Chapitre 17
— Il y a quelque chose qui nous a échappé au départ, parce qu'au final, on ne se concentrait pas sur les bons détails. Chris n'avait pas totalement tort : on cherchait quelque chose qui n'existait pas. Pourquoi partir à la recherche une sortie à un bâtiment que nous avons déjà arpenté de part en part durant des années ? Fouiller des plans déjà étudiés par pleins d'autres, croiser les doigts pour tomber sur une porte magique... c'est ridicule. Il faut chercher plus loins. Il faut chercher différemment, surtout. Lire entre les lignes... Entre les murs, aussi.
— J'ai pas mal réfléchit, après que Jayden soit venu me voir. Il m'a convaincu de ne pas baisser les bras. Alors on s'est remit au travail. On a regarder les plans, la tuyauterie, les portes et les champs magnétiques. On a réfléchi, toute la nuit, chacun de notre côté. Au matin, on est retourné à la bibliothèque, mais cette fois, au lieu d'emprunter des documents, on a téléchargé sur nos tablette les archives déjà numérisées. Et on croit bien avoir trouvé une solution. Je ne suis pas convaincu que ce plan soit infaillible, par contre... et c'était notre accord. On ne tente rien sans être certains qu'il n'y a aucun risque.
— On en a déjà discuté, souffla Eva du bout des lèvres.
Elle tentait de cacher le sourire qui voulait se dessiner sur son visage. Elle ignorait ce que Jayden avait dit à Chris pour le faire changer d'avis, la veille, mais il avait été efficace, cela ne faisait aucun doute.
— Assez parlé pour ne rien dire ! s'écria soudainement Megan, les bras croisés sur son torse. On brûle d'impatience de connaître votre super idée, alors crachez le morceau.
— D'accord, d'accord ! s'exclama Jay, les bras tendus vers elle comme pour l'empêcher de faire le moindre mouvement. Laisse-nous mettre un peu de suspense, quand-même.
Il s'éclaircit la gorge, avant de jeter un rapide coup d'œil à Chris, qui lui fit signe de parler.
Le garçon brun fit quelques pas, qui le menèrent au centre de la petite pièce qu'était le salon de Chris. La scène paraissait si familière à Eva ! C'était là qu'ils s'étaient déjà retrouvés, quelques jours auparavant. Quelques jours, qui, malheureusement, n'avaient pas vraiment fait évoluer les choses.
— En étudiant méticuleusement les plans, on a eu cette réflexion : la grande majorité de l'air que nous respirons est produite par les arbres de la forêt, à l'extérieur de la Ville, donc. Hors, cet air nous parvient sans soucis, ce qui veut dire qu'il à un moyen d'être introduit à l'intérieur du bâtiment. Bien sûr, il pourrait tout simplement passer par l'espace entre le haut de la tourre et le ciel, mais il existe en fait un puissant canal d'aération, qui vient directement pomper l'air depuis l'extérieur pour le déverser à l'intérieur... Vous suivez toujours ?
Comme ses amis hochèrent vivement la tête, il reprit :
— Ces tuyaux d'aérations sont très larges. On pourrait facilement s'y faufiler et gagner l'extérieur de cette manière.
Les paroles de Jayden mirent un instant à parvenir jusqu'au cerveau d'Eva. Elle réfléchit à ce qu'il venait de dire, consciente que quelque chose la dérangeait dans ce plan. C'était un petit bout de son esprit qui s'agitait, à la limite de sa conscience, mais elle ne parvenait pas à mettre de mot dessus.
— Attends un instant, dit finalement Megan en fronçant les sourcils, comment voulez-vous qu'on passe par ces tuyaux ? Il y a bien une machine d'aération dans chaque pièce, mais elle ne permet aucun passage : le tube est bouché par des lames de métal. Je ne suis même pas sûre qu'elles puissent se dévisser.
Eva acquiesça en silence. Voilà ce qui la dérangeait.
— Bien vu, Meg, mais tu oublis qu'on est génial, répliqua le garçon brun sans se départir de son sourire satisfait.
— On a pensé à tout, l'appuya Chris. J'y ai personnellement veillé. En fait, le tuyau est plutôt étroit aux niveaux des appartements, et comme tu l'as si bien dit, Megan, il est impossible de s'y glisser. Par contre, à chaque étage, dans le couloir principal, ce tuyau s'élargit considérablement, et une simple grille en bloque l'accès.
— Vous avez trouvé tout ça juste en regardant des plans ? s'étonna la jeune fille brune.
Elle avait elle-même passée une nuit entière à les lire et relire, et jamais elle n'avait remarqué ces tuyaux.
— On a mit pas mal de temps avant de se rendre compte de l'épaisseur particulièrement grande des murs, j'avoue, concéda Jayden. Mais le résultat valait largement l'insomnie d'hier soir, non ?
— Oui, bien sûr.
Tandis qu'un silence pesant s'installait, les pensées d'Eva entrèrent en ébullition. Elle tentait d'analyser chaque détails de cette idée, d'imaginer tous les problèmes auxquels ils pourraient faire face : comment passer par ce tuyau en pleine journée, lorsque les couloirs gruilleraient de monde ? Comment sortir de ces derniers, s'ils aboutissaient plusieurs dizaines de mètres au dessus du sol ? Que faire si...
Une main se posa lourdement sur son épaule, la faisant sursauter violemment. Elle tourna vivement la tête vers la personne responsable de cette frayeure, et ses yeux rencontrèrent des iris vertes vivent.
— Tout va bien se passer,Ev', lui sourit Chris d'une voix apaisante. Comme je l'ai dit, j'ai veillé à tout. Fais-moi confiance.
— Tu as dit il y a même pas cinq minutes que ce plan n'était pas infaillible.
Le sourire de son ami s'effaça un bref, instant, avant de revenir illuminer son visage, rallumant l'étincelle dans ses yeux.
— Détends-toi. Ça va être drôle.
La jeune fille lui lança un regard perplexe. Il était vraiment difficile à cerner, voir bipolaire. Ou peut-être était-il tout simplement fou ?
— Assez parlé ! s'exclama à nouveau Megan en sautillant presque sur place. Vous allez évitez cette question à jamais où quoi ? Quand est-ce qu'on part ?
—•—•—•—•—•—
Un souffle glacé s'échappa des lèvres d'Eva, bien que son esprit semblait littéralement prêt à bouillir sous son crâne. Elle se força à rester immobile, malgré l'envie de se ronger les ongles jusqu'au sang : le moindre mouvement la trahirait, elle en avait bien conscience.
Tapie entre les longues tiges de blés qui couvraient toute la partie nord de la Serre, elle attendait. Elle attendait que les couloirs se désertent, que le ciel blanc s'éteigne, que l'heure du départ sonne enfin. En vérité, elle avait déjà résonné pour Eva, depuis qu'elle avait quitté la salle de sport, presque une heure auparavant. Depuis qu'elle avait assuré à ses parents qu'elle passait la nuit chez Megan, qu'elle n'avait plus le temps de voir beaucoup ces dernières semaines, avec tout le travail qu'elle avait à faire pour l'école.
Sa mère lui avait sourit, et la jeune fille avait sentit sa gorge se nouer douloureusement dans sa poitrine. Les larmes lui étaient montées aux yeux, et elle avait eu bien du mal à les dissimuler à ses parents. Elle n'avait pas réaliser que partir de la Ville signifiait abandonner sa famille. Eva n'avait pas eu le courage d'écrire un mot d'adieu, ou même d'excuse. De toute manière, il valait mieux ne rien dire quand à la raison de leur départ.
Chris et Jayden ne mentaient pas lorsqu'ils avaient dit avoir pensé à tout. Ils avaient calculé que si ils quittaient la Ville le plus vite possible juste après que le ciel se soit éteint, ils bénéfiraient de toute la nuit pour fuir, puisque personne ne remarquerait leur absence avant le matin, voir même avant le soir d'après. En effet, s'ils prétendaient chacun dormir chez un autre, leur départ ne serait remarqué que lorsqu'ils ne renteraient pas chez eux, après l'heure de sport. Ils seraient alors déjà bien loin — du moins Eva l'espérait.
Elle entendait le souffle étouffé de Megan, cachée à quelques mètres d'elle, dans la même position : couchée, mais les muscles tendus, prêt à réagir au moindre mouvement, et à s'enfuir. Le stress faisait s'emballer le cœur de la jeune brune, et elle sentait une sueur épaisse apparaitre sur ses tempes, bien que la température ambiante soit agréable. Elle et sa meilleure amie étaient seules, seules au milieu de l'immensité qu'était la Serre, silencieuses dans le silence, tremblantes dans le calme des cultures. Deux ombres parmi les ombres, dans un royaume de gens sans visage.
La jeune fille ne sentait plus les tiges s'enfoncer dans sa peau. Elle avait perdu toutes sensations depuis de longues minutes, et seule la chaleur et le souffle de Megan la rattachait encore à la réalité. En silence, elle se mit à compter.
Six cent-trente-trois secondes s'écoulèrent avant que le ciel ne s'assombrisse. Huit-cent autres avaient passés lorsqu'une lumière, à travers la baie vitrée, s'illumina, comprimant par la même action le cœur d'Eva.
— Il est temps, souffla la voix de Megan, rendue enrouée par le long silence qui avait précédé la phrase.
La jeune brune acquiesça d'un discret mouvement de la tête, et les deux jeunes filles se mirent en mouvement. Le plus silencieusement possible, elles se redressèrent, grimaçant lorsque les tiges trop longtemps écrasées bruissèrent. Puis, sans échanger une parole, elles se faufilèrent telles deux ombres vers le mur le plus proche. Eva parcouru les deux-cents mètres qui la séparaient de la baie vitrée dans un état de détresse, consciente d'être à découverte, et trop paniquée pour oser imaginer ce qui lui arriverait si quelqu'un la remarquait. Bien sûr, personne n'était censée circuler dans la Ville à cette heure tardive, mais Eva avait déjà été surprise une fois. Une seconde n'était pas nécessaire.
Enfin, elle se plaqua contre le verre, la respiration sifflante, le cœur battant la chamade dans sa poitrine, et résonnant tel un marteau dans ses tempes. La jeune fille reprit vivement son souffle, avant de jeter un regard vers la lumière, qui, après s'être éteinte durant quelques secondes, s'illumina de nouveau. Sans quitter le contact de la paroie de verre, Eva se dirigea du pas le plus discret possible vers la grande ouverture qui perçait le mur, vers un accès direct aux escaliers. Elle se laissa glisser par la porte, et s'affaissa.
— Ev', t'arrêtes pas, lui ordonna la voix de sa meilleure amie.
Elle lui paraissait lointaine, comme étouffée. Peut-être les coups de son cœur, qui rytmaient sa course, la rendait-elle sourde. La fuyarde ne prie pas le temps d'y réfléchir davantage. À la suite de Megan, elle escalada les quelques marches qui la séparaient du premier étage, où elle ne tarda pas à s'engouffrer. C'est à ce moment là qu'elle entra en collision avec une matière molle.
______________________________________________
—————————————————————————————
Soo...Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? —>
L'action arrive enfin ! Je sais que 15 chapitres d'introduction c'est long, même s'ils sont courts... Je me suis mal débrouillée. Surtout qu'on arrive déjà à la moitié du tome 1. Enfin presque.
En tout cas, j'ai vraiment aimé l'écrire : après avoir bloqué pendant 30 ans sur le chapitre 16, celui là s'est fait tout seul et l'impression était assez bizarre. Je saurais pas mieux l'expliquer.
J'ai des questions pour vous :
- Vous préférez les chapitres avec ou sans titre ?
- Vous pensez quoi de l'histoire pour l'instant ?
- Le planning des chapitres vous convient ? (un chapitre par semaine)
- et rien à voir : si je devais écrire un autre livre, vous préférerez de la fantasy ou un roman pour adolescent avec un brin de romance ? (ne me dites pas : "comme tu veux")
Un énooooorme merci à tous ceux qui commentent et votes, je vous nèm beaucoup trop
-Candesia
Mes réseaux :
instagram : heloyse_wttp
pinterest : -Candesia
Je sais pas si pinterest compte comme un réseau, mais j'ai commencé à faire des boards et j'ai même posté quelques trucs, si ça vous intéresse ;)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top