𝐗𝐕𝐈 - 𝐍𝐚𝐫𝐜𝐢𝐬𝐬𝐢𝐮𝐬
- 2050 mots -
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Told myself that you were right for me
But felt so lonely in your company
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- 10 juillet –
J'me doutais qu'elle serait là.
Un peu plus de deux mois s'étaient écoulés depuis notre rupture. Deux mois durant lesquels je m'étais efforcé de me détacher de celle à qui j'avais un jour offert mon cœur. Et à mesure que je réapprenais à vivre sans elle, que mes sentiments à son égard changeaient, je me rendais peu à peu compte d'à quel point cette relation m'étouffait.
J'voulais tellement la rendre heureuse que j'en ai fini par mettre de côté ce que je voulais vraiment, quitte à le sacrifier pour ces beaux yeux. Et ça, elle le savait. Elle savait que j'étais prêt à tout pour elle, et elle en a joué. Et il avait fallu qu'on rompe pour que j'ouvre enfin les yeux sur cela et que je me rende compte que, bordel, j'ai été trop con.
L'amour rend aveugle, hein.
Mais j'en voulais pas directement à Ayame de m'avoir fait subir tout cela, non. Je m'en voulais surtout à moi pour avoir accepté qu'elle franchise si impunément les limites que je m'étais initialement fixée.
J'savais à quoi m'attendre en sortant avec elle. Pour l'avoir connue depuis l'enfance, j'connaissais déjà tout ces vis et défauts avant même à avoir à les expérimenter. J'savais qu'elle était du genre possessive et jalouse lorsqu'elle sentait que les choses lui échappaient. Alors reporter l'entièreté du blâme sur elle, cela serait hypocrite de ma part parce qu'au fond, j'étais conscient des risques, et je pensais pouvoir prendre sur moi.
J'pensais pouvoir la changer.
Sauf que j'ai trop pris sur moi, trop pour pouvoir un jour me voir lui pardonner. J'en suis arrivé à un point de non-retour ou je sentais que jamais plus je ne pourrais la voir de la même façon qu'avant. J'étais catégorique : Ayame m'avait bien trop déçu pour que je puisse envisager une telle chose à nouveau. Alors même lorsqu'elle a repris contact par message il y a quelques semaines, c'est avec détachement que je lui répondais. C'était mon ex, certes, mais elle restait quand même quelqu'un qui avait un jour beaucoup compté pour moi. Et rien qu'en la mémoire de notre amitié, je me devais de rester cordial avec elle.
J'pensais pas que de la revoir, ce soir, ça me ferait si bizarre.
La soirée battait son plein. La piste de danse grouillait de monde, au rythme d'une musique à plein tube, et tous avaient probablement suffisamment d'alcool dans le sang pour voir le décor tourner au gré des flashs lumineux. Avec mes potes, on s'était installés à une table juste à côté, il y a de cela quelques heures déjà, et on avait chacun perdu le compte des verres qu'on avait commandés. Cela se voyait plus sur certains que d'autres, mais dans le fond, on était déjà tous bien lancés. Même Atsumi s'était laissé convaincre, lui qui n'appréciait pas spécialement l'alcool. De mon côté, j'évitais en général de trop nuire à ma santé à cause des répercussions que cela avait pour le volley, mais fallait dire que cette soirée estudiantine faisait partie des évènements à ne pas louper dans cette ville, et que pour cet unique argument je me permettais toujours une exception.
—Hey j'ai gagné, hurla l'un de mes potes en riant tout en claquant son verre vide sur la table.
—Non t'es un tricheur mec t'as commencé avant le signal, répliqua Atsumi qui venait visiblement de perdre le concours de shots.
—Au pire remettez ça pour vous en assurer, suggérai-je innocemment, impatient des futures photos compromettantes que je pourrais prendre.
—Eh mais Nishi c'est à toi de payer la prochaine tournée, nan ? se souvint l'un de mes ainés, maintenant ancien membre du club de volley.
—Ah ouais, juste, réalisai-je en avisant vos verres. Vous voulez quoi ?
—Eh Nishi, c'est pas ton ex là-bas ? s'exclama soudain l'un de mes potes.
Ayame était ici ? Mon cœur se mit à battre plus vite et de manière inexpliquée, et sans pouvoir m'en empêcher, je tendis le cou afin de la chercher à mon tour. J'savais pas si j'avais envie de la revoir, ou justement pas du tout, mais dans tous les cas, je me sentais presque obligé de la chercher.
—Ou ça ? m'enquis-je de manière la plus détachée possible.
—Nulle part il s'est trompé, répliqua sèchement Atsumi d'une voix froide.
Je reportai mon attention sur mon meilleur ami, que je soupçonnai d'essayer de noyer le poisson. Il n'avait certes pas de mauvaises intentions, mais je le pris tout de même un peu mal. Pensait-il que j'étais incapable de supporter de la revoir ? balivernes. Cela faisait bien quelques semaines qu'Ayame était revenue me parler par messages, et c'était pas pour autant qu'il s'est passé quoi que ce soit. J'ouvris la bouche pour protester, mais l'un de mes ainés choisit cet instant précis pour intervenir.
—Ramène des shots Nishi, j'te parie que j'gagne.
Après un dernier regard suspicieux à l'adresse de mon meilleur ami, je reportai toute mon attention sur celui qui venait de me défier. J'avais déjà passablement d'éthanol dans le sang, mais à ce stade, un peu plus où un peu moins, quelle était bien la différence ?
—Vendu, rétorquai-je sur le même ton.
Sans plus attendre, je me faufilai entre les innombrables personnes qui me séparaient du bar. Il y avait tellement de gens que les serveurs semblaient tout bonnement débordés, mais je parvins quand même à passer commande sans trop avoir à attendre. Quelques instants plus tard, j'étais déjà de retour à table, en train d'aligner les shots face à nous sous les regards surexcités de nos potes.
La soirée se poursuivit ainsi, dans la bonne humeur et l'ébriété. Plus aucun de nous ne résonnait de manière cohérente, et nos paroles dénuées de sens s'enchainaient les unes derrière les autres. Mais on rigolait bien, l'alcool nous rendant tous bon public à n'importe quelle blague de mauvais goût.
Et puis à un moment, je ne sais trop comment, j'me suis retrouvé sur la piste de danse. L'un de nous avait sûrement lancé cette l'initiative, et on l'avait probablement tous suivi sans réfléchir. Ma mémoire commençait à me faire défaut, mais je ne me sentais pas inquiet pour autant. À dire vrai, c'était même plutôt le contraire. Cet état de semi-conscience me permettait au moins de me couper de tous mes tracas, les remplaçant par une douce euphorie que rien ne pourrait entacher.
Au bout d'un certain temps, je me rendis compte que j'avais totalement perdu mes potes dans la foule. Et si au début, je n'y accordais pas plus d'importance que cela, j'ai fini par scanner chaque visage à proximité dans l'espoir de les retrouver. Et...
Et c'est là que je la vis. Ayame. Elle était là, à quelques mètres seulement de moi, en train de danser au rythme de la musique. Une voix lointaine me criait de détourner les yeux et de continuer de chercher mes potes dans cette foule dense, mais je ne l'écoutai plus. J'restai figé, partagé entre tout un tas d'émotions que je ne pensais pas retenir.
On avait parlé il y a quelques heures, elle ne m'avait pas dit qu'elle viendrait.
Son regard émeraude finit par croiser le mien, et j'aurais juré voir l'ombre d'un sourire passer sur ses lèvres teintées de rouge. J'en étais pas certain, mais mon esprit engourdi n'eut pas le loisir de traiter cette information ; un battement de cils plus tard, j'pouvais sentir la chaleur de ses mains derrière ma nuque, et les mèches de ses cheveux chatouiller ma joue.
—Qu'est-ce que tu fais là ? me demanda-t-elle en riant.
Les pensées trop embrouillées, l'idée de la repousser ne m'effleura même pas l'esprit. Dans un geste encore familier, je passai mes bras autour de son dos nu pour la rapprocher de moi.
—J'te retourne la question, tu m'avais pas dit que tu serais ici, rétorquai-je simplement.
Même dans la pénombre, je vis ses yeux s'illuminer alors qu'une lueur amusée s'alluma dans leur fond. Un sourire franc venait de se dessiner sur ses lèvres colorées, et ma respiration s'arrêta momentanément. Bordel, elle était vraiment belle.
—Oh, j'savais pas que ma vie t'intéressait encore, répliqua Ayame avec un certain amusement.
—C'est pas le cas, dis-je du tac au tac. C'est bien toi qui est revenue vers moi en premier, j'me trompe ? La charriai-je tout en lui lançant un regard entendu.
Je m'attendais à ce qu'elle me contredise, mais au lieu de cela, Ayame prit un air faussement désolé.
—Peut-être que tu as bien raison, minauda-t-elle en me gratifiant d'un autre sourire.
Je l'observai, elle m'observa, et comme d'un commun accord, nos lèvres se scellèrent sans plus de réflexion. Un léger frison me parcourut lorsqu'elle glissa ses doigts dans mes cheveux, et je ne pus m'empêcher de sourire contre ses lèvres. Cette sensation m'avait manqué.
Tout s'enchainait dans le flou, et je ne cherchai pas vraiment à comprendre. J'étais bourré, et elle aussi. Ses pupilles aussi dilatées que devaient t'être les miennes en disaient long sur son état.
On était plus ensemble, certes, mais on ne faisait rien de mal, si ?
Le problème avec les gens qu'on connaît depuis très longtemps, c'est qu'on a de la peine à s'en détacher. Et quand ces mêmes personnes décident de revenir comme une fleur, c'est assez difficile de résister. Et là, je n'avais aucune envie de lui résister. Même si une part de moi ne voulait plus rien avoir affaire avec elle, je ne pouvais m'empêcher de désirer celle que je m'étais interdite.
Nos baisers se firent moins innocents, mais à aucun moment une sonnette d'alarme ne se tira dans ma tête. Même lorsque qu'on avait gentiment commencé à s'isoler de la foule, même au son du cliquetis du verrou de la porte que je venais d'actionner.
Je ne me posais pas trop de questions. Pleins d'ex couchaient ensemble après leur rupture sans que cela ne veuille rien dire, et là, c'était pareil. Juste un coup d'un soir. Sans attaches, et sans lendemain. Dans ma tête, c'était la seule chose que même l'alcool ne pouvait pas altérer.
Mais un détail me fit soudain réaliser que peut-être, mes intentions n'étaient pas les mêmse que les siennes.
—Eh...attend, soufflai-je dans un élan soudain de lucidité.
À l'entente de ces mots, Ayame releva la tête en ma direction, mais ses doigts continuaient de défaire progressivement les boutons de ma chemise. Ses sourcils se froncèrent d'incompréhension lorsque mes mains emprisonnèrent ses poignets pour l'empêcher de continuer, sans quoi je n'étais pas sur de pouvoir resté concentré.
—Qu'est-ce qu'il y a ? Me demanda-t-elle finalement dans un soupir impatient.
—T'es sûre que c'est ce que tu veux ?
—Bah oui ? Elle se mit à rire, comme si ce que je disais était absurde.
—Non mais j'veux dire...on est plus ensemble, me repris-je de manière plus claire.
—Ça je le sais bien, gloussa-t-elle narquoisement.
—Et ça va rester comme ça, continuai-je d'un ton neutre. Ce soir, quoi qu'il arrive, ça ne voudra rien dire et... c'est exceptionnel, terminai-je par dire de manière la plus simple possible. Tu comprends ?
Silence. Elle avait baissé la tête.
—Ayame ? l'appelai-je face à son manque de réaction.
Mon regard se baissa à nouveau sur ce qui m'avait fait douter, et mon cœur loupa un battement. Non, je m'étais pas trompé. C'est bien ce que je pensais.
Avec lenteur, je tendis doucement l'une de mes mains libres en direction de son cou, le tout sous son regard indéchiffrable. Du bout des doigts, j'attrapai fine chainette d'or qu'elle arborait et fit tournoyer le pendentif sur lequel reposait mes initiales. Elle le portait toujours...
—J'espère que tu ne pensais pas coucher avec moi juste pour qu'on se remette ensemble, hein ? demandai-je calmement.
J'eus à peine le temps de finir ma phrase qu'elle m'embrassa pour me faire taire, reprenant exactement au moment où je l'avais interrompue. J'aurais souhaité la stopper de nouveau pour obtenir une vraie réponse, mais je fus incapable de lutter contre le désir qui m'habitait. J'abandonnai toute perspective de retour en arrière en même temps que j'en oubliai le collier qui m'avait fait douter.
C'est elle qui m'avait quitté, alors ça n'avait pas de sens de s'inquiéter, si ?
Mon esprit venait définitivement de cesser d'essayer d'y voir clair dans ce brouillard de pensées.
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𝙽𝚊𝚛𝚌𝚒𝚜𝚜𝚒𝚞𝚜 - 𝙽𝚊𝚛𝚌𝚒𝚜𝚜𝚎
↬ 𝙸𝚗𝚌𝚎𝚛𝚝𝚒𝚝𝚞𝚍𝚎, 𝚊𝚖𝚘𝚞𝚛 𝚗𝚘𝚗 𝚛𝚎́𝚌𝚒𝚙𝚛𝚘𝚚𝚞𝚎
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