« J'avais neuf ans. Nous étions le 31 aout, je devais retourner à l'école dans deux jours, et ma maman avait disparus. Ça faisait trois jours qu'elle était pas revenue. Il était dix-neuf heures, je mangeais avec mon papa. Il paraissait inquiet. Pas moi. Quand maman étais pas là, ça faisait du bien. Personne ne criait, personne ne me tapais. C'était mieux. Et mon papa me cuisinait des choses que maman aimait pas, mais que moi j'adorais.

J'avais presque la tête dans mon plat de pâtes à la carbonara quand la porte s'ouvrit avec violence. Je sursautais et me redressai, pour apercevoir maman, debout à l'entrée du porche. Ses mains étaient pleines de sang, ses cheveux roux comme moi étaient poussiéreux, et elle boitait. Mon père se précipita pour aller l'aider, et je me levai aussi, mais restai à distance. J'avais peur qu'elle me vois...

Ils allèrent dans la cuisine, et je les entendis chuchoter :

- Sandie ! Mais qu'est-ce qui est arrivé ? T'étais passée où bon sang ?!

- Patrick, Patrick... tu ne comprends jamais rien. Aide-moi à me débarrasser de ce sang. Et dis à ta malade de fille d'arrêter d'épier nos conversations !

J'écarquillai les yeux tandis qu'elle se tournait vers moi pour me foudroyer du regard. Ses yeux semblaient fous. Je gémis en faisant un pas en arrière. Ma mère avait du sang jusque sur le visage, et elle semblait furieuse. Mon papa recula d'un pas :

- C'est aussi ta fille que tu le veuille ou non.

- Dis-lui de dégager ou j'hésiterais pas à refaire un deuxième meurtre ! hurla ma maman.

Je tremblai. J'avais peur. Mon papa m'attrapa et me porta en courant jusque dans ma chambre. Il me posa dans mon lit alors que je pleurais :

- Papa... Qu'est-ce qu'il se passe ... ?

- Rien Morgane, tout va bien se passer. Ne sors surtout pas de ta chambre, compris ?

J'hochai la tête en reniflant et me blottis dans mon lit, les yeux grands ouverts. Il y eut du silence, puis des cris. Ils se disputaient encore... Des bruits de vaisselle...

Puis ce fut du bruit dehors qui me fit me redresser. Des sirènes de polices, des voitures qui se garaient... De nombreuses voix... La porte d'entrée s'ouvrit avec fracas et je me précipitai sur le rebord de la fenêtre.

Le jardin était plein de gens, de bruits, des hommes habillés en bleu sortaient de voiture pour entrer dans notre maison. J'entendis ma mère hurler, puis je la vis sortir avec les policiers. Ils la tirèrent vers la voiture la plus proche.

Avant de rentrer, je vis ma maman se tourner, et ses yeux se braquèrent sur moi à travers la vitre. Je me figeai et je la vis pointer un doigt vers moi. Sa voix me parvint distinctement :

- Tout est de sa faute !

Je pleurai, tout mon corps tremblant, tandis qu'elle se fit pousser dans la voiture, et emmener loin de moi. Qu'est-ce qu'il venait de se passer... ? »

- Alors ...? Me relança James devant mon silence prolongé.

Je secouai la tête et clignai plusieurs fois des yeux en retournant dans le présent. Je regardai tour à tour les deux bandits, quelque peu troublée. Depuis que j'étais avec eux, mes souvenirs s'étaient calmés. Certes, j'avais des brides de souvenirs à chaque odeur, chaque son, chaque phrase prononcée, chaque élément vu. Mais ces souvenirs qui me transportaient, me faisaient oublier la réalité, me ramenaient dans le passé se faisaient de plus en plus rare. Je finis par reporter mon attention sur James :

- Pour meurtre. Ma mère s'est faite arrêtée pour meurtre il y a dix ans et trois mois. J'avais neuf ans.

Il y eut un silence. J'étais assise sur le bord de mon lit et faisait face aux deux bandits, assis sur celui d'en face. Je triturai un moment mes mains. Ce sujet restait sensible, même après tant d'années.

- Pourquoi ? finit par demander Tyron.

- Aucune idée. L'affaire n'a jamais été résolue. Elle a refusé d'expliquer ses raisons. Elle répétait simplement que c'était ma faute. Que tout était de ma faute. Elle a... Elle a disparu pendant plusieurs jours. Quand elle est revenue, elle était pleine de sang et... elle s'est fait emmener en prison presque aussitôt. Elle...

Je pris une pause le temps de remettre mes idées au clair, avant de prendre une longue inspiration.

- Elle a tué un homme d'affaire. Il avait une famille. Deux enfants. Une femme. Son corps a été retrouvé dans son bureau et... elle l'avait complètement lacéré. Déchiqueté. Elle était... elle est complétement folle. Personne n'a idée de ce qu'il s'est passé. Elle avait des antécédents de violence, un petit casier, j'ai témoigné pour maltraitance enfantine, mon père pour violence conjugale et... le dossier s'est rapidement résolu. Elle a pris trente ans fermes.

Je relevai les yeux vers les deux bandits. James paraissait peiné, alors que son frère semblait interloqué. Tyron se pencha vers moi, croisant les bras au-dessus de ses jambes.

- Et c'est tout ?

- Quoi, c'est tout ?

- Vous n'êtes pas allé chercher plus loin ? Tu t'es contentée de ça ?

Je fronçai les sourcils, vexée. Je leur confiai mon histoire alors que je ne savais rien d'eux, comment osait-il me juger ?

- Ça me paraît suffisant. Elle à toujours été violente. Tu ne l'as connais pas comme moi. Elle avait des pulsions de violences comme ça parfois. Ce type était juste... là au mauvais moment.

- Mais tu as dit qu'elle n'a jamais expliqué ses raisons, insista le bandit. 

- Parce qu'elle n'en a pas !

- Tu lui as demandé toi-même ? Tu lui en parlé ?

- Bien sûr que...

Je m'interrompis. Tyron marquait un point. Non, je ne lui en avais jamais parlé. J'avais passé bien trois ans sans la voir après son emprisonnement. Mais c'était malgré tout ma mère, et je ne pouvais la renier. Depuis, je l'avais revue de nombreuses fois en prison. Parfois, elle paraissait énervée, psychotique, et prête à m'étrangler si je n'étais pas de l'autre côté de la vitre. D'autres fois, elle était juste silencieuse, me regardant intensément. Dans tous les cas, ces visites étaient rapides, et je n'avais jamais évoqué le sujet du meurtre.

- Ça ne change rien, tranchai-je en éludant la question.

- Bien sûr que si. Elle a peut-être des raisons que tu pourrais comprendre. Il ne faut pas trancher avant de connaître toute l'histoire.

- Elle m'a frappée, Tyron.

Mon ton était glacial, et je m'efforçai de garder la tête haute :

- Elle me frappait, m'enfermait pendant des heures dans des placards, me menaçait, me rabaissait, me privait de nourriture pendant des jours, m'empêchait de parler. Elle... ce n'était pas une mère mais un bourreau.

- Pourquoi est-ce que tu continues d'aller la voir en prison alors ? rétorqua-t-il d'une voix calme.

- Parce que... c'est ma mère. Malgré tout. Et je crois que... j'espère la voir changer avec le temps.

Tyron secoua la tête. Il ne paraissait pas convaincu. Il se releva, resta un moment dos à nous avant de se retourner et de planter son regard dans le mien :

- Tu sais quoi ? Je règle peut-être mes problèmes par la violence, mais moi au moins je les règlent. Toi, tu te contente de fermer les yeux et de faire comme s'ils n'étaient pas là. Ça fait quoi, dix ans que tu te refuses d'ouvrir les yeux Morgane ! Je sais que toi aussi, tu sens que quelque chose n'est pas net dans cette historie. Fais confiance à ton instinct et agis. On va aller voir ta mère, Freeman. Coûte que coûte. Et on trouvera ce pour quoi elle a fait ça. Je te le promets.

Hello everybody ! Ça roule ?😊

Pour ma part, je suis épuiiiiiisée, mais sinon ça va haha.

Alors ce chapitre ? On en apprends un peu plus sur la mère de notre chère héroïne.😋

De quel côté êtes-vous ? Plus "elle était violente et mérite d'aller en prison", ou plutôt " il faut élucider ce mystère cher Watson" ? 😎🤔

Et enfin, ma petite question du jour haha. Votre couleur préférée ? Et pourquoi ?🤗🤩
Moi, j'adore le rouge, qui exprime des tooooones de choses différentes ( violence, douleur, amour, fougue...) ce qui ressemble un peu à la vie avec ses beaux et ses mauvais côtés ahah. 🔥🔥

Je vous souhaites une bonne semaine ! 😘

PS : Vous êtes tous géniales ! Et géniaux si jamais un homme passe par là. N'en doutez jamais, et ne laissez personne vous convaincre de l'inverse. La plus grande beauté dans la vie est d'être soi-même. Ressemblez-vous, soyez qui vous voulez être, et vous aurez réussi.😍😎