Partie 37 - Chapitre 7 : La coupure (3/7)


LA REVANCHE DE LA VICTIME


Est-ce que vous croyez aux fantômes ?

Moi, non plus !

Pourtant lorsque les Grandes Catastrophes sont survenues vers la fin des années 2020 peu de temps après la guerre dans le Pacifique, le fantôme de mon père apparaissait toujours afin de me rappeler le but originaire de ma naissance et le sacrifice de sa vie : ma survie.

Les Grandes Catastrophes, comme on les appela, dèbutèrent d'abord dans les pays en voie de développement. Les pays d'Afrique et d'Asie du Sud tout particulièrement en prirent un sacré coup. Les événements s'intensifiaient et se multipliaient chaque mois, ravageant tout et tout le monde sur leur passage. Je me souviens du premier grand carnage. Ousmane avait à peine un an.

Je sortais de la maison avec lui dans les bras pour l'amener chez sa grand-mère. Absorbé par mes pensées, je restai le regard fixé sur ma voiture en face de moi.

« Borys, lève les yeux ! » fit la voix de mon père en polonais devant moi.

Je sursautai cherchant sa silhouette avant de lever les yeux vers le ciel. Ce dernier, bleu et tranquille en apparence, mais derrière plus loin, un souffle gris puissant se formait telle la colère des hommes. Je restai un long moment à contempler le ciel ne sachant comment interpréter le message qu'il semblait avoir écrit pour moi.

« Ne reste pas planté là ! » s'écria à nouveau la voix de mon père. « C'est la planète, » ajouta-il d'un ton alarmé. « La planète se décide enfin à prendre sa revanche sur nous. »

À ses mots, mes pensées s'arrêtèrent immédiatement pour laisser place au néant de mon esprit. Je fis volteface pour retourner à la maison serrant Ousmane dans mes bras.

« Fatou ! » m'écriai-je à l'entrée.

« Ben... pourquoi Ousmane est encore là, » fit-elle en sortant la tête de la cuisine.

Je fonçai droit vers elle et sans lui répondre, je la saisis par la main pour l'entraîner dans la pièce la plus éloignée de la porte d'entrée : son atelier de travail.

« Vas-tu me dire ce qu'il se passe ? » cria-t-elle en me suivant malgré elle.

Je ne répondis rien, mon esprit toujours aussi vide, à l'intérieur le néant me donnait des instructions bien précises. Je mis Ousmane dans les bras de Fatou avant d'aller prendre le large porte bébé traditionnel en tissu pour l'attacher à mon ventre. Ensuite, je me mis à fouiller dans tous les tiroirs pour en sortir les cordelettes les plus solides possible avant d'attacher Fatou à moi. Au même moment, on entendit un lourd sifflement venant de la porte d'entrée. Je nous poussai immédiatement dans un angle de la pièce pour adosser Fatou tout contre le mur la serrant et Ousmane très fort contre moi, mon corps faisant barrage.

« Baisse la tête et garde les yeux fermés, » lui dis-je en fermant les miens.

La toute première revanche de la planète nous cracha en pleine face sans prévenir. Son souffle aussi froid et putride que la mort nous projeta dans l'air telles des feuilles de papier. Son cri métallique et strident à nous percer les tympans semblait hurler aux hommes sur toute la surface de la Terre :

« Qu'est que vous m'avez fait ?! »



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