11 novembre 2012.
Ce matin, c'était mon anniversaire. Notre anniversaire. Ma mère s'est levée plus tôt et a acheté un gâteau exprès à la boulangerie. Le gâteau avait deux bougies scintillantes. Une pour moi, une pour Louise.
Quand on était petites, on avait un gâteau chacun. Les temps se font durs, j'imagine.
Charles regardait jalousement la flamme valser sur le petit bout de cire.
"J'peux souffler ? demanda-t-il."
Personne ne lui a répondu. Mais il m'a tiré sur la manche. Petit con. Il savait que Louise tenait férocement à sa bougie, ses voeux d'anniversaire, sa part de gâteau symbole. Il savait que cet anniversaire me rendait presque triste. L'idée de vieillir, d'abord, mais la célébration dans l'ensemble me donnait la nausée.
"Jeannot ? J'peux souffler ta bougie ?"
Il me faisait les yeux de chaton des dessins animés et j'ai failli céder, mais Louise a soupiré.
"T'es qu'un sale con.
- Louise, gros mot."
Ma soeur a roulé des yeux, sorti un yaourt et a planté une bougie dans l'oppercule.
"Tiens, sale gosse."
Pas un mot pour moi. J'imagine qu'elle m'en veut encore. Nous avons fait un voeu.
Ma première pensée était de vouloir en finir. Les larmes me sont montées aux yeux. Mon ventre était serré. Très serré. Le gâteau me collait à la bouche, les bouts me restaient lourds sur l'estomac, et j'ai eu envie de vomir.
Mais ma mère me regardait. Mon père me regardait. C'était l'heure des cadeaux et la seule chose que je voulais faire c'était recracher mon gâteau par la fenêtre. Mais je devais me forcer à sourire et je me rappelais de ce voeu qui tournait en boucle dans ma tête. Que je voulais mourir. La pensée avait fusé sans que j'ai le temps de la contrôler et de faire un voeu planplan comme tout le monde.
Je me déteste.
Louise a reçu de Charles un joli rouge à lèvres écarlate, encore plus rouge, encore plus sang, encore plus voyant. Un truc qui crie son pouvoir et sa supériorité. Elle est belle avec. Elle est encore plus belle que d'habitude. J'ai envie de lui arracher ce sourire des lèvres, j'ai envie de me sentir supérieure, pour une fois. Mes parents lui ont offert deux places de concert de Muse.
"Comme ça tu peux choisir avec qui tu y vas, a précisé papa." mais on sait tous qu'il crève d'envie que Louise le choisisse. Ce serait un peu légitime : si Louise aime Muse, c'est parce que papa n'écoute que ça.
J'ai un peu l'espoir secret qu'elle me choisisse moi. J'aime bien Muse, moi aussi. Ce n'est pas ce que j'écoute le plus, mais je suis sûre que si je me forçais un peu, j'aimerais autant que j'aime Gossip Girl et tout les autres trucs que je partage avec Louise.
On m'a ensuite offert mes cadeaux. Charles m'a pris la même marque de rouge à lèvres qu'il a choisi à Louise. C'est un vieux rose pratiquement invisible. Je le trouve à la fois hideux et si bien choisi. Qu'est-ce qu'on pourrait m'offrir d'autre qu'un truc dont on remarque à peine l'existence ? Je l'ai mis et le pire c'est qu'il me va bien.
Mes parents m'ont offert un vieil appareil photo. Je crois que c'est le meilleur moment de cette journée infernale. J'ai un peu tâté, pris quelques photos et j'ai très hâte d'en reprendre. Louise m'a seulement parlé pour me demander si elle ferait des photos de moi.
Je suis écoeurée.
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