Chapitre 24
TW : scène de sexe indiquée entre crochets si vous souhaitez l'éviter
Drago a évité l'hôtel miteux et réservé une chambre dans la pension au jardin exotique.
Même étage, même chambre avec ses deux lits, même vue sur le patio. C'est comme si je rentrais à la maison, la sensation est ridiculement agréable.
Drago pose sa besace sur son lit et propose de me laisser la salle de bains, mais je tiens à écrire mon rapport à Nigel avant de me poser complètement. J'enlève mes bottes et ma cape sale sur le pas de la chambre, puis tire un parchemin mis à disposition sur le petit bureau.
Drago lance un sort de nettoyage sur ses vêtements pour chasser toute trace de sable, avant de s'enfermer dans la salle d'eau comme à son habitude. Quand il en sort, il a revêtu son ensemble en soie. J'ai jamais compris si c'était son pyjama ou un vêtement d'intérieur très chic. Il se penche par dessus mon épaule pour jeter un œil à mon rapport, et je le laisse faire. Je n'ai plus rien à lui cacher, il connaît toute l'histoire, les tenants et les aboutissants, et il se révèle souvent de bon avis. Ce soir, il se contente de se moquer de mes pattes de mouches illisibles, même sans sort de confusion.
Puis il pose son coffret de potionniste sur son lit, en sort quelques fioles dont il examine la contenance et met de côté celles qu'il va devoir renouveler. En attendant que je libère le petit bureau, il prend le temps de défaire sa tresse pour démêler ses cheveux comme il le fait depuis des semaines, en laissant sa tignasse tomber en cascade sur ses épaules. Je commence à connaître ses gestes par cœur : il passe patiemment ses doigts dans ses cheveux pour les défaire, les brosse avec un peigne hors de prix et puis, mèche par mèche, les enduit d'une crème de soin avant de refaire sa natte dans des gestes lents. Malgré les semaines, le spectacle reste toujours aussi hypnotique à observer.
Quand je termine mon rapport sur les évènements des derniers jours, je m'enferme à mon tour dans la salle d'eau. Sous le jet de la douche, j'essaie de chasser les sentiments contradictoires qui se bousculent en moi. C'est agréable qu'il soit là, à mes côtés. Surprenant, mais réconfortant. Même si ça reste Malefoy avec sa patience si agaçante et son flegme inébranlable.
Au bout d'un moment, je coupe l'eau, tends la main vers ma serviette, puis j'entrouvre la porte pour chasser la buée qui masque le miroir. Je sors récupérer ma baguette laissée sur la table de nuit et des fringues de rechange, puis j'examine mes blessures en me contorsionnant tant bien que mal face au miroir. Quelques égratignures sous le menton et sur la pommette facilement soignables, les entailles des coups de sabre sur les côtés en revanche sont plus importantes que ce que j'imaginais et vraiment mal placées, sans compter l'énorme bleu qui s'étend au niveau de mes reins. En me tournant devant le miroir, je repère quelques entailles sur l'omoplate que je n'avais pas encore senties. Je grimace un peu, mais je réussis à trouver une position compliquée pour poser le bout de ma baguette sur la première blessure.
— Qu'est-ce que tu fiches ? Tu vas te jeter un maléfice cuisant tout seul !
Drago est assis au bureau, ses longs cheveux encore défaits, et il m'observe attentivement par-dessus ses lunettes de lecture. Mon cœur rate un battement et je bats des cils de trop longues secondes avant de quitter des yeux ce tableau des plus troublants. Il a beau me reprocher de me balader en serviette dans la petite chambre, se pavaner ainsi les cheveux défaits devrait clairement être prohibé. Le découvrir au fil des jours, si différent de mes souvenirs, si vulnérable au quotidien, le rend terriblement attirant.
— Et si tu me foutais la paix, Malefoy ? J'ai l'habitude de me soigner seul, tu sais...
— Vraiment ? J'ai pourtant l'impression que tu fais n'importe quoi, là !
Nos échanges cinglants m'avaient manqué.
Plus personne n'ose vraiment me tenir tête, à part Ron et Hermione qui n'hésitent pas à me remettre à ma place quand je fais de la merde. Drago quitte ses lunettes de travail, se lève et vient ouvrir en grand la porte de la salle d'eau. Il me retire d'un geste ma baguette des mains et baisse les yeux pour constater les cicatrices dans mon dos. Il ne tarde pas à râler comme s'il commentait une œuvre d'art particulièrement ratée.
— Quel massacre ! Tu sais, quand elles sont bien soignées, les blessures ne laissent pas autant de traces. Un sort bien appliqué en complément d'un onguent et tu peux les atténuer proprement.
Il fait léviter sa besace de médicomage pour la rapprocher de lui, les fioles tintent sous ses doigts quand il commence à fouiller dans son bordel.
— À moins que tu n'apprécies particulièrement frimer avec tes cicatrices de Héros auprès de tes plans cul ?
Il esquisse un rictus tout en sortant de sa trousse quelques flacons, comme s'il se foutait de ma gueule. Dans la salle d'eau trop petite, je me contorsionne un peu pour lui montrer une vieille cicatrice sur le flanc.
— Celle-là, c'est un dragon pendant la Coupe de Feu, tu te souviens ?
L'époque où détester Malefoy était simple. L'époque où j'avais mille raisons de le repousser et de le blesser.
— Celle-ci, un match de quidditch qui a dégénéré, mais que j'ai remporté in extremis...
L'époque où tout était plus simple, le monde binaire, amis et ennemis, où les lignes n'étaient pas si floues et l'inconnu si flippant.
— Celle-là, un éclat de sort pendant une interpellation il y a quelques années, ils étaient quatre ou cinq face à moi. Et puis celle-là, c'est un sort mal dévié...
Pourquoi tout est si compliqué aujourd'hui ? Pourquoi le chemin n'est-il plus une simple ligne droite à suivre, sans se poser de questions ? Que c'est flippant de faire ses propres choix...
J'observe Drago dans le miroir qui ne saisit pas mes perches tendues et se contente de tâtonner, ses mains sur ma peau, à la recherche de la prochaine blessure à soigner.
Il alterne les sorts de soin du bout de sa baguette et une touche de son baume régénérant. Il est attentionné, prévenant et soigne chacune de mes blessures avec patience et minutie.
Alors qu'il s'attaque à une estafilade sur mon omoplate, il me répond enfin.
— Tu n'as pas besoin de frimer avec moi, Potter...
Je le dévisage dans le miroir, mais il ne daigne pas lever les yeux vers moi, trop occupé à panser mes plaies.
Le retrouver par hasard, des années après, a été si douloureux.
Dès nos retrouvailles dans la serre, nos différences manifestes d'évolution ont été difficiles à accepter. Comment a-t-il fait pour grandir et mûrir à ce point, quand moi je galérais autant ?
Par la suite, ça a été plus simple de garder les barrières hautes, de continuer de le détester par principe, même s'il n'y a plus aucune réelle raison aujourd'hui. Être exécrable avec lui aurait dû le tenir à distance, comme je le fais si bien avec le reste du monde. Ça aurait dû le décourager, le dégoûter du Grand Potter, mais il est encore là. Il a toujours été là.
Quand est-ce que ça a dérapé exactement ?
Dès qu'il a accepté de rester malgré l'illégalité de la mission ? Quand il a commencé à me préparer des potions l'air de rien pour que je dorme mieux ? Merde, est-ce que j'avais déjà basculé quand il essayait de me canaliser quand je déconnais avec un témoin ? Ou quand je l'observais à la dérobée, si patient, penché jour après jour au-dessus de son fichu chaudron ? Et puis comment ignorer un Malefoy qui prononce avec tant d'élégance la formule de la Memoriae Captiva ?
Je me tourne lentement et m'appuie sur le rebord du lavabo. Je repense à notre dernière baise dans l'autre salle de bains, et de nouveau l'envie me court dans les veines.
Drago suspend son geste et avise les entailles toutes récentes sur mon flanc en grimaçant. Une longue mèche nacrée s'échappe devant ses yeux que j'ai envie de replacer derrière son oreille. Il souffle pour la dégager afin de rester concentré sur mes blessures à soigner.
— Pourquoi t'es revenu ?
— Parce que tu ne sais visiblement pas t'occuper de toi tout seul...
Ses mains sont douces sur ma peau, je tressaille en constatant combien elles m'ont manqué. J'avais pas vraiment prévu ça au programme.
— Je te manquais ?
— Tu es insupportable à vivre, pourquoi est-ce tu m'aurais manqué ?
La peau des garçons d'un soir est souvent oubliée dès le lendemain : du plaisir juste pour du plaisir, pas d'engagement ni de questions. Drago, lui, est comme un joyau inaccessible.
Je lui dois mes premiers émois d'adolescent, mes premières envies interdites, quand je pensais encore que cette attirance à tendance obsessionnelle n'était qu'une passade et que je reviendrai un jour dans le droit chemin de l'hétérosexualité.
Les années ont passé et j'ai accepté que ce n'était pas qu'une passade.
Drago a disparu de la circulation et ma mémoire avait sagement rangé ces envies furieuses sous le tapis.
Avoir envie de lui est juste un réflexe d'enfant gâté : vouloir ce qui m'est inaccessible quand je peux pourtant avoir tout le reste.
Nos premières branlettes en silence auraient dû apaiser cette envie qui a refait surface sans prévenir. Elles auraient dû combler cette frustration et me permettre de passer à autre chose. Mais c'est tout l'inverse qui s'est produit : j'ai eu envie de plus, j'ai eu envie de lui tout entier, même si je savais que ça serait une foutue mauvaise idée de céder à la tentation.
Alors, j'ai essayé de le tenir à distance de la pire des façons, en espérant très fort que ça passe, comme à l'époque de Poudlard.
Mais aujourd'hui, difficile de ne pas être séduit par un Malefoy qui tient tête à Nigel avec des arguments posés et convaincants, un Malefoy qui me connaît au point de savoir exactement comment je préfère mon thé, un Malefoy dont la présence se révèle réconfortante, même au réveil. Étrange sensation par ailleurs que je n'avais pas ressentie depuis Ginny et la naissance des gamins, quand on prenait encore le temps de larver le matin entre les draps...
Un Malefoy qui essaie de me comprendre même quand je ne le mérite pas.
Un Malefoy si déroutant à côtoyer, mais qui est de nouveau là, malgré mon caractère de merde.
Un Malefoy qui parcourt ma peau de ses doigts fins à la recherche d'une prochaine blessure à soigner, sans dire un mot. Et ce silence m'oppresse.
— Je m'en serai sorti seul...
— Je sais.
— J'ai pas besoin qu'on me chaperonne.
— Je ne suis pas revenu pour ça.
— Je pensais pas te revoir de sitôt
— Tu veux que je me barre ?
— C'est pas ce que j'ai dit...
— Et si tu te contentais de la fermer alors ?
Je ne retiens pas un sourire.
Ça n'aurait pas dû se passer comme ça, mais bordel, comme il m'a manqué en seulement quatre jours !
[
Il fait un pas en arrière pour jauger la qualité de ses soins et part à la recherche d'une autre estafilade à soigner.
Je lui prends le flacon des mains, pose le baume sur le côté de l'évier et entrelace mes doigts aux siens. Puis, quand je viens poser sa paume toute entière sur mon torse, il tressaille à ce contact différent de ceux qui étaient nécessaires pour les soins.
Il la laisse un moment et finit par faire courir de lui-même ses doigts sur les muscles que l'exercice physique m'a dessiné au fil des ans. Il caresse ma peau, s'aventure sur ma clavicule comme s'il inspectait encore mes marques, mais avec une approche différente, douce et envieuse cette fois.
Et soudain, les braises dans mon ventre s'embrasent. Je veux plus. Je ne veux plus me retenir. J'ai envie de le sentir sous mon corps, tout entier. Je l'attire plus près en le tirant par sa chemise.
Il ferme les yeux, mais ne me repousse pas.
— Harry, il faut qu'on parle...
Mauvaise idée. Quand on se parle, on finit toujours par s'insulter.
Je faufile ma main sous son vêtement, parcours son ventre du bout des doigts avant de caresser son flanc jusqu'à ses reins. Je laisse mes doigts posés sur sa peau quelques secondes pour voir s'il change d'avis ou s'il a autant envie que moi qu'on se retrouve.
— Là tout de suite, j'ai très envie de toi. Plutôt que de parler...
Il soupire quand ma main descend le long de sa fesse, puis je viens de défaire le cordon de son pyjama en soie et glisse ma main à la recherche de l'objet de mes convoitises.
Drago se laisse faire les yeux clos. Je ne peux pas m'empêcher de détailler ses longs cils blonds, son nez légèrement retroussé, ses pommettes qui ont pris un coup de soleil et ses lèvres pâles et fines que j'ai envie d'embrasser. Sauf que je ne suis pas certain d'avoir le droit de franchir cette limite, ça se trouve mon baiser volé n'était qu'un simple dérapage l'autre fois.
Alors je me concentre sur la bosse dissimulée sous son caleçon qui durcit délicieusement sous mes caresses.
— Je continue ?
Pour toute réponse, il gémit en hochant la tête, oui.
J'écarte la pièce de tissu encombrante pour venir saisir son sexe niché au creux de boucles blondes, sa peau est douce sous ma paume et je la caresse lentement tout du long tandis que son souffle se fait court.
Je ne peux pas quitter des yeux ces lèvres qu'il mord pour retenir des gémissements et, soudain, il rouvre les yeux, bat des cils et se penche vers moi. Son baiser est comme un guet-apens, infiniment doux et douloureusement tendre.
J'ignore d'où ça sort, mais ça envoie des décharges étranges dans le creux de mon ventre.
C'est tellement déroutant que je ne peux pas laisser passer ça. Je m'écarte de ses lèvres pour reprendre mes esprits, défais complètement le cordon de sa ceinture pour dégager son pantalon et son caleçon qui entravent mes mouvements. Après une courte hésitation, je reviens l'embrasser avec faim et vigueur et quand il entrouvre ses lèvres, je n'y vois qu'une invitation pour approfondir ce baiser : nos langues se rejoignent, se découvrent, se goûtent, se disputent. Je retrouve ce dont j'ai l'habitude avec Drago, la bataille pour garder le dessus.
Ses mains, elles, sont douces partout sur ma peau, sur ma taille, dans mon dos et jusque sur ma gorge. Les miennes quittent son sexe gorgé d'envie pour se faufiler sous sa chemise pour caresser sa peau toute entière.
Elles s'apprêtent à arracher ses boutons avec impatience, mais Drago arrête mon geste en râlant. Alors je défais à la hâte une par une ses fichues attaches, avant d'ouvrir en grand sa chemise en soie pour profiter de son corps ainsi offert. Une peau de lait s'étend sous mes yeux et je frissonne devant ce corps longtemps fantasmé.
Je fais tomber son pantalon sur ses chevilles, il s'en débarrasse d'un coup de pied, et je le serre contre moi pour frotter mon érection contre la sienne.
J'en peux plus de la branlette frustrante entre deux portes. J'ai envie de le voir, de prendre le temps de le découvrir sous toutes les coutures.
Je le pousse un pas après l'autre hors de la salle d'eau, vers mon lit, ridiculement étroit. Je fais un geste vers le deuxième lit pour le rapprocher d'un geste magique, et plop, les lits se fusionnent pour nous offrir plus de surface, tandis que je le fais basculer sur les draps.
S'engage alors une nouvelle bataille pour garder le contrôle.
Très vite, il me fait basculer sous lui d'un geste, et maintient mes poignets au-dessus de ma tête. Un frisson d'excitation me traverse à l'idée de le laisser ainsi me dominer. Sa poigne est d'abord assez ferme pour m'empêcher de bouger, mais rapidement ses baisers se font plus tendres et lents, et contrastent avec mon impatience. Drago prend le temps de déposer sa bouche partout sur ma peau comme s'il était un foutu explorateur ! Le long de ma gorge jusqu'à ma clavicule, sa langue remplace ses lèvres pour jouer avec mon téton, avant de continuer à embrasser chaque parcelle de peau... Sa lenteur contenue me file des frissons loin d'être désagréables. Il me picore les côtes de baisers, puis d'un geste, défait la serviette encore nouée autour de ma taille. Il continue de descendre le long de mon ventre pour déposer ses lèvres jusqu'à l'intérieur de mes cuisses.
Je devrais râler que ça prenne des plombes, le basculer sous mon corps pour reprendre le contrôle et aller au bout de mes envies, mais sa tendresse est si déroutante que je n'ai pas la force de riposter.
Quand il pose enfin sa bouche sur mon sexe dressé depuis une éternité, je soupire de soulagement. Il prend pourtant le temps de respirer mon odeur, d'embrasser la base de mes testicules et de faire courir son souffle chaud le long de mon sexe. Pendant un temps infini, il se contente de coups de langue frustrants avant de se décider à le prendre complètement dans sa bouche. Ce n'est que quand il commence ses mouvements lents et amples que je réalise que ses gestes me semblent familiers. Comme si ses mains et ses lèvres entre mes cuisses étaient une évidence. Comme si j'avais attendu cette sensation depuis tout ce temps.
Au bout d'un moment, il quitte mon sexe dans un bruit de succion indécent et revient m'embrasser sur le ventre, le long de ma gorge et jusque sous mon oreille. Sa lenteur calculée est une torture, mais chacun de ses baisers me tire un frisson mêlé de plaisir et de frustration.
Puis il ralentit le rythme et murmure contre mon oreille.
— Ça m'emmerde, mais je dois te demander... Est-ce que tu es safe ?
Je hoche la tête, j'ai beau baiser des inconnus régulièrement, je fais gaffe à ce genre de choses.
Je profite de cette accalmie dans ses baisers pour me pencher hors du lit, attire ma cape pour en sortir des capotes et du lubrifiant, et pose le tout sur le matelas.
Il revient se frotter tout contre moi et tend la main pour que nos sexes se rejoignent dans un lent ballet de plaisir.
C'est délicieux, mais j'ai envie de plus. Je passe mes doigts dans ses longs cheveux défaits, approche mes lèvres de son lobe d'oreille, le mordille entre mes dents lui soutirant un gémissement entre douleur et plaisir.
— J'ai très envie de te prendre... Est-ce que ça te dirait ?
Il hoche la tête, d'abord sans un mot, puis il vient planter ses yeux clairs au fond des miens.
— J'en ai envie, oui, mais vas-y doucement, ça fait longtemps...
Je le fais basculer sur le dos, tends la main vers le flacon de lubrifiant que j'ouvre d'un geste assuré, alors que je suis pourtant impressionné par la confiance qu'il place en moi.
Mes doigts enduits d'huile s'aventurent entre ses fesses et commencent des cercles lents pour le dilater en douceur. Je prends mon temps, ralentis le rythme, en profite pour découvrir chaque parcelle de sa peau sur son ventre et sur ses côtes, là où sa peau est douce et tendre. Ses gémissements, entre douleur et plaisir, m'électrisent et je m'assure régulièrement que ça lui va toujours.
Une fois détendu, j'insère une phalange en lui, il est si serré que je me dis que ce n'est peut-être pas une bonne idée. Et puis, à mesure de patience et de lenteur entre deux baisers, je réussis à insérer tout un doigt en lui. Je reste un moment avant de bouger pour qu'il s'habitue à la sensation.
— Un autre, souffle-t-il.
— T'es sûr ?
Il est encore si serré autour de mon doigt, mais il plante ses yeux clairs dans les miens et hoche la tête. Alors, je commence à bouger doucement, pour y aventurer un autre doigt.
Quand il s'est habitué à ma présence et qu'il initie des mouvements de lui-même, je m'autorise à aller plus loin, toujours attentif à ses réactions. Bientôt, je cale un coussin sous ses reins et remplace mes doigts par mon sexe dressé.
Quand je le pénètre lentement, sa respiration se saccade, mais il ne dit rien. Il enfouit sa tête dans le coussin et serre les draps entre ses poings.
— Tu me dis si...
— Continue.
Arrivé à mi-chemin, je m'immobilise. J'ai aucune envie de lui faire mal.
— J'arrête ?
— Non, continue.
— T'es sûr ?
— Merde, Potter !
Peu à peu, je réussis à glisser entièrement en lui. Je lui laisse le temps de s'habituer à moi et j'ai du mal à quitter des yeux, fasciné, l'endroit où mon sexe disparaît complètement en lui. La sensation irréelle me vrille le cerveau. Je commence à bouger doucement en lui, tout en surveillant ses traits pour repérer si c'est trop intense ou trop douloureux. Mais Drago finit par lâcher prise et s'abandonner les bras en croix, en soupirant de plaisir. Ses cheveux défaits lui forment une auréole d'argent entre les draps défaits. Putain qu'il est beau !
Je le prends d'abord lentement puis, encouragé par ses gémissements, j'accentue chaque mouvement de mon bassin.
— Oui Harry, comme ça, oui !
Qu'il me donne des directives sur ce qu'il aime ressentir m'excite au plus haut point.
Nigel se contente de suivre mes envies en silence, la plupart des mecs sont juste obnubilés par comment assouvir mon propre plaisir, la baise se révèle souvent à sens unique. J'ai envie que Drago me guide, qu'il me dise ce qu'il préfère et que j'accomplisse la moindre de ses envies.
Quand il tend la main pour agripper son sexe pour se caresser au rythme de mes assauts, ses grimaces de plaisir sont fascinantes à observer. Très vite, je chasse sa main pour m'occuper moi-même de lui donner du plaisir. Je le caresse au rythme de mes coups de reins jusqu'à la refaire durcir et gémir avec délice à chaque fois que je plonge en lui.
— Comme ça, oh bon sang, oui !
Au bout d'un moment, mon endurance commence à me faire défaut et je ralentis la cadence.
Il ouvre ses paupières lourdes, esquisse un sourire qui irradie une onde de chaleur dans mon ventre. Je remonte ses cuisses sur mes épaules et me penche vers lui pour augmenter mon angle de pénétration.
— Oh Harry, là, encore, oui !
Et puis quand je ralentis, il passe une main dans mes cheveux, s'y accroche pour approcher ma bouche de la sienne. Son baiser sur mes lèvres tout en ayant conscience d'être si profondément en lui est à deux doigts de me faire jouir. Son pouce s'attarde sur mes lèvres, il me regarde d'un drôle d'air, alors je me redresse, me retire doucement et le retourne sur les genoux pour fuir ce regard des plus troublants.
J'attire ses fesses vers moi, et je le pénètre à nouveau lentement tandis que mes mains prennent le temps de se balader le long de la cambrure de ses reins.
Au bout d'un moment, dans le coussin qui étouffe ses gémissements, il marmonne.
— Plus vite...
Juste par esprit de contradiction, je continue des mouvements lents et amples, alors il vient chercher le contact et l'accélération avec son bassin.
— Bordel Potter, plus vite !
Mes assauts augmentent alors en rythme et en intensité et il étouffe des jurons qui n'ont rien de la retenue malefoyenne. Je ne suis pas sûr de tenir bien longtemps alors je donne tout dans un dernier mouvement. Une fulgurance de plaisir me traverse et je tombe dans son dos, les jambes coupées par le plaisir. Drago s'affale entre les draps en jurant à nouveau.
Je me retire doucement, enlève la capote et bascule sur le côté.
Drago tend la main vers un mouchoir pour nettoyer l'huile lubrifiante entre ses fesses et se repose lourdement sur le dos. Dans ses boucles blondes, son sexe est encore dressé de plaisir. Il y pose une main pour se soulager, mais je le devance.
— Laisse-moi faire.
Je me faufile pour m'allonger entre ses jambes, et fais glisser ma langue sur toute la longueur de son sexe.
Il hoquette avant de me regarder faire, comme fasciné. Je m'applique à lui lécher la base de ses bourses avant de remonter jusqu'à son gland sensible, et il se cambre sous mes coups de langue. Je fais durer le plaisir pour qu'il continue de s'arquer de façon impudique entre les draps. Quand je commence mes allées et venues, il gémit sans se retenir et, quand je le prends en bouche tout entier, il pousse un nouveau juron où mon prénom a sa place.
Je maintiens ses hanches pour qu'il arrête de se cambrer et m'affaire à l'astiquer jusqu'à ce qu'il jouisse.
Quand il atteint le point de non-retour, il pose une main sur mon épaule.
— Je vais... attends, je vais...
Je l'ignore, poursuis mes mouvements et le garde en bouche quand je sens qu'il vient. Il tressaute, jure encore.
J'avale doucement sa semence chaude et lèche avec précaution son sexe sensible.
Quand je lève les yeux vers lui, il a les joues rougies, ses longs cheveux en bataille et les yeux écarquillés baissés vers moi.
J'essuie ma bouche d'un geste, remonte vers lui en déposant des baisers sur son flanc avant qu'il me tire vers lui et m'embrasse dans un long baiser. Je retombe sur le côté et soupire de contentement : la réalité était bien au-delà de mes fantasmes d'adolescent. Je sais qu'il va falloir qu'on en parle, que c'était bien plus qu'une branlette innocente, mais dans l'immédiat la fatigue de la journée et les endorphines alourdissent mes paupières, et je me sens sombré dans un sommeil rapide.
]
*
Au petit matin, c'est la sensation d'être observé qui me tire complètement du sommeil.
Pourtant, quand je me tourne vers lui, Drago esquive mon regard et vient planter ses yeux sur le plafond de la chambre.
Je ne peux pas m'empêcher de détailler son corps, complètement nu entre les draps. J'ai conscience que la situation est étrange, bien plus qu'après nos branlettes précédentes.
J'essaie de rassembler ce que j'aurais à lui dire, trouver comment détendre l'atmosphère, mais c'est lui qui finit par briser le silence.
— Écoute Harry, je ne suis pas revenu pour être un de tes plans cul...
Il y a une urgence sérieuse dans le ton de sa voix qui me prend au dépourvu. Je tends la main pour choper mes lunettes sur ma table de nuit et me redresse contre la tête de lit.
— Je vois, Monsieur est exigeant. Qu'est-ce que tu veux que je te dise au juste ? Que ça n'arrivera plus jamais ?
Mon cœur se serre rien qu'à cette idée.
— Ou qu'on se mette ensemble comme un de ces vieux couples hétéros ?
Mon ricanement ne rencontre que son silence.
Et merde...
— Tu sais que ça ne marcherait pas, Drago.
Il ne répond pas, se contente de fixer intensément le plafond puis finit par fermer les yeux en soupirant.
C'est toujours plus simple quand il n'y a pas de sentiments et, avec Drago, il y en a toujours eu, depuis notre toute première rencontre. Puis au fil des années, ça n'a été qu'une explosion de ressentis, de rancœurs, de jalousie, d'envies et de non-dits. Ça n'a jamais été lisse entre nous, pourquoi son silence contrarié m'étonne à ce point ? Peut-être que Nigel avait raison. Peut-être que Drago me supporte pour une raison insensée qui m'échappait jusque là...
Je me cale sur le flanc pour l'observer en silence, je tends une main dans ses longs cheveux nacrés que je laisse filer entre mes doigts. Son silence me fait mal.
— Drago... Tu sais que c'est pas... je ne... je saurai pas...
Je m'aventure à caresser du bout des doigts les cicatrices blanches qui strient son corps, en essayant de formuler des arguments convaincants. Je me concentre sur ces marques, témoins de notre dernier affrontement à Poudlard.
J'ai failli le tuer, bon sang. Je déglutis à cette pensée. J'ai failli le tuer à ce jour-là, et j'ai de nouveau failli le tuer en l'envoyant malgré moi à Azkaban. Comment a-t-il pu me pardonner ? Comment réussit-il à me faire confiance quand moi, j'ai autant de mal à pardonner certains de mes actes ?
J'aurais dû lui tendre la main cette nuit-là dans les toilettes de Mimi Geignarde, essayer de le comprendre et de l'aider au lieu de l'attaquer. Tout entre nous aurait été alors différent...
Quand je me rends compte qu'il a rouvert les yeux et qu'il m'observe parcourir ses cicatrices, une lueur étrange dans le regard, je suspends mon geste comme pris en faute.
— Ça marcherait pas entre nous, on est trop... différents.
— Tu n'en sais rien.
— Tu supporterais pas de devoir m'attendre à Londres et de me rafistoler après chaque sortie. Tu t'inquiéterais à chaque mission...
Quelle excuse de merde ! Il a traversé tout un continent pour revenir vers moi, c'est sans doute déjà trop tard pour ça.
Il bascule soudain sur le côté, replie un bras sous sa tête et fiche ses yeux au fond des miens.
— Pourquoi est-ce que tu fais ça d'ailleurs ?
— Quoi ?
— Pourquoi est-ce que tu repousses tes limites à chaque fois ? Pourquoi est-ce tu fais tout pour risquer de crever à chaque mission ?
C'est à mon tour de rester silencieux et de fuir son regard intense.
J'aurais dû crever, c'est un fait, plusieurs fois, à la place d'autres. Peut-être qu'un jour l'univers voudra rééquilibrer la balance et alors je me tiens prêt, quitte à provoquer le destin parfois.
Quand mon attention se repose sur lui, Drago a les yeux plissés.
— C'est faux, tu sais.
— Quoi donc ? T'es legimens maintenant ?
Drago tique et tend sa main vers mon visage, elle s'égare sur ma joue couverte d'une barbe mal taillée et son pouce se trace un chemin jusque sur ma tempe.
— Je ne sais pas ce qu'il se trame dans ton esprit dérangé de Sauveur, mais tu n'as pas à te sacrifier pour les autres.
Qu'il me perce aussi vite à jour est injuste. Sa main si douce qui caresse mon menton est déloyale.
— Tu as le droit d'être heureux, Harry...
Je me lève du lit pour effacer cette intimité trop soudaine et déambule sans pudeur pour aller me chercher un verre d'eau.
Drago se redresse contre la tête de lit et me reluque sans discrétion, l'air d'apprécier ce qu'il voit. Même si je sais que je suis encore en forme pour un type qui approche la quarantaine - merci les entraînements des Aurors - c'est toujours flatteur ce genre de regard. Il est pas mal non plus étendu entre les draps défaits, aussi pâle et parfait qu'une statue grecque. On pourrait se contenter de profiter l'un de l'autre, comme deux adultes consentants, sans prise de tête, sans confession intime sur l'oreiller, juste à profiter du corps nu de l'autre des nuits entières...
Mais Drago semble attendre une réponse, alors je hausse des épaules et me servant un verre d'eau.
— Je crois que c'est ma pénitence pour avoir survécu quand tous les autres y sont restés. Même après des années de thérapie, j'y arrive pas. Je crois que je me le pardonnerai jamais.
Drago n'essaie pas de me rassurer, ni de me servir une pseudo morale réchauffée. Il laisse planer un long silence douloureux, puis il détourne le regard sans un mot.
Peut-être qu'il y a des choses non réglées sous son calme si agaçant, des choses qu'il a du mal à se pardonner lui aussi.
— À croire qu'on est deux âmes cabossées qui n'arrêtent pas de s'attirer pour mieux se repousser, finit-il par soupirer.
Il bascule pour s'asseoir sur le rebord du lit, les coudes posés sur ses genoux, la tête entre ses mains, comme pour quitter ce lit devenu trop intime. C'est le dos tourné que je l'entends murmurer.
— Tu as peut être raison. Peut-être qu'on est trop abîmés pour être ensemble, j'ignore si on se ferait réellement du bien, d'ailleurs.
Comme deux foutus aimants qui se repoussent sans cesse pour mieux s'attirer, ses mots me serrent le cœur.
Je reviens dans le lit et rampe pour atteindre son dos où je laisse mes doigts se balader sur sa peau blanche. Je m'autorise à déposer un baiser sur son omoplate.
Drago qui m'a toujours détesté, harcelé puis ignoré avec application toutes ces années, débarque aujourd'hui avec ses sentiments au bord des lèvres et voudrait de moi maintenant, à quoi ça rime, sérieux ?
Je donnerai des gallions pour savoir ce qu'il se trame dans sa tête. Alors je pose sans rien dire mon front sur son épaule parce que, contre toute attente, sa présence m'apaise.
Sauf que rien ne me vient... Je ne nous vois pas ensemble, mais je ne nous imagine pas non plus loin l'un de l'autre plus longtemps. Quelle vaste blague, par Merlin !
La vérité, c'est que je ne peux pas lui promettre la stabilité à laquelle il prétend.
Il a mûri, bien plus que moi. Il est devenu un type bien contre toute attente, pendant que moi je dégringolais. Je fais n'importe quoi de ma vie de Héros National, tandis que Drago a besoin d'un cadre serein pour élever Scorpius, pour mener ses recherches de potionniste et continuer sa vie tranquille en se tenant loin des tabloïds.
Harry Potter ne peut rien lui apporter de tout ça, même si je reconnais avoir terriblement envie de passer davantage de temps avec lui. Tandis que je dessine des arabesques sur la peau de son dos pour combler le silence, un oiseau vient toquer à la fenêtre entrouverte : certainement la réponse de Nigel à ma missive de la veille.
***
Ahem, possible que j'ai chouiné en corrigeant mon propre chapitre, boudiou que c'est triste ! On dirait pas comme ça, mais on se dirige bien vers un happy end, promis !
*
Petite note sur la scène hypnotique des longs cheveux défaits de Malefoy : je me suis largement inspirée du Drago de Cordélia dans sa série Wands And Legacy.
Si vous ne connaissez pas, je vous invite à aller la découvrir, c'est une web série Drarry en cosplay toute fluffy, qui se passe après la guerre.
L'épisode précis avec Drago les cheveux détachés :
https://www.tiktok.com/@cordelia_cosplay/video/7071141658217270534
Toute sa série Wands and Legacy (sur TikTok) :
https://www.tiktok.com/tag/wandsandlegacy
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top