Chapitre 9 - Violences

Je me fige aussitôt. J'ai l'impression que la température descend encore de quelques degrés tandis qu'un frisson me parcourt la colonne vertébrale. Je secoue vainement la tête.

- Non, je proteste en tenant l'appareil ridiculement loin de ma bouche. Non ! T'es pas lui, t'es pas Ryder. Il est mort, ok ? Mais qui que tu sois va... va te faire mettre des bonbons à la menthe dans le...

- Tu te trompes. Je t'ai promis que je reviendrais et je tiens toujours mes promesses. Tu le sais mieux que personne. Tu croyais vraiment que je pourrais me laisser mourir sans en avoir fini avec toi ?

Je glisse contre le mur derrière moi et tombe les fesses par terre. Je m'en rends à peine compte.

- Qu'est-ce que... qu'est-ce que tu veux ?

- Je te veux, toi. Je veux ma vengeance. Je suis content de voir que tu m'as obéis. Oui, ce n'était qu'un test. Car c'est maintenant qu'il va falloir faire ce que je te demandes. Je vais t'envoyer une adresse. Tu as deux jours pour y aller. Il y a un coffre-fort à l'intérieur. Trouve le code, ouvre le coffre et récupère son contenu. Ensuite, je t'appellerais pour convenir d'une rencontre. Et comme la pression monte, faisons monter les enchères également. Si tu ne le fais pas, si tu vas voir la police ou si tu trouves un moyen de te défiler, la première vidéo sera mise sur tous les réseaux. Je t'envoie une deuxième vidéo qui, elle, sera envoyée directement aux flics. À toi de choisir, Lolita.

Je reste bouche bée. Il me faut quelques instants pour réaliser que l'appel est finit et encore une longue minute avant de réaliser que je suis glacée et que je suis assise dans une flaque d'eau. Mais je n'ai pas le temps de me reprendre que je reçoit un message du même numéro masqué. Les doigts tremblants, j'ouvre la vidéo qu'il contient. Je m'attendais à voir une nouvelle vidéo de moi et la surprise me fait rater quelques respirations. C'est James. La vidéo semble venir d'une caméra de surveillance. Il y a un gros plan sur son visage concentré, puis la vidéo dézoome. Il est penché sur un ordinateur dans ce qui ressemble à une opération de piratage. Il est dans une salle remplie de bureaux et d'écrans de surveillances. Dès qu'il finit avec l'ordinateur, il se lève et récupère une bombe de peinture. Il tague des mots sur les écrans. Sur le côté, une pancarte m'interpelle et je souffle un long coup. "Commissariat".

La vidéo s'arrête quand James quitte la pièce en laissant une inscription lugubre derrière. Je reste quelques instants immobile puis, fébrile, ouvre le moteur de recherche. Il me suffit de taper deux mots : VANDALISME et COMMISSARIAT pour trouver ce que je cherche. J'ouvre l'article et le gros titre me saute aux yeux :

« À une étudiante kidnappée, une bijouterie cambriolée et une prison attaquée s'ajoute maintenant un poste de police vandalisé. Génies du mal ou police incompétente ? »

Je lis l'article, le souffle coupé. J'arrive au bout et le lit à nouveau. Oh, merde. James, dans quoi es-tu fourré ? J'ignore si James a vraiment un rapport avec toute cette histoire de vol et de kidnapping. Ce qui est sûr, c'est que c'est lui a vandalisé ce poste de police. Le lien est facile à faire ensuite. Je laisse mon téléphone s'éteindre tandis que je me prends la tête entre les mains. Si cette vidéo atterris chez les flics, James finira en prison. Et John, par son lien avec lui, sera soupçonné de complicité. L'idée qu'ils passent les dix prochaines années dans une cellule me glace le sang.

Je dois impérativement prévenir John. Il faut que je lui dise que James n'est pas celui qu'il prétends être. Qu'il est dangereux. Que c'est un criminel. Ça risque de lui briser le cœur, mais je n'ai pas le choix.

Subitement, je me relève. J'ai les fesse trempées et je suis glacée mais je sais que je dois agir. Je me précipite vers l'entrée de la boîte de nuiten brandissant mon bracelet fluorescent. Une fois à intérieur, je cherche fébrilement John. La musique manque de me faire éclater le crâne tandis que j'ai l'impression que l'on martèle ma poitrine à coup de basse. Après plusieurs minutes à tourner en rond, j'aperçois un visage familier.

James n'est pas très loin de moi, en train de danser avec un groupe d'inconnu. John n'est pas avec lui. Mon ventre se tord tandis que je l'approche. Il se tourne vers moi avec un sourire éclatant et je me demande un instant à combien de verre il est. Je fronce les sourcils.

- John ? je demande simplement.

- Aux toilettes !

Il me désigne une porte à l'autre bout de la salle. Je le fixe une seconde. Est-ce que ce type avec qui je vis depuis plusieurs est vraiment un criminel ? Est-ce qu'il a kidnappé quelqu'un ? Je reporte ces questions à plus tard, tourne les talons et trace à travers la foule. Je bouscule tous ceux se trouvant sur mon chemin et arrive devant les sanitaires. L'alcool dans mes veines ne me permettant pas d'hésitation, je pousse la porte des toilettes des hommes.

- Alors sale pédé, t'en veux encore ? Je vais t'enculer espèce de porc !

Mon cœur loupe un battement. Ignorant les relents d'urine et de sueurs qui me montent à la tête, je pénètre à l'intérieur et déboule dans la pièce principale des toilettes. Il y a quatre personnes à intérieur. John est là, étalé sur le carrelage. Il est recroquevillé sur lui-même et a le visage en sang. Autour de lui se trouvent trois hommes, de toute évidence bien éméchés. Deux d'entre eux ont une bouteille de bière à la main tandis que le troisième fume quelque chose qui doit être bien plus fort que du tabac. Ils tournent autour de mon meilleur ami en lui lançant des insultes à la chaine et en lui décochant des coups de pieds de façon aléatoire en se marrant.

Je reste figée par le spectacle, horrifiée. L'un des hommes me remarque et un sourire gras prends place sur son visage.

- Salut poupée, tu t'es perdue ? T'es chez les hommes là. À moi que tu ne cherches juste un peu de chaleur humaine ?

Il éclate de rire, suivi de ses deux acolytes qui me dévisagent de même. Mon regard ne peux pas se détacher de John, allongé dans son propre sang sur le carrelage. Il ne bouge pas. Pourquoi ne bouge t-il pas ? L'homme qui a parlé avance vers moi. J'aimerais faire quelque chose. Hurler, appeler à l'aide, aller aider mon ami. Mais je suis paralysée. Paralysée par l'état de John. Paralysée par les regards lubriques posés sur moi. Bordel de merde. On aimerait tous pouvoir se dire que dans ce genre de situation, on lacherait une remarque sarcastique avant de flanquer une raclée à ces types. La vérité c'est que, non, tu ne dis rien. Tu ne bouges pas. Car la peur est un animal sauvage qui prends place dans tout ton corps et, quand il y est bien logé, prends le contrôle de tout.

- T'es une chaudasse toi, hein ? T'inquiète, tous les trois on va te refroidir.

Je fais un pas tremblant en arrière. Il me suffit de quitter la pièce et d'aller chercher quelqu'un pour sortir John de là. Mais dieu sait ce qu'ils seraient capables de lui faire entre temps ! Le souffle rapide, je cherche encore quoi faire quand la porte d'entrée s'ouvre brusquement. Je me tourne et aperçoit James arriver. Il a dû me suivre quand je suis venue. Il aborde le sourire naïf de ceux qui sont bien alcoolisés et avance vers moi. Soudain, il se fige en voyant les trois hommes. Son sourire disparait et, d'un regard, il analyse la situation. Moi, terrifiée. Les trois hommes, ricanant en voyant leur prochaine proie arriver. Et enfin John, en sang par terre.

J'ai peu d'espoir. Je vois mal comment, bourré comme il l'est, il peut nous sortir de là. Même en temps normal, il ne fait pas de mal à une mouche ! Dieu sait qu'après ça, je ne ferais plus l'erreur de le sous-estimer.

- Tiens tiens, la deuxième tapette. Tu venais baiser ton mec dans les toilettes ? Gros dégeulasse !

Le visage de James se décompose. Il lève les mains devant lui.

- Attendez ! J'ai... J'ai de l'argent. Prenez-le et laissez- nous tranquille !

Il semblait apeuré. Les trois hommes échangent un regard satisfait. Moi, je ne quitte pas James des yeux. Il passe les mains dans son dos et récupère son sac. Il fouille dedans une seconde. Quand il se redresse, il ne tient pas de l'argent dans le creux de sa main mais un objet noir que je reconnais vite. Une arme à feu. Je pousse un petit cri de stupeur en voyant ça et c'est au tour des trois hommes de se figer. James semble métamorphosé. Malgré son maquillage et son haut en dentelle, il n'est plus la même personne qu'il y a dix minutes. Son visage est dur, son regard déterminé est planté sur les trois hommes et il tient l'arme fermement, sans trembler. Je le dévisage, effarée.

Il avance de quelque pas en pointant le canon de son pistolet sur le front de l'homme qui m'a parlé juste avant. Son doigt désactive la sécurité.

- Tu sais d'où ça vient, les petits batard homophobes dans ton genre ? C'est juste des types qui assument par leur homosexualité et qui relâchent leur frustration sexuelle dans la violence.

- Hé, mon pote, lance le gars d'une voix tremblante. C'était pour rigoler, tu sais bien. Range... range ça.

- Ah oui ? Et battre mon copain à trois contre un, c'était pour rigoler aussi ? Tu sais ce que je fais pour m'amuser, moi ? J'adore foutre une balle dans le crâne des gens et voir de quelle manière leur sang va repeindre les murs.

L'homme est de plus en plus pâle. Moi aussi d'ailleurs. Je ne reconnais plus James. Dans son regard, je vois qu'il est capable d'appuyer sur la détente. Et ça me terrifie. J'avance de quelques pas jusque lui et pose ma main sur son bras.

- J... James. Laisse-les partir. Je t'en prie, baisse ça.

- Hors de question. Si on les laisse faire, ces sales enfoirés vont continuer à faire du mal à tous ceux qui sont un peu différents. Et si personne ne punit ça, on se retrouve avec des sales nazis qui foutent les juifs, les homos et les handicapés dans des chambres à gaz !

Je me retiens de lui dire que le parallèle est peut-être un peu rapide. Je secoue la tête et cherche son regard.

- James. Laisse-les s'en aller. Tu vas faire quoi, les tuer ? Tu veux vraiment aller en prison ? Baisse ça. Il faut... Il faut s'occuper de John.

Ce dernier argument semble avoir raison de lui. Ses traits s'affaissent légèrement et il lance un petit regard à John, avant de se reconcentrer sur les trois agresseurs.

- La prochaine fois que je vous croise, je vous jure que je n'hésite plus. Je n'oublie jamais un visage. Un conseil : à la prochaine agression homophobe, prenez garde à ce que je ne sois pas dans les parages ou vous pouvez vous considérez comme déjà morts.

Il abaisse légèrement son arme. Les trois hommes ne se font pas prier et déguerpissent à toutes jambes. James semble se métamorphoser à nouveau et il m'adresse un petit regard.

- J'en ai trop fait sur la fin ? Me questionne t-il d'une voix légère. « Je n'oublie jamais un visage », « vous pouvez vous considérez comme déjà morts »... je crois que je suis trop tombé dans le cliché du justicier dramatique.

Je lui fait des yeux ronds. J'ai le cœur qui bat encore beaucoup trop vite tandis que j'essaie de réaliser ce qu'il vient de passer. James me fait un petit sourire, puis range son arme à feu dans son sac. Je ne suis pas dupe. Sa petite tentative d'humour, c'est pour essayer de dédramatiser ce qu'il vient de se passer. Je prends une longue inspiration tandis que James s'agenouille devant John. Il m'adresse un dernier petit regard.

- Je n'aurais jamais tiré.

- Tu étais sur le point de le faire.

- Je ne suis pas un meurtrier.

- Juste un criminel en fuite, un voleur et un kidnappeur.

Il se fige. Une ombre passe devant ses yeux et sa réaction me confirme tout. C'est bien lui qui a fait tout ça. Plutôt que de s'appesantir sur le sujet, il baisse les yeux vers John.

- Viens m'aider. Il faut le sortir de là et l'emmener à l'hôpital.

Je m'accroupis à côté de mon ami. D'un geste rapide, je vérifie ses signes vitaux. Il est seulement inconscient. Un coup a dut l'assommer et il a surement le nez cassé. Peut-être quelques côtes fêlées, mais il s'en sortira. Il me faut quelques secondes avant de réussir à articuler :

- J'appelle une ambulance.

Je sors mon téléphone et appelle les secours ainsi que la police. James et moi entreprenons de porter John. Nous quittons les toilettes, puis réussissons sans trop de difficulté à atteindre la sortie. Bientôt, une ambulance arrive et prends en charge John. Un infirmier nous dit qu'une seule personne peut le suivre dans l'ambulance. J'échange un regard avec James.

- Vas-y. J'attends la police puis je prends un taxi et vous rejoins à l'hôpital.

Il me regarde bizarrement, sans doute surpris que je le laisse aller avec mon meilleur ami alors que je viens d'apprendre qu'il est un criminel. Seulement, une chose est sûre : il nous a peut-être mentis sur toute sa vie, mais il en reste follement amoureux de John. Il finit par accepter et s'en va dans l'ambulance juste avant que la police n'arrive. Là, je leur explique ce qui s'est passé en omettant quelques détails. Je leur parle de l'agression dans les toilettes, de mon arrivée puis de l'arrivée de plusieurs témoins. Les agresseurs ont soit-disant disparus à ce moment-là. Je donne leur description physique à une flic, qui me demande ensuite mes coordonnées en m'informant que je serais contactée pour venir porter plainte avec John dès qu'il sera en état.

Ceci fait, j'appelle un taxi et me rends à l'hôpital pour passer une longue, longue nuit.

...

Salut à tous !

Comment allez-vous en ce moment ?🤭😘

Qu'avez-vous pensé de ces derniers chapitres ? Du trio Morgane-James-John ? Du chantage de "Ryder" ?

De la suite ?👀

Je me disais, en ce moment je publie vraiment sans aucun rythme, est-ce que vous préféreriez que je dise que je publie tel jour par semaine ou ça vous est égal ? 😋

Merci de votre lecture,

Bises😘😜

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