18 décembre 2012.
C'est le drame.
Domitille et Louise se sont pris la tête ce matin. Fort. Je n'ai jamais vu Domitille énervée à ce point. Elle a pris ma défense alors que je ne pensais même pas en avoir besoin.
Je sais que ma relation avec Louise n'est pas idéale. Je sais que je lui rend service plus que je ne le devrais mais c'est ma soeur. Elle a besoin de moi. Je l'aide.
Mais Domitille l'a accusée de tout les maux du monde. Elle lui a reproché son égoïsme, elle l'a accusée de se servir de Jonas - fallait pas avoir inventé l'eau chaude pour s'en rendre compte, mais de se servir d'elle et même de moi. De n'être qu'un petit monstre d'ingratitude et de mensonge.
Et Louise ne cillait pas. Ses yeux se bordaient de larmes et sa mâchoire s'est crispée.
"T'as fini ? a-t-elle demandé après le monologue agressif de Domitille.
- Non j'ai pas fini ! Tu m'adresses plus la parole, je veux plus jamais te voir."
Elle m'a fait signe de la suivre, ce que j'ai fait, toute secouée. Je ne m'étais jamais dit que Louise se servait de moi. Qu'elle me mentait. Je savais qu'elle ne me disait pas tout. Mais la version de Domitille, entre propos méprisants et manipulation, ça me brisait.
J'aimais Louise d'une telle force et elle me le rendait si peu.
Elle me méprise, elle n'aime qu'elle-même. Une partie de moi l'a toujours su. Mais je ne l'avais pas accepté, je prenais ça pour des bêtises d'adolescentes. Elle ne pouvait pas être cette personne. Elle ne pouvait pas ne pas m'aimer. Elle devait, c'était dans nos plans, c'était elle qui avait besoin de moi, de sa soeur!
J'ai pleuré une bonne partie de la journée. Pas devant Domitille, évidemment. De toute façon, en classe, je suis assez invisible pour que personne ne remarque mes larmes. Jonas s'est assis à l'autre bout de la classe en latin, et quand j'ai essayé de lui parler, il m'a soigneusement évité.
C'était ingrat, la vie. J'ai passé ma vie à être moins belle que ma soeur, mais maintenant qu'elle était l'ennemi public, tout le monde la reconnaissait en moi. C'était elle l'idiote et c'était moi qu'on punissait.
Le repas de midi m'a pesé sur le coeur. J'avais l'appétit coupé par les larmes qui me nouaient la gorge. Alors j'ai fait un nouveau passage express aux toilettes. A genoux face à mes échecs, j'ai constaté qu'il y avait quelque chose de réconfortant à me sentir mal. Comme si je le méritais. Je me sentais presque bien, si on oubliait l'acidité dans ma gorge et l'odeur épouvantable.
Pourquoi quand je me sens mieux, c'est que je suis plus bas que terre ?
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