56 - Sortir de là

Il me fallut un long moment pour me remettre de cette séance intense avec Ryder. Il revint me voir plusieurs fois sans que je n'aie la force de répliquer, de lutter contre lui. Alors je le laissais faire, telle la marionnette que j'avais toujours été. Il eut un semblant de bienveillance avec moi, m'emmenant plusieurs fois aux toilettes, me faisant régulièrement manger et boire. Le lendemain, où ce que je supposais l'être, il revint avec son carnet et recommença à me questionner.

Cette fois-ci, je lui répondis sans m'insurger. Je restai calme et docile tout du long, jusqu'à ce qu'il décide de repartir en me félicitant pour ma bonne conduite. Mais au fond, si j'étais si silencieuse, c'est que j'étais en train de mettre au point les détails de mon évasion. Même si l'épisode de l'étranglement était encore frais dans ma mémoire, tout était mieux plutôt que de le laisser faire ce qu'il voulait de moi. Et de Tyron.

Dès qu'il quitta la pièce ce jour là, je commençais à m'activer. J'entrepris d'attraper les ciseaux dans mon pantalon en me tortillant, puis une fois en main, je les retournais et essayais de trancher le fil qui me retenait prisonnière. Les ciseaux étaient petits, alors il me fallut un bon moment avant de réussir quoi que ce soit. Je guettais chaque bruit à l'extérieur, et chaque goutte d'eau tombant lugubrement dans le fond de la cave me faisait sursauter.

Finalement, après un moment, je réussis à venir à bout de la corde. Je me levai aussitôt en faisant tomber les liens à terre et me frottais les poignets. Il n'y était pas allé de main morte ! Précautionneusement, et dans le noir le plus total, j'avançai lentement jusqu'au mur d'en face. Un geignement s'échappa de ma gorge quand je m'appuyai sur ma jambe blessée par ce malade de Ryder. J'arrivais contre le mur de pierre et, à l'aveuglette, je tâtonnai sur le mur rugeux. Je finis par tomber sur le petit morceau de plastique que je cherchais. J'appuyais dessus et, dans un grésillement, la lumière s'allume. Je me précipitai aussitôt vers la porte mais elle était, bien entendue, fermée Je regardais alors autour de moi, cherchant activement une solution.

La porte était fermée. Je devais donc attendre que Ryder l'ouvre. A ce moment, je me retrouverais seule devant lui. Il sera en colère en me voyant détachée. Dans un combat au corps à corps, il me bat à plate couture. Je dois donc me montrer plus maligne que lui. Trouver une meilleure arme que ces ciseaux, et l'attaquer dès qu'il ouvre la porte. Le prendre par surprise est ma meilleure option de survie.

Bien décidée à m'en sortir, j'allais jusqu'aux meubles entassés dans un coin. D'abord l'armoire, mais elle était elle aussi fermée. J'allais alors près du canapé et en soulevait les coussins déchiquetés. Une barre de fer était étendue en dessous, arrachée de son ancien support. Je la pris en main et la soupesait. Ça pourrait le faire, avec suffisamment de force.

Satisfaite, je retournais près de la porte, prête à brandir mon arme. Je restais immobile un long moment, avant de me rendre à l'évidence. Il me fallait attendre un peu pour qu'il revienne. Je m'assis alors juste à côté de la porte, la barre de fer dans les mains, et éteignis la lumière. J'étais fin prête pour lui en faire baver un maximum.

Je ne sais pas combien de temps je restais ainsi, immobile, à attendre, les jambes engourdies. Je n'osais pas bouger par peur de foutre mon plan à l'eau. Alors je fermais les yeux, la tête contre le mur, et essayais de me remémorer ce pour quoi je me battais aujourd'hui. Pour la vie. Ma vie, qu'on refusait de me laisser vivre comme je le voulais. Ma vie, que certains croyaient avoir un pouvoir dessus. Pour pouvoir enfin vivre, j'allais affronter mon pire démon.

Puis je repensais à ceux pour qui je me battais. Mes parents. Si j'arrivais à sortir de là, je me jurais de leur pardonner, d'être conciliante. Ma grand-mère. Je lui en voulais, c'est vrai, mais je lui pardonnerais. La vie était trop courte pour que je tourne le dos à mes seuls proches. John... J'étais certaine de réussir à lui pardonner également, avec le temps. Après tout, il voulait simplement m'aider. Certes pas de la bonne manière, puisque j'étais ici aujourd'hui à cause de lui, mais n'était-ce pas l'intention qui primait ?

Et James, qui était je-ne-sais où, peut-être à mener la belle vie. Qu'il en profite pour moi. Et enfin, Tyron alias Thomas. Tyron que j'avais vu fort, insensible, mais aussi vulnérable, brisé. Je lui avais déjà pardonné ce qu'il m'avait fait subir. Pour eux tous, j'étais décidée à me sortir de ce trou à rat. De résister à Ryder. De vivre ma vie comme moi seule je l'entendais.

Aussi, quand des bruits de pas retentirent dans le couloir, je me relevais d'un bond. Je ne tremblais plus. Je n'avais plus la moindre once d'hésitation. J'allais lui faire payer, une bonne fois pour toutes. J'entendis les pas s'approcher, puis le bruit de clés rentrant dans la serrure. Je pris une longue inspiration. Les clés tournèrent puis, lentement, la porte s'ouvrit. J'arrêtais de respirer pour ne pas trahir ma présence, et resserrais les mains sur la barre.

Des pas. Une ombre avança jusque l'entrée. Aussitôt, et sans hésiter, je pivotais sur moi-même et abatis mon arme sur la tête de l'homme. La barre vibra dans mes mains tandis que mon cur battait à tout rompre et que ma respiration s'entrecoupa. Je l'avais fait ! Devant moi, l'homme s'effondra immédiatement dans le couloir, inerte. J'avançai vers la lumière venant de là, et me figeai aussitôt. J'écarquillai les yeux en contemplant l'homme à terre et, dans un bruit lugubre, je laissais tomber la barre de fer.

Je tombai à genoux près du corps, stupéfaite. Qu'est-ce que je venais de faire ?

- Merde ! jurais-je à mi-voix. Tyron ?!

C'était bien lui, en chair et en os. C'était bien lui, et je venais de l'assommer. Mais qu'est-ce qu'il faisait là d'abord ?! Si j'avais pris la moindre seconde de réflexion avant de frapper, je l'aurais immédiatement reconnu. Ses cheveux châtains décoiffés, en rien semblables à ceux de Ryder, sa veste en cuir, ses tâches de rousseurs... Bon sang, et il ne bougeait plus !

Je me penchai au-dessus de lui et le secouais.

- Tyron... Tyron réveille toi. S'il te plaît...

Je guettais le couloir. Ryder pouvait arriver à tout moment, et je n'arriverais jamais à m'enfuir en portant Tyron. Et hors de question de l'abandonner ici en sachant ce que Ryder lui prévoyait. Je frissonnais et, sans plus réfléchir, je donnais une grande claque au bandit. Aucune réaction. Je levai la main à nouveau, en pinçant les lèvres, et jetai un énième coup d'il dans le couloir. Personne.

Alors que j'abattais à nouveau ma main vers sa joue, je fus arrêtée dans mon geste. Je baissais les yeux, surprise. Tyron avait levé le bras, et tenais fermement mon poignet. Ses yeux étaient grands ouverts, et ses pupilles vertes étincelaient. Je poussais un long soupire de soulagement.

- Oh mon dieu Tyron tu vas bien ?! J'ai cru que tu... Enfin je t'ai... Je ne voulais pas je t'assure. Je ne pensais pas que ça pouvait être toi !

Il se redressa lentement en position assise en se frottant le crâne, et j'en profitais pour prendre sa température et vérifier qu'il ne faisait pas de commotion, d'hémorragie interne ou tout autre dommage par ma faute. Il intercepta à nouveau ma main.

- Morgane.

- Oui oui je sais j'aurais jamais du faire ça. Tu te sens bien ? Tu as des vertiges, la tête qui tourne, des nausées ? Oh mon dieu quelle gourde ! Mais qu'est-ce que tu fais là d'abord ?! Tu n'aurais jamais du venir, Ryder veut te tuer. Et moi aussi, j'ai failli te tuer et si jamais je...

- Morgane, me coupa Tyron sans me quitter des yeux. Tu as autant de force qu'un pigeon. Je vais bien.

Il eut un sourire coin, et je rigolais doucement en me laissant tomber à ses côtés, la pression retombant. Tyron se redressa et posa sa main sur ma joue.

- Et toi Morgane, tu vas bien ? Je cru que ce fumier t'avait.... Je te jure que si je le croise, je le tue à mains nues. J'ai eu tellement peur de ne jamais te retrouver à temps !

- Ça va. Enfin, autant que ça peut aller.

Il hocha lentement la tête sans me quitter des yeux. Je baissais les yeux et pinçai les lèvres.

- Tu... Tu n'aurais jamais du venir ici. C'est du suicide. Ryder à fais tout ça pour t'attirer exactement là. Il veut te tuer !

- Qu'il essaie. Je préfère mourir plutôt que de t'abandonner ici.

J'ouvris la bouche, mais aucun mot n'en sortis. Tyron plongea son regard dans le mien, et j'y vis l'étendue de sa conviction. Mon cur se serra. J'étais si heureuse de le voir, mais paradoxalement j'aurais préféré qu'il ne soit pas là. C'était trop dangereux pour lui.

- Il faut qu'on sorte d'ici, murmurais-je.

Il se leva aussitôt, et me tendis la main. Je l'attrapais, et il m'aida à me relever. Je me retrouvais alors debout juste en face de lui et, sur le moment, seule une chose me parut évidente. Seul un geste me paraissait sensé. Prise d'une impulsion, je parcourue d'un pas la distance qui nous séparait. Je glissai ma main derrière son cou, l'attirant jusqu'à moi pour écraser mes lèvres sur les siennes.

Il eut un léger hoquet de surprise mais se repris bien vite en posant ses mains chaudes derrière mon visage, approfondissant notre baiser. Ce qui aurait pu être doux et romantique en tout autre temps était aujourd'hui l'inverse. Brutal, passionné, je m'accrochais à ses lèvres comme une naufragé s'accrochant à une bouée de sauvetage, comme un condamné à mort se doutant qu'il s'agissait du dernier baiser.

Ce n'était sans doute ni le lieu, ni le moment, mais l'avenir était trop incertain. La seule chose qui comptait était actuellement sa bouche contre la mienne, nos langues qui se cherchaient, se dévoraient dans une harmonie parfaite. Mais aussi sa main, tirant sur mes cheveux avec la force du désespoir. Ses yeux, où j'apercevais l'étendue de sa peine, de son soulagement, de ses sentiments. Ses lèvres charnues, au goût légèrement salées, que je ne voulais plus quitter.

Ainsi, ce fut dans un couloir désert à côté d'une cave lugubre, sous l'odeur de renfermé flottant dans l'air et le bruit de gouttes tombant une à une contre la pierre que Tyron et moi échangeâmes notre deuxième baiser. Cette fois-ci, avec mon consentement. Mon cur résonnait dans mes oreilles, et je finis par m'écarter doucement de Tyron, posant mon front contre le sien. Nos respirations rapides se mêlèrent, et je plongeais mes yeux dans les siens.

- Je t'avais promis un baiser, murmurais-je.

- Pour ça, rétorqua-t-il avec un léger sourire, je suis prêt à me prendre autant de coups sur la tête que tu voudras.

Je souris légèrement, encore sur le coup des émotions. Ce fut le bruit d'une énième goutte d'eau qui me fit revenir à la réalité. Ryder allait arriver d'une seconde à l'eau. Ryder, qui rêvait de tuer Tyron. Je me redressais, soudain affolée.

- Vite ! Il faut s'en aller !

J'attrapais la main de Tyron et le tirais à ma suite dans le couloir, courant comme si j'avais le feu aux fesses. Nous arrivâmes aux pieds des escaliers et je m'apprêtais à monter, quand Tyron se stoppa net. Je me retournai vers lui.

- Qu'est-ce que tu fais ?! Il faut sortir d'ici !

- Chut. Écoute.

- Qu'est-ce que... ?

Je me tus en entendant ce que Tyron désignait. Des bruits de pas dans les escaliers, juste au-dessus de nous, et des sifflotements joyeux. Je ne connaissais qu'une personne sifflant d'une telle manière. Ryder.

Bonjour tout le monde !

Comment-allez vous ? Pour ma part, ça va ! Alors, pour ceux qui ont passé le bac, ça donne quoi ? Pour ma part, mention très bien ahah. 😊😋 Bravo à tous, dans tous les cas vous pouvez être fier de vous !

Sinon, qu'avez-vous pensé de ce chapitres ? Vous êtes toujours vivantes ?😉😏 Sachez que j'ai galéré comme jamais à l'écrire, surtout sur ce baiser échangé. 😅🤗

Ça vous as plut ? Vous vous y attendiez ? 😘

Des idées de ce qui va se passer avec Ryder et Tyron ?😎

Biz à vous 😍😘

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