𝐕 - 𝐀𝐜𝐚𝐜𝐢𝐚 𝐃𝐞𝐚𝐥𝐛𝐚𝐭𝐚
- 2084 mots -
┌─────────────┐
Make the same mistakes,
blame circumstance
└─────────────┘
- 31 juillet -
—Bon on va faire une pause, on reprend dans dix minutes.
Après plus de deux heures à disputer des matchs de beach-volley sans interruption et sous un soleil de plomb, l'annonce du coach Tadachi ne pouvait mieux tomber. Déjà que les températures estivales ne nous ont jamais fait de cadeau durant les périodes de canicule de juillet, mais en plus, je dois bien admettre que cette journée est particulièrement éprouvante. Bien plus que les précédentes qu'on a passées ici, au lac Biwa, à l'occasion du traditionnel camp d'entraînement de volleyball.
Chaque année, notre lycée organise ce camp d'entraînement pour l'équipe de volleyball masculin. Cela se déroule durant les grandes vacances d'été séparant le premier et le second semestre de cours. Tous les membres de ce club se retrouvent donc sous la responsabilité du coach Tadachi et de notre manager pendant deux semaines. Deux semaines durant lesquelles on s'entraîne d'arrache-pied, du matin au soir, afin d'améliorer notre cohésion de groupe en prévision des interlycée de volleyball.
C'est d'ailleurs grâce à cela que la direction débourse autant d'argent pour soutenir ce petit voyage chaque année : L'interlycée de volleyball est un très gros et prestigieux évènement, et afin de garder le niveau de ses joueurs au top, le directeur veille personnellement à ce que chacun de nous puissions assister à ce camp d'entraînement. Et cela marche ; Le club de volleyball du lycée de Kotodama n'est définitivement pas le plus réputé de toute la région de Kyoto pour rien.
L'interlycée est divisé en deux parties : d'abord au niveau préfectoral, en septembre, afin de déterminer les représentants de chaque région, puis au niveau national, en février, afin de décerner le prix du meilleur club de volleyball du Japon.
Il est donc primordial que notre équipe se qualifie en septembre afin de représenter Kyoto. De cette manière, nous pourrons nous confronter aux meilleures équipes du pays, et qui sait, peut-être décrocher une médaille. Bon, c'est très optimiste de ma part étant donné le niveau global qui, l'année passée, était déjà remarquable. On avait terminé pas trop mal dans le classement général, mais cela ne m'avait pas satisfait. On aurait pu faire mieux, je le sentais. Et moi, en tant que capitaine, j'aurais dû faire mieux.
C'est pourquoi cette année, je me suis promis de me donner encore plus à fond. J'aimerais tirer mon équipe aussi haut que possible dans le classement, et donc chaque occasion est bonne pour pratiquer.
Et puis, ce n'est pas moi qui vait m'en plaindre. Faire du volley du matin au soir pendant deux semaines, loin de chez moi et avec tous mes potes...je ne pouvais rêver mieux pour les grandes vacances d'été.
Même si je meurs de chaud, que je suis crevé et que ce foutu sable me brûle la plante des pieds, je suis toujours aussi motivé.
—Oi, Nishi ! s'exclama soudain Atsumi à ma droite. Attrape.
Relevant la tête, j'attrapai de justesse la gourde que mon meilleur ami vient de me balancer. Heureusement que mes réflexes ne m'ont pas quitté en même temps que mon énergie, sinon, je me la serais prise en pleine poire pour sûr. Je ne fis toutefois aucun commentaire et me contentai de m'assoir à même le sol – ou plutôt le sable – aux côtés d'Atsumi.
D'une traite, je bus la moitié de ma bouteille, et ce n'est qu'après coup que je réalisais vraiment à quel point j'avais soif. À cette dernière pensée, un petit rire m'échappa. Bordel, j'ai failli finir comme les plantes d'Ayame.J'espère qu'elle a pensé à les arroser, parce qu'avec cette chaleur, je ne donnerais pas cher de leurs feuilles.
—Et les garçons, mettez-vous tous un peu à l'ombre, nous conseilla Tsubaki tout en distribuant les dernières gourdes d'eau. Il fait tellement chaud, n'oubliez pas de vous hydrater !
—Ah, qu'est-ce qu'on ferait sans toi Tsubaki ? s'exclama Watanabe - un garçon au crâne rasé et élève en seconde année - tout en se saisissant de la gourde d'eau.
—Oui, merci ! enchérit Fujita - son ami qui porte des lunettes - avec un grand sourire un peu béat. Tu es vraiment trop gentille !
—De rien, répondit simplement notre manager avant de se désintéresser de ces deux zigotos pour leur plus grand malheur. Yamazaki ! appela-t-elle ensuite en se tournant vers le troisième nouveau de l'équipe. Toi aussi vient à l'ombre ! Tu vas avoir une insolation !
En avisant l'air dégouté qu'abordent mes deux cadets que notre manager a, encore une fois, complètement ignorés, je ne pus m'empêcher de ricaner narquoisement. Trois mois qu'ils font partie du club, et trois mois qu'ils essayent d'obtenir son attention sans succès. C'est assez amusant à regarder, surtout quand ils prennent cet air dégouté, mais c'est encore plus amusant de les charrier à ce sujet.
—Qu'est-ce que ce gars a de plus que nous ? Grommela l'une des deux pipelettes tout en dévisageant Yamazaki. En plus, il parle à personne et il a un sale caractère !
À l'entente de sa question, je ne pouvais résolument pas rester muet plus longtemps face à cette occasion en or.
—Des cheveux longs et une bonne vue ? Suggérai-je d'un ton faussement innocent.
À mes côtés, Atsumi soupira, à la fois excédé et amusé de mes répliques, mais il garda le silence et ne dit rien. Quant aux deux autres, leurs réactions ne se firent pas attendre bien longtemps.
—HAA ? s'exclamèrent-ils dans une synchronisation quasi parfaite.
—Ne le prenez pas mal surtout, fanfaronnai-je de manière agaçante. J'dis ça pour vous faire gagner du temps, hein. Vous ne l'intéressez pas, désolé ~
—Hein pourquoi ? me demanda le garçon au crâne rasé d'un ton sérieux. Tu crois que c'est parce que Tsubaki est intéressée par ce gars ?
Pris au dépourvu par son interrogation, mes sourcils se haussèrent sans même que je n'ai besoin de feindre la surprise. Je ne sais pas si ce nouveau est naïf, ou alors s'il a juste pas compris mon sarcasme, mais en tout cas, je ne m'attendais pas à ce qu'il est une telle réaction.
—Tsubaki, intéressée par Yamazaki ? répétai-je tout en jetant un coup d'œil en direction de ma manager et du garçon taciturne à ses côtés.
Mes deux interlocuteurs m'observèrent avec intérêt, attendant le plus sérieusement du monde une réponse que je tardai à donner tant elle me paraissait évidente. Il n'y a rien entre Sumire et Yamazaki. En plus, j'ai entendu dire que ce dernier sortait avec une autre fille depuis longtemps. Est-ce qu'ils l'ignoraient vraiment ? Un rictus mesquin prit place sur mes lèvres alors que je fis tournoyer machinalement ma bouteille, maintenant vide, entre mes doigts. Cette situation m'amuse.
—Aucune idée, finis-je par dire en omettant délibérément les détails.
—Alors on a toutes nos chances, affirma fièrement Watanabe, visiblement content. Pas vrai Fujita ?
Ils sont comiques, ces deux-là.
—J'crois surtout que vous n'avez jamais eu aucune chance, ne puis-je m'empêcher de pouffer sous leurs regards dépités. Bah quoi ? Je viens de vous rendre les choses plus simples.
— oh.
— Faites pas cette tête, tentai-je de les rassurer entre deux rires. Remerciez-moi plutôt pour mon précieux sens de l'observation ~
—Nishi, arrête d'embêter les nouveaux, intervint finalement mon meilleur ami d'un ton monotone qui ne convaincrait personne.
—Oh parce que tu préfères quand je n'embête que toi ?
Ma réplique fit mouche, et je présentais qu'Atsumi allait s'énerver sous peu, mais je n'eus pas le loisir de jubiler bien longtemps puisque la sonnerie répétée de mon cellulaire interrompit cette charmante petite conversation. Je m'en saisis donc, et à l'instant où je lus le nom du contact qui s'affichait, un sentiment de joie s'empara de mon être.
—Ah, c'est ma copine, annonçai-je rapidement avant de me relever.
—Agr la chance, marmonna une voix que je ne pus identifier.
—Encore ? s'exclama Atsumi d'un ton trahissant son étonnement. Elle peut pas te lâcher la grappe deux secondes ?
—T'es jaloux, Atsu' ? répliquai-je du tac au tac tout en sachant pertinemment que c'était loin d'être le cas.
J'ignorai le soupir ennuyé de mon ami et commença à m'éloigner du groupe.
—Ça ne sera pas long, assurai-je avec un petit sourire, et Atsumi râla. Je reviens vite, promis !
Je fis encore quelques pas supplémentaires, et lorsque je jugeais avoir mis assez de distance entre mes coéquipiers et moi-même pour qu'ils ne puissent m'entendre, j'appuyai enfin sur l'icône verte pour accepter l'appel.
—T'en as mis du temps à décrocher, me reprocha Ayame d'une voix ennuyée. C'est la troisième fois que je t'appelle, continua-t-elle sur le même ton.
—Bonjour à toi aussi mon ange, lançai-je sarcastiquement, T'as l'air de bonne humeur dit donc, ajoutai-je ensuite, ce qui la fit soupirer au bout du fil.
Silence.
—J'étais juste inquiète qu'il te soit arrivé un truc, finit par dire ma copine d'un ton bien plus calme.
—Mmh, soufflai-je simplement, pas convaincu. Comment c'est passée ta journée ? Demandai-je afin de changer de sujet.
—Ça va, je m'ennuie un peu, répliqua Ayame avec une pointe de tristesse dans la voix. Et vous, vous vous entraînez toujours, même avec la chaleur ?
—Ouais, rétorquai-je fièrement. Faut bien que je m'entraine pour rester le meilleur passeur de la région !
—Oh arrête ton char, tu sais très bien que tu ne risques pas d'être dépassé de sitôt.
Sa voix sonnait comme un reproche, mais le compliment qui se cachait derrière me fit réellement plaisir. Ayame n'est pas du genre à complimenter les gens, ni à leur dire ce qu'elle a vraiment sur le cœur. L'entendre donc me dire de manière indirecte qu'elle reconnaît mon niveau dans ce sport que j'adule tant, cela réchauffe mon être tout entier.
—Tu me manques, mon cœur, avoua Ayame d'une petite voix. C'est quand que tu reviens, déjà ?
—Mardi prochain, si je ne me trompe pas.
—Rah mais c'est dans longtemps !
J'entendis soudain du bruit à l'autre bout du fil, et je devinai sans peine qu'Ayame venait de se jeter dans son lit. Un sourire se glissa sur mes lèvres alors que j'imaginai la scène, amusé de sa réaction bien enfantine.
—J'sais que c'est dur de vivre loin du soleil de ta vie, mais...
—Roh tais-toi, me coupa furieusement Ayame et je me mis à rire de nouveau. T'es vraiment un imbécile, c'est pas possible.
—Eh, c'est pas une façon de parler à l'amour de ta vie ! je fis semblant de m'offusquer.
Ma réplique fit évidemment râler la jolie brune au bout du fil, mais comme à chaque fois que je l'embêtais, sa contrariété s'envolait bien vite. Je passai ensuite les prochaines minutes à écouter avec intérêt ce que racontait ma copine, n'intervenant que de temps en temps quand la conversation l'obligeait. Je ne remarquais donc pas tout de suite le retour des terminales, partis remplir leurs gourdes d'eau au début de la pause, et ce n'est que lorsque l'un d'eux m'interpela que je réalisa soudain que tous attendaient sur moi pour reprendre la partie de beach-volley.
—Eh Nishimura ! s'écria l'un de mes ainés. Tu viens ou quoi ?
—Dis au revoir à ta meuf et décale !
—Ouais j'arrive les gars, répondis-je à leur attention avant de baisser à nouveau d'un ton. Je dois te laisser, l'entraînement reprend.
—Oh déjà ? Ayame soupira, visiblement embêtée à l'idée de devoir raccrocher. Je peux te rappeler ce soir ? demanda-t-elle ensuite, la voix pleine d'espoir.
—Pas ce soir, mon ange, m'excusai-je d'une voix douce. Atsu' et moi, on va faire le mur avec les terminales, et j'sais pas quand on rentre.
—Oh, d'accord.
—Mais je t'appellerai demain matin, promis-je tout de suite. Et je me rattraperai quand je rentre à Kyoto.
—J'attends avec impatience alors, murmura-t-elle gentiment. Fais gaffe quand même ce soir, hein.
—Mais oui t'inquiète je gère, la rassurai-je d'un ton confiant. Bonne soirée mon ange, je t'aime.
Éloignant mon cellulaire de mon oreille, je raccrochai rapidement l'appel et je me hâta de rejoindre les autres. Ces derniers ne firent aucun commentaire quant au fait qu'on avait perdu un peu de temps, visiblement peu motivés à recommencer l'entraînement sous ce soleil de Satan. Manque de bol pour eux, leur capitaine adoré – moi – ne perdit pas un instant de plus pour reprendre en main les choses, et personne ne brocha face à mes directives. Même si on aurait mieux fait de s'arrêter là pour aujourd'hui au vu des conditions météorologiques.
Il faut savoir faire des sacrifices pour obtenir ce que l'on désire de plus cher.
─── ∗∙⋅☾⋅∙∗ ───
𝙰𝚌𝚊𝚌𝚒𝚊 𝙳𝚎𝚊𝚕𝚋𝚊𝚝𝚊 – 𝙼𝚒𝚖𝚘𝚜𝚊
↬ 𝙳𝚘𝚞𝚝𝚎𝚜 𝚎𝚝 𝚙𝚎𝚞𝚛 𝚍𝚎 𝚙𝚎𝚛𝚍𝚛𝚎 𝚞𝚗 𝚌𝚑𝚎𝚛 𝚊𝚖𝚘𝚞𝚛
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top