Partie 18 - Chapitre 4 : La transition (4/9)


LA COMPLICITÉ


Un jour où je savais Alegria et Pedro partis de la maison jusqu'au soir, j'invitai Feliz à la demeure familiale pour lui faire voir chez moi. Assis au balcon, on resta à siroter longuement une boisson fraîche en rigolant avant d'aller lui montrer du terrain. Je la saisis par la main qu'elle me laissait allégrement prendre depuis quelques jours pour la conduire vers le jardin et les chevaux. Tout comme moi le premier jour de mon arrivée chez Alegria, elle s'émerveilla immédiatement à la vue de Pura Sangre qui dévisageait le paysage balayant nonchalamment les mouches autour de sa queue. Destello à son côté semblait chercher une distraction. Je me retournai juste un instant pour saisir deux selles suspendues sur la clôture avant de me tourner à nouveau vers Feliz en lui demandant :

« Est-ce que tu sais monter à cheval ? »

« Bien sûr que oui. Et toi ? » fit-elle perchée sur le dos de Pura Sangre, les rênes en main, un sourire malicieux sur les lèvres.

Avant que j'essayasse de lui répondre, elle partait déjà au galop. Je laissai tomber à mes pieds l'une des deux selles avant de me précipiter vers Destello. J'installai la selle sur lui à toute vitesse avant de le monter et partir à la poursuite de Feliz. Sa silhouette au-dessus de Pura Sangre, sa chevelure rebelle courait après elle. Soudain, elle se retourna et me vit arriver derrière elle ; elle accéléra à grands coups de talons. J'en fis de même. 

Les paroles d'Alegria étaient véridiques. Feliz nourrissait en moi un feu éteint depuis longtemps et au fur et à mesure que les flammes se ravivaient, elle consumait mon rêve d'enfin trouver un camp, un côté qui me réconcilierait avec mon père. Mais, à cet instant précis, enivré par l'exaltation de notre course en plein air, je ne voulais qu'une seule chose : me laisser consumer complètement par la chaleur de Feliz.


***

Lorsqu'Alegria et Pedro arrivèrent au pied du balcon à la tombée de la nuit, ce qui arrivait tôt à l'heure des Antilles, ils nous trouvèrent assis à la table.

« Bonsoir Mme Perez ! » s'exclama-t-elle immédiatement en se tournant pour saluer ma grand-mère.

« Bonsoir Feliz, » répondit Alegria agréablement surprise de la voir en ma présence. « Je ne savais pas que Borys et toi vous côtoyez, » fit-t-elle en montant lentement les marches de l'escalier d'un pas lourd et fatigué.

« Passe le bonjour à ta mère pour moi, veux-tu ?» ajouta Alegria simplement en entrant dans la maison suivie de Pedro qui salua Feliz au passage.





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