40 - Donnant donnant
Je sentis à peine la voiture s'arrêter, et la portière s'ouvrir. Tyron se leva, m'emportant avec lui dans ses bras chauds, me portant avec délicatesse contre lui. Ma tête embrumée reposait contre son torse, tandis que les battements de son cur résonnaient dans mon crâne. Je me rendormis, apaisée.
Ce ne fut que plus tard que je me réveillais à nouveau. Je supposais que la nuit était déjà tombée. J'étais allongé dans mon lit, dans le bunker. Je n'avais plus mes chaussures, et les draps étaient remontés sur mon corps. Je remarquai également que je n'avais plus mon affreuse robe moulante, mais un large tee-shirt accompagné d'un short, de tout évidence masculin. Il me fallut encore un moment à patauger dans mes souvenirs avant que tout ne me revienne.
Je me redressai, le cur subitement battant à tout rompre, et balayais les lieux du regard. James et Tyron était assis sur le lit le plus loin de moi, en tailleur l'un face à l'autre, et semblaient discuter avec intérêt, chuchotant entre eux. Ils avaient tous deux un verre à la main, et une bouteille d'alcool reposait sur le matelas.
Mes yeux me piquaient à force d'avoir trop pleuré, et tous mes membres étaient engourdis. Mes cheveux courts me troublaient, moi qui ne les avais jamais coupés de toute ma vie. Je me redressai, et j'aperçus les deux garçons lever la tête vers moi. D'un geste rapide, James cacha la bouteille derrière son dos, comme un enfant pris un flagrant délit, tandis que Tyron pencha la tête :
- Tu te sens mieux ?
Je lui lançai un regard désabusé. Est-ce qu'il s'attendait vraiment à ce que je lui dise que tout allait merveilleusement bien ? Lentement, je me relevai et enjambais mon lit, puis le suivant, avant de m'asseoir sur celui juste en face du leur. Je croisai mes jambes, ne me souciant même plus de ce à quoi je pouvais bien ressembler. Mes yeux glissèrent sur les verres dans leurs mains, et je roulai des yeux, avant de planter mon regard dans celui de James :
- Passe-moi cette bouteille.
James fronça les sourcils, jeta un coup d'il à son frère, et finit par secouer la tête :
- Je ne crois pas que...
- James... le menaçais-je en le foudroyant du regard.
Avec un soupire résigné, le jeune homme me tendis sa bouteille. Je le remerciai d'un signe de tête, avant d'attraper ladite bouteille. Sans réfléchir, j'ouvris le bouchon et la portai à mes lèvres, avant d'en avaler une longue gorgée. Un liquide chaud s'écoula dans ma gorge et brula tout mon sophage. Je me penchai aussitôt en deux en toussant, recrachant mes tripes, la gorge en feu. Je sentis qu'on me récupérait la bouteille et je poussai un juron :
- Bordel ! crachai-je entre deux toussotements. C'est quoi ça ?
Je me redressai, les mains sur le ventre, et aperçus l'air amusé des deux garçons. En croisant mon regard, ils perdirent aussitôt leur sourire et Tyron haussa les épaules :
- Vodka. À soixante degrés.
- Bon sang. Y'en a vraiment qui boivent ça pour le plaisir ?
Je n'avais que très rarement gouté à l'alcool. Et la dernière fois remontait à un désagréable souvenir...
"- Tiens Lolita. Bois ça.
- Je ne bois pas d'alcool, tu le sais.
Ryder m'avait emmenée dans un bar. Les lieux étaient pleins de fille dénudées se déhanchant lascivement, de mecs alcoolisés qui riaient grassement, d'une musique résonnant dans tout mon crâne. J'aurais pu être effrayée, si le bras de Ryder autour de mes épaules n'anéantissait pas tous mes doutes. J'avais seize ans. Quelques mois plus tard, nous allions nous séparer.
Le jeune homme qu'il était m'adressa un sourire, sûr de lui :
- Il y a une première fois à tout. Je suis sûre que ça va te faire du bien de te détendre un peu. Et puis, l'alcool permet d'oublier un peu ce qu'il ce passe dans ta tête.
Se faisant, il me tapota le crâne du bout du doigt. Je secouai la tête.
- Je ne suis pas sûre que...
- C'est pas grave, me coupa t-il d'un drôle de ton. Je comprends. Tu veux bien rester ici ? Je reviens bientôt, je vais juste m'amuser un peu avec une de ces filles, qui acceptera de se détendre et de me faire confiance. Ne bouge pas, d'accord ?
Il fit mine de se lever, et tous mon corps se tendis. Non, il n'allait pas m'abandonner là quand même ? Il n'allait pas partir avec ces filles à moitié nues ... ? Sans plus hésiter, j'attrapais le verre dans sa main et le bus lentement. Le gout était légèrement fruité, assez fort mais pas dégoutant comme je m'y attendais. Avec un sourire satisfait, Ryder se rassis à côté de moi, et son bras retrouva sa place sur mes épaules. Je me détendis aussitôt, et repris une gorgée de la boisson alcoolisée, sous le regard fier de mon petit-ami."
- Morgane ?
James me dévisageait en fronçant les sourcils, et je leur adressai un sourire tremblant. Dire que cet enfer allait recommencer. Tyron se pencha en avant, les coudes posés sur ses jambes :
- Écoute... nous savons que tu ne vas pas bien. Ça parait même plutôt évident. Mais... on a besoin de savoir. Ce type à la prison est celui qui nous traque. Et apparemment tu le connais. On a besoin de savoir tout ce que tu peux nous dire sur lui.
J'avais l'impression qu'il parlait à une gamine. J'étais loin de l'être, et je commençai à en avoir ras-le-bol qu'on me regarde comme ils le faisaient tous les deux actuellement : avec pitié. D'un geste brusque, je récupérai à nouveau la bouteille de vodka et en but lentement une gorgée, sachant à quoi m'attendre cette fois-ci. Ça me brula encore la gorge mais moins fort, et je relevai les yeux vers les deux hommes :
- Non.
Ils froncèrent les sourcils, ne s'attendant sans doute pas à une telle réponse de ma part. James arqua un sourcil :
- Pourquoi non ?
- Vous savez tout sur moi ! Vous connaissez ma maladie, l'histoire avec ma mère, mon meilleur ami... je ne sais absolument rien de vous ! Je sais juste que vous êtes frère et que toi, continuai-je en pointant Tyron du doigt, tu t'appelle Thomas. Vous auriez au moins pu me dire que ce n'étaient pas vos vrais noms ! Et rien d'autre. Une relation de confiance, ça marche dans les deux sens. On parle là d'un chapitre de ma vie plus que sensible. Je ne peux pas vous le dire, si vous ne me dites rien non plus.
Il y eut un blanc. J'avais été trop directe ? James finis par soupirer et hocha la tête :
- D'accord, tu as raison. C'est donnant-donnant. On va te parler de nous.
- Ce n'est pas une bonne idée, rétorqua son frère.
- Quoi ? m'insurgeais-je. Et pourquoi ? Tu ne me fais pas confiance ?
- À vrai dire, non.
Je fronçai les sourcils, légèrement piquée à vif par sa réponse. Puis je me rappelai que moi non plus, je ne lui faisais pas totalement confiance. Il avait beau m'avoir réconforté la veille au soir, ça ne pardonnait pas tout.
- C'est partagé, soufflai-je en le regardant. Mais il va falloir faire un effort. Des deux côtés. On commence soft. Quel sont vos vrais noms ?
Je savais celui de Tyron, mais je voulais l'entendre le dire par lui-même. Il roula des yeux, finis son verre cul sec avant de répondre d'une voix lasse :
- Thomas Morrison.
- Moi, je m'appelle vraiment James, enchérit son frère. James... Anderson.
Ils se turent, guettant ma réaction. L'alcool commençais déjà à embrouiller mes pensées, et il me fallut quelques instants avant de m'exclamer :
- Vous n'êtes pas vraiment frères ?!
- Une question chacun, Morgane, rétorqua Tyron avec un sourire ravi. Qui était le type de la prison ?
- Tout le monde l'appelle Ryder. Son vrai nom est Ricardo Sanchez. Sa mère était espagnole, et il l'a toujours reniée, elle et son origine. Il détestait qu'on l'appelle par son vrai prénom. Vous êtes réellement frères ?
Les garçons échangèrent un regard, et ce fut James qui se lança dans l'explication :
- Oui... et non. Nous sommes demi-frères en réalité. Nous n'avons pas le même père, mais nous nous sommes toujours considérés comme de vrais frères. Notre mère à toujours fais en sorte qu'on se considère comme tel, et surtout que l'on agisse comme tel.
- Comment tu connais ce Ryder ? repris Tyron, plus intéressé par mon histoire.
Je soupirais. Je n'avais aucune envie de ressasser ces souvenirs, mais il allait bien falloir. Ils avaient le droit de savoir. Et j'avais trop envie de connaître leur histoire que je ne pouvais me défiler. Je bus à nouveau une gorgée, ce qui me donna la force de me lancer :
- Il était... mon ex.
- Ton ex-copain ?
- Plus ou moins, lachais-je, évasive.
Ils froncèrent les sourcils, et je vis leur incompréhension. Je passai une main dans mes cheveux et Tyron s'avança :
- Comment ça plus ou moins ? Tu sortais avec lui, oui ou non ?
- C'était compliqué. Il a six ans de plus que moi et... je venais à peine d'entrer au collège quand je l'ai rencontré. Il venait lui de finir le lycée avec un an d'avance. Au début, il était plus un ami. Puis il est devenu plus protecteur, je l'ai vu longtemps comme le grand-frère que je n'avais jamais eu. Il m'écoutait, me conseillait, me faisait évoluer... il avait gagné ma confiance. Puis je me suis mise à grandir, et notre relation évolua également. Ça devenait plus... sentimental. C'est là qu'on a commencé à plus ou moins sortir ensemble, sans jamais mettre de mots sur l'ambiguïté de notre situation.
Les deux garçons semblaient perplexes, et je me pressai de détourner leur attention :
- Vous venez d'où ? Et comment ça se fait que la police ne te connaisse pas, James ?
- D'un petit village au nord de l'Irlande, répondit James en s'adossant au mur. Je suis né trois ans avant Thomas. Notre mère vivait à cette époque avec mon père. Il... c'était un criminel. Peut-être que j'ai ça dans le sang après tout. Il est venu se cacher chez ma mère, qui était une amie d'enfance... elle l'a accueilli à bras ouverts et ils ont... ils m'ont conçu. Elle était très généreuse. J'ai passé les premières années de ma vie caché avec mon père au milieu des montages. Je n'ai pas été déclaré, je n'ai jamais mis les pieds à l'école ou dans un lieu public. En fait, aux yeux du monde je n'existe pas.
J'en restai bouche bée. Qu'elle enfance terrible ça avait du être ! Sans jamais croiser d'autres enfants, d'autres personnes, d'autre lieux... James du apercevoir ma grimace puisqu'il esquissa un sourire :
- Ce n'était pas si terrible que ça. Mes parents étaient amoureux, mon père passait des journées à m'apprendre à lire, écrire, marcher... il était toujours souriant et... aimant.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé avec Ryder, Morgane ? questionna à nouveaux Tyron.
Je fermais les yeux. Mon envie de parler de tout ça avait chuté dans les profondeurs de l'enfer. Je bus à nouveau, me détendant petit à petit. Je rouvris les paupières et lâchai :
- Il a dépassé les limites. Depuis toujours, il me manipulait, mais j'étais trop amoureuse pour m'en rendre compte. Il a... il a toujours eu un énorme pouvoir sur moi. Il pouvait faire ce qu'il voulait de moi, j'obéissais aveuglément. Il était... comme une drogue. Dès qu'il s'éloignait, l'enfer de ma vie refaisait surface mais quand il était à côté... tout semblait s'arranger. Il m'a connue à une époque où j'étais plus que vulnérable, et il m'a fais croire qu'il ne voulait que mon bien. Quand j'ai compris que ce n'était pas le cas... il était bien trop tard. Je l'ai sorti de ma vie du jour au lendemain. Et chaque jour, je dis bien chaque jour après son départ, tout mon corps me criait de le faire revenir. De le rappeler. Je lui trouvais milles et une excuses, imaginait son retour, sa vie à mes côtés... J'ignore comment il a fait, mais il m'a rendu addict à lui. Et ce n'est jamais facile d'arrêter une addiction du jour au lendemain.
J'avais un peu éludé la question, mais c'était trop dur d'en parler ainsi. Comme Tyron l'avait bien exprimé, nous ne nous faisions pas encore confiance. Pas assez. Je relevai les yeux de mes doigts tremblants pour dévisager les deux garçons. James était à moitié avachi contre le mur, les yeux clos, mais je savais à son corps tendu qu'il était très attentif. Tyron, lui, était parfaitement immobile, les yeux baissés vers le sol, la mâchoire serrée. Mes yeux se perdirent sur la bouteille dans ma main, et je repris une gorgée. Ma gorge était déjà habituée à l'alcool, et elle l'accueillait maintenant avec plaisir.
Un gloussement me prit, et je les pointais du doigts :
- Si vous verriez les têtes que vous tirez ! Relax, personne n'est mort.
Je gloussai à nouveau. Je sentais que je perdais peu à peu le contrôle de mes pensées. Tout semblait se mélanger, des brides de souvenirs, la scène actuelle, des sons, des odeurs... Je pouffai de rire en me penchant en arrière, avant de voir Tyron se lever :
- Tu devrais arrêter de picoler, Freeman.
- Mes fesses ouais ! C'est vous qui picoliez.
Je le vis rouler des yeux et, rien que pour l'embêter, je portais à nouveau la vodka à mes lèvres, avant de lui lancer un sourire de défi. Soudain, je me redressai vivement :
- J'ai une idée.
Bonjour à vous !
Qu'est-ce que vous avez pensé de toutes ces révélations ? Surpris, pas surpris ?
Laissez moi vous dire que c'est loin d'être finit haha.
Bon je vous ai écris là un gros chapitres 😉😊
Aujourd'hui, j'aimerais savoir : team chocolat ou team caramel ?
Moi, caramel mille fois 😉😘
Biz 😘😍
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