65 - Pardonne-moi.
** Dernier chapitre avant l'épilogue. Respirez un bon coup et asseyez vous confortablement. Et n'oubliez pas que vous m'aimez **
Je fronçai les sourcils mais obéis néanmoins, m'habillant d'un pull épais noir et d'un jean, avant de chausser mes bottines. Je suivis Tyron à l'extérieur, se dernier ne portant qu'un léger pull sombre. Sans un mot, il attrapa ma main et me guida jusque l'une des voitures volées que nous avions. Je montais sur le siège passager, de plus en plus intriguée.
- J'ai le droit de poser une question ? Demandais-je tandis qu'il démarrait la voiture.
- C'est ce que tu viens de faire, rétorqua-t-il sans sourire. Mais vas-y je t'écoute.
Il semblait songeur. Son regard s'était assombri, dirigé vers la route, tandis que ses mains serraient fermement le volant. Je le contemplai un instant, fascinée comme le premier jour par sa beauté sauvage. Je soufflai légèrement.
- Tu m'en veux ?
Il cessa enfin de regarder droit devant lui pour m'adresser un petit coup d'il interrogateur. Je posais ma tête contre la vitre, avant d'expliquer :
- Pour notre discussion la dernière fois. Je... je ne voulais pas te dire tout ça. Je ne le pensais pas. Je t'aime. Et je veux être avec toi. C'est juste que...
- Pas besoin de t'expliquer, me coupa-t-il sans me regarder, d'un ton dénué d'émotions. Je pense que c'est exactement ce que tu voulais dire. Mais non, je ne t'en veux pas. Pas le moins du monde. La seule personne à qui j'en veux est juste devant tes yeux.
Étant donné que nous étions seuls tous les deux, j'en déduisit qu'il parlait de lui-même. Je fronçai les sourcils. Je n'aimais pas ça. Pas du tout. Je n'aimais pas son ton dénué d'émotions, son regard fuyant mais concentré. Je reconnaissais l'air qu'il avait sur le visage. Il avait une idée en tête. Et qu'elle qu'elle soit, j'étais certaine qu'elle était mauvaise. Et que c'est moi qui l'a lui avais mise dans la tête.
Je me tut un petit moment, avant de reprendre :
- Pourquoi tu ... ?
Je n'eus pas le temps de finir de poser ma question qu'il arrêta le moteur, et sortis de la voiture. Je jetais un regard intrigué à l'extérieur. Nous étions au bord d'une route en bordure de la ville, et la seule chose dans les environs était un lampadaire, sur le bord de la route. Tout était blanc. De la neige, beaucoup de neige, partout. Tyron vint jusque de mon côté, et m'ouvrit la portière. Si jamais je ne le connaissais pas, j'aurais pu me dire que c'était un parfait endroit pour tuer quelqu'un en toute discrétion. Mais bien sûr, nous n'étions pas là pour ça. Je descendis, perplexe, et m'enfonçais dans la neige. Tyron ferma la porte derrière moi et je me retournais vers lui.
- Embrasse-moi, intima t'il.
J'arquai un sourcil en le dévisageant. Ce qui sonnait comme un ordre ressemblait en réalité plus à une supplique, vu son air torturé. Je reculai d'un pas, maintenant près du lampadaire.
- D'abord, explique-moi ce qu'on fait ici. Tout va bien ?
Il ne me laissa rien dire de plus car il fondis sur moi et écrasa ses lèvres sur les miennes, me poussant contre le poteau. Il glissa une main dans mes cheveux, touchant mon visage avec une frénésie que je ne lui connaissait pas. Comme s'il n'avait plus le temps. Qu'il avait peur de ne plus pouvoir le faire. Sans pouvoir faire quoi que ce soit d'autre, je lui rendis son baiser avec ardeur, tirant sur ses cheveux de peur qu'il ne m'échappe.
Je n'avais pas la moindre idée de ce qu'il se passait, mais j'avais peur.
Tyron, sans cesser de m'embrasser, attrapa mes mains et me les glissa dans le dos. Alors, sans que je n'aie le temps de réagir, je sentis un lien rugueux entourer mes poignets. J'écarquillai subitement les yeux en éloignant mon visage de celui de Tyron, stupéfaite et le souffle court. Il s'écarta d'un pas en arrière, et je me rendis alors compte avec horreur de l'évidence : il venait de m'attacher à un poteau.
- Mais qu'est-ce que tu fous bordel ? m'écriais-je avec véhémence. Libère moi tout de suite !
Il ne sembla pas m'écouter, ni même m'entendre. Il glissa sa bouche sur le coin de mes lèvres, puis près de mon oreille :
- Pardonne-moi Morgane. Je t'en prie, j'espère que tu comprendras... Je t'aime. Je fait ça pour toi. Je t'aime tellement... ne l'oublie jamais.
- Mais bordel Tyron qu'est-ce que tu...
Je me tut en le regardant avec horreur sortir un téléphone de sa poche. Peut m'importait ma situation indélicate, je ne pouvais pas le laisser faire ça.
- Arrête ça ! hurlais-je. La police va te traçer ! On avait dit pas de téléphone ! Merde Tyron range ça !
Mais il ne me lança pas un seul regard et alluma le téléphone. Mon cur battait à cent à l'heure dans ma poitrine. J'avais peur. Terriblement peur de ce qu'il s'apprêtait à faire. J'étais hystérique, cherchant par tous les moyens à me détacher sans y arriver. Sous mes yeux horrifiés, Tyron s'éloigna d'un pas, mais je le vis tout de même composer un numéro comportant seulement deux chiffres : 17. Là, le temps sembla s'arrêter. Je me figeai d'horreur en comprenant enfin ce qui se tramait dans la tête de Tyron.
Bordel de merde. Qu'est-ce que j'avais fait ?
- Police nationale bonjour, répondit l'assistante à l'autre bout du combiné d'une vois forte qui parvint jusque mes oreilles. Que puis-je faire pour vous ? Est-ce une urgence ?
- Ici Thomas Morrison. Je suis à la sortie de la ville en direction de l'autoroute. Je souhaite me rendre.
Mon sang se glaça dans mes veines, et je secouais la tête, tandis que Tyron raccrochait.
Non non non.
Ce n'était pas possible. Pas ça. Des larmes d'horreur coulaient sur mes joues glacées. Tout sauf ça.
- Qu'est-ce que... gémis-je. Qu'est-ce que tu fais ?
Il recula d'un pas en plantant son regard dans le mien. Son regard triste. Désespéré. Perdu. Mais aussi sûr de lui.
- Je te rends ton avenir.
Sans plus me regarder, il tourna les talons et traversa la route. Quelques voitures passèrent sans se soucier de nous, tandis que j'implorais Tyron de l'autre côté de la route.
- Thomas, arrête ça ! Libère moi et pars avec moi ! Je t'en prie, ne les laissent pas t'emmener ! Ne me fais pas ça ! Je t'aime Tyron ! Ne pars pas je t'en supplie ! Tu avais raison, on s'arrangera, toi et moi ! Depuis le début tu avais raison, on peut s'enfuir ! Reviens !
J'étais désespérée du drame qui était en train de se passer. La police allait arriver d'une seconde à l'autre. Ils allaient embarquer Tyron. Ils allaient le mettre en prison. Loin de moi. Je ne pouvais supporter ça. Je braillais de toutes mes forces pour le faire revenir à la raison, mais il ne m'écoutait plus. Il attendait, immobile, de l'autre côté de la route, qu'on vienne l'emmener.
Il ne fallut pas longtemps pour que les sirènes des polices retentissent, puis pour que les premières voitures arrivent, encerclant Tyron. Des dizaines d'agents en sortirent, armes au poing, encerclant mon copain comme s'il était un terroriste.
- Les mains en l'air ! hurla un agent. Vous êtes cerné, ne tentez-pas le moindre geste pour vous défendre. Mettez les mains derrière la tête !
- Je me rends, répondit distinctement Tyron en levant les bras. Je plaide coupable de tout ce dont on m'accuse. J'ai tué des gens. J'ai volé. Et surtout, j'ai kidnappé Morgane Freeman et je l'ai obligé à obéir à mes ordres contre son gré. Elle n'était que mon otage !
Je pleurais. J'étais totalement impuissante, en regardant les policiers s'approcher lentement de Tyron en m'ignorant totalement. Tout mon corps tremblait. J'étais hystérique, plus rien n'avait de sens. Je m'acharnais sur mes liens si bien que, petit à petit, je les sentis se desserrer. Une lueur d'espoir me parcourut. Rien n'était perdu. Il était encore temps de le sauver !
La police finit d'encercler Tyron, et l'un d'eux lui menotta les poignets en l'appuyant à plat ventre contre le capot de la voiture, tout en lui récitant ses droits.
Tout le monde parlait. Braillait. Des tas de voitures arrivaient et repartaient. Pourtant, aucun son ne parvenait à mes oreilles. Rien que le vide. Le silence. Tyron, plaqué contre le capot de la voiture, leva les yeux vers moi et croisa mon regard. Ses lèvres articulèrent silencieusement deux mots : "Je t'aime".
Je poussais un geignement de désespoir.
Le sauver.
Je devais le sauver.
La partie désespérée de mon cerveau continuait de croire qu'il n'était pas trop tard. Pour lui. Pour moi. Je ne pouvais le laisser périr en prison ! Pas à cause de moi. Soudain, à force d'acharnement, je sentis les liens se desserrer, suffisamment pour glisser mes poignets hors de la corde. Aussitôt libre, je m'élançais vers Tyron. Rien d'autre ne comptait que ses yeux, qui me regardaient avec désespoir. Rien d'autre ne comptait à part lui.
Je m'élançais sur la route avec une force tirée tout droit de mon désespoir. Thomas. Tyron. Je devais le sauver. Je ne pouvais pas le laisser se sacrifier.
J'étais arrivée au milieu de la route quand je le vis écarquiller les yeux et se redresser vivement, sans se soucier des policiers autour de lui. Son regard était planté sur moi. Une expression de pure horreur déforma son visage, et son cri me parvint à travers le brouillard qui entourait mon esprit.
- MORGANE !
Je ne comprit pas immédiatement ce qui se passait. Je tournais subitement la tête vers la droite, et réalisais très vite ce qui horrifiait Tyron, mais il était trop tard pour agir. Je vis le gyrophare de police. Le chauffeur au volant, appuyant de toute ses forces sur le frein, tout en sachant qu'il ne s'arrêtera pas à temps. Le capot de la voiture, à quelques centimètres de moi. Les cris de Tyron. De la police. Puis, finalement, le choc.
Une douleur aigue. Mon corps frêle volant dans les airs. Puis, plus rien. Le noir complet. Seule, dans le vide, me parvint une voix. Tyron hurle toujours mon nom.
Mais je ne l'entends plus.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top