49 - James

J'ignorais combien de temps nous restâmes ainsi, plantés au milieu du bunker, immobiles, Tyron pleurant dans mes bras. Au bout d'un moment, il se calma un peu et se redressa. Il sécha ses dernières larmes et me jeta un regard remerciant. Le jeune homme avait les yeux rougis, le teint pâle, et ses yeux verts semblaient épuisés. Pourtant, même ainsi, je n'arrivais pas le trouver moins beau qu'avant. Au contraire.

- Désolé, sourit-il doucement. C'est juste que...

- Ne t'excuse pas, le coupai-je en attrapant sa main et en la pressant. Tu as aussi le droit de te laisser aller parfois, ok ?

Il s'apprêtait à répliquer quelque chose quand nous entendîmes la porte du bunker s'ouvrir. Je vis Tyron se raidir et tendre l'oreille :

- C'est la poliice, chantonna James dans le couloir.

Tyron roula des yeux et esquissa un sourire. Les pas de son frère résonnèrent, pourtant Tyron ne fis rien pour me lâcher la main. Ça me toucha, qu'il n'essaie pas de cacher ce qui était en train de naître entre nous. James pénétra dans la pièce et nous adressa un grand sourire :

- Comment ça va les enfants ?

- Ça va maman, railla Tyron sans me quitter des yeux. Tout s'est bien passé ?

- Plus ou moins.

Aussitôt, Tyron détourna son regard du mien pour vriller ses pupilles sur son frère. Je m'écartais légèrement de lui et serrais les bras sur ma poitrine en examinant à mon tour James. Il paraissait fatigué mais en bonne santé, et plus joyeux que je ne l'avais jamais vu. Il posa sa main sur l'épaule de son frère et lui adressa un regard grave :

- Cette banque est imprenable, Thom'.

Tyron haussa les épaules :

- Rien n'est impossible, tu es bien placé pour le savoir.

J'étais plutôt de l'avis de James. Cambrioler une banque à deux était vraiment une idée foireuse, qu'on se le dise. Mais je pouvais être sûre que Tyron ne renoncerait pas à son plan. D'un commun accord, les deux frères se déplacèrent vers la table et James sortis tous les plans et informations qu'il avait pu tirer de sa journée.

Je les laissais faire et retournai à ma lecture. Mieux valait les laisser s'occuper de gérer le plan. Pourtant, je les interrompis vite en me rappelant d'un détail.

- Dis, James. Ce jour là quand on est allés voir ma mère en prison... Tu étais parti où ?

Les garçons échangèrent un sourire complice et James éclata de rire :

- Thomas ne t'a pas dit ? Je suis allé laisser une surprise à notre cher ami Ryder. Tu veux voir ?

Je fronçai les sourcils. Ce jour-là, Ryder avait deviné que nous allions nous rendre à la prison, puisqu'il nous y attendait. Alors qu'avait bien pu faire James ?

L'intéressé attrapa l'ordinateur de Tyron et tapa une minute dessus, avant de tourner l'ordinateur vers moi. Un article de journal était affiché avec comme gros titre :

« A une étudiante kidnappée, une bijouterie cambriolée et une prison attaquée s'ajoute maintenant un poste de police vandalisé. Génies du mal ou police incompétente ?

Je fis des yeux ronds en posant les yeux sur une photo du poste de police, d'après ce que je pus y comprendre. Des écrans de surveillance étaient alignés devant un bureau et, sur chaque écran se trouvait un mot écrit en rouge, sans doute peint à la bombe de peinture. Le tout formait une phrase :

LES VRAIS MEURTRIERS SONT LES GOUVERNEMENTS QUI TUENT L'HUMANITÉ.

Sous l'article se trouvait un court texte que je lus rapidement :

Des crimes sévissent sur notre ville. Meurtres, kidnappings, cambriolage... où s'arrête le crime ? Tous ces actes commis par une personne, Thomas M. et un complice dont l'identité reste inconnue. Les forces de l'ordre sont sur les traces de ce jeune criminel depuis bientôt un mois. Après avoir tué son père, il s'est enfui et ne cesse les crimes, sous le nez d'une police impuissante.

Pendant ce temps, des associations caritatives reçoivent des dons anonymes d'une somme impressionnante. D'où la question que commence à se poser notre population : criminels ou justiciers masqués ? Dérobent t-ils de l'argent pour l'offrir aux plus démunis, ou simple coïncidence douteuse ? Pour le chef de la police, le constat est clair : "C'est un criminel. Il a trois meurtres à son actif, il a volé et kidnappée une jeune étudiante, qui se révèlemystérieusement avoir pris son parti. Il n'a rien d'un justicier, mais est bel et bien un ennemi de notre nation. Notremeilleur enquêteur est sur le coup, nous approchons du but."

Avis bien tranché, chacun y va de son pronostic. Nous espérons juste que la police sait ce qu'elle fait. Étant eux-mêmes victime de vandalisme, la confiance est difficile. Il est compliqué de ne pas faire un rapprochement entre les crimes qui sévissent aujourd'hui et celui-là, surtout en vu de ce mystérieux message laissé à la police : LES VRAIS MEURTRIERS SONT LES GOUVERNEMENTS QUI TUENT L'HUMANITÉ.

Cherche-t-il à se déresponsabiliser ? À faire une révolution ? Nul ne le sait? Esperons juste que nous ne serons pas les prochains sur sa liste.

- Quoi ? soufflais-je en regardant tour à tour les deux garçons. James, tu es allé au poste de police ?

- Ouaip, affirma-t-il fièrement. Ça n'a pas été facile, mais je m'en suis sorti.

- Juste pour provoquer Ryder ?

Ces types étaient fous. Complètement fous. Comme s'ils ne prenaient pas déjà assez de risques comme ça ! Tyron se pencha vers moi :

- C'est le message qui est important, Freeman. Le message.

- Et la police à diffusée une photo la discréditant ainsi ?

- Tu sais, les médias sont des gros poissons, rétorqua Tyron. Jette leur un hameçon, et ils attrapent toute la canne à pêche.

La métaphore était jolie, mais je n'étais pas certaine d'avoir compris le but profond. James lâcha un long soupire :

- Arrête de tout dramatiser Thomas, râla-t-il. C'est moi qui ai envoyé la photo aux médias. Et non, ce n'était pas juste pour provoquer Ryder.

Je jetais un regard désabusé à Tyron, qui leva les mains l'air de dire que c'était ce qu'il venait de dire. Je roulais des yeux et reportais mon attention sur James :

- Alors pour quoi ?

- J'ai pu récupérer des codes pour aller jusqu'au serveur principal de là-bas. J'y ai installé une sorte de virus, enfoui discrètement, qui y connecte cet ordinateur.

- Tu veux dire que là-dessus, on peut avoir accès au serveur de la police ?

J'étais éberluée. Et il me disait ça au calme, comme s'il s'agissait de la chose la plus normale au monde. Bien sûr. Tout le monde pirate le serveur de la police, c'est évident.

- Oui, répondit Tyron. C'est comme ça que j'ai pu retrouver ta grand-mère.

- Sa grand-mère ?

James paraissait perdu. Je lui adressai un sourire angélique.

- C'est une longue histoire. Dis moi juste... comment diable as-tu réussi à faire ça ?

- Oh, ne crois pas que je suis un génie. Les humains sont tous pourris, partout. Ce n'est pas compliqué de trouver un flic corrompu qui t'aide à entrer en échange de quelques billets.

Je hochai la tête avec scepticisme. Si même la police était corrompue, notre société entière fonçait droit dans le mur, et personne ne saurait l'arrêter. Et apparemment, c'était le cas. Sans plus s'occuper de moi, les deux garçons replongèrent dans leurs affaires, et je repartis m'allonger sur un lit. Je récupérais le livre que j'avais commencé, « Marche ou crève » du roi de l'horreur. J'aimais bien Stephan King, il me permettait de réaliser que certains avaient des vies bien pires que la mienne.

Ce ne fut qu'après un bon moment que je vis du coin de l'il James se lever :

- Il faut que j'y aille. Je ne dois pas louper mon train.

Son attitude relâchée ne trompait personne. Il semblait rongé par la culpabilité de s'en aller. Tyron se leva à son tour, le visage crispé :

- Je vais t'aider.

Ensemble, ils rangèrent dans un sac la moitié de leur bien mais pas la moindre arme. James voulait repartir sur de bonnes bases, apparemment. Dix minutes plus tard, tout était plié et je vis les deux frères trainer près de la porte. Je posai une main sur l'épaule de Tyron :

- Je vous attends dehors.

Il acquiesça silencieusement et je grimpai vers l'extérieur. L'air glacial me frigorifia aussitôt -qu'elle idée de sortir dehors en pleine hiver aussi peu vêtue ! De tout évidence, la nuit allait bientôt tomber, mais il y avait encore un peu de luminosité. J'espérais que James allait arriver à avoir son train à l'heure. Il méritait ce nouveau départ.

Heureusement pour moi, ils ne furent pas long. Dis minutes plus tard, à sautiller sur place pour essayer de me réchauffer, je vis James sortir, talonné de Tyron. Leur air démunis et leurs yeux mouillés me firent tout de suite comprendre la vérité : se quitter leur brisait le cur, autant à l'un qu'à l'autre.

James approcha de moi et, sans hésiter, me serra contre lui. J'eus un sursaut de surprise mais me laissais aller contre lui. Bien que cette étreinte ne soit en rien comparable à celle avec Tyron, c'était agréable. Il semblait tenir à moi comme à une petite sur.

- Prends soin de mon frère, d'accord ? Il va avoir besoin de toi. Sois patiente et... guide le sur le bon chemin.

- Compte sur moi. Et toi... profites en. Amuse-toi. Sois prudent.

- Comme toujours.

Avec un dernier sourire, il déposa un baiser sur mon front, avant de récupérer son sac des mains de Tyron et de s'éloigner de quelques pas :

- Prenez soin de vous. Soyez très prudents, je vous en conjure. Je vous laisse une adresse où me contacter dès que je suis posé quelque part. Pour ce braquage...je ne peux que vous déconseiller de le faire. Vous risquez gros. Autrement, prenez-soin l'un de l'autre, et ne vous entretuez pas.

Il fit un dernier sourire triste, avant de commencer à partir vers la forêt. Pourtant, juste avant, il se retourna et planta son regard dans celui de son frère :

- Une dernière chose. Fais-la encore pleurer, et je reviens te casser les dents petit frère.



Bonjour à tous ! Comment allez-vous ? 🤗🤩

Alors qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

Du "vandalisme" de James ? De mon magnifique article de journal ?😅

Du départ de James ?

Morgane et Tyron vont-ils s'en sortir tous les deux ? Des prévisions quand à la suite ?

Je vous rassure, l'action ne vas pas tarder à revenir ahah. Avec ce braquage, je vous promet que ça va bien bouger. J'ai déjà un tas d'idées !😍😋

Biz à vous. 🤗😘

PS : certains l'ont déjà vus mais j'ai créé un nouveau livre écrit de la main de notre poète attitré, je nomme Tyron. N'hésitez pas à aller y faire un tour 😍🤩

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