Partie 31 - Chapitre 6 : Les menaces (3/6)
AU SOLEIL LEVANT
La fin des années 2020
Il m'arrive souvent de réfléchir aux événements qui ont précédés ce qui s'est passé pour tenter d'y trouver les indices qui auraient pu m'avertir du danger qui nous guettait. Comme beaucoup de gens de mon statut social à l'époque, je vivais confortablement malgré les aléas de l'économie des pays riches. Je mangeais à ma faim, ma famille allait bien, j'occupais un poste signifiant dans la société et surtout, je pouvais me cacher derrière mes activités professionnelles pour oublier le vide de mon existence d'homme faible. Le brouhaha du monde extérieur semblait jouer en bruit de fond dans le film de ma vie sans vraiment le perturber plus que ça. Je restais confortable et invisible, et cela m'allait parfaitement ainsi. L'inconfort, le malheur, la souffrance ou la galère des temps modernes des uns et des autres finissaient toujours engloutis sous mon gros tas de choses à faire. L'homme très occupé et responsable que j'étais marchait insouciant vers la destinée qu'il voulait à tout prix éviter.
En effet, les signes précurseurs de notre tragique destin d'hommes arrogants s'étaient bien présentés à moi à plusieurs reprises tels des avertissements. J'avais simplement choisi de les ignorer. La mise-en scène théâtrale des pays riches pour distraire leurs populations de ce qu'ils manigançaient en plein jour étaient parvenue à leurrer tout le monde, moi y compris. Nous regardions le cœur palpitant nos dirigeants se disputer des territoires, des ressources et autres qu'ils ne leur appartenaient pas, comme jadis au temps des royaumes, des grands empires et de la colonisation. Évidemment, ils n'avaient jamais eu l'intention de partager leurs butins avec la population qui finançait leur égo. Si seulement je pouvais revenir en arrière, j'oserais jeter un œil curieux partout où ces dirigeants nous dissuadaient de ne pas regarder, je poserais toutes les questions qu'ils jugeaient inutiles, je porterais une oreille particulièrement attentive à tous ceux qu'ils condamnaient et surtout, j'agirais malgré mes peurs. Comme j'étais lâche ! Je vivais dans un état de crainte constant : peur de l'échec, peur du jugement, peur de l'isolement, peur de la mort de tous ceux qui m'étaient chers ...
Alors que l'Europe s'était longuement querellée avec la Russie et que l'Amérique avait observé la scène de ménage outre-Atlantique, curieuse et très engagée, la Chine quant à elle, discrète et silencieuse, avait patiemment pris note. L'occident avec son arrogance habituelle ne vit même pas le coup venir. Lorsque la Chine lança sa première tentative d'invasion sur Taiwan, les occidentaux restèrent confus quant à savoir quelle excuse inventée cette fois-ci pour voler au secours de leur allié du pacifique. Après tout, n'avaient-ils pas laissé leurs confrères Ukrainiens à la merci des troupes russes juste avant ça ?
Le monde entier regardait bouche bée et cœur battant critiquant déjà un camp ou l'autre sur les médias sociaux. Malgré le long conflit de l'année précédente, la Russie se tenait déjà prête à repartir de plus belle au côté de son puissant compagnon. Le Japon et l'Inde tremblaient à l'idée de devoir intervenir eux-aussi d'une manière ou d'une autre. Surtout, aucun d'eux ne voulait devoir choisir. Après tout, ils s'étaient tous les deux très discrètement écartés du conflit Russo-Ukrainien de l'occident et ne souhaitaient pas risquer de perdre les avantages que leur apportait l'alliance monétaire qu'ils avaient signée l'année précédente avec les pays d'Asie, la Chine inclue. Quant à l'Australie, elle se trouva bête au milieu d'un conflit auquel elle avait grandement contribué sans trop s'y préparer. Les sous-marins américains à énergie nucléaire n'étaient pas encore prêts.
Les Américains et les Européens se dévisagèrent longuement pour évaluer lequel des deux devrait s'engager le premier et surtout comment. Les pays de l'Union européenne se cachèrent derrière la France et l'Allemagne, les seuls pays ayant pour l'un les ressources militaires, pour l'autre le financement pour une guerre là-bas au soleil levant, ou du moins c'était le cas avant le conflit en Ukraine. La France et l'Allemagne de l'année 2023 étaient toutes les deux fatiguées, fauchées et peureuses.
Feraient-ils comme avec l'Ukraine ? Enverraient-ils des fonds, des armes et des munitions ? Des sanctions économiques en série ? Comment sauver plus des trois quarts de la production de puces électroniques du monde entier dont ils avaient tant besoin pour leurs recherches. Eh oui, la fameuse solution rapide et efficace à nos problèmes existentiels.
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