24 septembre 2012.

Je sors vendredi soir. C'est pratiquement une première. Louise a plaidé ma cause à la table. Elle devrait être comédienne.

Elle a regardé maman en promettant qu'on sera sages, qu'elle devrait être contente que je me fasse des amis (aïe), qu'on n'était plus des enfants et que si elle n'acceptait ma vie sociale serait ruinée parce qu'on n'allait pas me proposer de sortir de nouveau (double aïe). Force de croire que sa méthode plus qu'humiliante a marché. Maman a poussé un long soupir las et a fini par céder.

Louise était ravie. Elle m'a emmené dans ma chambre et passé en revue mes vêtements.

"Chiant. Nul. Ennuyeux. Basique. Beige." décrétait-elle à chaque pièce.

Il y avait, là encore, quelque chose d'humiliant à ça.

"Nini, a-t-elle soupiré. Tu portes encore ces trucs ?"

Il y avait à ses pieds un tas de vêtements qu'en effet, j'avais arrêté de mettre. Je ne m'intéressais pas vraiment aux vêtements. C'était peut-être ça mon problème.

Finalement, un débardeur fluo que j'avais acheté pour le sport a trouvé grâce à ses yeux. Elle m'a prêté un jean et une ceinture et m'a forcé d'enfiler le tout, avant de relever mes cheveux en queue de cheval.

Quand j'ai levé les yeux vers le miroir, je ne me suis pas reconnue. Je n'ai pas reconnu Louise non plus. J'avais l'impression de m'être déguisée. Je n'ai pas franchement aimé.

"T'es jolie, quand tu veux."

J'avais à la fois plaisir à entendre ça, à avoir de la validation de la part de ma soeur, qu'elle me reconnaisse un truc plaisant dans le visage, dans ma posture toute tassée. Mais c'était aussi si blessant. Comment ça, quand je voulais ? Je n'étais pas jolie, d'habitude ? Je n'étais pas jolie alors qu'elle elle l'était et que nous avions le même visage ?

Alors je me suis promis intérieurement d'acheter plus de débardeurs, de remonter plus mes cheveux, de plaire plus aux yeux de Louise.

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