36 - Les ennuis commencent
- Tiens tiens, se réjouit morbidement ma mère. Ne serait-ce pas ma criminelle de fille ?
Bien sûr, le déguisement ne la trompait pas. Pas elle. Je zieutai à droite et à gauche avec inquiétude, mais personne ne semblait entendre notre conversation. Elle releva les yeux de mon visage pour se poser sur celui de Tyron, qu'elle observa un long moment.
- Et bien accompagnée qui plus est, ajouta-t-elle avec un sourire mesquin.
- Bonjour maman, rétorquai-je d'une voix calme. Je t'ai manquée ?
Mon ton ne dévoilait pas mon bouillonnement intérieur, mais Tyron dut le sentir puisqu'il resserra légèrement sa poigne sur mon épaule. Ma mère éclata de rire :
- Toi, me manquer ? Tu rêves, Herbert. Si ma folle de fille me manque ? Si je l'ai attendue chaque jour en espérant voir sa sale tignasse se pointer pour me ramener mon chocolat ? Si tu te crois indispensable ? MAIS TU ÉTAIS OÙ LA SEMAINE DERNIERE QUAND J'AVAIS BESOIN DE TOI ?!
Elle s'était mise à crier en se redressant, penchée vers la vitre, ses yeux me foudroyant, et deux policiers coururent vers elle pour la faire se rasseoir. Elle leur adressa un sourire meurtrier, puis reporta son attention sur moi :
- J'ai suivi tes exploits à la télé. Si tu savais comme je suis fière de toi. Pour la première fois de ma vie. Quand tu as pointé ce pistolet sur la bijoutière... hum.... Jouissif. Tu m'as ramené mon chocolat au moins ?
Tyron me lança un regard interrogateur, et je haussai les épaules. C'était toujours comme ça. Il ne fallut pas longtemps au bandit pour perdre son calme, et se pencher vers moi. Il me prit le téléphone des mains.
- Bonjour Mme Freeman. Je crois que vous savez qui je suis. Et je crois que vous savez ce que j'ai fait, ainsi que tous les contacts que j'ai au sein même de cette prison. Il serait dommage qu'un accident arrive, qu'une bagarre éclate, et que vous ne vous y retrouviez mêlée « accidentellement ». Vous savez, un cou, ça se casse vite.
Je fronçai les sourcils en lui faisant de grands yeux, mais il était occupé à menacer ma mère du regard. Il était hors de question qu'il ne fasse tuer ma mère en prison, où avait-il la tête ?! Ça ne faisait pas partie du plan, où il était censé me laisser parler. Ma génitrice pencha la tête en le regardant :
- Tyron, chantonna-t-elle dans le combiné en jouant avec une mèche rousse. C'est ça hein ? La police serait contente de te savoir ici, hein bébé Titi ?
Je fronçai les sourcils, et ma mère leva la tête et se mis à chantonner :
- Poliiiice... Le bébé est là... bébé Tyron, le vilain Tyron, le méchant Tyron. Il est du mauvais côté de la vitriiine.
- Ne vous donnez pas cette peine, nous repartons bientôt. Écoutez bien. Vous allez répondre à chaque question de votre fille. Au moindre désistement, vous savez que j'ai le pouvoir de vous envoyer à l'hôpital, voire même à la morgue. Et je m'en ferais un plaisir, étant donné ce que vous lui avez fais subir.
Ils s'affrontèrent du regard un moment sous mes yeux troublés, puis ma mère finit par acquiescer dans un soupire théâtral. Tyron se redressa et plongea ensuite ses yeux dans les miens.
- Pose-lui tes questions, et obtiens les réponses. Les vraies réponses.
- Attends ! Qu'est-ce que tu fais ? Ton... ton père, qui est-ce ? Et...
- Pas le moment, Morgane. Où sont les toilettes les plus proches ?
- Au bout de ce couloir, à droite.
- Ok. Ne bouge pas, je reviens.
Sous mes yeux horrifiés, Tyron tourna les talons et s'apprêta à partir. Je bondis de ma chaise sous les yeux intrigués des autres personnes, et attrapais Tyron par la manche comme une naufragé aurait aggripé une bouée de sauvetage. Je lui murmurai, mon regard effrayé naviguant entre les gardes armés et ma mère qui pouvait nous dénoncer à tout moment :
- Tyron, ne m'abandonne pas. Tu ne peux pas... juste me laisser là.
- Hé Morgane, calme-toi. Je vais aux toilettes, et je reviens. Sois naturelle. On sort bientôt d'ici. Respire un grand coup.
J'obéis, cherchant à calmer mon rythme cardiaque. Il me serra une dernière fois le bras dans un geste qui se voulait rassurant, avant de quitter la salle sous le regard inquisiteur des gardes. Je pris une longue inspiration avant de retourner m'asseoir en face de ma mère, qui n'avait pas perdu une miette du spectacle. Je portais le combiné à mon oreille tandis qu'une voix nasillarde annonçait la fin des visites dans cinq minutes.
- Alors Morgane, se réjouit ma mère, on quitte tout pour un homme ? Ton soulard de père ne t'a pas fait comprendre que l'on ne peut rien attendre de la part d'un mâle ? Tellement stupide et naïve... tu mérites...
- Maman, la coupais-je d'une voix tremblante. Est-ce que tu as tué cet homme d'affaire ?
Elle s'interrompis et cligna plusieurs fois des yeux comme si elle ne comprenait pas la question, avant de sourire de long en large en basculant sa tête de gauche à droite :
- Bien sûr, Morgane ! Pourquoi je serais ici sinon ? À cause de mon creuvard de mari qui aurait appelé la police ? À cause de ma fille sous-douée QUI EST UNE PSYCOPATHE ?
- Pourquoi, maman ?
Mon sang-froid la déstabilisa encore une fois. D'habitude, je ne restai jamais de marbre face à ses accès de violence. Soit je me mettais à crier également, soit je fondais en larme, ou alors je partais d'ici en courant. Mais jamais je ne lui avais posé ces deux simples questions. Il y eut un long moment de silence où elle me dévisagea intensément, les lèvres closes. Je secouai la tête :
- Ne me fais surtout pas le coup de celle qui n'avait aucune motivation. Je sais que tu as fait ça pour une raison précise, et je veux savoir laquelle. Tu as... tu as trop souvent mentis. Tu as pris trente ans de prison, maman. Et avec tout ce que tu as fait, je crois que je mérite au moins de savoir pourquoi.
- Chantale Masson. Va voir Chantal Masson.
Je fouillai le regard de ma mère qui restait insensible.
- Qui est...
Je m'apprêtai à demander plus de précisions quand une alarme résonna dans toute la pièce. Le son strident nous surpris tous, tandis que les lumières s'éteignaient, remplacées par un lueur rouge clignotante. Je poussai un cri et me jetai au sol par pur réflexe, tandis que les prisonniers étaient brusquement tirés à nouveau dans leurs cellules pour éviter toute fuite. Les civils partaient en hurlant, l'alarme déchirant les oreilles de tout le monde, tandis qu'une fumée s'échappais dans la pièce.
Je ne comprenais plus rien. J'étais sourde, et je ne voyais presque plus. La fumée agressait mes pupilles et, agenouillée au sol, je rampai difficilement jusque la sortie. Un coup de feu retentis à travers la pièce et je poussai un cri d'horreur en me recroquevillant sur moi-même, tremblante. Je me remis rapidement sur mes pieds, et réussis à sortir de la pièce. Dans le couloir, les choses n'étaient pas beaucoup mieux, même s'il y avait une meilleure visibilité. Je me courbais à moitié et courut dans une direction aléatoire.
Les pensées se bousculaient dans ma tête sans aucun sens. Tyron, où était-il ? Était-ce sa faute ? Ma mère... moi... j'étais visée par ce coup de feu ? Je courus dans le couloir, cherchant à ouvrir toutes les portes, dont la majorité restaient fermement closes. Puis je me jetais avec la force du désespoir sur une dernière porte, craignant que la police ne soit à mes trousses. Étrangement, la porte s'ouvrit et je basculai de l'autre côté. Je tombai à genoux à l'extérieur, dans une petite cour cloisonnée par trois murs et un grillage en fer. Je pris une longue inspiration d'air frais.
Puis je poussai un gémissement de douleur et m'apprêtait à me relever pour aller escalader le grillage quand j'aperçus une ombre se mouvoir, à l'autre bout de la cour. Sans réfléchir, j'attrapai un caillou aiguisé au sol et me relevai. Je tendis le bras vers l'ombre, menaçante :
- Qui est là ? Montrez-vous tout de suite !
Il y eut un moment de silence, où seul mon souffle rapide me parvenait aux oreilles. J'avais les yeux qui me brulaient, et tout le corps tremblant.
- C'est moi Annie, répondit finalement une voix que je pourrais reconnaître entre milles.
Et voilà. Non pas un, mais deux chapitres ! Et le meilleur reste à venir haha 😊😆
Alors vos avis ? La mère de Morgane ?
Des hypothèses sur où est James ? Et où est parti Tyron ?
Faites moi parr de vos hypothèses ahah 😊😋
Et si vous avez bien suivit jusque là, l'identité de l'autre personne ne dois pas être compliquée à deviner 😉
Pour ma question du jour : est-ce que vous aimez voyager ? Vous l'avez déjà fait ? Où ça ?
( oui, ça fais plusieurs questions mais je me donne le droit vue que j'ai publié deux chapitres 😉😆 )
Moi j'adore voyager. Genre vraiment. J'ai déjà visité pleeeeins d'endroits avec mes parents, et parfois ma seule envie est de partir très très loin, de découvrir d'autres choses, d'autres cultures et tout 😍
Biz 😘😍😎
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