27 - Victime ou coupable ?

- On y va.

Les deux frères allèrent vers l'arrière du magasin, Tyron récupéra mon bras au passage. Je les suivis sans protester, trop heureuse que cela ce soit passé sans bavures. Je les guidais vers l'arrière, et nous nous précipitèrent tous les trois sur la porte EXIT. Tyron l'ouvrit d'un coup de pied, et le vent froid de l'hiver nous accueillis. La porte menait sur une ruelle plus petite, sombre et déserte. La voiture de James était garée juste devant.

Tyron m'ouvrit la porte arrière et je me glissai à l'intérieur. À peine son frère fut-il monté que le conducteur démarra au quart de tour, sortis de la ruelle et s'inséra habilement dans le trafic. Il y eut un moment de silence dans la voiture, avant que James ne tourne la tête vers son frère :

- On vient de faire un coup d'enfer.

- Oui.

- Il y a pas eu de police. Pas de sang. Pas de cris. Pas de blessures.

- Oui.

Si Tyron ne semblait pas d'humeur à bavarder, ses yeux brillaient autant que ceux de son frère. Quoiqu'on en dise, peut importe les circonstances qui les avaient menés là, les obligations, il était évident qu'ils aimaient ça. Tyron leva les yeux dans le rétroviseur et croisa mon regard :

- Merci.

- Mais pas de quoi, ironisai-je. C'est vrai que j'ai eu le choix. Alors de rien, avec plaisir. Pour me remercier, vous n'avez qu'à me relâcher.

Tyron roula des yeux avec un grain d'amusement, tandis que James lâcha un léger rire. J'arquai un sourcil en dévisageant tour à tour les deux frères. Ce n'était pas sensé être drôle, en fait. Je crois que le braquage réussit les rendaient euphoriques. Le châtain se tourna vers moi :

- On ne te laissera pas partir, Freeman. Et encore moins maintenant. Surtout étant donné que tu as aimé braquer cette bijouterie presque autant que nous.

- C'est faux ! m'incriminais-je en me redressant. Je n'ai pas eu le choix. À aucun moment je n'ai...

- Tu peux te mentir à toi-même, insista Tyron, mais tu ne me berneras pas. J'ai vu ton regard à ce moment-là. Tu n'as même pas essayé de fuir !

Je baissai les yeux un instant, ne pouvant contredire ses paroles. Seulement, il se trompait sur la cause de mon état.

- Le braquage n'a rien à voir là-dedans. J'ai juste... j'ai réussi à contrôler ce qui se passait dans mon crâne, pour la première fois de ma vie.

J'aperçus le regard qu'échangèrent les deux frères, et je ne pus m'empêcher d'insister :

- Vous ne comprenez pas. Ma vie a toujours été un enfer à cause de ma mémoire. J'ai toujours subi des tas de souvenirs que j'aurais souhaité oublier à jamais. Je ne peux oublier aucune de mes erreurs, de mes déceptions, de mes peines, de mes douleurs. Ça n'a rien d'un don, contrairement à ce que vous semblez penser...

- Non, me coupa fermement Tyron. Je n'ai jamais pensé que c'était un don.

Je fronçai les sourcils en le dévisageant. L'ambiance dans la voiture était devenue bien plus lourde, et James se concentrai sur la route, les sourcils froncés. Tyron, lui, semblait à moitié perdu dans sa propre tête et ses propres souvenirs. Et vu son expression, il était sérieux. Il n'imaginait pas ma mémoire comme un don. En fait, j'étais presque sûre qu'il pensait actuellement à ce qu'aurait été sa vie avec ma mémoire. Comme moi, il devait avoir tout un stock de mauvais souvenirs, sauf que lui pouvait les oublier, ou du moins ne pas les ressasser constamment.

- Aucune personne sensée ne voudrait avoir ta mémoire, reprit-il en croisant mon regard. J'ai dit que c'était une chance pour nous, mais aucunement pour toi.

Super, j'étais heureuse d'entendre ça. Merci pour le soutien, les gars. Alors que je cherchais une répartie bien placée, je vis la voiture pénétrer dans un parking. Heureusement pour moi, c'était un parking ouvert, à l'air libre. J'en avais eu assez des parkings couverts pour toute une vie. Tandis que James se garait, je me redressai :

- Qu'est-ce qu'on fait là ?

Aucune réponse. Les deux frères sortirent en emportant toutes leurs affaires, puis James vint m'ouvrir, tandis que Tyron fouillai dans le coffre. Je sortis alors, mon sac remplis de bijoux et d'argent sur le dos, et regardais autour de moi. C'était l'occasion rêvée pour s'échapper. James, pas dupe de mes intentions, m'attrapa par l'épaule en secouant la tête :

- Je serais toi Morgane, je ne ferais pas ça.

- Et pourquoi ?

- Vois-tu, ce n'est pas pour rien que c'est toi qui étais au centre des caméras. Que c'est toi qui as volé le collier juste devant.

- Et surtout, renchérit Tyron en revenant vers nous, ce n'est pas pour rien que tu avais une arme.

Je fronçai les sourcils en les dévisageant tour à tour, comprenant peu à peu là où ils voulaient venir. Je blêmis.

- Tu as été filmée en train de menacer une civile innocente avec une arme à feu, avant de voler des bijoux valant des milliers d'euros, sans que personne ne te force. Tous tes gestes ont été vus.

Tyron posa sa main sur mon épaule avec un air conscrit, l'expression désolée. Je détournai les yeux, amer, et il compléta :

- Nous sommes désolés. C'est un sale coup que nous t'avons joué là, mais nous n'avions pas le choix. Freeman, aux yeux de la loi, de la police de l'état, de la population et de tes proches, tu n'es plus victime mais coupable. Tu n'es plus otage, mais braqueur.

- Si tu t'enfuis et que tu vas voir la police, ils te passeront aussitôt les menottes. C'est trop tard maintenant, tu es obligée de jouer dans notre camp.

- Non, protestai-je à mi-voix. Ce n'est pas vrai. Je leurs expliquerais que vous m'avez forcée. Je leurs dirais, ils comprendront.

- Ils n'auront aucune preuve. Ils croiront que tu es notre complice depuis le début, que ce braquage à la supérette était une mise en scène. La justice de notre pays est bancale. Ils te voient avec une arme à la main, tu es coupable. Ça s'arrête là.

Je reculai d'un pas et cognai contre la voiture derrière, partagée entre une colère intense, et une tristesse tout aussi puissante. Ils n'avaient pas fait ça... ils ne venaient pas réellement de ruiner ma vie ... ? J'espérais au fond de moi qu'une fois que cet enfer serait fini, que les bandits seraient attrapés, que, si je n'étais pas morte, je pourrais reprendre ma petite vie tranquille.

Mais ils avaient raisons. J'étais coincée avec eux, et je ne voulais pas d'une vie derrière les barreaux. Je ne pouvais pas finir comme ma mère. Si je m'enfuyais, c'était une vie de cavale qui m'attendais. Une vie de solitude, pourchassée par la police pour un crime que je n'avais jamais voulu commettre. Ma meilleure chance était donc de rester avec les garçons, mais je ne pouvais pas m'y résoudre. Je ne pouvais renoncer ainsi à ma vie.

Alors que je me cognais contre la voiture, quelque chose me piqua la fesse droite. Je sursautais, avant de me rappeler le morceau de verre que je gardais là. Je glissai une main dans mon dos, tandis que des larmes me montaient aux yeux et dévalèrent mes joues. Bon, c'était un poil surjoué, mes il ne m'était pas difficile de pleurer, j'avais toutes les raisons pour. Je pleurnichais un instant et relevai les yeux vers les bandits :

- Tyron... tu ne m'as pas fait ça... ? reniflai-je.

Comme je l'espérais, le bandit fronça les sourcils, et sembla s'attendrir un poil. Il approcha un pas de moi, et posa à nouveau sa sale patte sur mon épaule :

- Freeman, je...

Je ne lui laissais pas le temps de finir et, pour une fois, je réussis à être plus rapide que lui. Mes forces semblaient être décuplées par la rage qui coulait dans mes veines. J'attrapai son bras et le lui tordis dans le dos, tout en sortant de l'autre le morceau de verre. Puis je lâchai son bras et enroulai ma main autour de son cou, avant d'appuyer le tranchant du verre sur un point bien précis contre sa gorge. Je me penchai à son oreille, sous les yeux horrifiés de James :

- Je te conseille de ne pas bouger, connard. Tu sais où je suis en train d'appuyer là ? On appelle ça la veine jugulaire. C'est indispensable pour l'oxygénation du cerveau, et tu ne peux pas survivre plus de deux minutes une fois qu'elle est tranchée. Et crois-moi, ça me ferait un bien fou de t'accorder ce plaisir.

Dans mes yeux, la colère avait évacué toute trace de tristesse. Je voulais leur fais payer pour avoir ruiner ma vie. J'appuyai légèrement le verre contre sa peau, et un filet de sang coula lentement le long de son cou tandis que Tyron déglutis. Un sourire étira mes lèvres et je levais les yeux vers James :

- Alors, on ne dit plus rien ?

SUUUURPRISE ! ❤😊

Alors, je crois que certains d'entre vous attendez avec impatience ? Le voilà ! Morgane coincée, se transforme en rebelle et sadique. Vous en dîtes quoi ? Moi perso, j'adore !😏😋

Sinon, le déroulement de l'histoire ? Morgane coincée dans le camp des méchants, que va t-elle faire ? Se rendre à la police ? S'enfuir ? Partir avec les deux frères ?

Et Tyron, mourra ou mourra pas ? 🙄

Personnellement, j'aime bien la tournure que prends l'histoire, et que je n'avais absolument pas prévue au départ x) Et vous ?

Biz à vous, on se retrouve vite 🤩😄😘

PS : je carbure pendant les vacances, mais le rythme risque d'être bien plus lent à partie de la semaine prochaine alors profitez !😆😊

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