𝐗𝐈𝐈𝐈 - 𝐑𝐨𝐬𝐚 𝐑𝐮𝐛𝐢𝐠𝐢𝐧𝐨𝐬𝐚

- 1465 mots -




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The skyline falls as I try
to make sense of it all 

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- 10 mars  –

Quelques jours me séparaient de ma dernière session d'examens - ceux qui clôtureraient mon année de première – et j'étais plutôt confiant quant à ma réussite. Sans vouloir me jeter des fleurs, j'avais toujours été parmi les meilleurs élèves de ma promotion, et les cours que j'avais loupés à la suite de ma blessure n'avaient – fort heureusement - en rien impacté mes notes.

Du coup, c'est sans stress particulier que je disposais de mon temps libre à aider les autres à combler leurs lacunes. Enfin, cela s'appliquait surtout à Atsumi en maths puisqu'il semblait définitivement en froid avec cette branche, mais aujourd'hui,  c'est Ayame que j'aidais. Nos programmes scolaires respectifs étaient assez semblables pour que je puisse lui apporter mon aide dans certaines matières, et je le faisait très volontiers. Cela me permettait de m'occuper et d'oublier un peu qu'au fond, au vu de ma condition, je ne pouvais plus faire grand-chose d'autre.

Mon genou se remet gentiment de la blessure, et même si je suis encore loin de pouvoir bouger aussi librement qu'avant, je sens que je suis sur la bonne voie. Mais mentalement, c'est autre chose. Même si cela fait trois semaines maintenant, je ne me suis toujours pas fait à l'idée que je ne pourrais plus devenir joueur pro.

Le volley me manque tellement.

Et donc, là je dois additionner les variables ?

La voix d'Ayame, bien qu'elle ait murmuré afin de ne pas déranger les autres étudiants présents à la bibliothèque, me sortit de mes pensées, et je relevai la tête de mon cahier. Ses sourcils étaient froncés alors qu'elle mâchouillait inconsciemment sa lèvre, geste qu'elle effectuait toujours lorsqu'elle était concentrée sur quelque chose qui lui échappait. Ses cheveux couleur miel étaient relevés en un chignon qu'elle avait fait tenir – par je ne sais quelle sorcellerie – avec un crayon, ce qui faisait encore plus ressortir la fine chaine dorée de notre pendentif autour de son cou, ainsi que...

Eh, Yugo ! S'impatienta ma copine face à mon manque de réaction. Là, j'additionne ou je soustrais ?

Tu sépares, répondis-je en jetant un coup d'œil sur ses calculs.

Hein ? s'exclama-t-elle comme si je parlais une autre langue.

Regarde, soufflai-je en lui prenant son stylo-bille des mains pour inscrire une équation supplémentaire à son calcul. Comme ça, dis-je en lui rendant sa feuille de brouillon.

La bouche d'Ayame prit la forme d'un o alors que ses yeux s'illuminèrent sous le coup de la compréhension. Un sourire se dessina sur mes lèvres. J'adorais la tête qu'elle faisait lorsqu'elle comprenait quelque chose. Je la trouvais adorable.

Comment tu fais pour comprendre et savoir tout ça ? m'interrogea-t-elle mi-désespérée mi-curieuse.

Le talent ma chère, répliquai-je avec amusement. Mais c'est pas donné à tout le monde ~

Ayame roula des yeux, visiblement excédée, mais le sérieux se repeignit bien vite sur son visage lorsqu'elle reporta son attention sur ce que j'avais inscrit sur le coin de sa feuille.

Tu ferais un bon prof de maths, lâcha-t-elle d'un ton léger. 

On me le dit souvent, répondis-je du tac au tac, le menton appuyé contre la paume de ma main.

Mais vu ta tête, je ne suis pas sûre que tes élèves restent très longtemps concentrées, continua Ayame en souriant doucement. Au pire devient mannequin, tu devrais avoir du succès.

Mon sourire s'élargit face à ses propos, qui étaient une sorte d'éloge indirecte. Ce n'était pas la première fois qu'on me conseillait ce métier, mais venant d'Ayame, cela changeait tout à mes yeux. En plus, je sentais qu'elle y avait longuement réfléchi de son côté, comme si elle essayait de m'aider à passer à autre chose. Elle qui n'avait pas le compliment facile, de la voir débiter tout cela sans même s'en rendre compte, cela avait quelque chose de franchement attendrissant à mes yeux.

Je m'apprêtais à l'embêter à ce sujet, mais ma copine comprit mes intentions et me devança. 

Non mauvaise idée enfaite, trancha Ayame en levant ses beaux yeux verts en direction du plafond. Tu vas prendre encore plus la grosse tête.

Un petit rire m'échappa, mais je me tus bien vite lorsque la bibliothécaire me lança un regard noir depuis son comptoir. Elle semblait passablement agacée par notre présence, mais je me demandais si cela n'avait pas plutôt quelque chose à voir avec le fait que je n'étais pas un étudiant d'ici. Ce n'était pas bien difficile à remarquer ; mon uniforme n'était pas aux mêmes couleurs que celui d'Ayame.

Mais bon, vu que j'étais en compagnie de l'une des élèves les plus importantes et appréciées de ce lycée, j'imaginais que cela devait constituer un prétexte suffisant pour qu'elle nous laisse tranquille.

Ah, les avantages de sortir avec une déléguée ~

Tu dors à la maison ce soir ? m'enquis-je avec intérêt tout en jouant avec le stylo que je ne lui avais pas rendu.

Oui pourquoi pas, répondit Ayame dont le sourire venait de s'élargir. Et puis, j'ai hâte de voir Tsuki, ajouta-t-elle avec les yeux brillants.

Juste avant de repartir pour le travail, ma mère avait cru bon de m'apporter un petit chaton afin de me tenir compagnie pour « les durs jours à venir ». Si au début je n'étais pas spécialement emballé par l'idée, je dois avouer que je me suis vite attaché à cette petite boule de poils blanche.

Il est collant, prévins-je avec amusement. Ça fait deux semaines que je l'ai et il traine tout le temps dans mes pattes.

Oh arrête, je suis sûre que ça te fait plaisir.

Oui.

Non pas spécialement, répliquai-je d'un ton moqueur. Il a besoin de tellement d'attention que je n'ai plus le temps de penser à autre chose.

—Mais c'est une bonne chose, non ? osa me demander Ayame, visiblement incertaine de ses propos. Au moins, tu ne penses plus à...

Ayamé se tut soudain face à mon manque de réaction.

Enfin non, reprit-elle face à mon silence éloquent. Je ne voulais pas dire ça comme ça, souffla-t-elle en baissant le regard sur ses chaussures. Je ne sais pas trop comment le formuler...

Tu peux dire les choses comme elles sont, coupai-je d'un ton neutre.

Ma petite amie releva vivement la tête, l'incompréhension se lisant clairement sur son visage. Je soupirai et baissai à mon tour le regard.

Pas besoin de me prendre avec des pincettes, murmurai-je platement. J'aime pas ça.

Les mains d'Ayame entrèrent dans mon champ de vision alors qu'elles se saisirent des miennes pour y exercer une légère pression. Son regard olive croisa le mien, et un léger sourire qui se voulait rassurant naquit sur ses lèvres.

Tu m'as moi aussi, mon cœur, déclara-t-elle avec douceur, et je sentis une légère chaleur envelopper mon être.

—oui, c'est vrai, dis-je avant de plaquer un léger baiser sur ses lèvres, ce qui la fit rire. Et puis au moins, on passe plus de temps ensemble maintenant, ajoutai-je après quelques instants de réflexion.

Mes mots me paraissaient anodins, mais je vis très distinctement la joie se peindre sur son visage à peine ils eurent été prononcés. Son sourire rayonnait littéralement de bonheur. C'est vrai que depuis que je n'avais plus les entraînements de volley, j'avais bien plus de temps libre après les cours, ce qui était loin de lui déplaire.

Et puis, moi aussi ça me faisait du bien. Quand elle était là, Ayame me faisait oublier ce que j'avais perdu. Et le plus drôle, c'était qu'elle ne se rendait probablement pas compte d'à quel point sa présence m'avait apporté du réconfort. J'savais ni comment elle s'y prenait, ni par quel miracle elle parvenait à me faire oublier le verdict du médecin le temps de quelques heures.

Quand je suis avec elle, c'est comme si tous mes maux sont mis sur pause.

Ayame avait été pour moi d'un soutien sans pareille durant ces quelques semaines passées, et même si je ne pourrais jamais lui témoigner de toute ma gratitude, je faisais de mon mieux pour la faire sourire.

Ah ça, oui ! gloussa-t-elle en lâchant mes mains pour passer ses bras autour de mon cou. Même si c'est pour faire des maths, moi j'aime t'avoir que pour moi toute seule, souffla-t-elle au creux de mon oreille d'un ton complice.

Tu peux plus te passer de moi, hein ? me moquais-je faussement.

Non pas du tout.

Avoue.

Peut-être bien, consentit-elle à admettre. Mais de nous deux, c'est toi qui es le plus accro à l'autre, glissa-t-elle avec malice.

Bah j'le sais ça, mon ange, répondis-je sur le ton de l'amusement.

Je le sais mieux que personne.


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𝚁𝚘𝚜𝚊 𝚛𝚞𝚋𝚒𝚐𝚒𝚗𝚘𝚜𝚊 - 𝙴𝚐𝚕𝚊𝚗𝚝𝚒𝚎𝚛 𝚌𝚘𝚞𝚕𝚎𝚞𝚛 𝚍𝚎 𝚛𝚘𝚞𝚒𝚕𝚕𝚎

↬ 𝙱𝚕𝚎𝚜𝚜𝚞𝚛𝚎 𝚊̀ 𝚐𝚞𝚎́𝚛𝚒𝚛

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