31 - Ne ferme pas la porte

J'étais restée prostrée sur mon lit jusqu'au retour de James, tournant le dos à Tyron. Je m'en voulais d'avoir passé un « bon moment » avec lui. De m'être amusée. Tout ça allait trop vite. Ce que j'avais compris, c'est que la limite entre le bien et le mal est plus floue que je ne le pensais. La frontière entre le bon et le mauvais côté de la loi était indicible, moins imposante que ce que je pensais. J'avais apparemment dépassé cette frontière sans le savoir, sans le vouloir, et aucun retour en arrière n'était possible.

James rentra à l'intérieur du bunker, les bras chargés de sacs de courses. Il referma à clé derrière lui, avant de venir poser les sacs sur la table. Je me redressai aussitôt et fronçai les sourcils. Je détestais cette impression d'être un rat enfermé dans sa cage.e

- Pourquoi tu fermes la porte ?

- Hein ?

James me dévisagea sans comprendre, et je développai :

- Je pensais qu'on était d'accord sur le fait que je n'étais plus votre otage mais votre « complice », fis-je en mimant des guillemets. Alors décidez-vous. Si c'est le cas, je devrais être libre de partir, tout en sachant que je ne le ferais pas parce vous m'apportez plus de sécurité. Si tu m'empêche de partir, c'est que je suis toujours prisonnière. Dans ce cas-là, attachez-moi à ce lit et arrêtez de faire semblant d'être gentils avec moi.

James fronça les sourcils, de toute évidence hésitant quant à la démarche à suivre. Je restai la tête haute, attendant une quelconque réaction de la part des garçons. Finalement, Tyron passa à grand pas devant James et alla déverrouiller la porte, avant de se retourner vers moi :

- Satisfaite ?

- Non. Mais c'est déjà mieux. Je peux dormir maintenant ?

Tyron me dévisagea un instant l'air de se demander si j'étais sérieuse, puis jeta un coup d'il à sa montre.

- Il est 13 heures, Freeman.

- Et ?

- Ça va perturber ton rythme de sommeil.

J'eus un ricanement sarcastique en le dévisageant, pour m'apercevoir qu'il semblait tout-à-fait sérieux. J'arquai un sourcil en me redressant :

- Qu'est-ce que tu connais de mon rythme de sommeil d'abord ?

- Je me suis déjà occupé d'enfants, crois-moi.

- Oh, et tu as réussi à lutter contre tes pulsions de meurtrier et à les garder en vie ? ironisai-je avant de reprendre en haussant la voix. Votre attention à tous, évènement exceptionnel. Ce psychopathe de Tyron a réussi à « s'occuper » de quelqu'un sans lui mettre une balle dans la tête. Qu'on le félicite s'il-vous-plaît. Et je ne suis plus une gamine, enfoiré.

James écarquilla les yeux en secouant la tête, me faisant signe de me taire. Pour ma part, je pense que je n'avais jamais autant insulté quelqu'un de toute ma vie. Tyron lui ne bougeait pas, les bras croisés et le regard braqué sur moi. Il était parfaitement immobile, et ses yeux me brulaient. Son frère profita de son silence pour approcher d'un pas.

- Oui, ce n'est peut-être pas plus mal que tu dormes Morgane, tu dois en avoir bes...

- Je me suis occupé de toi, protesta Tyron en dégageant son frère sans me quitter des yeux. Et je ne t'ai pas mis de balle dans la tête.

- Non, c'est vrai. Tu t'es contenté de me fracasser la tête contre une chaise, ce qui est beaucoup mieux.

- Et je pourrais très bien recommencer si tu n'arrête pas de me provoquer. Qu'est-ce que tu cherches en faisant ça ?

Je réagis au quart de tour. Je n'en revenais pas qu'il ose encore me menacer, j'en avais ras le bol de toute cette histoire en fait. Vraiment ras-le bol. Je m'approchais de lui à grand pas et me postais juste devant en le dévisageant avec hargne :

- Écoute moi bien connard. SI tu oses me menacer encore une fois, je te jure que je trouve un moyen d'alerter la police sur le champ. J'aurais déjà dû le faire d'ailleurs. Tu prends tes airs de grands méchant dur mais tu as avoué toi-même être faible. Tu es encore un petit garçon qui essaye de battre la vie à mains nues. Un petit garçon détruit qui fait semblant d'être un homme fort. Tu veux savoir pourquoi je te provoque ? Pour te faire comprendre que tu es un putain de malade au fond, qui aime faire souffrir les autres. Mais tu sais quoi ? Je pense que ça peut se soigner. Peut-être qu'un jour, quelqu'un arrivera à te faire réagir, à te faire sortir de cette bulle de souffrance que tu crée autour de toi pour te rendre compte de qui tu es, et de l'ampleur des crimes que tu as commis. Et le plus tôt sera le mieux, pour éviter de nouvelles morts innocentes ! Alors oui, j'ai remarqué que tu peux être attentionné, aimant, protecteur, presque gentil quand tu le veux. Très bien, pas de soucis ! Continue. Mais tu t'empoisonne la vie en croyant que la violence est le seul moyen de régler tes problèmes. On a tous des problèmes, Tyron. Et si chacun y réagissait comme toi, la population mondiale aurait déjà diminué de moitié. Alors voilà mes conditions : je reste avec vous et je n'appelle pas la police, et en échange, plus aucune violence. Je ne veux plus aucun mort, plus aucun blessé. Tu te rendras compte que ça marche très bien sans. Je te laisse méditer à ça et en attendant, je vais dormir.

Je pris une longue inspiration à la fin de mon laïus, pour apercevoir les regards des deux hommes sur moi. Je ne pris même pas la peine d'analyser leur expression que je tournai les talons et repartis dans mon lit. Je m'enfonçais sous la couette, tandis qu'un silence de mort régnait dans tout le bunker. On aurait pu entendre une mouche voler. Puis j'entendis James s'esclaffer et donner une tape sur l'épaule de son frère :

- Et bah mon pote, je commence à l'apprécier celle-là. T'avais bien besoin qu'on te remette à ta place !

Un léger sourire étira mes lèvres et je fermai les yeux.

Le reste de l'après-midi se passa dans une tranquillité suspecte. Je passai bien trois heures à dormir, pour me réveiller et voir les deux garçons assis à table, en train de compter leur butin. Le meuble était recouvert des bijoux volés, tandis qu'ils comptaient les billets en les triant en de petits tas. Ils échangeaient en même temps quelques mots à voix basse, et faisaient cela avec un professionnalisme déconcertant. Je me redressai sur mon lit et m'assis en tailleur.

- Qu'est-ce que vous allez faire de tout cet argent ?

Je me doutais bien qu'il ne s'agissait pas de la première fois qu'ils récupéraient autant d'argent, et j'ignorais ce qu'ils allaient bien pouvoir faire de tous ces bijoux. Le collier de diamant attira encore une fois mon regard, au milieu des autres, et je me mordis la lèvre. Tyron aperçut mon regard et eut une légère moue :

- Nous revendons les bijoux à un contact, qui les remets ensuite à son tour sur le marché. Quant à l'argent, nous le divisons en deux. La première moitié nous sers à nos besoins personnels, acheter des armes, de la nourriture, une chambre d'hôtel, et nous en laissons de côté pour l'avenir.

- Et la deuxième moitié ?

Les deux bandits échangèrent un regard avant que James ne se retourne vers moi :

- Nous en faisons des dons anonymes à des uvres caritatives. Principalement des associations pour les problèmes sociaux, l'immigration, la violence faîte aux enfants, les populations les plus démunies et les jeunes des quartiers défavorisés.

J'en restais bouche bée. Je m'attendais bien à n'importe quelle réponse, mais pas celle-là. Ils faisaient réellement ça ? Ils allaient vraiment donner la moitié de cette montagne d'argent pour... aider les autres ? Eux ?

- Mais... pourquoi ?

Qu'on se le dise, je trouvais ça génial de faire ça. Quitte à voler de l'argent, autant en faire profiter à ceux vraiment dans le besoin. Mais je ne m'attendais vraiment pas à ça de leur part.

- Tu ne nous connais pas vraiment, Morgane, développa James sans me regarder, occupé à couper ses billets en tas plus petits. Tu ne sais rien de notre histoire. Mais si nous pouvons aider les autres à avoir une meilleure vie que nous, et à ne pas en arriver au point où nous sommes, alors il est de notre devoir de le faire. Grâce à cet argent, nous aidons des enfants à avoir une vraie éducation, à vivre dans une vraie maison, à ne pas crouler sous les contraintes à seulement dix ans. Et... enfin bon laisse-tomber, tu ne peux pas comprendre.

J'avais l'impression qu'il parlait principalement de leur vécu. Qu'ils faisaient ça en partie parce qu'ils auraient voulus que quelqu'un le fasse pour eux. Et, selon toutes les apparences, personne ne l'avais fait. Je penchai la tête :

- Non, au contraire. Je comprends parfaitement. Je veux devenir médecin pour la même raison. J'espère pouvoir permettre à certaines personnes d'avoir une meilleure vie et de ne pas vivre un enfer comme le mien. J'espère... pouvoir diminuer la souffrance des gens, et si j'arrive à les sauver de la misère de la vie... C'est tout ce que je demande. Alors non, je comprends parfaitement.

Je croisai le regard des deux hommes sur moi. Tyron, sourcil froncé, paraissait en intense réflexion, même s'il ne semblait pas d'humeur bavarde. Puis il secoua la tête, et se replongea dans ses billets. Il fallut encore quelques instants à James avant qu'il ne reprenne également. Pour ma part, j'attrapai un roman dans la bibliothèque sans regarder le titre, et me plongeai dans la lecture pour faire passer le temps. Après tout, qu'avait-il d'autre à faire ici ? 

Stephan King, me voilà. Même si ma vie mériterait de faire partie d'une de ces histoires.

Voilà comme convenu un nouveau chapitre 😉😘

J'espère qu'il vous a plu 😘😊

J'adore quand Morgane fais des coups de gueule et que je peux me lacher un peu haha😅😎

Et vous ? Vos impressions ?

Et bien je vous laisse, la suite arrive... sans doute avant mercredi étant donné que je vais faire pas mal de route. 😓😄

Alors bon week-end à vous, courage à ceux qui reprennent les cours dans deux jours. 😘😍

Autrement je me demandais un peu quel âge vous avez ? J'ai un bon groupe de lecteurs qui commentent ou votent presque tout le temps, mais au final j'en sais assez peu sur vous haha. Et comme c'est donnant donnant, j'ai pour ma part 17 ans et je suis en terminale. 😋😊

Biz à vous.😍🤩😘

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