59 - Ne pas énerver Ryder

- Tu es un putain de connard de fils de pute, un enfoiré de sa mère, un sang de bourbe, un putain de bâtard que même Louis XIV aurait pas assumé, un tel connard que tu aurais dû te faire arrêter pour délit d'outrage à toute la nation, tu...

- Économise ta salive, Lolita.

Si un regard pouvait tuer, je vous assure que Ryder serait déjà mort plus de 30 fois en moins de dix minutes. Trente-et-une, maintenant. Ce connard m'avait ramenée exactement là où j'étais avant. La même cave, la même chaise, la même position. Le seul changement est que j'étais maintenant attachée avec un câble en métal, bien plus douloureux et solide. Et potentiellement que mon ex petit-ami était en train d'attacher mon nouveau petit-ami mourant et inconscient à une chaise à côté de moi.

En somme, ma vie était parfaitement normale.

Ryder se redressa après avoir soigneusement attaché Tyron, et se décala de quelques pas. Tyron était toujours inerte. Sa tête penchait sur le côté, le sang continuait de couler de sa blessure et j'étais là, impuissante, à le regarder dépérir. Je relevais les yeux vers Ryder. Il nous contemplait avec une satisfaction macabre, comme un enfant qui vois tous ses rêves se réaliser. Son beau visage était ravagé, ensanglanté, presque troué par les coups que je lui avais portés.

- Tu as vraiment voulu me fausser compagnie, Lolita, constata Ryder.

- Sans blague ? T'as remarqué ça tout seul ?

- Et tu m'as attaqué.

- Wahou, mais tu serais devenu devin entre temps ?

Il roula des yeux, tandis que je le foudroyais du regard. J'avais envie de le tuer, comme je n'en avais jamais eu envie. À mains nues. Là, immédiatement. J'étais dans un tel état de colère que j'en serais capable. Et le fond de ma colère ne venait pas de Ryder, mais de moi-même. J'enchainais les erreurs, et elles allaient peut-être couter la vie à Tyron. J'aurais dû ne pas l'embrasser, et partir immédiatement. J'aurais dû le laisser tuer Ryder. J'aurais dû vaincre ce putain de vertige et m'enfuir avec lui.

J'avais tout raté. Vraiment tout. Mes seules chances de sortir indemne d'ici avec Tyron venaient de partir en fumée. Jamais il n'aurait dû venir. Ryder ne le laisserais jamais partir d'ici vivant. Et moi non plus.

- Ne m'énerve pas Lolita, gronda ce psychopathe.

- Sinon quoi ? m'écriais-je. Tu vas me blesser ? C'est déjà fait, tu m'as même détruite ! Quoi d'autre, blesser Tyron ? Déjà fait aussi, désolé, si tu n'as pas remarqué il est en train de se vider de son sang dans ta cave ! Et tu ne peux pas le tuer, sinon tu n'auras aucun moyen de pression sur moi. Tu le sais bien. Alors laisse-moi le soigner avant qu'il ne crève bordel !

Ryder pencha le tête en m'inspectant dans le plus grand calme. Alors que moi, je bouillais littéralement. J'aurais dû viser les yeux. La gorge. J'aurais pu le tuer, merde ! J'étais faible, trop faible pour ce monde. J'avais besoin de Tyron, pour m'en sortir. C'était une évidence. Je serrais les poings sur ma chaise. Et si je me trompais ? Si Ryder voulait laisser mourir Tyron ? S'il me refusait le droit de le sauver ?

- Ok, lança Ryder.

- Tu n'es qu'un putain de ... commençais-je avant de réaliser sa réponse. Attends, ok ? Vraiment ?

Il hocha la tête avec circonspection, et un long soupire de soulagement s'échappa de mes lèvres. J'allais pouvoir le soigner ! Lui sauver la vie, pour le moment. Lui rallonger sa vie, au moins assez pour espérer se tirer d'ici.

- À une condition.

Je fermais les yeux. Bien sûr. Avec Ryder, il y avait toujours une contrepartie. Rien n'était gratuit. Je plantais mon regard dans le sien, prêt à entendre ce qu'il réclamait contre la vie de Tyron. Après tout, je devrais pouvoir tout faire pour le sauver.

- Quand on aura fini... ce qu'on a à faire ici, tu repars avec moi. Tu me suis, de ton plein gré. Je t'emmènerais dans un endroit lointain, loin de la police et des dangers. On pourra reprendre une vie normale. Réfléchis, avant de dire non. Je te propose ton amour pour moi, contre la vie de Tyron.

Je me figeai d'effroi. Ce type était malade. Il voulait que je l'aime. Il croyait qu'en me laissant sauver Tyron, j'allais soudainement l'aimer. Quand comprendrais-t-il que la place était prise ? Par son opposé. Si Tyron était quelqu'un de bien, qui était arrivé à sa situation à cause d'un enchaînement d'éléments, Ryder était quelqu'un de profondément mauvais, mais qui pourtant travaillait à la police, comme le gentil. S'ils savaient !

- D'accord, m'empressais-je d'accepter. Je marche. Je suis prête à partir avec toi.

Ryder parut surpris. J'étais prête à tout pour sauver Tyron. Peut importe les conséquences futures. Je trouverais bien un moyen de m'en sortir. Mais je ne pouvais pas laisser mourir Tyron à cause de moi. Ryder hocha la tête, satisfait.

- Je vais chercher ce qu'il te faut.

Il se leva, et fis quelques pas avant de se retourner vers moi. Il me fit un sourire condescendant.

- Au fait, ta seule erreur était de me sous-estimer. Il y a une caméra dans le couloir. Je n'ai pas loupé une miette du spectacle. Par respect pour toi, je n'en ai pas installé dans la cave. Mais si tu continues ainsi, je le ferais. Comprends-moi, je ne veux pas t'étouffer avec ma présence. Je veux juste te protéger des mauvaises personnes.

J'avais déjà précisé que ce type était complétement fou ? Et le pire était qu'il ne semblait même pas se rendre compte de ce qu'il faisait. Avec un haussement d'épaule, il quitta la pièce en refermant derrière lui, et laissant la lumière allumée. Aussitôt, je tournais la tête vers Tyron, mon cur se serrant. Il était dans un sale état. Je lui donnais un coup de coude.

- Tyron ! Tyron, réveille-toi !

Ce ne fut qu'au deuxième coup de coude qu'il réagit. Je le vis entrouvrir les yeux, battre plusieurs fois des paupières, puis il poussa un long geignement de douleur en basculant la tête en arrière. Sa respiration était rapide, saccadée, et il transpirait à grosse goutte. Il essaya de libérer ses mains, mais elles étaient autant attachées que les miennes. Il tourna la tête vers moi.

- Qu'est-ce que... Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Ryder t'a tiré dessus.

J'évitais de croiser son regard, rongée par les remords. Tyron baissa la tête vers son épaule et contempla l'étendu des dégâts. Le sang s'étalant sur son tee-shirt, bordeaux foncé, et coulant toujours plus. Je frissonnais.

- Putain de bordel de merde, jura-t-il entre ses dents. Ce fils de pute ne m'a pas loupé. Je vais le buter, Morgane. Je te jure que je vais buter cet enfoiré.

Il paraissait souffrir le martyr. Les dents serrés, il s'empêchait de crier sa douleur. Légèrement tremblant, il regarda à nouveau sa blessure. Il était pâle. Vraiment pâle, et le sang ne s'arrêtait pas de couler. Il en vint à la même conclusion que moi.

- Je vais me vider de mon sang, constata-t-il.

- Non. Hors de question. J'ai négocié avec Ryder. Il... il veut bien que je te soigne. Il va revenir avec ce qu'il faut.

Tyron bascula la tête vers moi, plantant son regard émeraude dans le mien, les sourcils froncés. Je détournais les yeux sur mes pieds, mes vêtements qui commençaient tout juste à sécher, tout autre chose me permettant de ne pas voir les dégâts que j'avais causé.

- Tu as fait quoi, Morgane ? s'inquiéta-t-il.

- Je... Il n'en a pas fini avec nous. Avec toi. Mais il ne te tuera pas, et en échange je... J'ai accepté de partir avec lui.

- Tu as... quoi ?!

- Mais je ne compte pas vraiment le faire ! criais-je en relevant la tête vers lui. Je préfère mourir que de passer une seule minute en sa compagnie. Mais il fallait que je gagne du temps pour te soigner. S'il faut que je parte avec lui pour cela... je le ferais.

Tyron me regardais comme si j'étais complètement folle. Il bascula la tête en arrière pour enlever une mèche de cheveux encore humide lui tombant sur le front, puis pris une longue inspiration.

- Et moi Morgane, je préfère me vider de mon sang ici-même plutôt que de te laisser partir avec ce type.

Je secouais la tête. Comment pouvait-il dire ça ? C'était entièrement ma faute s'il se retrouvais dans une telle position aujourd'hui. Il n'aurait jamais dû venir. Sans que je ne puisse les retenir, les larmes se mirent à couler le long de mes joues. Je baissais la tête.

- Je suis désolée, gémis-je. Je suis tellement désolée... Tout est de ma faute. Je n'aurais jamais du... je suis nulle. Je veux pas... Je peux pas te laisser mourir à cause de moi. A cause de mes erreurs. Je... je vais arranger ça. Tu vas t'en sortir, ok ?

- Quoi ? s'étonna Tyron. Morgane, rien n'est de ta faute, calme-toi.

- Bien sûr que si ! éclatais-je. De la faute de mes sentiments. De ma putain de peur du vide. De mes faiblesses. Tout est ma faute !

Il s'apprêta à rétorquer quelque chose, quand le bruit caractéristique de la clé retentis. Il ouvris de grand yeux, et je secouai la tête en reniflant.

- Ne l'énerve pas s'il-te plaît.

Il hocha rapidement la tête, et Ryder entra. Je secouai la tête pour essuyer mes larmes, et me concentrais sur mon ex-petit ami. Il avait un sac dans ses bras, qu'il posa à mes pieds. Puis il posa les yeux sur Tyron. Un sourire satisfait étira ses lèvres, et je compris qu'il craignait que Tyron ne soit endormis pendant que je le soigne, et qu'ainsi il échappe à la souffrance.

- Tiens tiens, la belle au bois dormant s'est réveillée. Juste à temps.

- Évidemment, rétorqua Tyron entre ses dents. J'aurais détesté louper te belle gueule ravagée.

J'ouvris grand les yeux en faisant des signes de tête à Tyron. Mais bon sang ! Je lui avais dit de ne pas l'énerver, oui ou non ? Ryder perdis lentement son sourire et passa sa langue sur ses lèvres, avant de poser les yeux sur moi.

- Lolita, tu as dix minutes pour l'empêcher de crever. Pas une de plus.

J'hochai vivement la tête. Dix minutes étaient très peu, mais toujours mieux que rien. Ryder vint vers moi et me détacha, puis me fourra le sac de soin dans les mains. Ensuite, il sortis son arme et en posa le bout sur le front de Tyron.

- Au moindre geste brusque, suspect, à la moindre parole déplacée, je tire dans le crâne de ton copain. C'est clair Lolita ?

Je hochai la tête, tremblante, et venais me poser près de Tyron. Il leva les yeux et planta son regard dans le mien. Je pus y voir toute la confiance qu'il mettait en moi, et ce fut tel un regain d'énergie. J'ouvris le sac et en sortis une paire de ciseaux, que j'utilisais pour couper le tee-shirt de Tyron, avant de balancer le tissu par terre. Puis je commençais les soins par un garrot pour éviter le surplus de sang écoulé, avant d'aller extraire la balle.

Bien trop peu de temps après, Ryder annonça que le temps était écoulé. Il me laissa néanmoins finir mon bandage autour du torse nu de Tyron, avant de ne me faire rasseoir, et de me rattacher les bras. Puis il se planta devant nous.

- Bien. Ceci fait, on va pouvoir passer aux choses sérieuses.

Je frissonnais, et échangeais un regard avec Tyron. Je n'aimais pas ça. Vraiment pas.



Hello ! Comment-allez vous aujourd'hui ?

Pour ma part je me prélasse au soleil, c'est bien agréable !😊😋

Alors, ce chapitre ? Que présagez-vous pour la suite des évènements ?

Il doit rester un peu moins de dix chapitres avant la fin hihi 😏😊

Biz à vous 😘😍

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