15 - Un ange vengeur

Il ne me fallut pas longtemps pour en arriver à une conclusion. Peut-être que j'avais mérité tout ce qu'il m'arrivait. Je n'avais jamais cru au Karma. Pourtant, ça ne m'étonnerait même plus qu'on me dise que je vivais tout ça aujourd'hui comme punition pour tous mes crimes. J'avisai Tyron porter son frère jusqu'au siège passager et l'y attacher. Il rangea ensuite toutes les affaires sorties, et fourra le sac dans le coffre avant de se glisser derrière le volant.

- Tu es un ange c'est ça ? Tu viens rétablir la justice sur terre ?

Je ne savais plus ce que je disais. Il y avait peu de gens sur cette terre aussi peu croyants que moi à toute cette mysticité. Pourtant, ça m'apparaissait maintenant comme une évidence. L'idée m'avait effleuré l'esprit, et ne voulait maintenant plus me lâcher. Tyron avait la beauté d'un ange, la froideur d'un démon, alors je n'aurais réellement pas été étonné qu'il confirme. Qu'il me dise qu'il avait organisé toute cette mascarade juste pour me punir. Pourtant, il redressa des yeux surpris vers le rétroviseur et croisa mon regard.

- Sérieusement ? Après tout ce que tu m'as vu faire, tu crois réellement que je suis un ange ?

Il paraissait sincèrement étonné, en cherchant sans doute ce qui ne tournait pas rond chez moi. Ses yeux restèrent ancrés aux miens via le rétroviseur, et je répondis d'une voix faiblarde :

- Enfin... C'est normal. C'est pour me punir. Tu viens rétablir la justice. Je n'aurais pas dû naître, alors tu fais de ma vie un enfer pour contrebalancer la chose.

Ça me paraissait si logique ! J'étais certaine d'avoir trouvé une partie de la réponse. Peut-être que rien n'arrivait jamais par hasard.
Cette fois-ci, Tyron se retourna carrément sur son siège et me regarda directement, les sourcils froncés :

- Comment ça, tu n'aurais pas dû naître ?

Je tremblais. Je venais juste de m'en rendre compte. Mes yeux ne voulaient pas quitter ceux, brillants, du ravisseur. L'ambiance qui régnait dans l'habitacle était étrange. Comme si, par un simple regard, j'étais devenue connectée à Tyron. Je haussai les épaules et répondis sans pouvoir m'en empêcher :

- J'empoisonne mon entourage. Tout le monde. Je suis une sorte de virus qui est là pour détruire. Alors il est normal qu'on vienne me détruire à mon tour.

- Dans ce cas-là, je n'aurais pas dû naître non plus, Morgane.

Il se retourna et appuya sur l'accélérateur, les mains serrées autour du volant à s'en blanchir ses jointures. Je restai un moment incrédule, perplexe pour cette dernière phrase. Outre le fait qu'il ai utilisé mon prénom- chose rare !-, c'était son ton qui m'avait fait tiquer. Il semblait brisé. Détruit. En fait, son ton ressemblait au mien.

Jusqu'alors, je me refusais à trouver le moindre point commun entre cette ordure et moi. Pourtant, il était indéniable qu'il y en avait au moins un. Si Tyron n'était pas un ange, alors il était tombé dans le même purgatoire que moi. Ce que je ne souhaitais à personne, même pas à lui.

Alors que la voiture quittait le parking, j'en vins à me demander ce qu'avait vécu Tyron pour être celui qu'il était aujourd'hui. Combien de fois il avait été brisé pour finalement briser à son tour. Pour passer de l'autre côté de la barrière de la violence. Car personne ne se faisait frigorifier ainsi le cur du jour au lendemain sans raison. Et derrière la carapace qu'il mettait autour de lui, je commençai à voir le garçon brisé qu'il était. Mais ce n'était qu'une ébauche, et guère assez suffisant pour lui pardonner un centième de ses actions. Seulement, c'était rassurant de voir- ou d'apercevoir, tout du moins- son côté humain.

Nous roulâmes un court moment dans la nuit sombre, dans un silence parfois rompu par les geignements de douleur de James, qui transpiraient de plus en plus. Je m'étais à peu près calmée depuis la scène de toute à l'heure, et bien sûr j'étais résolue à garder le silence, le visage de l'homme mort par ma faute tournant derrière mes yeux.
Seulement, je ne quittais pas James des yeux. Il était de plus en plus pâle, des gouttes de sueur coulant le long de son front, sa main enserrant sa blessure ouverte. Encore une fois, ce fut plus fort que moi et je tapotai l'épaule de Tyron. Il croisa mon regard via le rétroviseur et plissa les yeux :

- Quoi ?

- Ton frère.

Il fronça les sourcils et détourna les yeux vers la droite. Ses jointures se serrèrent contre le volant et il me lança un regard inquiet :

- Qu'est-ce qu'il lui arrive ?

- Je n'ai pas eu le temps de nettoyer, et encore moins de remettre le bandage. Sa blessure est en train de s'infecter. Il faut s'en occuper au plus vite.

Je n'eus pas besoin de préciser que ça pouvait être grave, mes yeux le firent pour moi. Ceux de Tyron reflétèrent une inquiétude grandissante qui me mit un coup dans le ventre. Comment ce type si détestable et meurtrier de surcroit pouvait-il avoir un côté si... humain ? C'était affreux, parce que j'avais beau le haïr, j'avais sous les yeux sa plus grande faiblesse en la personne de son frère. Et j'aurais mille fois préféré avoir un ravisseur sans cur, il aurait été bien plus facile de le détester. Mais j'avais sous les yeux la preuve que Tyron avait bien à cur et ça, c'était inquiétant.

Mais en même temps, j'eus la stupide idée que cela pouvait peut-être me servir. Peut-être que si j'arrivais à l'amadouer... Bon, je ne sais pas dans quelle vie j'arriverais à faire ça. Mais s'il était capable d'éprouver tant de sentiments pour son frère, j'arriverais peut-être à... sympathiser.Et alors, il baisserait sa garde, et je pourrais lui filer entre les doigts.

- Morgane, bouges-toi.

Tyron me coupa dans mes pensées d'une manière plus que brusque. Je remarquai que le véhicule était arrêté, et un bâtiment illuminé se trouvait non loin devant. Je fronçai les sourcils.

- On est où ?

- Tu espères vraiment que je te le dise ?

Bien sûr que non, je n'avais guère d'espoir. Tyron éteignit le moteur avant de sortir de la voiture. Il se retrouva vite de l'autre côté et ouvrit la porte à son frère. Il l'attrapa par les épaules et l'aida à sortir, avant de claquer la portière et de verrouiller la voiture, me laissant seule à l'intérieur. Pour la forme, j'essayais d'ouvrir la portière, mais c'était peine perdue. J'essayais même de casser la vitre arrière d'un coup de coude, mais j'oubliais que cela ne marchait que dans les films.
Je poussai un couinement de douleur en me frottant le coude et inspectai la vitre, encore intacte.

Soupir.

Je me tortillai alors à nouveau et grimpai à l'avant de la voiture. Je m'assis sur le siège passager et plaquer mon visage contre la fenêtre. J'essayais de voir quoi que ce soit à travers l'obscurité ambiante. Je perçus la forme d'un bâtiment longiligne, dont une fenêtre était allumée. Mais il était dur de voir autre chose. En dépit de cause, j'ouvris le vide-poche devant moi et fouillai dans la tonne de débris qui se trouvaient là.

Bon, rien d'intéressant de ce côté. À part des papiers froissés, des stylos, des cartes et... oh. Voilà qui était étonnant. Un sourire étira mes lèvres en sortant la boite carrée, avant de la porter à la lumière. Qui aurait pu croire que Tyron et James écoutaient de la musique classique ? Tous les artistes de base y étaient : Chopin, Debussy, Mozart, Vivaldi, encore Chopin... Moi qui imaginais plutôt les deux bandits se défouler sur du Metallica, ACDC ou autres groupes de rock ou métal, j'étais plus que surprise. Qu'est-ce qu'ils me réservaient d'autres ?

La porte à côté de moi s'ouvrit brusquement et je poussai un petit cri de surprise en laissant tomber le boitier de cd sur mes genoux. Tyron était là, dans la faible lueur de la lune, le visage sombre. Debout, me surplombant, il était effrayant. Il approcha un bras de moi et je sursautais, tout mon corps se raidissant. L'ignorant, il attrapa précautionneusement son disque de Chopin et le rangea dans le vide poche, qu'il claque ensuite brutalement. Puis il se redressa en me toisant :

- Sors de là.

Bonjour tout le monde, comment allez-vous ? 😆😉🌞

Qu'avez vous pensé de ce chapitre ? Pour ma part, j'ai adoré l'écrire ! Que pensez-vous de Tyron à ce niveau là ? Gentil, méchant, sans-cur, détruit ?

Où peuvent-ils être, des hypothèses ? Qu'imaginez-vous ?

Alors j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle heu... J'ai publié un chapitre ! ( J'ai rein trouvé de mieux ).🤣😊
La mauvaise, j'ai plus qu'un demi chapitre d'avance. C'est-à-dire que si je me dépêche pas de continuer à écrire, je n'aurais pas de chapitres pour samedi. Et c'est-à-dire aussi qu'à partir de maintenant je vais galérer à faire des chapitres en temps et en heure. 😅

Maaaaais je ferais mon possible promis. J'ai un peu de mal en ce moment avec le bac qui approche, l'enfer de parcoursup, les book... Enfin bref j'arrête de raconter ma vie. Mais sachez que si j'ai un peu de retard dorénavant, je ne vous oublies pas. C'est pour revenir en force. 🤗

Voilà ce sera tout. Bonne journée à vous, biz.❤

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