Partie II
Le jeune homme ne tarda pas à reprendre totalement ses esprits. Il réalisa avec excitation - et appréhension - que le jeu auquel il allait participer était un défi incroyablement intéressant pour lui. Ce serait un moyen de montrer aux yeux de tous - ses amis comme ses ennemis - le stratège qu’il était et il n’allait pas s’en priver.
L’esprit conquérant, il se dirigea avec confiance jusqu’à la porte de métal noir qui l’attendait, immobile au fond du couloir, tandis que tous les participants patientaient, les uns sanglotant de joie et d’émotion, les autres passifs. Tous étaient figés.
La porte. Il avait toujours considéré ce lieu de passage comme un symbole : celui du point de non-retour. Celui du défi accepté.
Alors qu’il s’apprêtait à ouvrir, Colin tressaillit… Quelqu’un venait de crier. Il se retourna, ébahi, devant la foule qui le précédait. Puis il discerna de cette masse informe et désordonnée un homme, âgé d’une petite trentaine d’années, grand et large d’épaules. Celui-ci lança, avec colère :
- N’ouvre pas ! C’est à moi qu’il appartient de passer dehors le premier !
Colin comprit à quel genre de personne il avait affaire. Face à lui, il fallait rester neutre, afin de ne pas se faire d’ennuis trop rapidement; Colin savait que, de toute façon, il y aurait dans les prochains jours des conflits de personnalité.
Le coeur noué, Colin ne répondit pas, et s’écarta légèrement. Il croisa le regard de son opposant : une lueur hypocrite brillait dans ses yeux, et un grand sourire qu’il n’avait pu retenir lui fendait le visage. Il s’approcha, posa sa lourde main sur la poignée et tira de toutes ses forces ; un flot de lumière l’envahit soudainement, et tous durent cacher leurs yeux de leurs bras. Quelques cris fendirent l’air, puis la salle s’assombrit, et, lorsque Colin se décida à jeter un coup d’oeil, il s'aperçut que son camarade avait disparu. Il courut alors jusqu’à l’ouverture de la porte et la franchit : c’est alors qu’il le découvrit, les yeux écarquillés, et la bouche grande ouverte. Cette réaction aurait en temps normal provoqué un sourire chez Colin, mais lorsqu’il suivit le regard de son compagnon, il comprit.
Les organisateurs s‘étaient surpassés pour cette édition :
Tous les éléments nécessaires aux Jeux étaient présents. D’où il était, Colin pouvait voir un grand lac sur lequel le soleil levant se reflétait, entouré d’une luxuriante forêt, d’un bâtiment qui semblait être une infirmerie, d’une grange entourée d’un vaste jardin, d’un bloc qui devait correspondre au réfectoire et à la salle commune et un autre, inédit, qu’il n’avait jamais vu. Il faudrait qu’il aille regarder cela tout à l’heure, mais pour l’instant il avait des choses plus importantes à faire. Comme par exemple vérifier quel jour on était. Alors qu’il réfléchissait, les participants plus timides commençaient à sortir du baraquement, éprouvant tour à tour la surprise que ce lieu impressionnant leur inspirait.
Soudain, une voix synthétique féminine s’adressa aux participants :
Règle ajoutée : Interdiction formelle de faire usage d’une arme à feu.
Tous se dévisagèrent alors, comme dans la crainte d’une agression, et surpris par cette règle qui n’était qu'un prémice des prochains jours, sûrement très sélectifs.
Les prochains jours. Il fallait au plus vite élaborer une stratégie, de manière à respecter les règles coûte que coûte. Car chaque heure, chaque minute, chaque seconde serait importante.
Son regard se porta sur son premier adversaire, qui en avait fait de même, les yeux brillants d’excitation, de confiance et de défi.
Les Jeux pouvaient commencer.
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