CHAPITRE 7
Kyeran
Une fois de plus, cette garce avait réussi à me semer et malgré cette situation plus qu'agaçante, je ne pus m'empêcher d'éprouver une certaine fascination. J'en avais croisé, des adversaires coriaces, mais une de son acabit, c'était une première.
Après avoir suivi la Mésoane pendant de longues minutes, je décidai de rebrousser chemin jusqu'à la zone où l'odeur de la femme-dragon restait encore perceptible. Peut-être étais-je passé à côté d'un indice ?
Dans ce coin reculé de forêt, les arbres souffraient moins de la sécheresse qu'en ville et avaient gardé leur port altier. Les frondaisons des saules pleureurs caressaient la surface de la rivière au gré d'une légère brise tandis que leurs feuillages vert tendre tamisaient les rayons du soleil. De temps à autre, des libellules aux ailes colorées voletaient, puis se posaient sur la tige d'un roseau avant de repartir pour poursuivre une de leur semblable. Une délicate odeur de mousse humide émanait des pierres mouillées et le doux clapotis des flots tentait de me laisser aller dans une délicieuse torpeur.
Malheureusement, mon pendentif m'obnubilait bien trop pour pouvoir profiter de la quiétude des lieux. Concentré, j'observai méticuleusement les alentours, me focalisant sur chaque brin d'herbe, chaque mouvement d'eau, chaque bruit, ou encore une émanation énergétique qui trahirait la présence de ma voleuse.
Quelque chose attira soudain mon attention sur la rive opposée. Les yeux plissés, je repérai une traînée sombre sur le bord d'une large feuille de rhubarbe géante. Aussitôt, je tendis une main et invoquai le pouvoir de Brynhildr. Une brume glaciale s'échappa de mes doigts et lécha la surface de la rivière avant de la figer dans une matière lisse et bleutée. En quelques enjambées, je traversai le pont gelé pour rejoindre l'autre côté, puis me penchai afin d'examiner l'étrange tache suintante de plus près. Mes narines se dilatèrent lorsque je reconnus l'odeur métallique et acide du sang extalien. Toutefois, sa couleur noire m'inquiéta et mon corps se crispa.
— Merde... je l'ai blessée...
Submergé par mon désir de vaincre, je m'étais laissé envahir par l'esprit combatif de Brynhildr. Cette Relique réagissait curieusement à mes émotions et dès que je faisais appel à son pouvoir, c'était comme si elle les amplifiait.
Je n'avais aucune intention de faire du mal à cette fille, mais la dernière offensive avait été si rapide que je ne m'étais pas douté un seul instant que mon pistolame la toucherait, persuadé qu'elle réussirait à parer tous mes coups comme elle l'avait fait jusqu'alors. À présent, je devais à tout prix la retrouver, pas seulement pour lui reprendre le pendentif, mais d'abord pour lui donner l'antidote.
Le poison de Brynhildr agissait lentement, j'avais donc encore quelques heures devant moi, quarante-huit pour être exact. Cependant, les effets variaient d'un individu à l'autre et sur un semi-humain de type reptilien, la mort survenait en moins de temps, surtout s'il était de constitution fragile. Même si cette Extalienne me paraissait en bonne santé, je ne devais pas traîner.
En observant les lieux autour de moi, je repérai de nouvelles taches semblables à la première sur des buissons et des fougères plus éloignés. Au vu de leur disposition linéaire, elles menaient droit à Dabéorn, un petit village situé au sud-ouest de Zapornia.
Sans perdre une minute, je suivis la piste au pas de course, non sans garder ma main posée sur la garde de Brynhildr. Le Fléau rôdait en ville, mais ici, le danger se trouvait parfois là où l'on ne l'attendait pas et même en tant que Jaëger bien entraîné, une vouivre ou autre créature redoutable risquerait de me poser problème.
Au détour d'un dernier bosquet, la forêt s'éclaircit, puis s'ouvrit sur une vaste vallée. Au milieu de celle-ci se tenait un bourg ne comptant pas plus de deux cents âmes, avec pour la majorité, des maisons en pierres bâties dans le plus grand désordre.
À première vue, tout semblait calme. Quelques rares et courageux habitants s'affairaient à jardiner ou bricoler malgré la chaleur insupportable. L'air était saturé d'effluves de foin fraîchement coupé mélangé à celui d'excréments bovins et au loin, les bêlements de plusieurs moutons résonnaient depuis les prés, accompagnés du tintement de leur clochette. Je traversai un imposant pont de pierres pour rejoindre le centre du village. À cet endroit, la Mésoane s'élargissait et ruisselait paresseusement entre des îlots de sable mis à nu par la sécheresse tandis que dans son reflet miroitant, la dentelle sombre et acérée des Atalantes se découpait sur un azur limpide, presque irréel, tel un dieu posant un regard bienveillant sur le monde qu'il avait créé.
Après de longues minutes à errer sans avoir trouvé la moindre nouvelle trace de sang au sol, je m'approchai d'une ferme où un homme arrosait son potager. Coiffé d'un chapeau de paille usé à la corde, le vieillard releva son visage cuit par le soleil quand il me remarqua. Intrigué, il s'avança et la désagréable odeur en provenance de ses bottes couvertes de fumier me fit froncer le nez. Il me toisa de la tête aux pieds avant de reculer d'un pas et de me fixer en biais d'un air suspicieux.
— Z'êtes perdu ? Vous cherchez queq'chose ? me questionna-t-il alors d'une voix à la fois nasillarde et bourrue.
Face à son expression méfiante, je pris soin de pivoter légèrement pour dissimuler mon bras gauche sur lequel se trouvait mon brassard de Jaëger et adoptai une attitude avenante.
— À vrai dire, je cherche quelqu'un... est-ce que par hasard vous auriez vu une femme vêtue d'une cape noire arriver par ici ?
Le paysan se renfrogna, se racla la gorge, puis croisa ses bras avant de secouer la tête.
— Nan, j'ai vu personne.
Face à cet échec, je ne m'éternisai pas davantage et m'éloignai non sans remercier l'homme qui repartit s'occuper de son jardin, mais loin de m'avouer vaincu, je continuai mes investigations au sein du village. Sur mon chemin, j'interrogeai quelques habitants, mais aucun d'entre eux n'avait vu l'Extalienne. Cette situation commençait à m'exaspérer et un soupir de dépit s'échappa de mes lèvres pendant que mon regard survolait les environs. Je n'avais pas récupéré mon pendentif, Angélina devait s'impatienter et si je ne retrouvais pas ma voleuse à temps, elle risquait de trépasser.
Journée de merde...
Mes pas me conduisirent au hasard dans un petit bar enfoncé dans le recoin d'une ruelle. L'établissement ne payait pas de mine avec sa façade en bois dépourvue de fioritures, mais mon ouïe surdéveloppée décela les conversations de plusieurs personnes à l'intérieur. Peut-être obtiendrais-je plus de succès dans cet endroit ?
Un léger grincement retentit lorsque je poussai la porte et quelques ivrognes buvant leur dose d'alcool quotidienne relevèrent vers moi des regards inquisiteurs. Je les ignorai et me dirigeai directement vers le comptoir. Le propriétaire des lieux, un homme à la forte corpulence et coiffé d'un foulard rouge, discutait avec un adolescent aux cheveux ébène surmontés de deux petites oreilles rondes tachées de blanc.
Les deux individus se retournèrent et le premier m'accueillit d'un bref, mais cordial « bonjour » tandis que le second me dévisageait dans un silence pétrifié de ses deux grands yeux vert vif contrastant avec sa peau hâlée. Derrière lui, sa queue à la fourrure argentée annelée de noir s'agita nerveusement : c'était un jeune Mérien, un semi-humain de type félin. Au vu de la caisse en bois sérigraphiée au nom du domaine Leonheart qu'il venait de déposer sur le comptoir, il devait livrer du vin en provenance de l'unique exploitation viticole du village.
— Vous désirez boire quelque chose ? me demanda le gérant.
Je jetai un coup d'œil circulaire autour de moi avant de lui répondre :
— Non, merci, mais peut-être que vous pourriez me renseigner ?
Le maître des lieux pencha la tête d'un air à la fois curieux et songeur.
— Dites toujours.
— Je cherche une jeune femme comme moi, commençai-je en me désignant, elle a des yeux rouges et elle porte une cape noire.
L'homme au foulard haussa les sourcils et échangea un regard étonné avec l'adolescent. Ce dernier tressaillit et s'approcha de moi.
— Vous êtes un Extalien ?
J'acquiesçai à sa question d'un hochement de tête.
— La fille que vous cherchez, je la connais. Elle s'appelle Lyra. Qu'est-ce que vous lui voulez ?
Oh ! Bonne pioche ! me congratulai-je mentalement.
— C'est très important, je dois absolument la retrouver sinon...
Au même instant, un grincement nous interrompit.
— Bah tiens, quand on parle du loup ! lança le gérant en pointant d'un coup de menton la porte d'entrée qui venait de s'ouvrir sur une silhouette familière.
Je me tournai aussitôt face à la jeune femme-dragon qui venait de passer le perron. Je ne pouvais pas mieux espérer et je compris enfin pourquoi personne n'avait pu me renseigner. Elle avait troqué sa cape noire contre une veste longue en cuir marron rapiécée. D'instinct, ses pupilles s'étrécirent lorsqu'elle croisa mon regard et son visage déjà blême à cause du poison qui la gangrénait progressivement pâlit encore plus avec l'effroi.
Pendant ce temps, le jeune Mérien s'avançait vers elle avec un grand sourire.
— Lyra ! Tu tombes bien, ce monsieur te cherche...
La concernée resta d'abord aussi pétrifiée qu'une statue, mais lorsque j'entrepris de l'approcher, sa jambe gauche amorça discrètement un pas en arrière tandis qu'elle adressait aux deux hommes une expression contrariée.
— Désolée, les gars, je repasserai plus tard...
Tout s'enchaîna en un quart de seconde. Le gérant du bar et le garçon-félin se dévisagèrent dans l'incompréhension la plus totale, puis la dénommée Lyra pivota à la vitesse de l'éclair pour s'enfuir une nouvelle fois.
— Non ! Attends ! lui hurlai-je alors que je m'élançais à mon tour.
Cette fois, elle ne m'échapperait pas ! Elle avait beau être rapide, je la talonnai sans effort. Le poison avait commencé à émousser ses capacités aussi bien physiques que magiques. Elle courut jusqu'à une imposante bâtisse en pierres couverte d'une vigne vierge envahissante et aux vieux volets mal entretenus. Une nuée d'oiseaux perchés sur le toit s'envola à notre approche avec des pépiements stridents. Là, elle s'engouffra derrière une large porte restée entrebâillée, mais je ne lui laissai pas le temps de la refermer. Je me jetai contre elle et dans le choc, l'Extalienne tomba violemment à terre.
Nous roulâmes au sol dans un tonnerre de grondements tonitruants. Autour de nous, les établis tremblaient chaque fois que nous les percutions et des objets se fracassaient sur le plancher. Avant que je ne parvienne à maîtriser ma rivale, une botte à la semelle crantée s'écrasa brutalement sur mon visage. Un craquement retentit et une vive douleur transperça mon nez. Ma capacité de guérison se mit aussitôt en œuvre et des picotements me démangèrent, mais cela ne m'empêcha aucunement de repartir à l'assaut.
Dans le tumulte, je réussis à l'attraper par la pointe de la queue, mais aussi souple qu'un serpent, la vilaine se retourna et me planta ses crocs dans le bras. J'aurais dû lâcher prise tant la morsure se révéla cuisante, cependant, je tins le coup, trop déterminé pour laisser la douleur m'atteindre.
— Lâche-moi ! cria Lyra avec rage en desserrant les mâchoires.
— Calme-toi ! lui répondis-je sur un ton qui se voulut moins acerbe, mais autoritaire. Je ne suis pas là pour te faire du mal !
Voyant qu'elle continuait de se débattre sans m'écouter, je n'eus d'autre choix que de recourir au pouvoir de Brynhildr. L'éther traversa mon corps et bouillonna dans mes veines. Aussitôt, une vapeur givrée émana de ma main toujours agrippée à sa queue. La température chuta dans toute la pièce et les jambes ainsi que les hanches de la jeune femme-dragon se couvrirent de glace. Elle tenta de résister contre l'envahissante magie, mais à force de se démener contre ses entraves, elle finit par tomber sur le dos, pantelante et blême.
Victorieux, je lâchai une profonde expiration, puis m'accroupis auprès d'elle tout en prenant garde de ne pas me laisser distraire par ses incroyables iris rubis.
— Bien, maintenant que j'ai toute ton attention, tu vas peut-être enfin écouter ce que j'ai à te dire ?
Pour toute réponse, elle m'adressa un regard mauvais avant de cracher :
— Je n'l'ai pas ton pendentif, j'te l'ai déjà dit !
— D'accord, je vois que tu t'obstines à me mentir, soupirai-je en me grattant la tête, mais là, tout de suite, ce n'est pas du pendentif dont j'aimerais te parler.
L'Extalienne haussa un sourcil.
— Alors quoi ?
— Ça, lui avouai-je en lui montrant du doigt le côté droit de sa veste en cuir tachée de sang noir. Si je t'ai poursuivie, ce n'est pas uniquement pour récupérer mon bijou, mais aussi pour te donner un antidote.
Je marquai une pause pour évaluer sa réaction. Elle paraissait de plus en plus fatiguée, mais ses prunelles rouges ancrées dans les miennes luisaient toujours d'une ténacité insoupçonnée.
— Toutefois... il y aura une condition, repris-je.
— Laquelle ? s'enquit-elle, le menton levé.
— Tu me rends le pendentif et je te soigne.
Je détestais recourir au chantage, surtout dans ce type de contexte. Cela ne me ressemblait pas de me lancer dans ce genre de bassesses, mais au moins, un échange de bons procédés pourrait résoudre notre conflit.
— Tss... fit-elle en secouant la tête, j'm'en doutais d'celle-là... Sérieux, tu crois que j'vais faire confiance à un Jaëger ?
Évidemment, la mauvaise image due à mon statut revint me frapper en plein visage. J'allais devoir user d'arguments plus convaincants pour obtenir une trêve et elle ne me facilitait pas la tâche. Néanmoins, nous avions tous les deux nos torts. Elle m'avait volé, je l'avais blessée, et je comprenais tout à fait sa rancœur à mon égard. Les Jaëgers n'aspiraient pas à être admirés ni appréciés, pourtant, j'étais très loin de représenter leur sombre réputation.
— Très bien... soufflai-je en haussant les épaules, tu es libre de refuser mon aide, c'est dans ton droit et je le comprends... mais malgré tout le respect que je te dois, c'est pas moi qui vais finir entre quatre planches dans moins de quarante-huit heures.
Elle blêmit et se redressa vivement sur ses coudes.
— Attends, quoi ?! J'vais mourir ? C'est une blague, j'espère ? coassa-t-elle d'une voix rendue éraillée par la panique.
— Est-ce que j'ai l'air de plaisanter ? Le poison de Brynhildr va lentement se répandre dans ton organisme et paralyser chacun de tes organes vitaux. Je te laisse imaginer la suite...
Face à mon air sérieux, la jeune femme-dragon se mordit la lèvre, puis son attention se détourna, comme si elle écoutait quelqu'un d'autre. J'en conclus que sa Relique était en train d'intervenir dans son esprit. Je l'avais vu converser avec son arme durant notre combat et j'en avais déduit qu'elle possédait le pouvoir de télépathie.
Un profond conflit régnait dans ses iris cramoisis, preuve qu'elle hésitait quant à la bonne décision à prendre, mais elle hocha finalement la tête, sans doute convaincue par les conseils de son compagnon. Avec un soupir résigné, elle fouilla alors sous sa veste et me tendit dans le plus grand des silences un petit sac en velours noir dont je m'emparai. En vidant son contenu, je retrouvai parmi d'autres bijoux, ma précieuse croix argentée et un soulagement intense m'envahit. Cet artefact était important à mes yeux. Il était le dernier souvenir qui me liait à ma mère et représentait la vérité sur mes origines. Aussi, le savoir de nouveau autour de mon cou, m'emplit d'un réconfort évident.
— C'est dommage de m'avoir menti tout ce temps, si tu me l'avais rendu plus tôt, on n'en serait jamais arrivé là.
Malgré cette tentative de communication plus douce, je ne réussis qu'à obtenir un regard glacial de la part de mon interlocutrice alors qu'elle agitait la main en guise de réclamation.
— J't'ai rendu c'que tu voulais, maintenant à toi de m'donner c'que tu m'as promis en échange.
Quel caractère ! Une chose était certaine : si elle ressemblait physiquement à Léona, leur personnalité n'était en rien comparable. Ma défunte amie était chaleureuse, avenante et joviale, alors que Lyra était aussi agréable que les épines affutées d'un drake des montagnes.
Désireux de ne pas laisser s'éterniser ce ridicule conflit entre nous, je sortis mon téléprisme et appuyai sur son bouton central avant d'afficher ma dimension de stockage. Les différentes icônes représentant mes objets défilèrent sous mon doigt jusqu'au fameux antidote. Par chance, il en restait un seul exemplaire et face à cette pénurie, j'avais tout intérêt à demander à Yuri de me concocter de nouveaux flacons.
La fiole se matérialisa au creux de ma paume dans un halo luminescent et à peine la tendis-je à la jeune femme-dragon, qu'elle me l'arracha presque de la main. Elle l'examina en fronçant les sourcils, puis me jaugea d'un air méfiant.
— Si j'bois ce truc, j'serai guérie, c'est ça ? C'est pas une arnaque, j'espère ?
Je levai les yeux au ciel.
— Quel intérêt j'aurais de te laisser mourir alors que tu es comme moi, une espèce en voie de disparition ? Tu peux me dire ?
Elle détourna le regard et déboucha le flacon avant d'en humer le goulot, puis d'en boire le contenu d'une traite. Elle se lécha ensuite le coin des lèvres et pencha la tête.
— C'est pas mauvais, ç'a un goût d'fruit.
— L'effet n'est pas instantané, ça va prendre quelques minutes, voir une heure ou deux avant de drainer entièrement le poison, mais tu es sortie d'affaire, lui expliquai-je avec un léger sourire.
— Génial... marmonna-t-elle en baissant les yeux vers ses jambes, et sinon, tu comptes me dég'ler, un jour ?
Son ton acerbe me fit tressaillir. Effectivement, mon sortilège de glace la retenait toujours prisonnière. Toutefois, j'avais envie d'obtenir quelques explications avant de lui rendre sa liberté et après m'être fait avoir à deux reprises, la prudence restait de mise.
— Je le ferais, mais d'abord, je veux savoir ce que tu comptais faire avec mon pendentif.
Lyra fronça les sourcils et m'adressa un regard venimeux.
— Ça t'regarde pas. J'te l'ai rendu, tu m'as donné ta potion, on est quittes. Alors, j'ai rien d'autre à t'dire.
Son manque de coopération me hérissa les écailles, mais au fond, ses propos n'étaient pas dénués de bon sens. Mon précieux artefact était désormais en ma possession en échange de l'antidote. Autrement dit, elle ne me devait rien de plus et je ne pouvais pas la forcer à me révéler ses motivations juste pour mon intérêt personnel. En abusant du chantage, je prenais le risque de perdre tout espoir de réconciliation et maintenant que j'avais accompli ma tâche, je n'avais plus aucune raison de m'éterniser ici.
J'allais me redresser et annuler le sort quand soudain, quelque chose me frappa violemment l'arrière du crâne. Pendant de longues secondes, l'écho d'une cloche résonna dans mon cerveau et une voix tonitruante retentit :
— Libère tout de suite ma fille ou tu auras affaire à moi, espèce de taré !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top