Chapitre Huit
Octobre
Yeonjun ne put réprimer un sursaut à l'entente de son prénom. Dieu merci, il ne s'agissait que de Taehyun. Il aurait été terriblement gêné si un de ses autres employés l'avait vu faire.
— Oui ? avait-il répondu calmement, essayant de reprendre son sang-froid et une allure un tant soit peu respectable.
Le rouge le considéra avec suspicion.
— Tu fais quoi ?
Les mains dans les poches après avoir jeté sa lingette dans une poubelle non loin de lui, le brun haussa les épaules en regardant les miroirs se tenant au-dessus des lavabos.
— Rien de spécial, il y avait quelques tâches, alors je les ai essuyées.
Taehyun ne parut pas convaincu, mais que voulait-il qu'il lui réponde ? Oui, c'était un peu triste à dire quand on était le PDG de Regard, mais il s'agissait de son meilleur ami, il le connaissait suffisamment pour connaître ses quelques tocs.
— Est-ce que ça va ?
Yeonjun s'apprêta à lui demander pourquoi diable lui posait-il cette question maintenant. Puis il se souvint que Taehyun avait le don pour poser cette question au moment où on s'y attendait le moins, et le don également de la poser au bon moment. Ce n'était pas pour rien qu'il l'avait nommé directeur des ressources humaines après tout.
— Hmm... rien, je pensais juste au boulot, avait-il piteusement répondu en détournant presque habilement son regard du plus petit.
Ce n'était pas qu'il n'avait plus confiance en Taehyun, ce n'était simplement pas le moment – ni le lieu – idéal pour parler de ses préoccupations personnelles. Et puis se livrer n'avait jamais été quelque chose qu'il faisait facilement.
— Je vois, répondit le plus jeune avec un sourire, et il crut sincèrement l'espace d'un instant qu'il avait pu échapper au flair de son meilleur ami. Et tu es au courant que c'est inutile de me mentir ?
Il laissa un soupir lui échapper et un sourire quelque peu fatigué vint prendre possession de ses lèvres. Bien évidemment, Taehyun n'était pas tombé dans le panneau. Il aurait dû s'en douter après tout ; il le connaissait comme sa poche et c'était on ne peut plus réciproque. Mais il ne pouvait pas se résoudre à lui parler de ses tracas, pas lorsqu'ils étaient au travail, c'était un principe.
— C'est juste que... Je ne veux pas en parler ici.
Et il savait pertinemment que le plus petit le comprenait sans qu'il n'ait besoin d'en rajouter.
— Oui bien sûr, s'empressa-t-il de répondre avec son grand sourire. On passe par chez toi pour en parler tranquillement ce soir ? proposa-t-il avec sa douceur sans égale.
Et en acquiesçant, Yeonjun se fit la réflexion qu'il était chanceux d'avoir quelqu'un comme Taehyun dans sa vie.
:::
Comme prévu, Taehyun avait attendu qu'il ait terminé son travail pour la journée avant qu'ils ne quittent tous les deux les bureaux en direction de l'appartement du plus vieux. Le trajet n'avait donc pas été aussi silencieux que d'habitude mais, plus ou moins étrangement, lorsqu'il s'agissait de son meilleur ami, Yeonjun n'était pas dérangé par le changement de son train-train quotidien. Probablement parce qu'il connaissait Taehyun depuis trop longtemps pour pouvoir être encore dérangé d'une quelconque façon par sa présence. Cela faisait un certain temps que le plus petit n'était pas venu lui rendre visite chez lui, pourtant, Taehyun agissait comme s'il avait toujours habité avec lui, et quelque part, cela lui faisait plaisir de le voir agir ainsi. Il y avait cet air de naturel dans tout ce que faisait son meilleur ami qui l'attendrissait et lui faisait apprécier le moment de la plus simple des façons.
— Où est Capucine ? s'empressa de demander Taehyun une fois la porte d'entrée refermée.
— Dans sa chambre, où veux-tu qu'elle soit ? répondit-il simplement en enlevant ses chaussures, à moitié étonné par le fait qu'il s'agisse de la première demande du plus jeune.
Ce dernier avait à peine pris soin de correctement ranger ses chaussures que déjà, il s'élançait dans le couloir à droite de l'entrée, un immense sourire aux lèvres. Yeonjun soupira, il pouvait comprendre la hâte de son ami, mais de là à ne pas ranger correctement ses chaussures...
Enfin, il aurait dû s'y attendre. Venant de Taehyun, ce n'était pas très surprenant après tout ; quand il était pressé, il s'oubliait un peu.
Ce n'est qu'après s'être complètement délaissé de ses affaires et assidument lavé les mains qu'il prit à son tour le chemin du couloir de son appartement. Il était assez spacieux, le salon et la cuisine ouverte prenaient tout l'espace sur la gauche de l'entrée, et à la droite de cette dernière se trouvait le couloir auquel étaient rattachées des toilettes, une salle de bain, deux chambres, et un bureau. Il se dirigea vers la dernière porte à droite, derrière laquelle il pouvait entendre le rire de Taehyun s'élever ainsi que quelques couinements qui le firent légèrement sourire. Il ouvrit la porte laissée entrouverte et tomba sur son meilleur ami, allongé par terre, un sourire béant sur le visage soutenu par sa main gauche tandis que la droite était occupée à gratter - ou caresser, il ne savait pas trop - la touffe rousse de Capucine.
— Elle n'aurait pas encore grandit ? demanda le plus jeune.
— Non, sa croissance s'est arrêtée après six mois Thyun, fit-il comme s'il s'agissait d'une évidence alors qu'en réalité, tout le monde ne s'y connaissait pas en lapin bélier.
Le rongeur continua d'émettre des bruits et de s'allonger sur le sol, appréciant les attentions du décoloré en rouge qui était complètement gaga de la petite créature qu'il avait en face de lui. Et Yeonjun aurait presque pu être jaloux, mais au fond, il restait le seul maître de Capucine, elle aimait beaucoup les caresses et Taehyun avait toujours su y faire avec les animaux voilà tout. Et puis il avait toujours été presque aussi amoureux que lui de l'adorable boule de poile.
— Tu t'es lavé les mains avant de la caresser ? demanda-t-il d'un ton presque sévère.
Taehyun se figea et lui adressa un sourire crispé. Il se précipita hors de la chambre et couru jusque dans la salle de bain, laissant échapper un « Pardon mon commandant ! » qui fit lever les yeux de Yeonjun au ciel.
Il s'approcha à son tour du lapin qui se sentait bien délaissé à présent, et sa moue stoïque laissa bientôt place à un visage détendu et souriant lorsqu'il prit son petit animal dans ses bras et la chouchouta. Les couinements de Capucine l'encouragèrent à continuer et il se sentit se détendre complètement. Certains auraient pu trouver cela bien trop exagéré de dédier une chambre entière à un si petit animal, mais pas Yeonjun. Capucine était sa petite partenaire de vie, pour lui, il était primordial qu'elle ait elle aussi droit à un espace bien à elle. L'idée de l'enfermer dans une cage toute la journée lui serrait le cœur. Pour des raisons hygiéniques et sécuritaires, il ne pouvait pas tout le temps la laisser gambader librement dans tout l'appartement, mais il trouvait cela juste de lui léguer une pièce entière où elle pouvait boire, manger, s'amuser, faire ses besoins et dormir.
Capucine se laissait tranquillement chouchouter lorsque le rouge fut de retour dans la chambre. Sans prononcer un mot, il vint s'assoir en face du plus vieux, puis après quelques minutes de silence seulement brisées par les bruits du rongeur, il se décida à prendre la parole ;
— Du coup... commença-t-il, et même si Yeonjun ne le regardait pas, il savait qu'il avait toute son attention. Tu veux bien me parler de ce qui te tracasse ?
Le brun soupira. Ce n'était jamais une véritable partie de plaisir pour lui, de partager ce genre de chose, mais il savait qu'en parler à son meilleur ami s'avérait nécessaire. Sinon, Taehyun allait continuer de s'inquiéter. Et puis au fond, peut-être même qu'il pouvait l'aider.
— J'ai... Il y a un problème. fit-il pour commencer, puis il reprit en regardant son ami dans les yeux. Avec Soobin.
Le plus jeune fronça les sourcils.
— Un problème avec Soobin ? Quel genre de problème ? Il fait mal son job ?
— Non, s'empressa-t-il de répondre. Il fait très bien son travail, sur ça il n'y a rien à redire...
Et cela le tuait de l'admettre.
— C'est autre chose en fait, qui n'a pas vraiment de rapport avec l'entreprise...
Il lut facilement la surprise sur le visage de Taehyun. Et il le comprenait. C'était une première de parler de l'un de ses employés dans un cadre autre que celui travail, et il ne s'en serait lui-même pas cru capable un mois auparavant. Pourtant il se tenait là, dans son appartement à discuter du problème sur patte dénommé Choi Soobin avec son meilleur ami. Il se demandait comment il avait pu en arriver là...
— Je ne pense pas qu'il voudrait que je t'en parle, mais je te fais confiance pour garder ça pour toi, il l'observa acquiescer d'un geste de tête. Pour faire simple, Soobin a une phobie. Une peur qui le met dans tous ses états, il fait des sortes de crises, comme s'il n'arrivait plus à respirer et parfois il vomit aussi...
Des images lui revenaient soudainement, et il manqua de frissonner.
— Comment tu l'as découverte, cette phobie ? Il est venu t'en parler ?
Il rit jaune.
— Certainement pas. Je suis sûr que si je ne l'avais pas surpris en flagrant délit dans les toilettes, il ne me l'aurait jamais dit. D'ailleurs, il a mis un certain temps à cracher le morceau, ses yeux se perdirent dans le vide en se remémorant les fois où il avait tenté d'en savoir plus, sans succès. J'ai fini par deviner ce que c'était pendant notre visite chez les Lee. Ils étaient particulièrement à l'aise avec leur vie intime disons, et c'est en le voyant pâlir à mesure que les minutes défilaient que j'ai compris que c'était ça, qui le répugnait autant et l'effrayait.
Il y eut un silence. Le petit animal avait fini par s'assoupir sur les jambes de Yeonjun qui fut attendrit par cette vue qu'il trouvait toujours aussi adorable.
— Je suis pas sûr de comprendre... reprit Taehyun. Il a peur de quoi au juste ?
— Je n'ai pas tout compris, tu te doutes bien que buté comme il est, il n'e m'en n'a pas dit plus que ça. Mais visiblement, il a une phobie du désir sexuelle et tout ce qui se rapproche de près ou de loin de ce genre d'activité...
Un silence, plus long cette fois-ci, s'installa dans la chambre. Et à l'instant, Yeonjun se demanda si Taehyun, aussi avisé et humain était-il, pouvait réellement l'aider à régler ce problème. C'était tellement surréaliste et inattendu. Si seulement il avait su prendre la simple et bonne décision de virer Soobin ! Il n'était pas trop tard... mais il ne pouvait pas s'y résoudre. Et de toutes évidences, maintenant que Taehyun était au courant, il ne le laissera jamais faire.
— Et donc, si je comprends bien, ça te travaille.
Le brun le regarda d'un air hébété.
— Bien évidemment ! il vit le plus petit hausser les sourcils à cette exclamation. Enfin, je suis d'accord pour dire que ce n'est pas dans mes habitudes d'avoir affaire à ce genre de situation. Mais là, je ne peux pas faire autrement, c'est mon assistant ! Ce genre de crise peut l'empêcher de faire son travail correctement, je veux dire, Regard est en plein essor, je ne veux pas que son problème nous freine !
— Et c'est vraiment la seule raison ?
Il s'apprêtait à lui répondre, mais s'arrêta bien vite. Pourquoi ? Pourquoi avait-il autant de mal à répondre ? Sa réponse aurait dû être rapide et spontanée « Bien sûr que c'est la seule raison ! ». Pourtant, il n'en fit rien. Y avait-il autre chose ? Sa mâchoire se serra.
Oui. Il se souvenait parfaitement du bruit de ses sanglots, des tremblements qui avaient pris son corps d'assaut et de cette expression de détresse, de souffrance qui s'était peinte sur les traits de son visage.
— Je ne sais pas, avoua-t-il tout bas en détourant le regard. Je suppose que... qu'il me fait de la peine.
Il ne faisait aucun doute que Taehyun était on ne peut plus surpris de l'entendre dire ces mots, il l'était lui-même à vrai dire. Il n'était pas inhumain ou antipathique, ce n'était simplement pas habituel pour lui de se préoccuper comme ça de ses employés, des gens en général. Il avait déjà suffisamment de mal à comprendre ses propres sentiments et émotions quelques fois, alors celles des autres ? Non, il n'avait jamais été doué pour ça. C'était Taehyun le directeur des ressources humaines, celui qui avait toujours su y faire avec autrui.
— Et tu veux l'aider ? demanda simplement le rouge.
— Oui, avoua-t-il avec un tantinet plus de facilité. Mais je ne sais pas quoi faire, et ça commence à me rendre fou. Il n'arrête pas de dire que je ne dois rien faire, qu'il le supporte, qu'il vit très bien comme ça depuis toujours et qu'il ne veut pas se priver de vie ou je ne sais pas trop quoi... Sauf qu'à force, c'est sûr, il va craquer ! Je ne sais pas à quoi m'attendre, j'ai l'impression d'avoir une bombe à retardement entre les mains, c'est insupportable !
Et voilà, il ne se reconnaissait plus. Choi Yeonjun ne s'énervait pas pour un rien, Choi Yeonjun était calme et gardait son sang-froid en toutes circonstances et ne se laissait pas partir au quart de tour pour une simple histoire d'assistant phobique. Pourtant, il se retrouvait à élever la voix pour ça, et il était convaincu que Taehyun devait se poser un tas de questions sur ce qui le rendait ainsi. Trop de questions même, c'était bien son genre ça. Mais il savait bien qu'il n'allait pas toutes les lui poser d'un coup, il ferait doucement, étape par étape, parce qu'il était bien conscient qu'il était lui-même perdu dans cette histoire. Et pour cause : cela ne lui arrivait jamais de perdre le contrôle comme ça. Ou plus depuis ce jour. Mais là, il découvrait surtout qu'il n'en n'avait jamais eu, une phobie ne se contrôlait pas, il était très bien placé pour le savoir. Il détestait cette sensation de n'avoir aucune emprise sur le problème, c'était frustrant au possible, cela le faisait presque paniquer, et la panique n'avait jamais fait partie de ses projets.
— Ça lui arrive souvent d'avoir ce genre de crise ?
Il se mit à réfléchir. Il ne l'avait surpris que quelques fois, mais à présent, il devait se résoudre à l'évidence : Soobin avait sûrement était sujet à plusieurs crises sans qu'il n'en sache rien. Et étrangement, l'idée que le châtain se soit retrouvé aussi vulnérable et seul autant de fois lui était presque aussi désagréable que de se dire qu'il n'avait tout simplement pas été fichu de remarquer ça auparavant, et de faire en sorte que son assistant travaille dans des conditions saines.
— Je ne sais pas vraiment, c'est assez imprévisible, et puis je ne suis pas tout le temps avec lui non plus. Mais pendant les pauses de midi tient, je suis sûr et certain qu'il a déjà fait un nombre incalculable de crise à cause de Donghyuk, essaya-t-il de dire sans trop de reproche dans la voix en mentionnant le basané. C'est arrivé au Starboard, le mardi de la même semaine aussi, et ça continuera d'arriver, c'est certain. Mais que veux-tu, monsieur préfère prendre des risques et continuer de côtoyer ce sans gêne plutôt que de, je cite, « s'interdire de vivre ».
Taehyun ne put réprimer un sourire. Yeonjun était comme ça : Il gardait toujours cette allure de patron imperturbable, mais une fois qu'il était lancé, il redevenait le Yeonjun sensible et légèrement grincheux qu'il avait toujours connu. En fait, le brun avait toujours eu ce personnage d'insensible individualiste qu'il gardait en public. Même lorsqu'ils s'étaient connus en première année d'école de commerce, il avait déjà cet air distant. Mais à la vérité, cela ne l'avait pas repoussé, au contraire. Cela avait piqué sa curiosité à vif, et il avait découvert que derrière cette couverture se cachait un garçon qui avait du mal avec les relations humaines, quel qu'elles soient, et qui pour se protéger de quelconques mauvaises expériences, s'était créé cette carapace.
— Je peux comprendre sa réaction, surtout si tu lui as dit ça de la même façon, ce dont je ne doute pas, il le vit lever les yeux au ciel. Donghyuk est vraiment bon délire, alors même s'il peut dire des trucs franchement limites parfois, ça reste quelqu'un d'agréable.
Yeonjun eut du mal à contenir un soupir exaspéré. Qu'est-ce qu'ils lui trouvaient tous à ce Donghyuk, sérieusement ?
— Mais c'est vrai que cela peut rapidement devenir problématique, poursuivit Taehyun. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'il devrait s'interdire de vivre, ce qu'il peut être dramatique ce Soobin... Mais peut-être que tu peux prendre certaines mesures pour lui éviter ce genre d'accros.
— Comme quoi ? Il ne voudra même pas m'écouter, j'en suis sûr, il est tellement buté, fit le plus vieux avec une moue, comme s'il était vexé du comportement de Soobin.
Il ne l'était pas. Assurément. Ce n'était que sa fierté de patron, pour sûr.
— Rien ne t'empêche d'essayer ! Tu n'as qu'à... je ne sais pas, lui suggérer de te laisser les rendez-vous chez les Lee par exemple ! De son côté, il travaillera sur d'autres dossiers. Maintenant que la première visite est faite, il peut se contenter de travailler sur tes retours, à distance. Pour Donghyuk, je suppose que la meilleure solution serait d'en parler au premier concerné. Le connaissant, je ne pense pas que cela lui posera de problème.
— Et Soobin me tuera pour lui en avoir parlé... soupira Yeonjun.
— Donghyuk gardera le secret ! Il n'est pas aussi simplet ou commère que tu ne le crois, tu t'es construit une image de lui trop décalé de la réalité, 'Jun.
Ledit 'Jun leva à nouveau les yeux au ciel. Oui bon, peut-être que ses préjugés prenaient encore beaucoup de place dans sa vision du monde, et puis il ne faisait pas beaucoup d'effort pour que cela change. Mais jusqu'à présent cela ne l'avait pas empêché de vivre normalement... Pourquoi avait-il l'impression que tout ce qui était auparavant simple devenait soudainement plus compliqué que prévu ?
— Ce n'est vraiment pas une situation banale ceci dit, ça doit être dur à vivre au quotidien... On ne vit pas dans la société la plus ouverte sur ça non plus, mais dans la vie de tous les jours... Et dire que je ne l'avais jamais remarqué moi non plus...
Yeonjun fronça les sourcils. Il n'aimait pas voir Taehyun se tracasser et commencer à se mettre en quatre à cause des autres. Il lui avait toujours reproché de trop se soucier de ce que pouvaient bien penser ou ressentir les gens autour de lui, et il lui répondait toujours que c'était lui qui ne se souciait pas assez des autres. Mais Yeonjun ne voyait pas de mal à ça, il ne se souciait que de ceux qui comptaient pour lui, le reste, ça ne l'importait pas, ou peu, surtout quand il voyait à quel point son meilleur ami pouvait se mettre dans tous ses états à cause de son empathie. Et là, cela ne lui plaisait pas de le voir commencer à se morfondre parce qu'il tentait désespérément de trouver des solutions pour aider Soobin.
— Tae', je t'arrête tout de suite. D'accord, c'est préoccupant, mais il ne faut pas que ça te prenne trop la tête, et à moi non plus d'ailleurs. Soobin reste mon employé et ton collègue, il ne faut pas que ça te ruine le moral ou quoique ce soit.
Il le vit ouvrir la bouche pour rétorquer mais l'arrêta.
— Ecoute, on- je vais trouver quelque chose. Je parlerai à Donghyuk et éviterai d'emmener Soobin chez les Lee, et je ne sais pas... j'imagine que je ferais plus attention à lui à l'avenir.
Si c'est encore possible, pensa-t-il, mais il le garda pour lui.
— Je sais que je t'en demande beaucoup en disant ça, et qu'en tant que DRH, ça peut te sembler absurde, mais s'il-te-plaît, ne t'en fais pas trop, je vais me débrouiller.
Et voilà qu'il se renfermait sur lui-même... Mais il ne pouvait tout simplement pas se résoudre à laisser Taehyun cogiter sur cette histoire. C'était complètement idiot en un sens, c'était son métier de se préoccuper du bien être des employés, mais s'il y avait bien quelqu'un qu'il voulait tenir éloigné du problème 'Choi Soobin', c'était son meilleur ami. Il l'avait déjà suffisamment vu souffrir à cause de son empathie prononcée pour laisser une telle chose arriver à nouveau, revoir son seul et unique meilleur ami dans un état déplorable était la dernière chose qu'il souhaitait. Alors être la cause de son potentiel malheur – voilà qu'il se nommait responsable de ce problème maintenant – n'était nullement envisageable.
Il peinait lui-même à croire à ses mots.
« Je vais me débrouiller », facile à dire.
Ça le mettait en rogne d'envisager ne pas être capable de trouver une solution à un problème. Tout de même ! Il était patron, avait fait plusieurs années d'étude pour en arriver là, pourquoi devait-il douter de ses capacités après quatre ans à diriger son entreprise ? C'est qu'il en viendrait presque à détester son assistant, qui, il en avait conscience, n'avait rien demandé.
Capucine se réveilla en baillant et cela sembla marquer la fin de la discussion. Taehyun avait compris à quoi faisait référence le plus vieux et n'avait tout simplement pas eu la force de trouver un argument pour lui répondre. Et puis, maintenant que la lapine était debout, la petite créature se mit à redemander de l'attention. Et, complètement hypnotisé par la mignonnerie qu'il avait face à lui, il ne put s'empêcher de l'attraper d'entre les jambes du brun pour la caresser et lui susurrer des compliments d'une voix complètement ridicule. Yeonjun ne put qu'afficher un sourire mi-triste, mi-attendrit en voyant la scène. Taehyun n'avait pas répondu, mais il prenait ça comme un « Oui », ou au moins un « Je vais essayer même si je ne suis pas d'accord avec toi. ». C'était déjà ça.
— Au fait, comment ça se passe avec ton gamin ? fit-il avec un regard espiègle, content d'avoir trouvé le sujet parfait pour démarrer une nouvelle conversation bien plus détendue.
Gagné. Les joues du plus jeune prirent la même nuance que ses cheveux, et il ne put réprimer un rire, fier de son coup.
— Arrête de l'appeler comme ça ! Il n'est plus au lycée, tu sais ? parvint à répondre Taehyun.
— Mouais, ça reste un gamin.
Il ne vit pas la peluche arriver, et l'instant d'après, le rire adamantin du plus petit s'élevait dans la pièce. Une bataille de peluche débuta tandis que le pauvre rongeur partait se réfugier dans sa cage. Mais Yeonjun ne put se retenir de rejoindre son meilleur ami dans son fou-rire. Et pour la première fois depuis un certain temps, il se sentit revivre, oublier ses tracas. Ces moments-là étaient précieux, il avait l'impression de vivre leur amitié comme aux premières années, et ça n'avait pas de prix, il s'estimait chanceux d'en être conscient.
⌨️SUISEI...
hey !!
comment vous allez ?
ce chapitre était looong par rapport aux précédents, j'espère que ça ne vous a pas trop handicapé dans votre lecture ! je crois que les chapitres seront de plus en plus longs, mais je tiens à leur conserver une taille agréable à la lecture !
j'adore l'amitié entre yeonjun et taehyun, écrire sur eux est toujours un vrai plaisir ~
j'espère que le chapitre vous aura plus à vous aussi !
sur ce, à plus mes chocolats ~ 💖💓✨
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