« prologue »

Romance, Tragedy

Rating M

Personnages principaux : Shikaku, Inoichi, Yoshino, OC § Shikamaru.

Personnages secondaires : Minato, Kushina, Tsunade.

Insouciance ; une douce insouciance. Les portes du village caché de la feuille se dessinaient lentement, au fur et à mesure que ses pas l'en approchaient. Un certain soulagement naquit sur les traits de son visage épuisé, la quatrième grande guerre s'était terminée et elle retournait chez elle, dans ce fichu village qu'elle aimait tant ; bientôt, elle retrouvait les bras chaleureux de son époux et les bâillements incessants de son fils. Quelques murmures traînaient dans les rangs formés par les villageois, ils étaient tous si heureux, presque tremblant d'un tas d'émotions ; dans peu de temps, ils retrouveraient les uns et les autres leurs familles, leurs demeures, leurs existences paisibles. Une main attrapa la sienne, dans un élan délicat et un sourire naquit au coin de ses lèvres, lorsqu'elle rencontra le doux regard bleuté de ce bout de femme qui avait partagée tant d'années avec elle ; elles avaient été meilleures amies, pendant leurs jeunes années et elles le seraient sûrement encore une centaine d'années, parce qu'une amitié telle que celle qui les reliait ne pouvait s'éteindre.

Une légère brise effleura les différentes silhouettes et elle réprima tant bien que mal le frisson qui la prit, elle tira doucement sur les pans du vieux pull brun qu'elle portait et enfouit le bout de son nez dans le tissu ; un silence pesant prenait place, lentement, dans les rangs. Un doux parfum de santal s'échappait du pull, un parfum qui la berçait, qui la rassurait ; s'en était dingue, la façon dont un simple parfum lui faisait cet effet. Pendant une demi-seconde, le sourire idiot de son époux se glissa dans son esprit ; ce sourire qui traînait constamment sur ses lèvres, l'expression gênée qui prenait place sur son visage, lorsqu'il se rendait compte qu'il s'était laissé prendre dans un moment empreint d'un bonheur sans nom pendant un instant. Bordel, ce qu'elle l'aimait ; les années s'échappaient et l'un comme l'autre se rapprochaient lentement de la mort, vieillissaient, perdaient la fougue de la jeunesse mais elle l'aimait, terriblement, un peu plus à chaque seconde qui passait.

Un bruit de pas les tira un par un de leurs réflexions, de leurs souvenirs, de leurs peurs ; dans un élan maladroit, elle posa son regard sur les silhouettes qui se dessinaient à une centaine de mètres d'eux.

Elle n'eût aucun mal à reconnaître la tignasse blonde du jeune Uzumaki et ce sourire sur ses lèvres, lui arracha un soupir soulagé ; elle fit taire tant bien que mal le tremblement qui avait prit possession de son corps et tenta de prendre une inspiration, quelque chose l'en empêchait, sûrement ce mauvais pressentiment dans ses entrailles.

Des cris de joies, des sanglots empreint de soulagement, des rires ; tous ces bruits se mêlaient tendrement au son de sa respiration saccadée. Elle se hissa dans un élan maladroit sur la pointe des pieds, ses mains s'accrochaient désespérément aux pans de son pull ; ses prunelles d'un bel ébène se perdirent dans toutes ces silhouettes qui cherchaient leurs proches, dans les survivants de la guerre. Son cœur tambourinait si fort dans sa cage thoracique que, pendant un instant, un court instant, elle crû qu'il allait prendre la fuite, loin de son corps ; elle étouffa sa colère entre ses lèvres, lorsqu'une silhouette imposante la bouscula, sans une once de délicatesse, et remercia la poigne de sa meilleure amie, autour de sa taille frêle. Elle échangea un sourire empli de tendresse avec elle. Main dans la main, elles se faufilèrent parmi les couples, les familles, les amis qui se retrouvaient, à la recherche de leurs propres moitiés, une joie sans nom dans les tripes.

Lorsque son regard d'un bel ébène s'accrocha à la tignasse brune de son petit garçon, devenu un homme, un hoquet de surprise s'échappa de ses lèvres ; elle aperçut du coin de l'œil sa meilleure amie prendre dans ses bras sa fille mais n'y prêta pas plus d'attention. Il était là, quelques plaies sur sa peau au teint légèrement hâlée, des cernes sous ses magnifiques prunelles brunes, sa tignasse au ton bordélique, les mains dans les poches ; il était là et elle repoussa tant bien que mal, par fierté sûrement, les larmes qui perlaient au coin de ses prunelles.

Un pas ; il fit un pas vers elle, les lèvres entrouvertes, le regard chamboulé. Le reste de l'humanité n'existait plus, à cet instant, il n'y avait que lui, qui se rapprochait toujours un peu plus ; et à chaque pas qu'il faisait, à chaque inspiration qu'il prenait, elle se souvenait. Elle se souvenait de ses premiers pas, ses premiers sourires, ses premiers rires, ses premières bonnes notes, sa première chute, ses premières larmes, son premier « je t'aime, maman ».

Il ne s'arrêta qu'à quelques centimètres d'elle, le corps légèrement tremblant, le cœur au bord des lèvres ; dans un geste tendre, elle effleura sa joue quelque peu rugueuse du bout des doigts et esquissa un sourire. Le petit garçon qui se faufilait dans la chambre parentale après un cauchemar était devenu un bel homme, un homme dont elle était particulièrement fière.

Sans un mot, elle fondit dans ses bras ; elle s'accrocha au tissu de sa veste et enfouit son visage dans son torse, cherchant un peu de sa chaleur rassurante. Avec une maladresse qui la touchait au plus profond de son être, il lui rendit son étreinte, déposant chastement ses lèvres sur son front.

« maman »

La voix presque tremblante de son fils la tira de l'étreinte et elle repoussa une énième fois les larmes qui perlaient au coin de ses paupières, elle acquiesça, un sourire au bord des lèvres et posa tendrement ses prunelles d'un bel ébène sur le visage du garçon. Il la surplombait de deux, peut-être trois centimètres et la ressemblance entre son époux et son fils lui sauta au visage ; des heures de douleurs, de travail, entourés de médecins incompétents pour ça.

« papa, il.. je-.. » commença-t-il, maladroitement
« il traîne encore avec les autres, je sais » le coupa-t-elle, en haussant les épaules « j'ai l'habitude, il m'entendra, ce soir ; quel idiot, qu'est-ce qu'il m'a prit de prendre un idiot pareil comme époux »

L'homme qu'elle aimait, n'avait jamais été le genre très ponctuel ; même en temps de guerre, il trouvait le moyen de faire quelques bêtises avec ses camarades. Un sourire au coin des lèvres, elle haussa une deuxième fois les épaules, en croisant le regard empli d'inquiétude de son fils ; ce n'est que lorsqu'un cri empreint de souffrance s'éleva, à quelques mètres d'elle, qu'elle se rappela ce fichu mauvais pressentiment dans ses entrailles. D'un même mouvement, ils posèrent un regard inquiet sur la propriétaire du cri et elle se heurta à une vision dévastatrice ; des larmes, des cris, un désespoir terrible. Les genoux contre les graviers, sur le sol, sa meilleure amie pleurait douloureusement dans les bras de sa fille, s'accrochait désespérément à la veste de l'adolescente ; une telle souffrance émanait d'elle, à cet instant, qu'elle en eût mal au cœur, autant pour l'adulte qui souffrait que pour l'adolescente qui tentait, tant bien que mal, d'être un pilier pour sa mère, malgré sa propre souffrance.

« qu'est-ce qu'il se passe ? » demanda-t-elle, inquiète

Elle se détourna douloureusement de ce spectacle et posa un regard incertain sur le visage de son garçon ; les sourcils froncés, les poings serrés, il semblait se battre contre lui-même au fond de lui.

« Shikamaru, que se passe-t-il ? » répéta-t-elle, d'une voix un peu plus forte

Le son de sa voix arracha un léger sursaut au brun, il détourna le regard et prit une inspiration, dans un élan agonisant ; quelque chose clochait, elle n'eût aucun mal à le comprendre en remarquant le tremblement qui secouait doucement le corps de l'adolescent.

« maman, il s'est passé quelque chose » lâcha-t-il, dans un murmure à peine audible

A l'instant où les mots s'échappèrent des lèvres du garçon, le soleil qui brillait constamment depuis plus d'une heure s'éteignit soudainement ; quelques nuages ténébreux se glissèrent dans l'immensité du ciel et une fine averse s'abattit sur les villageois. Pendant un court instant, le regard brun du jeune stratège se perdit dans les nuages, se perdit dans les souvenirs douloureux de la guerre ; la quatrième grande guerre s'était terminée, emportant un tas de shinobis avec elle, brisant un tas de cœurs dans son élan. Il repoussa tant bien que mal les larmes qui perlaient au coin de ses paupières épuisées et prit une inspiration douloureuse, parce que cet instant, il n'aurait jamais crû le vivre un jour ; il aurait aimé prendre la fuite, là, tout de suite, faire demi-tour, se perdre dans les bois et ne jamais avoir à faire ça, il aurait aimé fuir, bon dieu. Mais, à quelques mètres de lui, Ino, la douce Ino qu'il avait connu alors qu'il ne tenait pas encore sur ses deux pieds, avait eu le courage de le faire ; elle était là et elle tentait maladroitement de ne pas se fondre en un amas de sanglots, un amas de larmes, de douleurs.

« tu sais, il s'est battu jusqu'au bout » souffla-t-il, au bout de quelques secondes interminables « il s'est battu férocement, il n'a pas lâché et il a joué un rôle plus qu'important dans tout ça ; personne ne serait là, sans lui »

Ce fichu mauvais pressentiment dans ses entrailles ne fit qu'accroître, lentement ; l'oxygène s'évapora des alentours et elle tenta de prendre une inspiration, les sourcils froncés. Peut-être devrait-elle prendre la fuite, tout de suite, avant que l'instant fatal ne prenne possession de la situation ; avant que ses mots qui la blesseraient plus que tout ne s'échappent des lèvres de son petit garçon.

« c'est un héros » ajouta-t-il, douloureusement
« Shikamaru » lâcha-t-elle, dans un murmure suppliant, malgré elle
« papa, il.. » il prit une inspiration « il est.. il n'a pas survécu, maman »

Une brisure ; douloureusement, une entaille se créa dans sa cage thoracique, dans son cœur, dans son âme. Quelque chose se brisa en elle. Dans un geste lent, elle effleura ses lèvres du bout des doigts ; ses lèvres qu'il avait embrassé un million de fois, qu'il avait embrassé quelques minutes avant de se rendre dans les rangs de l'alliance shinobi, avant de prendre son rôle d'homme.

« maman, je-.. »
« tais-toi, Shikamaru »

Les sourcils froncés, les lèvres entrouvertes, il porta un regard surpris sur le visage de la femme qui l'avait mit au monde, des années en arrière ; il s'était répété tant de fois ses mots dans son esprit, sur le bout de sa langue, douloureusement, depuis l'instant où ils avaient tous quittés le champ de bataille.

« ce n'est pas important, ce n'est pas le moment » ajouta-t-elle, au bout de quelques minutes
« maman, tu n-.. » commença-t-il, les sourcils froncés
« tais-toi, Shikamaru » répéta-t-elle, un air impassible sur le visage

Sans un mot de plus, elle se rapprocha d'un pas lourd des deux silhouettes au sol, qui se tenaient l'une à l'autre, dans un geste empreint de maladresse et de désespoir ; elle s'accroupit doucement et posa une main délicate sur la joue inondée de larmes de sa meilleure amie, un doux sourire au coin des lèvres. Elles échangèrent un regard, silencieusement.

« ça ira » souffla-t-elle, d'une voix douce « tout ira bien, Mina »

Pendant un court instant, la dite Mina ne dit rien ; ses prunelles d'un beau bleu se perdaient dans les profondeurs de l'âme de son amie, de ce bout de femme qu'elle connaissait depuis tant d'années. Puis, sans dire un mot, une seule syllabe, elle fondit dans les bras de la brune et s'accrocha désespérément aux pans du pull qu'elle portait ; les larmes s'écrasaient sur le tissu mais elle ne dit rien, elle resserra sa prise autour de la silhouette frêle, tremblante, de la blonde et la berça doucement, là, au milieu de toutes ces personnes.

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