Chapitre 10
Eva ferma les yeux, le temps de respirer. La pièce aux murs nus était horriblement oppressante, surtout depuis que ses amis l'avait quittée. Elle se redressa, heureuse de constater que son mal de tête s'était presque totalement dissipé. Elle ne comprenait pas pourquoi elle s'était évanouie : certes, la discussion qu'elle avait surprise entre le président Hilang et le conseiller Winkel l'avait ébranlée, mais faire un malaise lui semblait être une réaction disproportionnée.
Eva n'était pas prête à admettre que cet événement, une panne des machines d'aération, avait brisé la bulle dans laquelle elle vivait depuis toujours. Pour la première fois, elle se sentait en danger. Selon Hilang, le problème avait été réglé ; mais si il venait à se produire, les citoyens ne pourraient qu'assister à leur propre mort, sans rien pouvoir y faire. Un frisson glacé lui remonta l'échine lorsque le souvenir de ses poumons implorants de l'oxygène lui revient en mémoire. Elle n'était pas prête à le revivre.
Cela faisait des années que plus personne dans la ville ne savait comment fonctionnait le vaisseau, ni comment le réparer en cas de problème.
De plus, Elle avait la certitude que le président n'avait pas tout vu, la nuit précédente. Le bouton permettant d'ouvrire la porte de son appartement ne marchait pas, l'alarme ne s'était pas déclenchée... C'était bien plus qu'un simple problème d'aération.
Eva soupira, en essayant d'évacuer le stress qui la rongeait depuis la veille. Il y avait forcément une solution. Les archives des ordinateurs devaient contenir des explications, des plans, des guides... N'importe quoi ! Quelque chose qui permettrait au vaisseau de tenir jusqu'à ce qu'ils arrivent à destination...
Une nouvelle fois, Eva fut envahi par le désespoir. Cela faisait si longtemps qu'ils étaient partis, si longtemps qu'ils erraient dans l'espace, guidés par le peu de savoir qui leur restait. Ils tenaient tous, uniquement grâce à l'espoir. Et cet espoir avait quitté Eva.
Il y a forcément une solution, se répéta-t-elle mentalement. On ne peut pas continuer d'être dépendant du vaisseau, d'être spectateur de notre propre existence.
Elle mourrait d'envie d'en parler à ses amis. Elle savait ce qu'ils diraient : Megan se forcerait à voir le bon côté des choses, de proposer une multitude de solutions, et de cacher sa peur. Jayden ne se laisserait pas décourager, il voudrait agir. Et Chris... À vrai dire, elle ne savait pas vraiment. Il réagissait toujours différemment aux problèmes, ce qui le rendait totalement imprévisible. C'était le genre à appuyer le gouvernement lorsqu'il encourageait les citoyens à faire preuve d'encore plus de discipline, et à s'introduire illégalement dans l'hôpital pour se teindre les cheveux trois jours plus tard. Pourtant, elle aurait pu lui confier sa vie. Quoi que par moment, j'hésiterais tout de même... Songea-t-elle en souriant.
Son sourire s'effaça bien vite. Si des documents étaient stockés dans les ordinateurs, ils auraient été découverts depuis longtemps ; surtout que la ville n'en comptait pas plus d'une dizaine. La solution ne se trouvait pas là.
Eva songea alors à la forêt, et aux deux autres villes avec lesquelles ils ne pouvaient entrer en contact. Lorsque les Hommes avaient quitté la Terre, ils avaient été répartis dans trois zones différentes, puis n'avaient jamais pu quitter la ville dans laquelle ils avaient été dirigé. Du moins, c'est ce qu'on racontait. Mais dans ce cas là, les villes avaient toutes commencées avec les même bases. Le temps avait fait que le savoir s'était perdu au fil des siècles dans la Ville 2, mais cela ne voulait pas dire qu'il en avait été de même dans les deux autres. Les rouages de son cerveau s'activaient à une vitesse folle. Elle avait l'impression de toucher la solution du bout des doigts, sans pour autant parvenir à la formuler.
Eva se redressa soudainement dans son lit, faisant tomber son oreiller dans sa précipitation. Elle ne se baissa pas pour le ramasser. Une idée folle venait de naître dans son esprit.
•••
Eva n'eut pas l'occasion de croiser ses amis de la journée. Elle fut libérée de l'hôpital dans la soirée, et se dépêcha donc de rejoindre son appartement. Elle monta les escaliers à grande enjambés, pressée de rentrer chez elle. Traîner dans les couloirs lui rappelait de mauvais souvenirs.
Elle avait passé des heures à réfléchir, et son idée lui semblait toujours aussi folle et risquée... Pourtant, c'était la seule solution qu'elle ai trouvé. Bien sûr, elle aurait besoin d'aide, de préparation et de matériel, ainsi qu'un tas d'autres trucs auxquels elle n'avait pas encore songé, mais son plan n'était pas impossible à réaliser.
Il est juste totalement dingue. Dans quoi je m'embarque encore, moi ?
Eva aurait rêvé pouvoir s'allonger dans son lit, dormir, et oublier tous ses problèmes, mais son secret pesait en elle comme une boule dans son estomac. Elle se serait bien passé de toutes ses responsabilités, elle mourrait d'envie d'en parler à quelqu'un qui s'en occuperait à sa place. Pourtant, elle savait qu'elle ne devait pas ébruiter cette information cruciale. Comme l'avait dit le Président, cela risquait de déclencher la panique, qui ne mènerait qu'au chaos. Même si elle trouvait cela injuste de le cacher, elle n'avait pas le choix.
Eva réalisa alors qu'elle pourrait en parler au gouvernement, qui été déjà au courant. Cependant, il n'approuverait jamais son idée. Elle était contraire aux lois les plus fondamentales ; et si le gouvernement respectait une chose, c'était bien le règlement.
Avec un soupire, elle arriva enfin devant sa porte d'entrée. Le scanner émit un léger tintement en reconnaissant son tatouage et la porte s'ouvrit. Des éclats de voix lui parvinrent alors, et Eva trouva ses parents déjà attablés avec sa petite sœur. Dès qu'elle la vit arriver, sa mère se leva précipitamment pour venir la serre dans ses bras.
— Tu m'étouffes, Maman, réussit à articuler Eva.
Sa mère ne desserra pas son étreinte pour autant. Après près d'une minute, elle se décolla enfin de sa fille pour scruter son visage d'un air inquiet.
— Tu nous as fait peur, Eva. On nous a dit que tu t'étais évanouie pendant presque quarante minutes !
La jeune fille se sentit honteuse d'avoir effrayer ses parents ; elle n'osait même pas imaginer leur réaction lorsqu'elle mettrait son plan à exécution - si elle y parvenait.
— Vous auriez pu passer me voir, choisit-elle de répondre afin de ne pas replonger dans ses pensées maussades. Chris, Jayden et Megan sont venus sans problème.
Un air coupable se peignit sur le visage de sa mère, mais elle détourna les yeux rapidement, comme pour le cacher.
— Je suis désolée, Eva... murmura-t-elle finalement. Nous étions très occupés, ton père et moi. Viens t'asseoir, plutôt. Tu veux de la salade ?
Eva accepta distraitement, mais la salade verte que sa mère déposa dans son assiette ne l'attira nullement. Toute son attention s'était de nouveau reporté sur son plan audacieux.
——————
Bon, j'ai pas mal de trucs à dire... Déjà, bonjour ! Vous allez bien ?
Ensuite, je tenais à m'excuser pour mon retard... J'étais malade ces derniers jours, et avec les cours... bref.
Les derniers chapitres que j'ai posté son beaucoup plus courts, et j'en ai conscience. Normalement, j'étais sensée les réécrire pour les approfondir et les rallonger, mais devinez quoi ? J'ai pas eu le temps.
Encore désolée...
Mais bon, revenons-en au positif ! Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Du plan d'Eva ?
love
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