Novembre
            Les rayons du soleil traversaient les espaces laissés vides par les rideaux, quelques oiseaux entreprenaient leur discussion du matin, et Taehyun priait n'importe quelle entité pour que toutes  ses matinées se déroulent ainsi. C'était un samedi matin, et par conséquent le réveil se faisait très agréable. Par agréable, il entendait une grasse matinée d'une douceur délicieuse avec une vue des plus magique : son petit ami encore endormi, les cheveux en bataille et un air angélique peint sur le visage. Et quel visage... Il aurait pu passer le reste de sa vie à simplement le contempler ; jamais il ne se serait lassé de ses grains de beauté, ses lèvres roses et fines, ses cils délicats, son sourire omniprésent, sa peau laiteuse...

Le métisse remua dans son sommeil, et il ne sut pas résister à la tentation de le serrer dans ses bras. Sans émettre aucune objection, le brun vint se blottir contre lui pour répondre à son étreinte et prolonger un tant soit peu son sommeil. Après tout, il était acquis depuis un certain temps déjà que Kai était devenu sa peluche humaine, on ne peut plus volontairement.

— Il est quelle heure ? fit le plus jeune d'une voix enrouée.

Un sourire naquit  automatiquement sur ses lèvres.

— Dix heures et quart, on a encore toute la matinée devant nous...

Et sur ces mots, il vint déposer une multitude de baisers dans sa chevelure, récoltant un bruit qui se rapprochait beaucoup d'un ronronnement humain.

Ils restèrent ainsi quelques longues minutes à simplement profiter de cette chaleur si particulière que créaient leurs deux corps ainsi rapprochés, sous le chant des oiseaux et le timide soleil d'hiver.
Soudain, Kai brisa cette étreinte en se redressant subitement.

— Attends, dix heures et quart ?!

Taehyun l'observa avec incrédulité.

— Euh oui ?

Le cri qui suivit sa réponse manqua de le rendre sourd, et sa jambe faillit être emportée par Kai lorsqu'il s'extirpa de son étreinte pour sortir de leur lit en précipitation.

— Mais mes parents arrivent à treize heures !

— Oui... on a le temps Hyuka-

Trop tard, son copain ne l'écoutait déjà plus.

Yeonju et David Kamal Huening étaient arrivés de Hawaï pour venir rendre leur visite trimestrielle à leur fils. Aujourd'hui, ils les recevaient pour déjeuner et avaient prévu de se balader dans l'après-midi. Et naturellement, Kai était stressé. Il fallait dire que leur relation n'avait pas été facile à établir, alors maintenant il ressentait constamment une sorte de pression qui allait de paire avec la reconnaissance qu'il éprouvait pour ses parents.

Taehyun avait rencontré Kai alors que ce dernier était en dernière année de lycée. Accompagné de Yeonjun, ils avaient fait le tour de quelques établissements pratiquant l'étude de l'art pour intervenir durant des journées spéciales afin de présenter leur entreprise. Yeonjun avait toujours eu à cœur de présenter Regard à de jeunes étudiants et lycéens. Par fierté, mais surtout par envie de prouver à l'avenir de la société qu'il était possible d'allier design made in Korea et modernité et ce, jusqu'à l'international. Sûrement parce qu'il aurait apprécié que, pendant sa jeunesse, quelqu'un vienne lui expliquer que son rêve était réalisable. Si Yeonjun avait réussi à tracer son chemin tout seul, il n'avait pour autant pas perdu le sens des responsabilités, et malgré sa légère répulsion pour les enfants et adolescents, il avait absolument tenu à divulguer son message : tout est possible.

À vrai dire, Taehyun ne s'était pas attendu à faire une telle rencontre ce jour-là. Et pourtant, lorsque ses yeux avaient rencontré ceux d'un élève au regard particulièrement brillant d'espoir, quelque chose avait résonné dans son cœur. Comme une évidence, un sentiment qui ne trompe pas lorsqu'il nous prend le cœur. Taehyun avait tout de suite compris, et il s'en était tout de suite voulu, aussi. Pourquoi avait-il fallu qu'il ait un coup de foudre pour un lycéen ? Il s'était maudit des heures durant, jusqu'à ce qu'en sortant de l'établissement, un certain brun plus grand que lui de quelques centimètres ne l'interpelle. Kai avait été maladroit, lui aussi, tous deux un peu dépassés par ce qui leur arrivait. Taehyun lui avait dit de passer à autre chose, mettant les sentiments du lycéen sur le compte de sa jeunesse alors même qu'il tentait d'ignorer les siens avec lâcheté. Jusqu'à ce que la possibilité de ne plus jamais le revoir ne l'effleure et le fasse changer d'avis.

Et depuis, ils ne s'étaient plus lâchés. Pour le meilleur comme pour le pire. Apprendre que Kai avait un an de retard l'avait déjà un peu rassuré ; le plus jeune avait alors dix-neuf ans et lui vingt-cinq. Cet écart l'avait un peu effrayé, et étonnement, ce fut le métisse qui ne cessa de le rassurer à ce sujet, lui prouvant à plusieurs reprises que cela ne signifiait rien lorsqu'ils s'aimaient de la sorte. Était venu le problème des familles : les parents de Taehyun ne faisaient plus partie de sa vie depuis un bon bout de temps déjà, autant dire que Kai n'avait – et n'aurai probablement – jamais eu à les rencontrer. Du côté des Huening en revanche, cela avait été différent. Une fois sorti du lycée, Kai avait dû retourner à Hawaï et là-bas, expliquer sa relation à ses parents. Taehyun l'avait crainte, cette discussion, il avait surtout eu peur de ne plus jamais revoir le sourire de son adorable moitié. Mais après maintes et maintes négociations, Yeonju avait fini par les soutenir, et David avait suivi quelques temps après. Il avait donc été convenu que Taehyun hébergerait Kai durant ses études d'art en Corée du Sud, et que ses parents viendraient leur rendre visite une fois tous les trois mois environ.

Dès lors,  Kai ne cessait de stresser chaque fois que « le grand jour » arrivait. Sans prétendre être complètement détendu, Taehyun angoissait moins : depuis que leur relation avait été acceptée, il s'entendait très bien avec le couple de quarentenaires. Certes, il avait toujours un certain besoin de faire ses preuves, mais ce n'était rien comparé à la façon dont son petit ami se sentait soudainement obligé de ranger l'intégralité de leur appartement, tout en s'assurant de choisir une tenue appropriée, de préparer quelque chose de bon à midi, et il en passait.

Il esquissa un sourire lorsque Kai se retrouva noyé sous une pile de linge sales.

— Qu'est-ce que tu attends pour venir m'aider Red Riding Hood* ?!

Mais bon, il l'aimait comme ça, son Huening Kai.

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            — Alors Taehyun, comment ça va au travail ?

Taehyun s'était préparé à cette question, et à toutes celles qui allaient suivre.

— Très bien, répondit-il avec un sourire parfait à David. Ce que je fais me plaît toujours autant, et les affaires sont bonnes ces derniers temps.

— C'est ton meilleur ami le patron de cette entreprise, c'est bien ça ? demanda Yeonju en lui souriant d'un air bienveillant. 

— Oui, fit-il, sincèrement touché que la femme s'en soit rappelée. Il est à Paris en ce moment, en train d'établir un contrat avec une entreprise française, ajouta-t-il avec fierté.

— Ça alors ! C'est une super opportunité pour vous ! ajouta le père de Kai, l'air enthousiaste.

Taehyun aimait les parents de son copain pour cela et pour bien d'autres choses encore. Certes, il se rappelait encore très bien la période où David était strictement opposé à l'idée de leur couple : effrayé de voir son dernier enfant faire sa vie avec un autre, un homme et pas une femme dans un pays comme la Corée du Sud, si loin de lui et surtout, avec une différence d'âge aussi notable. Mais avec du temps, de la patience et de longues explications, il avait fini par se faire à l'idée que son fils n'était plus un enfant, et que l'amour allait au-delà de tous  les obstacles. David s'était par la suite intéressé à lui avec sincérité, tout comme Yeonju qui n'avait cessé de l'apprécier et de le traiter comme son deuxième fils.

Le déjeuner continua dans une ambiance bonne enfant ; les parents partageaient des nouvelles des sœurs de Kai, ce dernier racontait sa passion grandissante pour l'art et le bonheur que cela lui apportait d'étudier comme il le voulait ce domaine qui lui était cher, le tout saupoudré de quelques blagues et commentaires appréciatifs du repas préparé par les deux jeunes tourtereaux.

C'était dans ces moments-là que Taehyun se sentait profondément heureux.

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— Dis, quand est-ce que je le rencontre, Yeonjun ?

Il tourna son visage en direction de Kai.

Les cheveux au vent, ses joues légèrement rougies par le froid, il le trouvait tout bonnement adorable, mais quand ne l'était-il pas ? Taehyun adorait se balader avec son amoureux, au printemps et en automne surtout. L'hiver commençait déjà à sérieusement s'installer dans les rues de Séoul, et la seule chose qu'il aimait à cela, c'était que Kai se cramponnait un peu plus à lui pour ne pas avoir trop froid. Ils se fichaient bien des regards qu'on pouvait leur lancer. Ils ne faisaient que se tenir par le bras, rien de plus. Il y avait un moment déjà qu'ils avaient compris que faire un peu plus que cela serait pouvait s'avérer dangereux, mais ils s'en contentaient.

— Je ne sais pas... Je lui en reparlerai à son retour en Corée.

Et la moue qui apparut sur le visage du brun lui serra le cœur.

Depuis leur intervention dans l'établissement de Kai, Yeonjun et lui ne s'était jamais revus. À vrai dire, Yeonjun n'avait même pas retenu l'existence du lycéen – il fallait dire qu'il n'avait jamais été doué pour retenir le nom et le visage des gens, et les grands garçons aux cheveux bruns s'étaient fait nombreux ce jour-là. Le métisse de son côté n'avait jamais oublié le plus vieux. Il avait avoué à Taehyun lui avoir trouvé un charisme fou lorsqu'il était monté sur la scène de leur gymnase pour leur parler de l'entreprise. Sa tenue, sa posture, son regard, le ton de sa voix ; tout avait éveillé en lui une admiration qui s'était faite croissante. Taehyun en aurait presque été jaloux, s'il ne partageait pas le même toit que ce petit bout d'homme dont il se savait aimé.

Bien entendu, Taehyun avait parlé à son ami de sa rencontre avec Kai. Il lui avait tout raconté : du moment où il s'était sentit tiraillé par la culpabilité, au jour où il avait retrouvé ce lycéen en dehors du lycée pour la première fois, jusqu'aux étapes difficiles qu'ils avaient traversé pour enfin en arriver à la situation stable dans laquelle ils se trouvaient enfin. Et si Yeonjun avait su l'écouter comme il savait le faire – sans dire grand-chose et en faisant mine de ne pas s'inquiéter – il n'avait toujours pas rencontré son petit copain en personne. Il avait toujours une bonne excuse ; en tant que PDG, il était sensiblement plus occupé que lui, mais cela aurait été mentir d'affirmer que sa légère répulsion pour les jeunes personnes n'avait pas son rôle à jouer là-dedans. Yeonjun n'aimait pas les « enfants » ; adolescent déjà, il avait du mal à supporter ses camarades et avait toujours eu un train d'avance sur eux. Et si Taehyun avait longuement insisté sur le fait que Kai n'était plus un enfant, qu'il était à quelques années d'avoir le même âge que Donghyuk – si tenté que cela fût un argument valable – rien n'y faisait.

Et plus le temps passait, plus il lui en voulait. Ce n'était qu'un léger sentiment, mais bel et bien présent dans son esprit et qui ne cessait de prendre de la place. Il avait toujours été quelqu'un de patient et d'emphatique, suffisamment pour savoir qu'au-delà d'une question de bonne volonté, Yeonjun avait tout simplement du mal à tisser des liens avec autrui. Dès lors que cela sortait un peu de son cadre de vie habituel, il avait besoin de temps pour traiter l'information de son côté.

Seulement voilà, cela allait bientôt faire un an que Kai et lui entretenaient une relation sérieuse, et que Yeonjun prenait des nouvelles sans vraiment chercher à en savoir plus ou à rencontrer celui qui partageait la vie de son meilleur ami. Et cela l'agaçait d'autant plus de voir que Kai le prenait personnellement.

— Si ça se trouve, il ne m'aime pas, je dois pas être assez mature pour lui...

Le rouge arrêta leur marche et serra la main du plus jeune dans la sienne.

— Kai, cela n'a rien avoir avec toi, affirma-t-il en plongeant son regard dans le sien. Yeonjun est un homme coincé et buté, le problème ne vient que de lui. Je vais lui en reparler, et je suis sûr qu'il fera des efforts.

À vrai dire, non, il n'avait aucun moyen d'en être certain. Mais quelque chose lui intimait que cette fois serait la bonne. Après tout, il avait observé son ami changer ces derniers temps, et peu importait la cause de ce léger changement d'attitude. Tout ce qu'il voulait, c'était pouvoir réunir son meilleur ami et son amoureux et définitivement effacer ce triste sourire qui ornait les lèvres de ce dernier.

Ses mots semblèrent faire leur effet, le rictus joyeux de Kai venant reprendre sa place sur son visage.

— Merci Taehyunnie, lui chuchota-t-il en lui caressant discrètement la main du bout de son pouce.

Il aurait tout donné pour pouvoir l'embrasser, là tout de suite, et montrer au monde entier que cet être de lumière était son amoureux, à lui et à lui seul. Mais ils ne pouvaient pas, alors à la place, ils s'envoyèrent des milliers de « je t'aime » silencieux qui voulaient tout dire.

— Kai ! Taehyun ! Il y a un nid d'oiseau dans cet arbre !

Ils rigolèrent de concert ; Yeonju s'extasiait souvent pour un rien lorsqu'elle revenait en Corée du Sud.

— On arrive ! s'exclama le plus jeune avant de se mettre à courir vers sa mère.

Et Taehyun le regarda faire, un soupir de bien être s'échappant de ses lèvres en un nuage de cristaux.

* Red Riding Hood = Petit Chaperon Rouge en anglais

⌨️SUISEI...

heyyyyyy

je vous ai manqué ? :D

ok, j'arrête de prendre le melon, mais sachez que vous, vous m'avez manqué ! ça m'a fait tout drôle de ne plus avoir d'interaction ici (malgré les échanges sur instagram pour certain.es), ça me fait fort plaisir de vous poster ce chapitre !

quelques changements accompagnent mon petit comeback, mais pour ne pas trop polluer cette note de fin de chapitre, je vous laisse jeter un oeil à mon mur, je devrais avoir publié un message avec plus de précisions ~

je vous dis donc à la prochaine mes chocolats !

<33