Chapitre 26
Quand j'aperçois la chevelure nacrée de Drago passer la porte à l'autre bout du service, j'abandonne la paperasse que j'étais péniblement en train de remplir et me redresse un peu dans mon fauteuil.
Ce n'est pas rare de le croiser au Ministère, mais il se contente en général du département de la Justice Magique. Tandis que Ron traverse tout le service des Aurors à ses côtés, quelques regards méfiants se lèvent sur leur passage. Drago les ignore royalement, le menton haut, concentré sur les paroles de Ron. Sur le pas de son bureau, ce dernier pose une main confiante sur l'épaule de Drago, comme pour lui assurer son soutien et faire taire les murmures désapprobateurs. Puis, il le fait entrer dans son bureau avant de me faire signe de les y rejoindre.
Dans le bureau, Drago s'installe dans le premier siège vide, me lance un sourire simple, et je ne sais soudain pas comment me comporter avec lui.
On ne s'est pas beaucoup revus depuis notre retour. Pas en tête à tête en tout cas.
Nous avons pourtant passé du temps ensemble pendant les sessions de préparation au procès menées par Hermione, mais depuis il partage le reste de son temps entre son fils et le Département des Potionnistes. La préparation de nos témoignages pour le procès a été importante, longue et studieuse. Ils avaient pour but de corroborer les preuves implacables et les paroles certifiées récupérées par la Memoriae Captiva. Pendant le procès, il a fallu reprendre et répéter les éléments un par un, déjouer les contre-arguments, rester cohérents et sans faille face à la défense. Les contre-interrogatoires, menés par les avocats d'Aiden Rowland ont été tendus, agressifs et stressants. L'enjeu était de taille, pas de place pour les approximations et pas question de s'emporter face à leurs coups bas. Hermione nous avait heureusement obtenu un huis clos pour éviter les curieux et la presse sorcière, afin de nous concentrer exclusivement sur les preuves et les témoignages à charge qu'elle nous avait aidés à préparer. Pas vraiment le contexte idéal pour échanger posément avec Drago.
Ce matin, il est comme toujours tiré à quatre épingles dans un costume gris trois-pièces, avec un veston ajusté, dramatiquement élégant. J'ai la furieuse envie de l'embrasser, mais ça ne serait pas très professionnel. Alors je me contente d'esquisser un sourire en retour et je m'assois à distance respectable de lui, les mains au fond de mes poches.
Ron nous observe, amusé, quelques secondes derrière son bureau, puis nous sert des verres d'eau en attendant Hermione qui ne devrait pas tarder. Le silence s'étire, gênant. J'essaie d'éviter de croiser le regard de Drago, mais je ne trouve rien d'autre où poser mes yeux. Quand Hermione nous rejoint enfin, un épais dossier sous le bras, elle passe une main dans le dos de Drago, se penche pour lui coller une bise, puis vient m'offrir une accolade.
Elle dépose le lourd dossier sur le bureau de Ron et s'y assoit pour nous résumer les dernières condamnations post-procès.
— Les Aurors impliqués, NK et sa clique ont été relevés de leurs fonctions. Ils encourent des peines avec sursis pour trafic de reliques de magie noire et une interdiction formelle d'exercer au Ministère. Tiberius Ogden a été poussé diplomatiquement vers la retraite et un vote au Magenmagot va avoir lieu pour le remplacer. D'après les bruits de couloirs, il y a de fortes chances pour que sa place revienne à un sorcier que je connais de la Justice Magique, plus jeune et intègre. Rowland, lui, encourt une peine plus lourde. Sans surprise, il fait appel... Le connaissant, il va faire traîner la procédure et jouer la montre, mais à présent tous les regards sont tournés vers ses affaires louches et ses finances opaques, et plusieurs enquêtes internes ont été ouvertes, ça va bouger !
Elle tend la main pour boire une gorgée dans son verre d'eau, avant de reprendre.
— Ça va être long, mais il suffit d'être patients, toutes les preuves l'impliquent. Il pourra difficilement s'en sortir. Et quoiqu'il en soit, le dossier de Drago est à présent purgé. Techniquement, tu n'es plus soumis à une assignation du Magenmagot. Tu peux vivre où tu veux, voyager au-delà de Londres sans autorisation, et accepter n'importe quel poste partout dans le monde...
Tandis que Hermione partage la bonne nouvelle, je réalise que je n'avais pas songé à cette éventualité. Que Drago se barre loin de Londres, à présent qu'il le peut. Vu son excellence, il aurait l'embarras du choix auprès des plus puissants, et pourrait arrêter de se contenter d'enseigner à une poignée d'étudiants. Un désagréable sentiment d'appréhension me traverse, mais Drago se contente d'esquisser un sourire de gratitude.
— Merci, Granger. Il en fallait du cran et de la détermination pour tenir tête aux avocats de Rowland...
Celle-ci hausse les épaules et a du mal à dissimuler un sourire victorieux.
— Ils sont coriaces, mais je le suis d'autant plus, tu le sais. Ça prendra le temps qu'il faudra, mais la justice l'emportera. Je vais m'en assurer, promis !
Drago me jette un coup d'œil, comme s'il attendait une réaction de ma part, puis se tourne vers Ron.
— J'ai beau être libre dans mes déplacements à présent, je pense que je vais rester au Département des Potionnistes. Si vous n'y voyez pas d'inconvénients.
Ron approuve sans hésiter.
— Le Ministère a toujours besoin des meilleurs !
Hermione jette un œil à l'horloge murale, se redresse et s'excuse avant de filer, une autre l'affaire l'attend !
— Je bosse sur le cas Harris contre Johnson ce matin, Drago. Tu penses avoir du temps à m'accorder pour jeter un œil au dossier et vérifier ma contre-analyse sur l'usage non autorisé de l'élixir éternel ?
Ils sont déjà en train de discuter de l'affaire et des éventuelles limites de son analyse quand ils quittent le bureau de Ron. Je suis sur le point de retourner également à ma paperasse quand mon meilleur ami me retient.
— Tu veux en parler ?
— De quoi ?
— J'en sais rien. De cette chose étrange qui plane dans l'air...
— Je ne vois pas de quoi tu parles.
Ron lève les yeux au ciel, ouvre un tiroir et en sort une boîte ronde de biscuits qu'on lui a offert en remerciements d'une arrestation. Il la pose entre nous et part à la recherche d'un biscuit précis.
— Tiens, goûte ceux au cœur caramel, c'est un délice !
— C'est pas une forme de corruption de se faire offrir des gourmandises pendant une enquête ?
— Après une enquête ! C'est la vieille Burrows qui est venue la déposer, hier... mais dans le doute, ne dis rien à Hermione, hein !
Son rire est communicatif et je prends le temps de goûter le gâteau qu'il me tend. Le sablé au caramel beurre salé est effectivement à tomber. Ron pioche déjà un autre gâteau dans la boîte en métal avant de relancer la discussion.
— Je ne voulais pas croire Hermione, mais Malefoy a l'air d'être devenu un type bien...
Tandis que je me contente de hocher la tête en récupérant un autre gâteau bourré de calories, Ron poursuit.
— D'après tes rapports, il a vraiment été utile sur le terrain. J'ai comme l'impression qu'il s'est passé un truc dans ce temple égyptien que tu as passé sous silence... mais j'ai pu me rendre compte par moi-même que Malefoy a flippé quand tu l'as renvoyé à Londres. Tu sais, ce moment où t'as décidé de foncer tête baissée dans les emmerdes, tout seul, en plein désert, sans prévenir personne...
Je laisse passer. J'ai l'habitude des remontrances de Ron après chaque mission qu'il estime un tant soit peu dangereuse. Mais comme je ne réponds rien, il enfonce le clou.
— Il s'est vraiment inquiété pour toi.
— Je sais.
— Oh, tant mieux. Je croyais que tu n'avais rien vu et qu'il fallait que je te mette le nez dedans...
— On s'est pas mal rapprochés là-bas, cohabitation oblige, dis-je en mâchant difficilement un autre gâteau, bien trop sec.
— Je vois. Le principal, c'est que vous ne vous soyez pas entretués. Pour le reste, je ne sais pas ce qu'il y a entre vous, mais il a l'air de tenir à toi. Et un peu plus qu'un simple binôme, si tu veux mon avis...
Je lève les yeux vers Ron qui me dévisage et attend visiblement que je développe.
— Et ? Ça ne te paraît pas étrange ?
— Qu'une personne veuille le bien de mon meilleur ami, jusque-là non. Qu'il arrive à te supporter malgré ton caractère de merde, par contre si, complètement...
Ron part dans un éclat de rire face à ma grimace moqueuse et je manque de m'étouffer en avalant de travers la fin de mon gâteau. Nous finissons par en rire ensemble et il nous ressert deux verres d'eau pour nous en remettre.
Après une gorgée, je remue un peu dans mon fauteuil.
— En fait, je ne suis pas sûr de pouvoir lui donner ce que lui veut...
— Parce que tu as essayé de savoir ce qu'il veut ?
— Plus que du cul...
Ron manque de s'étouffer avec sa gorgée d'eau.
— Par Merlin, Harry ! Contrairement aux gazettes, je ne veux pas tout savoir de ta vie sexuelle...
Je soupire en resserrant ma prise sur mon verre.
— Je ne sais pas ce qu'il veut, exactement. Moi tout entier, j'imagine. La baise, et le reste, va savoir pourquoi... Une relation normale, stable et saine. Tout ce que je ne sais pas faire...
— Tu te prends trop la tête, Harry...
Ron est redevenu sérieux derrière son bureau.
— T'as le droit d'être heureux, tu le sais ?
Je me renfonce dans le fauteuil, troublé par sa remarque.
— Il m'a sorti la même chose...
Un sourire narquois se dessine sur ses lèvres.
— Définitivement un type bien...
Je détourne le regard. C'est difficile de parler de sentiments quand même moi je ne suis pas certain de ce que je ressens.
— C'est déroutant...
— Je peux imaginer.
Je lui lance un regard noir. Il est avec Hermione depuis presque vingt ans. C'était une évidence pour eux. Il n'est jamais tombé amoureux de son ennemi, qu'il a failli tuer et qui a choisi le mauvais camp pendant la guerre... Non, il ne peut décidément pas comprendre.
Comme s'il lisait dans mes pensées, il grimace un peu, se penche au-dessus de son bureau sur le ton de la confidence.
— Tu veux que je te donne un conseil ?
— Parce que tu t'y connais, toi ?
Il ne relève pas ma pique et continue sur sa lancée.
— Parle-lui, Harry. Ne le laisse pas dans le flou. Même si tu doutes, même si tu as besoin de temps, parle-lui...
On toque discrètement à la porte et je prends conscience que le temps d'un directeur de section est limité et que Ron m'a déjà offert le peu de temps qu'il peut m'accorder dans sa journée.
Il se lève pour me raccompagner.
— Malefoy a l'air patient et bien accroché, mais parfois tes signaux sont complètement pourraves, Harry. Fais un effort si tu ne veux pas qu'il baisse les bras.
Je n'ai pas le temps de protester que sa secrétaire lui tend des notes aux couleurs différentes selon leur importance. Je me faufile pour le laisser bosser, mais il me retient par la manche.
— Hé ! T'es différent depuis votre retour. Et entre nous, ça te va bien... Ne gâche pas tout.
*
Les couloirs du Département des Potionnistes sont baignés par une douce lumière artificielle qui provient de leur grande serre.
Les salles d'études sont plus tamisées et imprégnées d'un silence studieux qui me rappelle la bibliothèque de Mme Pince à Poudlard - où je n'ai jamais été très assidu. Dans les salles de pratique expérimentale, des étudiants sont penchés par petits groupes autour de tables de travail. Certains sélectionnent, un parchemin à la main, leurs ingrédients dans de grandes armoires vitrées, d'autres nettoient d'un geste de baguette des échecs cuisants qui semblent avoir débordés jusque sur les dalles du carrelage.
Tandis que je longe une grande salle vitrée pour atteindre le bureau de Drago, quelques têtes se lèvent et je ne peux les ignorer. J'entends des murmures et des messes basses sur mon passage. Quelques étudiants plus audacieux me font un signe de la main et viennent à ma rencontre. Les étudiants se montrent toujours admiratifs devant l'uniforme d'Auror - sans compter que ma réputation me précède. Leur intérêt est flatteur, même si je me sens maladroit quand les curieux commencent à former un cercle autour de moi.
— C'est vrai que vous avez affronté un dragon des sables, seul, pendant cette mission dans le désert ?
— On dit même que vous l'avez combattu à mains nues !
— Moi, j'ai entendu dire que vous avez réussi à l'apaiser et à le faire battre en retraite, c'est vrai ?
C'est quoi ces conneries ? Les rumeurs les plus farfelues ont toujours circulé sur mes missions d'Auror, mais je n'imaginais pas qu'elles avaient la vie dure jusque chez les étudiants de l'Académie. Je secoue la tête en me retenant de lever les yeux au ciel.
— Non, ce n'est pas vrai. Ce n'est pas du tout ce qu'il s'est passé. Les derniers dragons du désert sont d'ailleurs inoffensifs et, pour être tout à fait exact, ce sont des mages élémentaires qui se sont chargés de le repousser, sans violence...
Quelques moues semblent déçues, quelques sourcils dubitatifs se relèvent dans le cercle des curieux. J'essaie de poursuivre mon chemin pour rejoindre le bureau de Drago.
— On dit aussi que vous avez stoppé un rituel de magie noire au cœur d'une ancienne pyramide sacrée, ce n'est pas vrai non plus, alors ?
Je m'immobilise à nouveau.
— Si, ça, c'est vrai. Mais je n'étais pas vraiment seul...
Quand je prends le temps de me retourner, je constate à leurs mines mi-admiratives, mi-sceptiques qu'ils s'attendent à ce que je développe.
— Il y avait bien un rituel de magie noire dans ce temple, mais j'avais des renforts pour l'arrêter. Par contre... ce qu'on ne dit pas assez c'est que, pendant cette mission, j'ai surmonté certaines blessures grâce à des potions de soins parfaitement dosées. Sans compter que je n'aurais pas pu ramener l'ensemble des preuves sans une certaine potion complexe, concoctée et créée, ici même...
Vraiment ? Wow ! Certains se redressent un peu, approuvent mes paroles. Certains se répètent entre eux ce que j'ai dit, pas peu fiers d'avoir choisi cette spécialité pour leurs études, et je profite de leurs commentaires enthousiastes pour battre en retraite et m'engouffrer dans le bureau de Drago qui observait jusque là l'échange d'un œil amusé.
— Rassure-moi, tu ne vas pas les oublietter en partant ?
— Tant qu'ils restent discrets...
Il jette un regard à ses étudiants à travers la vitre : tous les regards sont encore portés sur nous et les chuchotements ne se sont pas taris.
— Attends, je reviens...
Drago retire ses gants en cuir, sort sur le pas de son bureau et tape dans ses mains pour ramener le calme dans la salle.
— Un peu de concentration, jeunes gens ! Remettez-vous par groupe de deux ou trois autour des chaudrons, et travaillez le dosage fréquentiel de la poussière de pierre de lune. Que ceux qui le maîtrisent accompagnent ceux pour qui c'est plus difficile. Partagez votre savoir, entraidez-vous, prenez votre temps et pratiquez ! Je veux que chacun maîtrise ce geste en fin de journée...
Drago n'a pas eu besoin d'élever la voix que les étudiants s'exécutent et se réorganisent en petits groupes sur les tables de travail.
Quand il revient dans le bureau, il referme doucement la porte et contourne son bordel organisé pour aller mélanger le chaudron sur lequel il travaillait avant mon interruption.
— Ces jeunes ne sont pas difficiles, mais ils se font tout un monde du statut d'Auror. Tu pourrais leur donner des cours, leur expliquer en quoi consiste le quotidien d'un officier, les coulisses du métier... Ceux qui se destinent à devenir potionnistes d'état auront à fréquenter régulièrement des Aurors.
— Moi, donner des cours à ces morveux ?
— Pourquoi pas ?
— Et se coltiner des admirateurs sans borne à longueur de journée, non merci...
— Ils admirent ton personnage public. Peut-être que de leur parler de la réalité du terrain et de ton expérience te rendra juste plus humain à leurs yeux...
Je jette un œil aux apprentis potionnistes concentrés sur leur pierre de lune qu'ils réduisent en poudre, Drago poursuit.
— Cette génération est prometteuse. Elle est déjà bien engagée contre la corruption et l'injustice. Ils te surprendraient, je t'assure. Ils vont faire mieux que nous, c'est certain !
Quelle idée ! Moi, enseigner dans ce genre de salle ? D'où est-ce qu'il sort ça ?
— J'ai aucune patience, tu le sais...
Drago sourit au-dessus de son chaudron.
— Je sais. Mais je sais aussi que tu te cherches des excuses... Ça pourrait être des interventions courtes et ponctuelles, à ton rythme. Ça te changerait un peu du terrain... Je te laisse y réfléchir.
Il a une capacité à voir en moi des choses que je n'effleure même pas.
Comme pour clore la conversation, il chausse ses lunettes de protection pour ajouter un ingrédient potentiellement instable à sa potion, remue lentement le contenu, puis baisse le feu.
— C'est la Memoriae Captiva ?
— C'est elle...
Il remonte ses grosses lunettes cerclées de cuir sur le haut de sa tête, retire ses gants et griffonne quelques notes dans un carnet.
— Je continue mes tests pour la stabiliser et réduire son temps de préparation. J'ai quelques pistes concluantes sur la simplification des ingrédients qui pourrait améliorer sa conservation et, en synthétisant certains éléments, on pourrait raccourcir certaines étapes de la préparation, comme la maturation des feuilles de...
Il lève soudain les yeux vers moi, fronce les sourcils en me détaillant.
— Mais tu t'en fiches, n'est-ce pas ?
Hors de question que je lui avoue que j'ai décroché assez vite dans ses explications techniques.
— Je ne me fiche jamais de ce que tu fais, je me défends en faisant tourner une fiole au contenu étrange entre mes doigts.
Il se redresse complètement, me reprend la fiole des mains en me montrant l'étiquette où s'affiche une tête de mort surmontée d'un "Danger", puis la place hors de ma portée.
Je grimace un peu, contrarié. Qui laisse traîner des choses aussi dangereuses sur son bureau, par Merlin ?
J'enfouis mes mains au fond de mes poches, me balance d'un pied sur l'autre, ne sachant que faire, en attendant qu'il finisse de prendre des notes sur son carnet.
Quand il éteint enfin le feu sous son chaudron et dépose sur son bureau ses gants de protection, je me lance et aborde le sujet de ma venue.
— Tu me fais visiter ta serre ?
— Depuis quand tu en as quelque chose à foutre des plantes ?
— Ta collection de pierres subsahariennes, alors ? Ou le Jardin botanique du sanatorium ?
Drago hausse un sourcil au-dessus de son carnet dans lequel il continue de griffonner.
— Qu'est-ce qu'il se passe, Harry ?
Je fais claquer ma langue, agacé qu'il ne comprenne pas de lui-même, et lui montre le panier de pique-nique posé dans le couloir.
— Rien ! J'ai apporté de quoi manger ensemble pendant ta pause. Emmène-moi où tu veux, merde !
Drago hausse un sourcil surpris et se met soudain à rire. J'ai l'impression qu'il se fout de ma gueule, mais il range sa plume et son encrier, s'assure que son chaudron est bien éteint, puis retire sa blouse de travail.
— Je sais où aller dans ce cas, viens...
Je récupère le fichu panier et je lui emboîte le pas le long des salles d'études vitrées, puis à travers la grande serre botanique. Au fond d'un couloir, il prend un ascenseur qui nous descend de quelques étages dans les sous-sols de Ste Mangouste, passe devant une petite chapelle au bout d'un service, et pousse enfin la porte d'un jardin dont j'ignorais complètement l'existence.
— C'est là que peuvent se balader les patients en voie de rémission, m'explique-t-il.
L'illusion d'un jardin japonais est troublante de réalisme. Dans l'allée centrale, une infirmière pousse le fauteuil roulant d'un patient qui observe avec attention le majestueux cerisier dont le cycle de floraison semble être magiquement accéléré. Quelques patients marchent lentement le long d'un cours d'eau, d'autres profitent de la luminosité artificielle, assis sur un banc.
Drago m'interrompt dans ma contemplation et me fait signe de le suivre. Il s'écarte du chemin principal où la plupart des patients en convalescence se dégourdissent les jambes, puis contourne le vieux temple qui se dresse au milieu du jardin. À l'arrière, il longe un jardin sec où des motifs zen s'animent magiquement dans le sable, puis rejoint un banc face à un étang où des carpes koïs nagent tranquillement.
Je cale le panier entre nous, en sors les sandwiches que j'ai achetés en venant et tends le sien à Drago. Nous mangeons, d'abord sans un mot, en profitant de l'instant. Le clapotis de l'eau et le chant des oiseaux sont apaisants, je n'aurais pas imaginé mieux pour un pique-nique improvisé. Et puis quand le silence me semble trop long, je reviens à un sujet de conversation sur lequel je suis à l'aise.
— On a reçu de nouveaux témoignages anonymes sur les pressions exercées par Rowland. Hermione avait raison, les langues commencent à se délier et d'autres services sont maintenant déterminés à en faire un exemple dans la lutte anticorruption... Ça risque d'être long, mais on ne lâchera pas l'affaire.
Drago a déplié une serviette sur ses genoux et termine son sandwich avec une application toute guindée. C'est pourtant lui qui me détaille, amusé.
— Quoi ? Je pensais que tu aimerais être tenu informé de l'avancée de l'enquête...
Drago hoche la tête, s'essuie le coin de la bouche, nettoie chacun de ses doigts.
— Ça m'intéresse. Mais c'est quoi ça, du coup ? Un pique-nique sur le pouce ? Un déjeuner d'affaires ? Un rendez-vous romantique ?
Je lève les yeux au ciel, en soupirant exagérément.
— Tu m'emmerdes, Malefoy ! Interprète ça comme tu veux. Ce qui te fait plaisir !
Drago jette un œil autour de nous, mais il n'y a personne dans ce coin du jardin. Il tend le bras sur l'assise du banc pour caresser ma nuque. Son pouce trace des cercles tendres à la base de mes cheveux. Bon sang, qu'il ne s'arrête jamais ! Mais il s'interrompt pour se pencher vers moi.
— Dis, est-ce que... je peux t'embrasser ?
Son regard clair et déterminé me file des frissons. J'essaie de ne pas rougir, mais mon ventre se serre comme un adolescent soudain intimidé.
— Et si tu arrêtais de me demander la permission à chaque fois ?
— Je sais que tout ça te fait flipper. Je ne veux pas te mettre la pression...
Je me penche à mon tour pour lui donner la foutue autorisation qu'il attend.
— Je n'ai pas peur...
— Menteur, dit-il en souriant.
Et puis, il n'y a plus que ses lèvres sur les miennes. Mon menton parsemé d'une barbe râpeuse abîme sa peau délicate, mais il s'en fiche. Il m'embrasse comme toujours, avec une tendresse déroutante, en faufilant ses doigts dans ma nuque pour me rapprocher de lui. Quand il s'écarte, il me détaille, des mots trop sérieux au bord des lèvres. J'ignore si je mérite toute cette affection, et ce quelque chose en plus que j'ai effectivement peur de nommer. Comme pour ne pas me faire fuir, il se redresse, sort du panier un paquet de chips qu'il ouvre et change de sujet.
— C'était ce week-end que tu passais juste avec Albus. Comment ça va avec lui ?
Il me tend le paquet dans lequel je pioche une poignée de chips que je pose sur mes genoux, à même ma cape. Sous son regard noir et étant donnée l'assiette qu'il me tend, je change de technique pour me servir correctement pour ne pas le froisser.
Il dispose à son tour quelques chips dans son assiette, qu'il picore proprement et j'estime qu'on a évité l'incident diplomatique.
— Ça a été, on a passé tout le dimanche ensemble.
— Il a fait un temps radieux. Qu'est-ce que vous avez fait, du Quidditch ?
— Albus déteste le Quidditch...
Drago hausse exagérément les sourcils.
— Ouais, je sais pas ce que j'ai raté à ce niveau-là. Le Quidditch, c'est notre truc avec James. Avec Albus, on n'a pas grand-chose en commun à vrai dire, mais on est allés au Planétarium - merci pour le conseil - on y a passé la journée, littéralement ! Je crois que ça lui a plu...
Drago esquisse un sourire.
— Il s'entendrait bien avec Scorpius. Il passe ses soirées le nez dans ses bouquins de constellations...
— Plus que ses planètes, je crois que ce qu'il a vraiment aimé, c'est qu'on passe du temps ensemble. Juste nous deux, loin du quotidien. Finalement, on a pas mal discuté, de tout et de rien...
— Albus est un garçon sensible. Il a besoin d'exprimer ses émotions. Pas comme son père...
Je lui balance une chips vinaigrée pour le faire taire, il s'offusque de mes manières avant de se marrer.
J'ai peur que sous sa remarque, il me reproche de ne pas savoir exprimer ce que je ressens. C'est peut-être facile pour lui, mais ça n'a rien d'évident pour moi. C'est juste flippant. Mais il ne dit rien, on reste quelques minutes, silencieux, à profiter du calme du jardin japonais.
Je pars à la recherche des muffins myrtilles que j'ai calés au fond du panier. Quand je tends le sien à Drago dans une petite assiette, il sourit de l'attention.
— C'était cette semaine que tu voyais l'avocat d'Astoria...
Drago finit sa bouchée et hoche la tête.
— Ça a été rapide et ça ne changera rien à notre quotidien. On vivait déjà dans des maisons séparées ces dernières années, la séparation sera juste officielle sur les papiers. Et puis Scorpius est grand, il comprend. Bientôt, il n'aura même plus besoin de son vieux père !
— T'es pas si vieux !
— Tu dis ça parce qu'on a le même âge...
Il s'esclaffe et on finit par rire ensemble de notre quarantaine qui approche à grands pas.
Je le détaille du coin de l'œil. À mes yeux, il reste toujours aussi attirant, à croire qu'il se bonifie avec le temps, et rien à foutre des années qui passent.
Et puis, trop vite, il vérifie l'heure sur sa montre à gousset.
— Je vais devoir y retourner. Un cours à donner. Mais on peut se le refaire à l'occasion, ça me plaît...
— Quoi donc ?
— Ces rendez-vous qui ne sont pas des rendez-vous.
Je hausse exagérément les yeux au ciel.
— Si tu veux, mais fais ça bien, je suis exigeant !
Il se met à rire.
— Ce n'est même pas vrai ! Un match de Quidditch, une barquette de fish and chips, suivis d'une bonne baise te suffirait...
Je m'offusque rien pour la forme.
— À t'entendre, je sortirais avec n'importe qui ! Tu crois que je suis un mec facile ?
Drago se contente de lever un sourcil narquois.
— Ce n'est pas le cas ?
J'époussette les miettes de ma cape, fais léviter les assiettes et nos couverts d'un geste de baguette dans le panier au fond magique et finis par me racler la gorge pour faire passer l'hésitation.
— Je ne vois personne en ce moment, tu sais... Personne depuis notre retour du désert.
— Alors quoi ? J'ai gagné l'exclusivité de baiser le Grand Potter ?
— Peut-être. Mais si tu continues de m'emmerder, je peux encore changer d'avis...
Drago secoue la tête en riant mais, quand il se lève, il me tend la main et m'aide à me redresser.
Il me tient contre lui un peu trop longtemps, jette un regard alentour pour s'assurer que ce coin du jardin est toujours désert, et se penche pour m'embrasser de nouveau.
Ça me gonfle de le reconnaître, mais difficile de se lasser de ses baisers d'une tendresse infinie. Comme s'il déposait un concentré d'amour juste là, dans le creux de mes lèvres. C'est tellement ridicule et agréable.
Quand il s'écarte, le silence s'étire et il reste là, à me détailler de trop longues secondes.
— Si tu savais combien je...
La panique remonte soudain dans ma gorge. Je fais un pas en arrière, mais il garde ma main dans la sienne, la presse un peu comme pour me rassurer.
— Combien j'aime ces moments qu'on passe ensemble.
Il s'est rattrapé au dernier moment. À tous les coups, il allait déballer ses sentiments, si évidents, et je n'aurai pas su quoi lui répondre.
Laisse-moi du temps, lui ai-je demandé quelques jours plus tôt.
C'est encore difficile de mettre des mots sur ce que je ressens avec lui.
Pourtant j'aime qu'il soit à mes côtés. Ressentir ses foutus papillons et cette agaçante paix intérieure. J'aime la personne que je deviens quand je suis avec lui. J'aime voir à quel point je compte au fond de ses yeux. J'aime qu'il ait envie de moi et qu'il soit prêt à être patient avec mes sentiments chaotiques et mes traumas en pagaille .
Ma main dans la sienne, quelques craintes me chatouillent encore le ventre, mais son calme et sa patience les apaisent. Je ne suis pas sûr de comprendre ce qu'il fiche avec un gars instable comme moi. J'inspire et expire, pour faire refluer la peur, comme il a essayé de m'apprendre. Il finit par lâcher ma main pour finir de ranger le panier de provisions.
— En parlant de rendez-vous, réserve ta soirée de vendredi.
— Pourquoi ? Tu m'emmènes où ?
Un sourire étire ses lèvres.
— Un gentleman ne révèle pas ses plans à l'avance !
C'est vrai qu'il a des airs de gentleman, à ne pas vouloir se contenter que de sexe, à vouloir qu'on se parle, qu'on communique, qu'on partage nos peurs et nos inquiétudes. Autour de nous, j'ignore si les feuilles flamboyantes de l'érable japonais ou même les carpes koï ne sont que d'habiles illusions d'un sorcier doué en charmes, mais je sais que les sentiments que j'ai pour Drago, eux, sont réels. Même si j'ai encore besoin de temps pour les apprivoiser.
*
Ce soir-là, face à Drago, je me sens décidément trop guindé.
J'ai passé mille ans devant ma penderie, à hésiter sur quelle tenue choisir pour être un tant soit peu à sa hauteur, tout en stressant comme un adolescent en pâmoison.
Sur le palier de mon appartement, Drago me détaille de la tête aux pieds. Lui est habillé décontracté, un pull négligemment jeté sur ses épaules.
— Tu ne m'as rien dit sur le dresscode, alors...
— Tu es très élégant, Potter. Toujours plein de surprises...
J'ignore s'il est sincère ou s'il se fout de ma gueule, mais il me fait signe de le suivre et je n'ai pas le temps de me changer. Tandis qu'on se dirige vers le quartier sorcier, il me jette un regard en coin.
— Par curiosité, qu'est-ce que tu imaginais comme soirée ?
— Aucune idée ! T'as pas été foutu de me donner un indice ! Une soirée guindée, un gala de charité, un opéra, qu'est-ce que j'en sais !
Drago me sourit, amusé, alors que je commence à me sentir plutôt d'humeur vexée.
— Je ne t'aurais pas infligé une soirée mondaine sans te prévenir. Et puis, techniquement, ça fait un moment que je ne suis plus invité dans ce genre d'évènements. Non, comme je peux à nouveau quitter Londres, je voulais t'emmener loin de la ville.
Il me tend la main.
— Tu me fais confiance ?
Évidemment. Même si la méfiance constante reste tapie dans un coin de mon esprit, avec lui j'apprends à baisser mes défenses.
Le crochet du transplanage me tord le nombril, les lumières de la ville tourbillonnent et l'air pur de la campagne est la première chose que je remarque quand on atterrit.
J'essaie de me repérer, mais la nuit est noire autour de nous. Aucune pollution lumineuse ne vient troubler les environs.
— On est où ?
— Dans les Black Mountains, Pays de Galles. C'est l'une des réserves les plus connues pour observer les étoiles. Certes, ce n'est pas aussi vaste que dans le ciel du désert, mais c'est déjà quelque chose.
Il me prend la main et nous fait emprunter un sentier qui grimpe jusqu'en haut d'une colline. Là, il étend une couverture confortable au sol, s'y installe et me tend un plaid. Il fait encore doux, on n'entend que le bruit des insectes et le bruissement du vent dans les feuilles des arbres. Face à nous et au-dessus de nos têtes, la voûte céleste s'étend, immense et infinie.
Drago, le nez levé vers les étoiles, essaie de repérer certaines constellations qu'il a potassées avec Scorpius, puis il se penche pour me les montrer. Il tend le bras, dessine des formes géométriques en partant de l'étoile Polaire. Il me parle des Pléiades, de la constellation d'Orion et même de Vénus, mais je ne sens que son souffle dans son cou et son odeur, si proche, que j'apprends à reconnaître.
Tandis qu'il observe les étoiles, j'en profite pour le détailler avec attention. Ses traits sont détendus, des mèches nacrées échappées de sa natte accrochent les rayons de la Lune. Je repense à mes nuits en solitaire pendant ma traversée du désert, ces tableaux nocturnes majestueux que j'aurais aimé partager, et l'évidence me frappe : c'est lui, la pièce du puzzle qui me manquait pour que je sois de nouveau complet.
Il se tourne vers moi, esquisse un sourire, avant de s'allonger sur la couverture et croiser les bras sous sa tête. Je fais de même en me plongeant dans cette voûte céleste infinie. Ce genre de rendez-vous vaut décidément mille fois mieux qu'un foutu gala de charité !
À un moment, je me rends compte qu'il me dévisage moi, au lieu de surveiller le ciel. Le silence confortable s'étire un moment entre nous et j'ai l'envie furieuse de l'embrasser.
Drago n'esquisse pourtant aucun geste, comme s'il acceptait d'y aller à mon rythme, alors je bascule sur le côté, me rapproche de lui, dépose un baiser sur ses lèvres avant d'enfouir mon nez contre son oreille.
— Merci.
Il s'écarte de moi, fronce les sourcils.
— De quoi est-ce que tu parles ?
— Merci pour ta patience, merci d'être là, merci pour cette soirée, j'en sais rien... Je suis pas doué pour ça, mais j'aime... t'avoir à mes côtés, Drago.
Il entrelace ses doigts aux miens et les serre.
— Alors, merci d'accepter de me faire une place dans ta vie.
J'ai le cœur qui bat plus vite. Drago a toujours eu une place spéciale dans ma vie. La tournure que prend notre relation n'est pas si étrange.
Il se penche à son tour pour déposer un baiser chaste sur mes lèvres, puis se rallonge et m'invite à venir poser ma tête dans le creux de son épaule avant de resserrer son bras autour de moi.
On reste un moment silencieux, l'un contre l'autre, à la fois insignifiants et invincibles, à profiter de ce ciel immense, et puis je brise le silence, à contrecœur.
— Pourquoi ?
— Quoi donc ?
— Pourquoi moi ?
— Ça a toujours été toi, Harry. Tu es la personne la plus courageuse que je connaisse...
— Pfff, qu'est-ce que tu racontes ?
— La plus courageuse, mais aussi la plus vulnérable. Et sans doute la plus insupportable ! Tu es un vrai mystère pour moi. J'ai passé des années à te détester pour ce que tu me faisais ressentir et puis des années à t'ignorer, pour essayer de t'oublier. Il a suffi de quelques jours à peine pour que je rechute, et fort. Je n'y arrive pas, à ne pas t'aimer...
Il plante un baiser contre ma tempe.
— Le monde pourrait s'effondrer qu'on serait toujours là, toi et moi, à se tourner autour. Sauf que je n'ai plus envie de perdre mon temps, Harry. Je serai patient, je te l'ai dit, et, cette fois, je reste dans les parages.
Les mots se bloquent dans ma gorge douloureuse, mais je le serre contre moi pour lui faire comprendre ce que je n'ose pas encore formuler.
*
Penché sur le bureau de Ron, Drago parcourt les longs parchemins avant de les signer d'une écriture raffinée et élégante.
— Au lieu de te marrer, Weasley, tu as bien inséré la clause comme quoi à la moindre prise de tête, je me barre ?
Ron me jette un regard en haussant les sourcils, il a du mal à retenir un sourire amusé. Drago se redresse et le dévisage avant de se tourner vers moi.
— Je suis sérieux, Potter ! Je te préviens, c'est à l'essai et, à la moindre prise de tête, j'arrête.
Je hoche la tête pour lui assurer que j'ai bien intégré ses conditions tandis que que Ron prend le temps de vérifier que tous les parchemins sont bien conformes.
— Et bien, félicitations, Malefoy ! Tu es officiellement un consultant assermenté - ponctuel, oui, c'est noté ! - sur les affaires extérieures des Aurors.
Il appose un tampon du Ministère au bas des parchemins, et secoue la tête, en riant.
— Ça valait le coup de survivre à la Grande Bataille, juste pour voir Harry Potter et Drago Malefoy devenir binômes sur le terrain...
— Consultant ! précise Drago en tapotant le parchemin.
— Je sais bien, mais c'est ce qui se rapproche le plus d'un binôme pour Harry.
Binômes. Ron sait pertinemment ce que c'est un peu plus que cela, mais il a la décence de rester discret sur notre relation balbutiante.
— Si vos premières missions officielles sont concluantes, on pourra redéfinir ton contrat... Personne n'a jamais supporté Harry aussi longtemps, alors je te souhaite bien du courage, et on en reparle à votre retour !
Voir Ron plaisanter avec Drago est troublant. Comme si deux univers qui évoluaient jusque là en parallèle entraient soudain en collision. Sauf que mon monde ne s'est même pas effondré. Peut-être que toutes ces craintes ne sont pas fondées, peut-être qu'ils ont raison et que je m'empêche tout seul d'être heureux...
Tandis que Drago s'apprête à quitter le service, je le rattrape juste avant qu'il ne prenne l'ascenseur.
— J'ai oublié un truc ?
Je fais un pas dans le couloir pour nous soustraire aux quelques regards encore méfiants à l'étage des Aurors.
— Ça te dit qu'on se voit ce vendredi ? Ou tu seras avec Scorpius ?
— Il est avec Astoria ce week-end. On peut se voir, si tu en as envie...
— J'en ai envie.
Bien. Il esquisse un sourire, tend la main pour caresser discrètement mes doigts et finit par filer. À vendredi, alors.
Je sais qu'accepter de sortir avec Drago Malefoy, ça pue l'embrouille, les prises de têtes, les fantômes du passé, les blessures mal refermées. Mais contre toute logique sensée, il me connaît par cœur, il est patient, attentionné et je me sens bien avec lui.
Des sentiments que je n'ose pas verbaliser tourbillonnent dans mon ventre quand je suis à ses côtés et, comme un ado en pâmoison, j'ai déjà hâte d'être à notre prochain rendez-vous. C'est le cœur gonflé que j'imagine que ça ne pourrait être que le premier d'une longue série...
***
Allez, plus qu'un petit épilogue pour boucler tout ça ! Merci de votre patience et de votre fidélité au fil des semaines...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top