52 - Va te faire foutre, Ryder

« J'étais chez Ryder, dans le petit appartement qu'il occupait déjà à l'époque. Il était tard, et j'étais sortie en douce de chez moi pour pouvoir le rejoindre. Il m'avait accueillie, comme toujours, avec plaisir. J'étais allongée sur son lit, la tête reposant sur ses longues jambes étendues. Il était plongé dans un livre et caressait doucement de sa main libre mes hanches, mon ventre, remontant parfois jusque ma poitrine d'un geste presque inconscient. Je fermai les yeux, ne voulant échanger ma place pour rien au monde.

- Ryder, je peux te poser une question ? finis-je par demander à voix basse.

- Bien sûr lolita.

Il posa son livre à ses côtés et m'apporta toute son attention. C'était peut-être ça qui me faisait l'aimer tellement. Quand il me regardait comme ça, j'avais l'impression d'être la seule chose importante au monde, et ça me faisait oublier tous les coups qu'il m'avait fait auparavant.

- Pourquoi moi ? Je veux dire... je suis sûre que pleins de filles voudraient être à ma place. Pourquoi juste moi ?

Il eut un léger éclat de rire en caressant mes cheveux tendrement de sa deuxième main, n'enlevant pas la première de sous mon tee-shirt. Il me fit un sourire condescendant :

- Rassure-toi ma belle, il n'y a pas juste toi.

- Quoi ?

Je fronçai les sourcils en me redressant, soudain bien moins détendue. Ryder ne perdis pas son petit sourire rassurant.

- Tu vas voir d'autres filles ? repris-je, pas certaine d'avoir bien compris.

- Bien sûr, ça m'arrive. Tu sais bien que je ne suis qu'un homme. J'ai des pulsions et des désirs que tu n'es pas en âge et en volonté d'assouvir. Mais tu es la seule qui compte, tu le sais bien. J'ai toujours été là pour toi. Allez, rallonge-toi maintenant.

J'obéis sous sa main et me reposait sur ses jambes, perplexe quant à ce qu'il venait de dire. J'avais horreur de l'idée qu'il allait avec d'autres filles. Qu'il les regardait comme il me regardait. Qu'il me touchait après les avoir touchées. J'avais horreur de penser que je n'étais qu'une parmi les autres, alors qu'il était tout pour moi. Je restais silencieuse un moment avant de relever les yeux vers les siens :

- Est-ce que... est-ce que si je t'aide à... assouvir ces désirs, tu resteras juste avec moi ? demandais-je d'une petite voix. Plus aucune autre fille ?

Un léger sourire étira ses lèvres comme s'il s'attendait à cette proposition. Je ne comprenais moi-même innocemment pas tout ce qu'impliquait cette phrase. Il sembla réfléchir et je me relevai et chevauchai ses jambes, puis plantai mon regard dans le sien :

- Apprends-moi.

- Tu es formidable, souris Ryder en caressant mes cheveux. Je vais t'apprendre, mais c'est bien parce que tu insiste. »

« Tu es formidable »...

« Tu es formidable »...

- Tu es merveilleuse, Morgane.

Tout se mélangeait dans ma tête, émergeant tout juste du sommeil. Ryder. Tyron. Je mélangeais leurs voix, leurs paroles, les souvenirs pris dans une spirale interminable.
Un énorme mal de crâne vrillait ma tête, et j'ouvris lentement les yeux, clignant plusieurs fois des paupières. J'étais dans une pièce totalement sombre où pas le moindre rayon de lumière ne passait, une légère odeur de renfermé flottant dans l'air. J'avais du mal à aligner deux pensées logiques.

- Tu es merveilleuse, Morgane, répéta mécaniquement la voix de Tyron.

Mon esprit était comme alcoolisé, alors que j'étais certaine de ne pas avoir bu un seul verre. Ma tête me tournait, et mes pensées vagabondaient dans un autre univers.
Aussi, ce ne fut qu'après avoir reprit légèrement mes esprits que je me rendis compte que j'étais assise sur une chaise. Mes poignets étaient attachés derrière le dossier, et mes pieds l'étaient également contre ceux de la chaise. Je ne pouvais pas faire un seul mouvement.

La panique me prit subitement au cou tandis que je revenais totalement dans la réalité. Je poussai un cri et essayai de bouger, défaire mes liens, faire quoi que ce soit, mais je n'arrivais même pas à bouger la chaise d'un millimètre.

- À l'aide ! hurlais-je de toutes mes forces. Aidez-moi !

- Tu es merveilleuse Morgane.

- Ferme là !

La voix de Tyron passait en boucle, suivis à chaque fois de ce fameux bruit de rembobinement. J'avais envie de hurler. De pleurer. Je savais qu'il n'était pas là. Que lui ne me ferait pas subir ça, pour rien au monde. Qu'il en avait eu assez, de me faire souffrir.

C'était Ryder. Il m'avait eu. Il m'avait retrouvé. Il m'avait emmenée. Mes doigts tremblaient et des larmes coulèrent le long de mes joues. Les souvenirs de la veille étaient flous, chose rare chez moi. Je me rappelais Tyron s'en allant. Partant à la recherche de son frère. Puis Ryder arrivant, avec cet enregistrement de la voix de Tyron.

Il m'avait fait un de ses sourires qu'il savait si bien maitriser. Un sourire à la fois amplement satisfait, mais aussi d'un air sadique et malsain qui m'avais fait frémir. Le sourire d'un lion ayant piégé une brebis dans son enclos. Puis il m'avait tiré dessus, une sorte de fléchette qui avait dû me droguer et m'endormir. Je me rappelais juste d'une phrase qu'il avait prononcée, quand je m'effondrais dans ses bras : « Je vais te réapprendre à m'aimer Lolita ». Ensuite, c'était le noir complet.

Je n'osais même pas penser à ce qui m'attendait. Une peur sourde contractait chacun de mes muscles et empêchait ma respiration de prendre un rythme normal. J'ignore combien de temps je restais ainsi, immobile, guettant le moindre son. Finalement, au bout de ce qui me sembla une éternité, j'entendis une porte s'ouvrir lointainement, puis des pas approcher.

- Tu es merveilleuse Morgane, répéta inlassablement Tyron.

Je me figeai, apeurée. Une clé tourna dans une serrure et une porte s'ouvrit dans un carré de lumière. Je clignai plusieurs fois des yeux et aperçut une silhouette dans l'encadrement. Un mouvement et une ampoule grésilla avant de s'allumer au-dessus de moi, illuminant la pièce dans laquelle j'étais enfermée.

Les lieux étaient plus grands que ce à quoi je m'attendais. On aurait dit une sorte de cave, aux murs poussiéreux et dégarnis. Dans un coin se trouvait un vieux canapé qui semblait avoir été dégarnis à coups de couteaux, une table basse cassée en deux et une armoire fermée. Le reste de la pièce était entièrement vide. Et, à la porte, Ryder. Je luttais contre les souvenirs que faisait remonter cet endroit et me concentrais sur lui.

Adossé contre le chambranle de la porte, les mains croisés, il était beau comme un dieu de l'enfer prêt à abattre sa fureur sur terre. Ses cheveux bruns étaient coupés courts, comme toujours, et il était vêtu d'un long pantalon noir contrastant avec une chemise blanche. Je fronçai les sourcils. Ryder ne portais jamais de blanc. Une légère barbe de quelques jours avait poussé le long de sa mâchoire, chose rare également.

Il avança lentement jusque moi et je détournai le regard.

- Bonjour Lolita. Tu te rappelles cet endroit je suppose ?

« Ryder me fermais les yeux de ses mains, me faisant avancer aveuglément. Pourtant, je lui faisais assez confiance pour le laisser me guider, descendant les marches une à une en gloussant quand je faillis en louper une. Derrière moi, je crus entendre Ryder pouffer. Je finis par arriver contre un sol dur où mon copain me fit avancer sans s'arrêter. Les lieux étaient plus froids, et la luminosité semblait avoir considérablement chutée.

- Surprise, me chuchota Ryder.

Il enleva ses mains de devant mes yeux, me faisant découvrir l'endroit où il m'avait emmenée. C'était une grande pièce peu meublée, et déserte. Au centre se trouvait un canapé rempli de coussins accueillants, une table basse où se trouvait un diner autour d'une bouteille de champagne, le tout décoré de pétales de rose. Toute la pièce était remplie de bougies offrant une lueur rougeâtre, et le tout avait un aspect romantique que je n'aurais jamais cru voir chez Ryder.

- On est où ? soufflais-je, impressionnée.

- C'est l'ancienne cave de mon immeuble. Je voulais quelque chose d'un peu spécial. Ça fait aujourd'hui cinq ans qu'on se connait, il fallait fêter ça. »

Je clignai plusieurs fois des yeux en luttant contre tout ce qui c'était passé dans cette pièce. Je ne répondis rien à Ryder, bien décidée à ne pas lui offrir ce plaisir. Un gout amer avait pris possession de ma bouche. On était chez lui. Cet enfoiré m'avais emmenée juste au pied de chez lui, à l'endroit le plus évident. Dans la cave de son immeuble, comme une ultime provocation. Là où nous avions amassés nombreux souvenirs que je préférais oublier. Il attrapa une chaise reposant contre un mur, la tira jusque moi dans un grincement inquiétant, avant de s'asseoir dessus et de croiser les jambes sans me quitter des yeux. Il finit par sortir un petit appareil rectangulaire de sa poche, et se pencha vers moi.

- Avant tout, j'ai quelque chose à te faire écouter.

Il appuya sur une touche, et la voix de Tyron s'éleva dans la pièce :

- Écoute bien connard. Je te jure que si tu touches à un seul de ses cheveux, je te tue. Je vais te retrouver, et tu vas le regretter. La partie est loin d'être finie. Tu vas payer pour avoir osé la toucher.

Je fermai les yeux, au bord des larmes, en entendant la voix de celui qui faisait désormais battre mon cur. J'étais partagée par un torrent d'émotions contraires que je n'arrivais pas à saisir. J'entendis le rire sadique de Ryder résonner, et sa main se posa sur mon genou :

- Qu'est-ce qu'il y a princesse ? Tu n'es pas contente que ton prince vienne à ton secours ?

Je rouvris les yeux, hargneuse, et lui crachai dessus avant de rétorquer :

- Va te faire foutre, Ryder !

J'avais envie de l'étriper à mains nues. Si je n'étais pas attachée, je jure que je l'aurais fait. Plus d'une fois.

- Il va me retrouver, assénais-je. Il va me retrouver, et il va-t'en faire baver.

Il eut un sourire condescendant en approchant vers moi et laissa glisser un des ses doigts le long de ma joue. Ses yeux verts et dorés me fixaient sans aucunes autres émotions que sa satisfaction morbide devant mon dégout apparent.

- Mais c'est là tout le but, chérie. Je vais le faire venir ici. Bien sûr qu'il va te retrouver. Et moi, je l'accueillerai avec plaisir. Je lui montrerais qu'un pseudo criminel ne peut pas me remplacer. Je lui trancherai la gorge devant tes yeux, pour qu'enfin tu sache à qui tu appartiens.



Voilà voilà, super joyeux ahah.😄😅

Comment allez-vous ?

Qu'avez vous pensé de ce chapitre, en tête à tête avec notre cher Ryder ?😇

Qu'est-ce vous pensez qu'il va lui faire ? Tyron va la retrouver ? Abandonner ?

Alors dîtes moi, sur une échelle de un à dix, à combien vous évaluer votre haine envers lui ? 😅

N'hésitez pas à me faire part de vos hypothèses ^^ S'il y a de bonnes idées, vous pourriez avoir un impact sur le déroulement de l'histoire ;)

Biz à vous 😉😘

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