8 octobre 2012.
En ce moment, je ne me sens pas très bien. Je ne sais pas trop comment l'expliquer : je n'ai plus envie de parler, de faire des choses de manière générale. J'ai l'impression que tout est compliqué. Alors je reste dans ma chambre, j'enchaîne les épisodes de Sherlock et je me sens stupide, alors je les remets, je les regarde trois fois d'affilée pour être sûre de tout comprendre.
Louise me propose des choses, mais je lui en veux toujours. C'est stupide, au fond, c'est simplement une mèche de cheveux, mais il y a ce poids sur mon coeur. J'aimerais qu'elle m'explique, qu'elle s'excuse, mais je sais qu'il n'y aura rien. J'aimerais en savoir plus et en même temps j'aimerais ne rien savoir. J'ai un peu mal pour Domitille, aussi. Certes, elle n'avait pas trop de chances avec Aymeric, mais quand même : c'est la meilleure amie de Louise. Il n'y a pas des codes en amitié ?
Par exemple, je sais que si un mec plaît à Cacilie, je n'irais pas lui tourner autour. De toute manière, je ne tourne pas vraiment autour des garçons. Je ne vois pas ce qu'ils ont de très intéressant. Je ne vois pas pourquoi ils animent toutes les conversations et pourquoi même les filles les plus intéressantes.
Peut-être que c'est ça qui me manque. Pour ça que j'ai le coeur lourd et que je n'ai plus envie de sortir de mon lit. Peut-être que l'amour me donnerait la hargne nécessaire pour me lever chaque matin.
Parce que chaque matin j'ai l'impression que c'est plus dur d'ouvrir les yeux. J'ai envie de les fermer, de pleurer de colère, d'enfoncer la tête sous l'oreiller, d'implorer des crampes d'estomac pour ne pas avoir à mettre un pied hors du lit.
La vie a un drôle de goût en ce moment. La nourriture aussi. Ce que j'imagine avoir le goût de carton mouillé : pâteux, insipide, sans joie. Alors je ne mange plus vraiment. A quoi bon, après tout ? Autant ne rien manger que d'avaler du carton. Charles est content, il a le droit à mes restes sans qu'on ne dise rien parce qu'il est en pleine croissance.
J'arrive à peine à toucher aux plats de mes parents. Je prends un haricot dans ma fourchette et j'ai la nausée. J'avale une patate la gorge nouée. Alors je délaisse tout. Je les écoute parler en tortillant ma fourchette et mon couteau. Si on avait un chien, je lui donnerais, j'imagine.
Je crois que Louise a remarqué mon petit jeu. J'ai intercepté son regard inquiet pendant que je boudais mon poisson. Elle n'a pas cessé de me fixer pendant tout le repas. J'avais envie de crier, de tempêter, mais dès que je voulais parler, ma gorge commençait à me nouer, mes yeux commençaient à piquer.
Quand j'ai réalisé que je commençais à pleurer à table, j'ai fait semblant de m'être étranglée avec une arête.
Je commence à en avoir marre d'être aussi pathétique.
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