L'arène de Sydruk 2/4
L'organisation de l'amphithéâtre elle-même rappelait à chacun qu'elle était sa place. Sur les parties les plus hautes et les plus éloignées des représentations, le petit peuple se tenait debout pour assister au spectacle. À mi hauteur, des places assises étaient réservées aux classes sociales les plus riches. C'était des artisans et des commerçants que leur réussite avait élevé au statut d'importants contributeurs au bon fonctionnement de l'empire. Enfin, au plus proche de l'arène, assis sur des bancs de marbre blanc, étaient placés les personnes les plus eminentes. Des invités de marque, des religieux, des membres de la famille impériale, des gradés de l'armée et de hauts dignitaires Sargadéens. Des hommes et des femmes richement vêtus qui comptaient s'abreuver de jeux violent dans le luxe et la volupté. De jeunes esclaves déposaient sur de grandes tables disposées face à eux des plateaux de nourriture et à leurs pieds, de grosses cruches à bière couronnées par de longues pailles que les convives s'empressèrent de porter à leurs bouches.
L'imposante loge impériale, située en plein centre de la face nord, s'avançait au delà de la première rangée de gradins et la surplombait. C'était sans aucun doute l'endroit le mieux placé pour ne rien manquer du spectacle et Sardan faisait face à la partie la plus haute et la plus occupée de l'amphithéâtre. Ainsi le plus grand nombre pouvait le contempler à loisir et quelques domas supplémentaires était le coût nécessaire à l'octroit d'un tel privilège. L'Éblouissant siégeait dans un faste rugissant d'une splendeur toute barbare et outrancière. Au centre se dressait un trône doré bien trop imposant pour un seul homme. Des murs, tombaient des cascades de draperies précieuses et écarlates comme le sang si aisément versé en ces lieux. Des tables avaient été dressées avec un profusion de boissons et d'aliments. Une extravaguante quantité de cruches de bière et d'outres de vin qui auraient tuées quiconque tentant de n'en boire que la moitié. La nourriture connaissait les mêmes disproportions : Des viandes rôties d'oiseaux et de caprins, des œufs, de la salicorne, une abondante diversité de pains et de galettes, des graines de sésame, des pâtisseries, des grenades, du raisin, des pistaches et d'autres fruits venus des quatre coins de l'Omne. Cette démesure débordait d'inombrables plats et récipients dorés et bariolés de pierres précieuses avec la surabondance immanente au raffinement primitif.
L'empereur était à demi étendu sur son trône, vêtu d'un simple pagne. Plein de suffisance à l'égard de ce qui l'entourait, il mangeait un à un des fruits secs dans une posture suave proche des représentations esthétique du divin. Sa chevelure avaient été tressée et retroussés en chignon à l'arrière de son crâne, il y brillait une multitude de perles dorées. Autour de lui, des domestiques s'affairaient à contenter ses désirs avec l'exigence vitale d'y parvenir avant même qu'il ne les ai formulés.
Sombre et froid, l'homme illustre fit irruption sur la terrasse impériale. À la manière d'un spectre, il rejoignit Sardan d'un pas calme et uniforme qui imposa à l'effervescence des serviteurs des changements de trajectoire pour éviter tout frôlement. Il s'adressa à l'Éblouissant avec l'attitude douceâtre qui habille la flagornerie. Puis, après s'être incliné à plusieurs reprises, il se dirigea au plus près du parapet pour prendre la parole. Il n'eut pas à faire le moindre geste, sa simple progression imposa le silence.
— Masham, Éta, Ashtur, Kamtshat, dieux célestes ! Du votre royaume d'éternité vous avez assisté à la naissance du vôtre égale terrestre. Je témoigne qu'il n'est d'autres divinité sur terre que Sardan, unique et inégalable. Il est fils du prodige et a partie intimement liée au merveilleux. Mieux que les hommes-dieux et plus fort que les hommes-dieux, l'ici bas est le sien royaume et le votre règne sera en ce jour cantonné aux cieux pour les siècles des siècles. Le peuple doit écouter les miennes paroles, je conseil à quiconque et où qu'il soit la malsérénité face à l'Éblouissant. En ce jour, la sienne enveloppe charnelle à laissée place à un être intemporel qui sait bénir les siens. Mais au malfidèle, au malauthentique, à celui qui ferait montre de malamicalité envers l'un de ses proches, à ceux-là il déclare la guerre. Le peuple de l'Éblouissant, doit être fier, doit être orgueilleux, il a été élu pour étendre l'hégémonie de Sargad au monde. Mais le peuple de l'Éblouissant doit savoir que les contentements dûs à un empereur sont d'inéquivalentes mesures à ceux qu'impose la divinité. L'offrande totale de sois est la seule louange acceptable face à un dieu. Le peuple doit se réjouir ! car l'Éblouissant l'a fait entrer aujourd'hui, avec lui, dans la sienne divinité. Pour glorifier ce jour extraordinaire, pour honorer le peuple divin, le public verra de fiers Sargadéens lutter contre les animaux les plus dangereux de notre empire. Il verra la reconstitution de la révolte réprimée d'Irkuk menée par le malhonnête Tarkos. Des esclaves armés avec l'exact équipement Irkukite tenteront de faire mentir l'histoire face à les notres soldats dans le leur propre rôle. Il verra les archers les plus habiles de l'empire s'affronter pour connaître les plus dignes à servir l'Éblouissant. Mais pour commencer, voici le sacrifice qui sacrera ces jeux par le sang.
Le discours de l'homme illustre fut accueilli par une hystérie pleine de fureur. Les pauvres allaient se rassurer de leurs conditions en contemplant plus malheureux qu'eux. Les riches à qui cette amphithéâtre accordait quelques privilèges, se féliciteraient du statut acquis par leur fortune. L'aristocratie quant à elle, boirait tout son soûl de cette excitation bienfaitrices qui, pour un temps, interromprait l'ennuyeux quotidien de leur vie oisive. Louanges, applaudissements, acclamations, résonnaient de toutes parts.
— J'ai pas très bien saisi ce qu'il a dit, marmonna Izba perplexe, pourquoi ont-ils tous l'air aussi joyeux ?
— Allez savoir, répondit Brankas. Je veux dire par là, pourquoi une telle foire ? Pour ce qu'il a dit, cela me paraît extrêmement concit. Ils ont connu le joug d'un empereur, les voilà maintenant sous celui d'un dieu. Leur vie était faite d'un arassant labeur et le voilà qui exige mieux. Et de jeux extraordinaires il va abreuver son public, pour que soit glorifié ce jour où la théorie va laisser place à la pratique. Alors oui, par les dieux ! Pourquoi sont-ils aussi joyeux ? La sensation d'approcher le divin peut-être ?
Dans l'une des portes de l'arène, une lourde grille s'éleva dans un bruit clinquant de métal. Une à une, des femmes vêtues de aillons en sortirent comme poussées sans ménagement. Elles furent six au total lorsque la grille se referma en tombant lourdement. Toutes avaient une poitrine opulente et un ventre arrondit qui contrastaient avec leur extrême maigreur, à l'évidence, elles portaient un enfant. Parfaitement inatentives à leurs comparses, elles s'éloignèrent les unes des autres d'un pas sans but ni direction. Les yeux vitreux, l'air agare, elle ne semblaient même pas comprendre où elles se trouvaient. L'homme illustre reprit la parole :
— Peuple de Sargad et ami de l'île. Ces travailleuses de la terre ont commis une inconformité. Elles ont utilisé à autre chose le temps généreux qui leur était accordé à dormir. Les spectateurs sont témoins du résultat, ils regardent ces malhonnêtes, ces maldignes, ces malreconnaissantes. Elles sont malbonnes à tout maintenant, mis à part à divertir le public venu fêter l'Éblouissant. Pour le plus grand plaisir des gens ici présents, nous les offrons à Maéréo... L'homme venu d'Anubie... L'Orcnéas.
Il pointa un doigt vers le sol de l'arène. Le sable se souleva et tomba en une cascade blonde sur les bords d'une trappe qui s'ouvrait. Izba et Ménéryl se tournèrent vers Brankas.
— Qu'est-ce qui va sortir de là ? demanda le Nohyxois
— Messires, vous me regardez là, comme si j'étais omniscient. C'est tout à votre honneur, mais peut-être avez vous trop haute opinion de l'étendue de mes talents ! L'Anubie, c'est la terre inconnue, effrayante et sauvage dont seul le prestigieux Sadazar est revenu. Il y a des chose qu'on imagine pas là bas, des choses cachées, des choses oubliées et le sot comme l'érudit s'accordent à dire qu'il ne faut rien changer à ce fait. Les récits parvenus des siècles obscurs parlent d'êtres épouvantables, terribles et glaçants ; croyez moi, ce qui a été enfermé de ce côté de l'Omne ne doit pas être très reluisant. J'ignorais totalement que des hommes y vivaient.
Les deux jeunes guerriers se tournèrent vers l'ouverture pour voir ce qui allait en sortir.
— Un simple "je sais pas" aurait suffit chuchota Izba à son ami.
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