Partie 27 - Chapitre 5 : Retour à la terre natale (4/5)
DIEU ! ET MOI ?
À l'instar de chez Alegria, nous allions en famille à la messe catholique tous les dimanches. Mes parents étaient tous les deux de fervents croyants qui prenaient grande fierté à pratiquer 24/7 ce en quoi ils croyaient. Pour moi, la religion représentait une histoire un peu comme celle qu'on raconte aux enfants avant d'aller dormir. Je savais la plupart des personnages fictifs et l'histoire inventée de toute pièce par des hommes très imaginatifs, mais je sentais qu'il y avait aussi sous le tissu de mensonge un message spirituel profond à retenir.
Quand je chantais ou disais des prières, ma voix et celles des autres autour de moi s'élevant jusqu'au toit voûté au-dessus de nos têtes de pécheurs, je me demandais toujours : pourquoi vouloir une vie misérable sur terre pour une vie merveilleuse au paradis ? Assurément, Dieu nous avait fait une blague et nous étions tous tombés dedans comme des idiots. Forcément, vivre misérablement pour mieux mourir merveilleusement n'était qu'une charade. En remaniant les mots dans toutes les combinaisons possibles, peut-être pourrais-je trouver la vraie réponse ?
Vivre merveilleusement pour mieux mourir misérablement au paradis. Non !
Vivre au paradis pour mieux mourir merveilleusement misérable. Non !
Pour vivre mieux misérablement, mourir au paradis merveilleusement. Ah, elle était pas mal celle-ci, mais probablement non.
Pour mourir au paradis, vivre merveilleusement misérable. Umm ! Non !
Pour mieux vivre misérablement, mourir merveilleusement. Pas ça non plus !
Je fus très vite obligé de déclarer forfait au Bon Dieu et à son casse-tête. Visiblement son sens de l'humour paraisait bien plus élaboré que le nôtre.
Vous devez probablement vous demander comment un jeune homme à la fleur de l'âge avec une orientation telle que la mienne a pu survivre sous le jonc de la religion catholique. Et bien comme un peu tout le monde, en jouant le jeu, en mastiquant culpabilité et honte à longueur de journée. Ces dernières consistaient mon pain de pécheur au quotidien. Mon père en revanche, était ravi à chaque fois que je ramenais une amie ou une petite copine à la maison. Le soleil et les femmes de Cuba m'avaient rendu charmant et normal. En feignant pendant si longtemps, il m'arrivait même de me convaincre que j'avais bien changé, exorcisé par le pouvoir du temps. Mais il suffisait d'une jupe jaune, d'une femme immigrée à la peau brune et rouge, pour me rejeter en un instant dans les bras de Feliz.
Il m'arrive parfois de me demander encore si mes petites copines de l'époque ne l'avaient pas remarqué elles. Je me tenais là auprès de chacune d'elle sans être présent ; un mort vivant pendu à sa belle comme un linge à un porte-manteau.
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