𝐕𝐈𝐈𝐈 - 𝐀𝐥𝐨𝐞
- 2901 mots -
┌─────────────┐
Now and then, I think of all the
times you screwed me over
But had me believing it was always
something that I'd done
└─────────────┘
- 4 octobre –
Je suis loin d'être du genre impatient, mais j'aime pas attendre.
Cela faisait bientôt un quart d'heure que j'étais planté devant le portail du lycée d'Ayame, et son absence prolongée commençait un peu à m'ennuyer. Moi qui avais en plus dû écouter mon entraînement pour être à l'heure...
Qu'est-ce qui la retient aussi longtemps, bon sang ?
Je sortis à nouveau mon cellulaire afin de vérifier l'heure de rendez-vous, et tout comme lors de la première fois, j'eus la certitude de ne pas m'être trompé. Sa réunion des délégués avait bien prit fin il y a un petit moment, mais pourtant, toujours aucune trace de ma copine à l'horizon. Du reste, je commençai un peu à m'inquiéter de ne pas la voir arriver. Impossible qu'elle ait oublié que je l'attendrai. Cela ne lui ressemblerait absolument pas. Il y avait forcément quelqu'un ou quelque chose qui la retenait plus longtemps que prévu, et j'osai espérer que ce n'était rien de trop grave.
En voyant quelques élèves sortir, je relevai les yeux en espérant voir Ayame parmi eux, mais mon espoir s'évanouit aussitôt en avisant les têtes inconnues qui franchirent la grille. Un soupir incontrôlé me traversa alors que je me laissai un peu plus aller contre le muret de pierres, dépité. Combien de temps devrais-je encore attendre avant qu'Ayame n'arrive ?
Je n'eus cependant pas le loisir de m'épancher davantage sur ma misère car il y eut du mouvement à mes côtés, et en relevant la tête, je tombai nez à nez avec l'une des étudiantes qui venait de sortir du lycée. Petite, cheveux bruns coupés au carré. Non, elle ne me disait rien à première vue. Je ne la connaissais ni d'Ève ni d'Adam, mais à en croire le sourire chaleureux qu'elle abordait, elle savait parfaitement qui j'étais.
—Bonjour Nishimura, me salua-t-elle poliment, ce qui confirmait mon doute précédent. Tu dois attendre Matsuo, non ? demanda l'étudiante d'une voix toujours aussi joviale.
—Oui, confirmai-je machinalement, peu surpris cette fois-ci qu'elle connaisse Ayame. Mais tu es... ?
—Oh désolé je ne me suis pas présentée, gloussa la brune. Je suis Himiko Midori, une camarade de classe de Matsuo.
—Enchanté Midori, répondis-je en affichant un petit sourire à mon tour. Dis, tu ne l'aurais pas vue par hasard ?
La petite brune hocha négativement la tête, un sourire désolé sur les lèvres.
—Je n'ai pas participé à la réunion des délégués, avoua-t-elle en guise de justificatif.
—Mais alors qu'est-ce que tu fais encore au lycée aussi tard ? M'enquis-je avec curiosité.
—J'avais entraînement, rétorqua-t-elle en désignant le sac de sport qu'elle portait sur une épaule. Je suis la nouvelle capitaine de notre club de volley féminin, ajouta Midori en riant de nouveau.
—Oh sérieux ? lâchai-je spontanément, ne m'attendant pas à une telle réponse de sa part. Mais ce n'est plus Hiraki ? interrogeai-je avec intérêt, surpris que mes sources soient erronées.
—Non malheureusement, souffla-t-elle tristement. Elle a quitté le club la semaine dernière, et personne n'a pu l'en empêcher...du coup j'ai pris la relève, mais pas vraiment par choix. Midori soupira. Vu qu'on ne s'est jamais vraiment bien classées aux compétitions, l'école ne veut pas nous accorder plus de moyens, m'expliqua-t-elle attristée. Et quand on nous a refusé une augmentation, Hiraki a décidé de quitter le club...c'est dommage, c'était vraiment une bonne capitaine. J'sais pas si je serais à la hauteur.
Je ne répondis pas tout de suite, analysant les propos de mon interlocutrice. Étant classé parmi les meilleures équipes de la région, il est vrai que le club de volleyball masculin de Kotodama n'avait jamais eu à se soucier du manque de financement de la part du lycée. Je ne pouvais donc qu'imaginer la frustration de leur petit groupe face au manque de moyens pour s'améliorer convenablement, et bien que cela m'attristait pour elles, je devais être bien loin de comprendre pleinement leur galère.
—Désolé, je n'étais pas du tout au courant, dis-je après une courte pause, légèrement embêté de mon ignorance. C'est vraiment chiant que vous n'ayez pas plus de soutien de la part de votre lycée...
—Matsuo ne t'a rien dit ? compris aussitôt Midori. C'est bizarre, je suis sûre qu'elle devait le savoir puisqu'elle fait partie des membres du conseil des élèves.
—Elle a dû oublier, relativisai-je en haussant les épaules.
—De toute façon tu l'aurais appris bientôt puisqu'il y avait la réunion aujourd'hui, et que mon nom aurait pris sa place sur le plan officiel.
—aussi mais quand même ! de ne pas être au courant d'un truc du genre, ça fait quand même de moi un piètre capitaine, plaisantai-je dramatiquement, ce qui lui arracha un petit rire.
—Mais non ne dis pas ça, rigola à son tour la joueuse, visiblement passée à autre chose. T'as quand même réussi à qualifier ton équipe de nouveau pour les nationales ! Et puis, j'ai entendu dire que tu avais reçu plusieurs demandes pour jouer au niveau international, compléta-t-elle en me lançant une œillade en coin. Félicitations.
Je me retins d'hausser un sourcil face à ses propos, surpris qu'elle en sache autant sur mon compte alors que j'étais loin de pouvoir en dire de même. Les informations qu'elle venait de me donner n'étaient pas confidentielles – il m'arrivait même de m'en vanter ouvertement – mais je doutais qu'elles puissent arriver juste comme ça jusqu'aux oreilles du lycée voisin. S'était-elle donc renseignée à mon sujet ?
—Eh beh, les nouvelles vont vite ici dis donc, rétorquai-je sans toutefois confirmer quoi que ce soit.
La petite brune face à moi comprit soudain mon sous-entendu, et alors que je m'attendais à ce que ses joues prennent feu et qu'elle se mette à balbutier maladroitement, rien de tout cela n'arriva. Ce fut même le contraire.
—Fais pas le modeste, tu sais bien que c'est le cas, rigola-t-elle en jouant avec une mèche de ses cheveux. D'ailleurs, est-ce qu'on pourrait prendre une photo ? Les filles seront vertes de jalousie en apprenant que je t'ai croisé, ajouta-t-elle avec un sourire mutin scotché aux lèvres.
Un petit rire m'échappa face à l'attitude de Midori. Ce n'était pas dû à sa requête – j'étais habitué à ce genre de demande, je n'y voyais aucun inconvénient – mais plutôt face à son air machiavélique à l'idée de rendre ses amies jalouses. Même si je me doutai bien que la plupart des clichés que j'ai pris servaient à ce but plus qu'autre chose, il était rare que l'on s'en vante aussi ouvertement à moi.
J'allais accepter, seulement au même moment, une jolie brune que je reconnaîtrai entre mille entra dans mon champ de vision. Je n'eus même pas le temps de la saluer correctement qu'elle s'accrocha à mon bras, avec un petit sourire sur les lèvres qu'elle adressa à la brune face à nous. De l'extérieur, ce geste pouvait sembler tout à fait anodin, mais connaissant Ayame jusqu'au bout des doigts, je sentais qu'elle était contrariée. Sa prise était plus vigoureuse que d'habitude, et le sourire qu'elle adressait à Midori était trop mielleux pour être vrai.
—Midori, salua ma petite amie d'une voix faussement sympathique. Je ne savais pas que vous vous connaissiez tous les deux.
—Disons qu'on a fait connaissance, lança Midori d'un ton enjoué mais beaucoup moins enthousiaste depuis l'apparition d'Ayame. Tu sais mieux que quiconque qu'une passion en commun rapproche beaucoup, ajouta-t-elle avant de se mettre à glousser.
—Ah oui ? Ayame me lança un regard intéressé, et j'y aurais cru si sa prise sur mon bras ne s'était pas encore raffermi. J'imagine qu'elle t'a mis au courant du changement de capitaines.
—C'est exact, répliqua Midori à ma place, attirant ainsi de nouveau l'attention d'Ayame sur elle. T'étais déjà informée ?
—Bien sûr que oui, rétorqua Ayame d'un ton un peu sec. C'est à moi que votre ancienne capitaine a remis sa démission pour que j'en parle aujourd'hui.
—Et tu ne m'as pas dit ? Osai-je prononcer, ce qui me valut un regard noir de la part de ma copine.
—Je ne savais pas que les affaires du club de volley féminin de mon lycée t'intéressaient, mon cœur.
Aie, je l'ai énervée.
—Et tu l'as laissée faire ? s'écria Midori, une pointe de colère dans la voix. Tu as laissé Hiraki quitter notre club sans rien dire ?
—Bah oui ? lança narquoisement Ayame.
—Tu aurais au moins pu essayer de l'en dissuader, souffla la petite brune avec vigueur. Sans Hiraki, nos chances de...
—Écoute, trancha ma copine d'un ton agacé. Je n'ai pas à me mêler des affaires des autres clubs à part le mien.
—Tu fais partie des membres du conseil, le bien de notre club fait aussi partie de ta responsabilité, accusa Midori sans ciller un instant.
Si elles ne conversaient pas d'un ton trop agressif, les regards assassins qu'elles se jetaient l'une à l'autre ne trompaient pas. Elles se détestaient, et cela ne datait pas d'hier. Je commençais mieux à comprendre la mauvaise humeur d'Ayame en me voyant converser avec cette fille...j'aurais dû m'abstenir. Là, j'venais juste de démarrer un règlement de comptes. Bordel, dans quoi est-ce que je me suis encore embarqué ?
—J'ai fait mon boulot en remettant la lettre de démission de votre capitaine, et c'est tout. Si tu n'es pas contente avec cette décision, regarde ça avec la principale concernée.
—Mais cette décision ne nous rend pas service, expliqua Midori en campant sur ses positions. Ça va juste nous poser encore plus de problèmes à l'avenir. Hiraki...
—Bon ça va, t'as fini de faire ton hypocrite ? S'énerva pour de bon Ayame. S'il y a bien une chose que tu devrais faire, toi, c'est me remercier.
Les yeux de Midori s'écarquillèrent.
—Pardon ?
Un sourire des plus faux prit possession des lèvres de ma copine. C'était exactement la réponse qu'elle attendait, et je sentais qu'elle s'apprêtait à remettre Midori à sa place une bonne fois pour toutes.
—Bah quoi, c'est vrai non ? Ayame pencha sa tête sur le côté et gloussa de manière moqueuse. Sans moi tu ne serais pas la capitaine à l'heure actuelle, révéla-t-elle en plissant les yeux. C'est pourtant bien ce que tu voulais, non ? acheva ma petite amie d'un ton mesquin.
—hein ? Midori me jeta un regard paniqué. Non mais...
—Alors s'il te plaît arrête de faire semblant que toute cette situation te peine, Midori, coupa ma copine d'un ton sans appel. Maintenant que tu as ce que tu voulais, montre aux autres ce que tu vaux au lieu de faire semblant de te lamenter, okay ?
Midori ouvrit la bouche, mais aucun son ne traversa la barrière de ses lèvres. Je ne savais pas si c'est parce qu'Ayame avait touché juste, ou parce qu'elle était tout simplement trop choquée de ces propos. Quoi qu'il en soit, la réelle raison n'intéressait visiblement pas ma copine, dont toute la colère s'évapora de son visage pour laisser un air triomphant prendre le dessus.
—Maintenant si tu veux bien m'excuser, j'ai un tas de choses à faire avec mon copain, s'exclama Ayame d'une voix presque amicale tout en me désignant d'un coup de tête. Au revoir ~
Et sans même laisser la petite brune répliquer quoi que ce soit, Ayame tourna les talons et s'éloigna à grands pas, m'entrainant par la même occasion à sa suite.
Peu à peu, à mesure que les secondes défilaient, la poigne de la jeune femme se fit de plus en plus faible et elle finit par me lâcher complètement afin de s'éloigner de moi, comme si le contact l'avait brulée. Je m'arrêtai net lorsqu'elle se planta devant moi, les bras croisés et le regard noir le plus dégouté qu'elle n'ait jamais eu sur le visage.
—T'es sérieux, là ? Toute son attitude montrait qu'elle brulait de colère, et pourtant, la froideur avec laquelle elle s'adressa à moi me glaça le sang. T'étais obligé de taper la discut' à la pire connasse du siècle ?
—Eh mon ange, calmes-toi, tentai-je vainement dans l'espoir de calmer le jeu. J'comprends qu'elle puisse t'agacer, mais elle était juste vraiment inquiète pour son club, c'est normal, non ? Ayame claqua sa langue contre son palais en guise d'agacement, mais je ne me laissai pas perturber pour autant.
—Je rêve ou t'es en train de la défendre ?
Je pris une grande inspiration, sachant d'avance que mes mots n'allaient pas lui plaire, mais que j'allais de toute façon pas me gêner pour lui faire part de ma pensée. Maintenant qu'on est seuls et que je ne risquai pas de la mettre dans l'embarras en affichant nos désaccords face à sa chère camarade, plus rien ne me retannait.
—J'ai rien dit sur le coup parce que vos différents ne me regardent pas, mais je pense que t'y es peut-être allé un peu for avec elle, ouais.
—J'y crois pas. Un rire lui échappa, comme si elle n'en revenait pas. Me dis pas que t'es tombé dans son petit numéro de meuf sympa ? Ma copine s'interrompit brièvement, tant la colère lui enlevait les mots de la bouche. Elle voulait juste faire son intéressante, et toi, tu lui as donné toute l'attention qu'elle voulait !
—Comment est-ce que j'étais censé savoir que tu la détestais ? demandai-je un brin sarcastique. Elle s'est présentée comme ton amie, j'pouvais pas savoir.
—Mais t'aurais dû t'en rendre compte ! s'impatienta la jeune femme, maintenant hors d'elle. Bordel Yugo... c'est juste une manipulatrice qui cherche chaque occasion pour me faire chier. Ayame prit une grande inspiration pour se calmer, et elle poursuivit ses explications d'un ton plus calme mais pas moins agressif pour autant. Elle est venue te parler parce qu'elle rêverait de te mettre le grappin dessus et qu'elle sait à quel point ça me met hors de moi qu'on essaye de s'approprier ce qui compte pour moi. Elle ferma les yeux un instant avant de les river au mien, une lueur décidée dans le regard. Je déteste cette fille et je ne supporte pas qu'elle s'approche de toi pour t'utiliser comme un vulgaire objet.
Un ange passa, durant laquelle je me contentai de la fixer du regard tout en assimilant les paroles qu'elle venait de prononcer. C'est vrai que je serais un menteur si je disais que je n'avais rien remarqué de suspect chez cette fille, mais j'étais persuadée que ma petite amie extrapolait un peu trop les choses.
—Midori ne m'aime pas, Ayame. Un rire m'échappa, tant je trouvais cela ridicule. J'lui avais même jamais parlé jusqu'à aujourd'hui.
—Ça ne change rien. Tu lui plais et j'en suis certaine. Les traits de son visage avaient beau être tiré par la colère, le ton de sa voix s'était un peu radouci. Ne remet pas en doute ma parole.
—Elle te l'a dit ? insistai-je, souhaitant à tout prix lui enlever cette idée de la tête pour la tranquilliser. Est-ce qu'elle te l'a dit clairement ?
—Non, souffla-t-elle en détourant le regard.
Avec précaution, je glissai mon bras dans le bas de son dos, et voyant qu'elle ne me repoussait pas, je l'attirail doucement contre moi. Ayame se laissa faire, ce qui me rassurait sur le fait que ce n'était plus sa fureur qui agissait pour elle. Sinon, elle m'aurait rejeté aussi sec, et j'aurais tout de suite été fixé.
—Alors comment est-ce que tu le saurais avec certitude ? osai-je demander, le menton posé sur le haut de son crâne.
—Elle te regardait de la même façon que toutes ces filles qui te collent aux basques, murmura-t-elle contre mon cœur d'une voix si basse que je dus tendre l'oreille pour l'entendre.
Un soupir m'échappa, mais je ne rajoutai rien. Remettre en doute sa parole ne servirait à rien, d'autant plus que je n'avais moi-même pas la certitude de ce que j'avançai. Je me contentai donc de serrer Ayame plus fort dans mes bras, soulagé de la sentir enfin se calmer à mesure que les secondes défilaient.
Après tout, je ne connaissais pas vraiment cette Midori, et les chances que ce dont Ayame l'accuse soient fondées me paraissait tout à fait plausible. Sans vouloir me jeter des fleurs, c'était même dans l'ordre des choses qu'elle soit une sorte de fan girl, comme les surnommait Atsumi. Tout en sachant parfaitement qui j'étais et la raison pour laquelle j'attendais devant la grille, Midori était venue me parler en dérivant volontairement la conversation sur le volley. Ça pouvait ne rien dire, mais pour être tout à fait honnête, je préférai ne pas prendre le risque de penser qu'elle puisse être différente.
Et puis, les filles savent toujours mieux comment décrypter le comportement de l'une de leurs semblables. Ca aussi, il fallait le prendre en compte, et j'avais suffisamment confiance en Ayame pour savoir qu'elle ne me souhaitait pas du mal en me mettant en garde.
—N'en parlons plus, d'accord ? Soufflai-je finalement après un certain laps de temps.
—Seulement si tu me promets de ne plus jamais lui parler, murmura ma copine en un souffle tout en se dégageant doucement de moi.
—J'en avais absolument pas l'intention, la rassurai-je en haussant les épaules.
Ayame ne répondit rien, mais le soulagement qui envahit ses belles prunelles parlaient à sa place. Avec douceur, elle glissa sa main dans la mienne et se mit à sourire faiblement en guise de remerciement. Sourire qui fit bientôt éclore le mien à mon tour.
—Alors oublions, déclara-t-elle en déposant un baiser sur ma joue.
─── ∗∙⋅☾⋅∙∗ ───
𝙰𝚕𝚘𝚎 – 𝙰𝚕𝚘𝚎̀𝚜
↬ 𝙰𝚖𝚎𝚛𝚝𝚞𝚖𝚎, 𝚍𝚘𝚞𝚕𝚎𝚞𝚛 𝚍'𝚊𝚖𝚘𝚞𝚛, 𝚝𝚛𝚘𝚞𝚋𝚕𝚎, 𝚍𝚘𝚞𝚝𝚎, 𝚙𝚎𝚒𝚗𝚎
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top