio revient avec la feuille et je lis tous les noms. Il y en a quarante-sept. Il y a seulement sept personnes qui ont réussis à se sauver. Je hoche donc la tête et confirme les noms et prénoms de cette liste.
- C'est une collègue à vos parents qui nous a donné les noms, m'apprend-il.
- C'était aussi une de mes collègues. Je travaille à temps partiel dans l'entreprise.
- Je l'ignorais, je suis désolé.
- Arrêtez de vous excuser à chaque fois, je lui dis gentiment.
Il hoche doucement la tête avant de continuer, gravement.
- L'explosion est d'origine criminelle.
Il me sort ça comme ça, sans précaution.
- La police a découvert que l'explosion provient d'une bombe qui a été posée au préalable, quelques heures, ou quelques jours plus tôt.
- Qui aurait pu faire une chose pareille ? je suffoque en me levant de ma chaise.
Je marche en rond, me sentant au bord du malaise. Ma tête tourne fortement et mes mains sont si moites qu'elles collent à mes vêtements.
- Qui peut faire une chose pareille ? je répète, les yeux larmoyant.
Je rapproche ma tête de celle de Julio, cherchant désespéramment une réponse.
- C'est ce que la police va chercher à déterminer. C'est pour cela que les policiers sont ici, ils vont vous poser quelques questions.
- Quelques questions ? Moi, Rym Abril, je me serai amusée à tuer mes parents et mon frère pour rire ? Non mais tu rigoles, j'espère ?
- Tu as un alibi ; je témoigne pour toi aussi puisque je suis venue te chercher dans ton université. Ne t'inquiète pas, tu n'as rien à craindre.
Il se lève de sa chaise et se place devant moi. Il est si grand.
- Ta gouvernante a déclaré la disparition de ta sœur tout à l'heure. Les patrouilles sont mobilisées.
Je n'arrive même plus à réfléchir. Je suis dépassée par les événements et déboussolée.
- Viens avec moi, on va aller dans le salon.
Sa voix est si douce que je le suis sans broncher. Tout le monde fait mine de ne pas m'avoir vu et ça me va très bien. María s'avance vers moi, son éternel petit sourire sur le visage.
- J'ai laissé mon petit déjeuné sur la table, j'ai oublié de ranger, je lui dis, désolée.
- Si tu crois que c'est ça le plus important en ce moment, ma chérie, sourit-elle, en s'en allant dans la cuisine, sûrement ranger ce que j'ai laissé.
Les trois policiers s'avancent vers moi tandis que Julio reste posté à côté, impassible, comme un garde du corps. Et de la même manière que Julio me l'avait expliqué, les policiers me demandent mon alibi d'hier après-midi, après m'avoir souhaité les condoléances. Je réponds à toutes leurs questions, sans broncher. Puis, une question me vient à l'esprit.
- Nous avons des caméras de surveillance au sein des locaux de Sublimeza, qui enregistrent les deux derniers jours filmés sur des disques durs externes, qui se trouve dans la partie sud du bâtiment, qui n'a pas été touchée, à ce qu'on m'a dit. Et il y a celles installées dans la rue. Comment se fait-il que vous ne sachiez pas, d'un simple coup d'œil, qui a fait cela ?
Sans m'en rendre compte, ma voix est montée d'un seul coup en octave. Toute la pièce est maintenant silencieuse, attendant la réponse du policier.
- Les caméras donnant sur la rue n'ont rien donné de particulier. Quant aux caméras de l'entreprise, nous sommes allés voir dans la partie sud, sous les conseils d'une des survivantes de l'explosion. Et tous les disques durs ont disparu.
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