L'arène de Sydruk 1/4
L'Othryst fut une solide protection au sud qui permît grandement l'expansion de Claudion vers le nord. Mais Aranéos avait commis une erreur dans les actes fondateurs de son pays. En donnant ses filles en mariage à ses généraux et ses fils à des princesses grandvalaises, il avait créé deux aristocraties bien distinctes. L'une de lignée pure, descendante directe de la noblesse systagénoise et voyant l'autre comme une branche souillée, des demi-sang. Depuis leur création jusqu'à nos jours, l'aristocratie des villes d'Érodia, de Miléia, de Kantréia et de Palitra, a systématiquement été unie à des princes et des princesses venus de Systagène c'est pourquoi cette partie de L'Othryst est d'obédience systagénoise.
Gaïl le Vénérable, Mémoires du Monde d'Omne
***
Un vent brulant soufflait sur Syddruck et balayait le visage de Ménéryl. Encore sous le coup de la sanglante résurrection impériale, son esprit s'emmelait. Il était à nouveau confronté à ces choses auxquelles son professeur n'avait jamais fait allusion, un cérémonial inhabituel pratiqué dans une ville inquietante. Avec Brankas et Izba, ils suivaient le groupe des privilégiés en direction de l'arène et le jeune homme jeta un coup d'œil en direction de ses compagnons. Le Nohyxois était lui aussi perdu dans ses pensées, l'homme à la peau noire, peut-être plus habitué à ce genre de de situation, restait insondable.
Ils avaient d'abord dépassé l'extrémité de la terrasse où des religieux aux crânes rasés ramassaient l'exuvie de Sardan en psalmaudiant des paroles étranges. Puis il avaient remonté la vaste terrasse et marché le long de la façade de briques lisses en direction d'une entrée réservée aux participants et aux personnalités. Ce passe-droit leur assura une progression confortable au regard des masses populaires qui rejoignirent le lieu des festivités dans une bousculade généralisée. Ce fut une sensation agréable pour Ménéryl d'être pour une fois celui qui éprouvait le moins de difficultés, mais la cohue ne leur aurait-elle pas assuré un anonymat plus opportun ? Malgré l'emportement et le désordre de la foule, il n'y eu aucun troubles. Des soldats au casques pointus et aux lances acérées avaient été déployés en nombre et leur air menaçant était une mise en garde sérieuse contre tout débordement.
Arrivés à l'angle formé par la face nord et la face ouest, l'arène se dévoila dans sa totalité. Comme à peu près tout sur cette île, elle était monumentale, bien plus grande que celle de Dacéana et d'une prouesse architecturale nettement supérieure. C'était un énorme amphithéâtre de forme circulaire qui prenait la forme d'une voile en s'élevant. L'extremité sud mesurait bien cent cinquante pieds de haut et descendait en une courbe abrupte jusqu'à une cinquantaine de pieds vers le côté nord. Cet assymetrie maintenait une ombre bienfaitrices sur les gradins et l'impressionnante structure n'avait même pas nécessitée une colline sur laquelle s'appuyer. Contrairement aux autres constructions, elle avait été bâtie en pierres et sa superficie s'étalait sur une bonne partie de l'étages. Les alentours formaient une large place qui lui était dédiée. L'édifice était formés par des successions d'arcs aux centres desquels se trouvaient des statues. Des centaines de sculptures de pierres dorées où se mêlaient des dieux à corps d'animaux, des déesses à cornes et des nymphes capées d'eau. La marée humaine qui s'approchait du lieu des réjouissances se divisait sur plusieurs entrées reparties tout autour. Séparés de l'affluence, les trois compagnons s'engouffrèrent sans peine dans l'amphithéâtre par une porte pareil à toutes les autres. Ils n'avaient pas échangés un mot durant tout le parcours, Ménéryl songea qu'ils étaient tous atteint par le même trouble et qu'Izba, tout comme lui, avait dû flairef les indices de tourments à venir. L'intérieur de l'édifice le tira subitement de ses songes. Le couloir était haut de plafond, éclairé par la lumière orangées d'imposantes lampes à huile. Tout juste protégés de la clarté du soleil, ses yeux mirent un peu de temps à s'habituer. Lentement, les détails du lieux devinrent plus net. Les lampes étaient constituées de grosses sphères couronnées par cinq becs crachant de grandes flammes. Sur leurs corps arrondis s'étalaient des décors soignés fait de visages humains, de scènes de la vie, de combats divins, ou encore de têtes d'animaux. La galerie étaient bordés par une rangée de statues à l'effigie de bêtes monstrueuses au réalisme stupéfiant. Leurs tête projetaient sur les murs des ombres distordues presque terrifiantes. L'endroit éveillait un foisonnement de sentiments contradictoires. À l'impressionnant alignement des sentinelles de pierres et l'inquiétante danse de leurs silhouettes fantasmagoriques sur les murs de briques claires, se mêlait l'apaisante fraîcheur qui régnait en ce lieu.
Une succession sophistiquée d'escaliers conduisait aux étages, d'autres, descendants vers les sous-sols, portait l'écho lointain d'une clameur lugubre. Ménéryl essaya de distinguer les sons qui lui parvenaient des profondeurs souterraines. Il discerna des cris, des plaintes, des gémissements et, comme une note caverneuse noyée à ce cauchemar sonore, des grognement qui n'avaient rien d'humains. Il aurait dû prendre ses distances, conseillé par l'horreur qu'engendre normalement ce genre de situation, mais les ténèbres l'appelaient. Elles lui apparurent soudain comme une vieille connaissance, un endroit sûr au milieu de ce monde étrange et inconnus. Loin de l'en éloigner, ses pas le menèrent inconsciemment en direction des marches qui s'enfonçaient dans l'abyme. Elles étaient usées, leurs arrêtes arrondies par des passages longuement répétés trahissait une antériorité sur le reste de la structure. Le passage était si proche, semblable à l'entrée d'un gouffre où dormait tapis dans la pénombre une puissance bestiale et familière. Il n'y avait plus qu'à les emprunter, il suffisait de descendre pour en avoir le coeur net.
Une main posée sur son épaule anéantit l'errance qui avait envahi son esprit. Izba se tenait là, le regard interrogateur.
— Tout va bien ? demanda t-il. Tu affiche cette même expression que tu avais face à Mourios.
— Les participants et leurs escortes c'est par là ! entendirent-ils aboyer dans leur dos.
Les hautes personnalités venaient de se diriger vers le premier étage en direction des secteurs aristocratiques. Quant à eux, ils étaient invités à s'orienter vers l'issue de la galerie.
— Tout va bien, se contenta de répondre Ménéryl, nos places nous attendent.
Il y eu à la sortie une frontière très nette où la chaleur et l'éblouissante luminosité les assaillirent brutalement. Au bas des tribunes, sur le sable même de l'arène, avaient été alignés des bancs en bois. Le confort était sommaire, mais ils étaient situés au plus proche de l'aire des combats.
— Au moins on verra bien ! avait déclaré Izba que la promesse d'un spectacle guerrier avait sorti de sa torpeur.
Ils s'assirent et soudain, la masse écrasante de l'édifice les subjuga. Ses contours s'étalaient si loin et montaient si haut que ceux qui se trouvaient en face paraissaient minuscules. Des entrées, s'écoulait un fleuve inépuisable de personnes dont le débit incessant se déversait sur les différents secteurs dessinés par les escaliers et les paliers. Le bourdonnement des voix était étourdissant.
— Macdiar m'en soit témoin, la Dacéana rentrerait toute entière dans cet construction ! marmona Izba qui ouvrait de grands yeux ahuris.
— C'est incroyable, souffla Ménéryl en se tournant vers ses compagnons, je n'ai jamais rien vu de tel !
— Oui, oui, voilà, nous y sommes, dans l'antre du dévoreur d'hommes, répondit l'archer animé par une bouillante excitation. Ne vous y trompez pas, l'amas garnissant les bancs de ces populeux étages ne veut pas nous voir sortir d'ici vivant. Il ne souhaitent qu'une poignée de héros sachant manier le massacre avec un esthétisme éclatant. Cet édifice messieurs, à besoin de sa ration de sang et, pour qui saura en sortir porté par ses propres jambes, il est assurément promesse d'un avenir flambloyant. L'archerie est un art moins spectaculaire que le maniement des haches, des masses d'armes et autres épées, mais pas un de ces spécialistes du corps-à-corps, aussi doué soit-il, ne pourrai m'approcher à moins de cent pieds. Que m'importe cette foule domestiquée, que m'importe ces combattants à l'arrogante virilité, que m'importe même, ces religieux pensant tous nous surpasser. Le grand commandant des armées sait ! Sardan sait ! Et lorsque les milliers d'yeux profanes verront un ennuyeux moment à passer, l'excellence militaires, ébahie par tant d'adresse, détectera en moi une formidable opportunité.
— Entrer en lice et affronter une population toute entière, je connais cette sensation, grogna Izba avec un amusement féroce. Vous êtes un homme hardi, je respecte cela. Vous pouvez être assuré de mon soutien, même si je ne suis qu'un simple spécialiste du corps-à-corps.
L'homme à la peau noire lui répondit par un large sourire, cette déclaration, bien qu'isolée, sembla lui procurer une réelle satisfaction. Le Nohyxois se tourna vers Ménéryl et ajouta :
— Il est un peu étrange, mais il me plaît. Quant à ces Sargadéens, ils vivent comme des sauvages mais ils savent bâtir !
Le jeune homme acquiesça, mais le mot "sauvage" le ramena à ses inquiétudes. Les participants aux épreuves étaient tous des enfants du pays, du moins, c'est ce qu'indiquait leurs physionomies et leurs styles vestimentaires. Malheureusement, Brankas ne passerai pas inaperçu et il ferait face à un peuple à l'esprit façonné par des siècles d'abrutissement dogmatique.
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