Chapitre 11

— Eva !
La jeune fille se tourna vers le garçon qui venait de l'appeler, un grand sourir sur les lèvres. Elle n'avait pas encore pu parler à Chris de la journée, ni à Megan et Jayden, d'ailleurs, et elle était incroyablement soulagée de pouvoir enfin tout leur raconter. Elle avait patienté durant les cours, puis pendant l'heure de travail à la Serre. Maintenant qu'ils étaient dans la salle de sport, elle pourrait leur parler librement... Du moins, en partie. Ce n'était pas non plus l'endroit idéale pour dévoiler des informations confidentielles.
— Tu vas mieux ? Lui demanda le garçon blond en arrivant près d'elle.
Son visage exprimait toujours de l'inquiétude, mais il semblait soulagé de la voir en bonne santé. Il passa distraitement une main dans ses cheveux décoloré, sans quitter les yeux d'Eva du regard.
— Ouais, ça va super bien, répondit-elle, légèrement gênée. Et puis j'ai eu toute la nuit pour récupérer.
Chris haussa un sourcil, avant de pointer du doigt les épaisses cernes présentes sous les yeux d'Eva.
— C'est ça que tu appelles récupérer ? On dirait que tu n'as pas dormi depuis des jours ! 
— J'étais juste un peu préoccupée par un truc, c'est rien, marmonna-t-elle. Et je ne me sens pas très bien dans ma chambre, en ce moment.
Depuis qu'elle avait failli être asphyxiée, les espaces fermés l'angoissaient. Elle revoyait sans cesse sa main cherchant la poignée dans l'obscurité, la porte qui ne coulissait pas, la terreur qui l'avait envahie... Rien que d'y repenser, un frisson glacé lui remonter l'échine, qui n'échappa pas à son ami.
— Préoccupée ? Releva-t-il, étonné. Tu es sûre que tout va bien ?
Elle n'eut pas le cœur à lui mentir. L'assurance qu'elle commençait à ressentir s'évapora soudainement, pour laisser place à toute l'inquiétude qui n'avait fait que la torturer durant la nuit. Une boule se forma dans sa gorge lorsqu'elle hocha négativement la tête, les yeux rivés vers le sol.
— Il y a tellement de choses qui ne vont pas, Chris... Sa voix se brisa, l'empêchant de finir sa phrase.
Le garçon resta muet un instant devant la détresse qu'affichait le visage d'Eva. Ses yeux brillaient, mouillés de larmes, mais ses pupilles semblaient presque éteintes. Quelque chose s'était brisée en elle, et le fond de ses yeux reflétait cette blessure interne.
— Eva... articula-t-il enfin, la gorge nouée. Tu peux m'en parler, tu sais ?
— Je sais. Mais pas ici, pas maintenant. Du moins, pas entièrement. Ils faut qu'on se retrouvent, avec Jay et Megan, dans un endroit où personne ne pourra nous entendre.
L'étonnement se dessina de nouveau sur le visage de Chris, qui ne répondit pas tout de suite. Les sourcils froncés, il semblait réfléchir à la situation.
— Écoute, Eva... Je ne sais pas ce qui te tracasse à ce point, mais ça commence sérieusement à m'inquiéter. On a qu'à aller chez moi tout à l'heure, mes parents n'y seront pas puisqu'ils travaillent. On pourra prévenir Megan et Jay dès qu'ils arriveront, d'accord ?
Eva acquiesça en s'essuyant les yeux avec la manche de son haut noir, le nez rouge. Chris lui tendis alors un mouchoir en tissue pour qu'elle se mouche. Elle le remercia, gênée qu'il la voit dans cet état. Heureusement, personne ne faisaient attention à eux, sans quoi elle serait morte de honte.
Eva respira longuement, pour tenter de retrouver un semblant de confiance. Enfin, elle parvint à sécher ses larmes. Elle remercia une nouvelle fois Chris, lui rendant son mouchoir, puis s'avança vers un vélo. Elle n'avait pas la tête à faire de sport, mais il valait mieux ne pas attirer l'attention des autres citoyens, qui finiraient par trouver ça bizarre que deux adolescents chuchotent dans un coin au lieu de s'exercer. Chris se mit lui aussi à s'entraîner, sans se départir de son air perplexe.
Megan et Jayden ne tardèrent pas à les rejoindre. Apparemment, le professeur les avait retenus. Eva échangea un regard complice avec Chris, avant de pouffer de rire. Depuis qu'elle les connaissait, elle savait qu'il y avait un peu plus que de l'amitié entre eux deux, mais ils continuaient à le nier. En tout cas, ils ne pouvaient pas contester le fait qu'ils se trouvaient très souvent seuls dans les mêmes endroits.
Eva ne chercha pas à dissimuler son amusement. Rire lui faisait un bien fou, et elle n'allait pas laisser les quelques regards étonnés tournés vers elle gâcher ce moment. Avec un sourire, elle se mit à pédaler. Elle aurait l'occasion de perdre sa bonne humeur bien assez tôt...

•••

L'heure passa. Plus la salle se vidait, plus Eva sentait l'angoisse croître en elle. Bientôt, elle suivit Chris à travers les couloirs, jusqu'au quatorzième étage, Megan et Jay sur les étalons.
— Et du coup j'ai pas suivit, déclara soudainement Jayden, brisant par la même occasion le silence pesant qui s'était installé. De quoi tu veux nous parler ?
— Pas ici, marmonna Eva, en accélérant légèrement l'allure. C'est trop risqué. On pourrait nous entendre.
Jayden lança un regard sceptique au large couloir dans lequel ils se trouvaient, totalement désert. Seul des éclats de voix étouffés, venant de la Serre en contrebas, témoignaient de la présence de vie dans l'édifice.
— Tu tournes parano, ma vieille, souffla-t-il.
— Jay, la ferme.
Le garçon se contenta de leva les yeux aux ciels, avant de lancer un regard interrogateur à Chris, qui lui répondit en haussant les épaules. L'échange n'échappa pas à Eva, qui garda le silence. Elle savait bien que ses amis étaient intrigués, mais elle préférait tout leur expliquer une fois posé sur un canapé au calme, loin de toutes oreilles indiscrètes, plutôt qu'en plein milieu d'un couloir. Heureusement, ils ne tardèrent pas à arriver devant l'appartement de Chris, qui les fit entrer. Le logement était en tout point similaire à celui d'Eva : même couloir étroit, même pièces en longueur, même portes coulissantes, même murs blanc. La ressemblance aurait même était effrayante, si certains détails ne différaient pas légèrement, comme la vaisselle salle encore dans l'évier, la couleur des coussins du canapé, ou encore ce bout de mur que Chris avait réussi à cabosser en jetant on-ne-savait-quoi dessus.
Eva s'assit en soupirant dans un fauteuil, croisa les jambes, et enfouit son visage entre ses mains. En face d'elle, ses amis attendaient qu'elle prenne la parole, la fixant de leurs regards soucieux.
— Et bien... Commença-t-elle d'une voix incertaine. On a un problème. 



______
Une soudaine envie de poster...

Vous allez bien ? Je vais pas vous mentir, pour moi c'est pas la super forme... mais bon. Je me dis que c'est bientôt les vacances.

Ça m'apaise pas vraiment de me dire ça, en vrai.

Love

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