Le secret de Tukotikal 1/6

La première région du continent à se civiliser fut la Systagène. Il est fort probable que le subite bond civilisationel qu'elle connut à l'époque soit le fait de sa colonisation par des mouvements migratoires venus de l'Orbia et je n'adhère pas à l'hypothèse voulant que que les Systagènois soient les descendant du peuple autochtone qui a évolué. Nous savons aujourd'hui que les Exiniens sont bien les représentants de la race primitive qui peuplait le Thésan et leur physionomie diffère en de trop nombreux points avec celle des Systagénois pour qu'ils soient cousins.

Un siècle environ après les premiers écrits Systagènois on retrouve dans les chroniques allant de Permocté l'Ancien à Posistrate, ce qui couvre environ trois siècle d'histoire, l'arrivée d'un peuple venu d'Anubie qui s'étendit sur tout le Thésan mais furent arrêtés au sud par les Systagènois et à l'Ouest par les ancêtres des Exinens aidés par les fortifications naturelle des monts de l'Almarge, avaient défendus leur terre avec ardeur. Ces anubiens étaient les ancêtres des Grandvalais, ils dominèrent la majeur partie du Thésan ormi, ironie de l'histoire, l'actuel Grandval où vivaient des races humaines d'une éspèce bien supérieur : les Alfars, peuple éclairé dominant la nature et connaissant les secret des métaux et de la construction et les Ogrenas, peuple abominable par la puissance de leur carrure et leur têtes monstrueuses. Les Anubiens n'avaient pas créés un royaume à proprement parlés, ils étaient constitués en tribus qui, bien qu'ayant une certaine unité culturelle, étaient souvent rivales et ne parlaient pas toute la même langue.

Cinq cent ans avant la fin des âges sombres, débarqua sur les côtes nordiques un peuple venus des îles septentrionales, mais ils n'étaient pas de la race des Boréens, au contraire, ils la fuyaient.

Menés par les deux puissants chefs de guerre Paramor et Ugrion, ils s'établirent sur les terres de l'actuelle Maubodrie et furent bien reçus par les Anubiens. Il fondèrent ce qui deviendra par la suite la ville d'Arègh. Leur peuple commença à se mélanger aux autochtones, mais Ugrion voulais une terre où puisse prospérer ceux de sa race et non s'assimiler. Ainsi, suivi par une partie des hommes partageant son point de vue, il quitta Arègh et parti vers l'Ouest. Leur migration fut longue et difficile, l'ouest était habité de tribus ectrêmement bélliqueuse mais également de nombreux êtres monstrueux ou démoniaques. Les signes d'échec se multiplièrent et submergèrent les raisons d'espérer. Mais un beau matin, trois prêtresse affirmèrent avoir fait le même rêve et qu'il était annonciateur de succès. Ils devaient trouver une colline à trois sommets et y trouver un démon à corps d'homme muni avec dans le dos de grandes ailes de condors et dont la tête était celle d'un reptile. À cet endroit, si Ugrion triomphait du démon, ils pourraient bâtir leur demeure.

Ils trouvèrent la colline et trouvèrent la créature. Elle était tout à fait abominable, dépassant les hommes d'une tête et large comme deux d'entre eux. De sa gueule s'échappait les fumées d'une haleine des plus fétides et son souffle était comme une tempête corrosive qui faisait fondre la peau et les yeux.

Mais Ugrion venait des îles au nord du monde et son écu était fait d'un métal incomparable. Il était large autant que son épée était longue et sa détermination était inébranlable. Il tua le démon et à l'endroit même où la créature tomba, il fit construire une place forte.

Plus tard, ils apprendront que le démon était d'une race endémique de Xamarcas nommée dragon et Ugrion fut surnommé "Klausdraken", qui signifiait "celui qui tua le dragon" dans le vieux parlé nordique.

En l'honneur du héros fondateur, le peuple qui le suivit prit le nom d'Ugre et les terres conquises celui d'Ugreterre. Ugrion eu trois fils, il fit bâtir pour eux un château sur chaque sommet de la colline afin qu'à sa mort, l'Ugreterre soit partagée entre ses fils pour qu'il aient chacun un royaumes mais qu'ils restent proches pour porter une assistance indéfectible. L'Ugreterre fut donc à la mort d'Ugrion composée de Trois royaumes, celui de Trimont, du Rimenbourg et de Turonne. Il se dotèrent chacun d'un code de lois identique et furent ce qui est considéré aujourd'hui comme les premiers royaumes du Thésan.

Gaïl le Vénérable, Mémoires du Monde d'Omne

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Le soleil se levait au-dessus de Kulcan. Dans le ciel encore violacé et zébré de nuages sombres, l'astre du jour franchissait la crête des monts du Cuetlaxo. Leurs ombres plièrent devant sa venue et les brumes épaisses, exhalées par l'impénétrable manteau de verdure, s'enflamèrent de rouge et d'oranger comme si l'île entière fut en proie à un terrible brasier.

Les forêts bouillonnaient, la vie s'animait, de partout s'élevaient les cris et les chants étranges de la faune qui s'éveillait. Dans l'immensité de cette nature sauvage, se dressait parmi les silhouettes sylvestre la fabuleuse cité lacustre de Tukotikal. Elle était la capitale de Kulcan et s'étalait vastement sur les eaux du lac Coaxtila. Par des jetées construites à ses points cardinaux, elle s'arrimait à la terre où s'étirait un réseau sophistiqué de routes pavées. Au nord, un grand aqueduc apportait jusqu'à la ville une eau pure venue des montagnes et alimentait une myriade de fontaines, de bassins, de jardins et de cascades.

Mais c'est dans la lumière du jour que Tukotikal révélait toute sa magnificence. Ses bâtiments somptueux, riches de détails et d'ornements, étaient parés de couleurs éclatantes et se dressaient avec une grande symétrie à travers toute la cité. En son cœur, comme si la ville entière avait été bâtie autour, se trouvait Kayananuku, l'arbre sacré de Kulcan. Un figuier millénaire, constitué d'un monstrueux enchevêtrement de racines en contrefort qui soutenaient l'écrasante silhouette du mastodonte. Elles semblaient s'être effondrées de toute part et avoir été instantanément figées alors qu'elles tentaient d'ondoyer pour recouvrir l'île entière.

Comme un écho à sa formidable envergure, s'élevaient de part et d'autre les masses pesantes de deux pyramides écarlates. Elles bordaient une vaste esplanade ceinte par de nombreux édifices au prodigieux raffinement. Parmi eux, le fabuleux palais du patriarche de l'île ouest des Élémauses.

Plus tôt, alors que l'aube s'achevait, se tenait au pied de Kayananuku un vieil homme à la longue face sèche et basanée. Sur le sommet de sa tête, comme un reflet aux pyramides de Tukotikal, sinuait une ligne rouge qui formait un colibri aux contours géométriques. Le bec s'étirait le long de l'arête nasale, les ailes se déployaient sur toute la largeur du front et la queue remontait jusqu'au sommet de son crâne lisse. Un visage bien connu des habitants de Kulcan, celui de leur patriarche, l'illustre Shaska.

Il était venu là, au centre de la ville endormie, répondant à l'appel de l'arbre sacré qui l'avait averti de l'approche imminente d'un événement déterminant. Au bout de quelques instants, avait atterrit à ses pieds le condor d'Addis, l'oiseau à tête rouge porteur des messages de la plus haute importance. Après avoir récupéré le parchemin déposé par l'animal, Shaska s'était accordé un moment pour lui parler et le récompenser d'un morceau de viande. Puis, le volatile à la formidable envergure avait repris son envole et dans les turbulences provoquées par le battement de ses puissantes ailes, s'en était retourné le patriarche à son palais.

L'intérieur de l'édifice avait été contraint dans ses proportions par l'absence d'arches et de colonnes, éléments autrefois inconnus de l'architecture Kulcanèque. Les pièces et les couloirs, que cette ignorance avait privé de toutes fastueuses monumentalités, n'étaient rehaussées que par la richesse des peintures et des bas reliefs muraux qui allégeaient leur apparente lourdeur.

Shaka avait rejoint une salle sombre et exiguë habituellement réservée aux doléances. Le mobilier, aux antipodes des splendeurs immanentes à la gouvernance, n'était constitué que d'une table et de quelques chaises de bois ordinaire. À l'image de son peuple, le vieil homme vivait l'essentiel de ses journées à l'air libre et n'avait recherché entre les murs de sa demeure, que la confidentialité exigée par sa missive. Il prit place et regarda un instant le cachet de cire marqué du soleil et des deux lunes, emblème de la Dacéana. Il poussa un profond soupir. L'ordre établi déclinait, il serait bientôt réduit en cendres, c'était inévitable. Qu'avait Maule de si urgent à lui transmettre ? Le mécanisme de la sanglante anarchie venait-il de se mettre en branle ? Comme si son geste put être à même de déclencher le cours des événements, il hésita un instant, puis brisa le sceau. Ses doigts secs déroulèrent le parchemin et, à la lumière d'une chandelle, ses yeux sans iris ni paupières parcoururent les lignes écrites à l'encre noir :

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