Chapitre 7
Toutes les cicatrices ne sont pas visibles.
Une fois dans l'appartement du bicolore, ce dernier avait préparé du thé, comme promis, et, s'installant dans le salon, face à face, les deux jeunes hommes buvaient tranquillement leur boisson chaude dans un calme apaisant. Bakugou ne savait pas s'il s'agissait réellement des effets du thé ou de la présence de Todoroki mais il sentait ses muscles se relaxer. En peu de temps, Shoto avait vu des facettes de sa personnalité que peu connaissaient. C'était curieux à expliquer mais, d'une certaine manière, il se sentait en confiance avec le garçon au double alter. Après tout, il l'avait aidé de lui-même, avec son habituel sérieux. Il lui avait porté de l'attention, sans pitié ni questions. Cela avait plu au cendré et l'avait soulagé.
Katsuki rit intérieurement de sa situation actuelle. Si on lui avait dit, il y a quinze jours de cela, qu'il se retrouverait à prendre un thé à quatre heures du matin chez Todoroki, après une rupture difficile avec Kaminari, il aurait éclaté de rire. Aujourd'hui, il ne voyait pas vraiment un autre endroit où il aurait pu se trouver. Il leva les yeux vers son hôte et s'aperçut que ce dernier le couvait d'un regard qu'on pourrait presque qualifier de tendre. Le bicolore avait le coude sur la table, paume ouverte où reposait sa joue, toujours vêtu de son costume de héros puisqu'il n'était pas retourné à son agence. Il savait qu'il devrait des explications à Shinso. Mais, pour le moment, il y avait bien plus important que de penser à son collègue.
« Tu en veux un second ? La voix du bicolore était calme, comme d'accoutumée mais elle n'avait pas ce coté froid que le cendré lui avait toujours connu. Il hocha simplement la tête et Todoroki prépara deux nouvelles tasses. Tu travailles demain ?
- Non ... Je déménage. Il se serait habituellement contenté d'une simple négation. Mais les mots semblaient sortir d'eux même.
- Oh, vraiment ? Un appartement plus grand ? Mieux situé ?
- En quelque sorte. »
Todoroki posa la tasse fumante devant Bakugou, lui adressant un regard amical.
Le bicolore avait partagé un repas avec Midoriya il y a deux soirs de cela. Il avait alors pris des nouvelles de tous, essayant d'obtenir des informations sur Katsuki. Malheureusement pour lui, Izuku lui avait affirmé que 'Kacchan' était célibataire depuis des années. Shoto savait que c'était faux, sinon, pourquoi ce soir-là, sous l'emprise de l'alcool, il lui aurait dit avoir perdu la personne qu'il aimait et, surtout, pourquoi aurait-il eu des alliances dans sa poche ? Toute cette histoire le rongeait de curiosité. Pourtant, il prenait son mal en patience, ne voulant pas que le cendré se braque.
« Si tu veux rester dormir ici, ma chambre d'amis est toujours libre, Bakugou.
Katsuki le regarda et, hochant la tête lentement, prit une gorgée de thé.
- Merci...
Todoroki le fixa quelques instants, surpris. Il avait dû mal entendre, non ?
- Qu'est-ce que... tu as dit ?
- Tch, t'as très bien compris. Merci. Pour ce soir et pour la dernière fois.
Les joues du cendré avaient pris une teinte rosée et le garçon détournait obstinément le regard. Shoto ne put s'empêcher de le trouver magnifique. Se reprenant, le bicolore secoua légèrement la tête.
- Ce n'est rien. Beaucoup auraient fait de même.
-J'pense pas. Et je pensais pas que tu ferais ça pour moi.
- Bakugou, on était pas les meilleurs amis du monde à Yuei, c'est certain. Mais tu restes une personne que je connais et que j'estime beaucoup. Je le referais sans hésiter. Katsuki se contenta d'observer sa tasse, ses joues ayant pris une teinte un peu plus foncée. Je te l'ai dit la dernière fois, si tu as besoin de parler, je peux t'écouter également.
Ne s'attendant pas à avoir une réponse, le bicolore se leva de son siège, entamant quelques pas en direction de la cuisine quand la voix rauque du blond le stoppa.
- Je... Je me suis fait larguer. Shoto se tourna lentement vers le cendré, l'observant attentivement. De son coté, Bakugou ne comprenait pas vraiment pourquoi il avait dit ça. Il aurait tout bonnement pu se taire. Pourtant, parler pourrait le soulager. Puis, Todoroki n'était pas du genre à colporter des rumeurs ou même à être très sociable. Le bicolore le laissa continuer, sans l'interrompre, de peur qu'il s'arrête. La semaine dernière. Ça faisait un bon moment qu'on était ensemble. On avait juste rien dit. Et je me suis fait plaquer pour quelqu'un d'autre... Katsuki déglutit péniblement, pinçant ses lèvres.
- C'est pour cette raison que je t'ai trouvé à la sortie de cette boite de nuit ? Le cendré contenait ses sanglots, ne voulant pas pleurer devant Shoto. Il lui restait toujours sa fierté. En guise de réponse, il se contenta de hocher la tête. Je vois... C'était pour ça la boite alors ? Tu comptais faire ta demande ? Le cendré baissa encore plus la tête, comme cherchant à disparaître. Todoroki s'en voulu d'avoir fait ressasser un pareil souvenir. Excuse-moi. C'était indiscret... Mais, cette personne devait énormément compter pour toi. Je ne sais pas pour qui elle t'a quitté, mais je ne suis pas sûr qu'elle ait fait le meilleur choix. »
Bakugou redressa la tête à cette dernière phrase, plongeant son regard brillant dans les yeux vairons de Shoto. Le bicolore avait l'air sûr de lui, ce qui arracha un léger sourire au blond. Todoroki était stupéfait de voir le visage du cendré de la sorte. Sans ses sourcils froncés, un regard triste et un fin sourire doux-amer. Il donnait l'envie à Shoto de veiller sur lui, de le protéger du monde cruel qui l'entourait. Si Bakugou savait cela, il aurait très certainement explosé le visage du bicolore. Regardant sa montre, le héros de la nuit se rendit compte qu'il était tard et, d'un commun accord avec le blond, ils partirent se coucher chacun dans l'une des chambres après que le bicolore ait donné des affaires de rechange au cendré.
Épuisé par ses larmes, Bakugou s'endormit rapidement. Ce ne fut pas le cas de Shoto. Le visage de Katsuki s'imposait à son esprit dès qu'il fermait les yeux. Ce visage aux traits affligés dont il avait envie de sécher les larmes. Il se demandait qui avait bien put détruire de la sorte le cœur du garçon, qui pouvait bien avoir eu la cruauté de tromper un homme comme Bakugou qui, même s'il montre peu ses sentiments, se donne toujours à fond et de toute son âme dans tout ce qu'il entreprend. Qui pouvait bien avoir infligé ces cicatrices invisibles, et pourtant si douloureuses, à un homme si fort.
Le lendemain, Bakugou se réveilla en grognant, sentant une douce odeur de nourriture. Il s'assit dans le lit et, s'étirant tout en regardant la chambre, se rappela des évènements de la veille. Il était chez Shoto. En ce moment, il changeait souvent d'endroit. Entre son ancien appartement, la chambre d'hôtel, l'appartement de Todoroki, et dans quelques heures le sien, il ne savait plus vraiment où donner de la tête. Il se leva du lit, portant un t-shirt ainsi qu'un short qui ne lui appartenaient pas. Il regarda les grands rideaux tirés et, pris de curiosité, se décida à les ouvrir. Le soleil l'éblouit quelques instants, puis sa vue s'adapta. Il découvrit un agréable paysage boisé, un petit étang visible à coté d'un chemin de course. Cette vue lui rappela - à quelques détails près - celle qu'il avait de son nouvel appartement. L'odeur de la nourriture le fit sortir de ses pensées et il sortit donc de la chambre, se dirigeant vers la cuisine. Il y trouva la même scène que la dernière fois. Todoroki, torse nu, en train de cuisiner. Ce garçon avait un problème avec les t-shirt ? Souriant légèrement, Bakugou s'approcha et ouvrit les placards, cherchant de quoi mettre la table. Grâce aux indications du plus grand, ce fut vite fait et les deux hommes s'installèrent face à face, déjeunant ensemble une nouvelle fois.
Brisant le silence qui régnait, Todoroki prit la parole.
« Bakugou, pour ton déménagement, tu as besoin d'aide ?
- Hein ? Le cendré observa le bicolore face à lui qui, concentré sur son repas, piqua l'un des morceaux de viandes de son assiette.
- Je ne prends mon service que ce soir. Si tu as besoin d'un coup de main, je peux.
- Tu m'as déjà hébergé deux fois. Puis, Kirishima va venir m'aider.
- D'accord. Je peux te donner mon numéro ? S'il y avait un changement ou simplement si tu veux parler à nouveau. »
Gêné de ses confidences de la veille, le cendré tendit néanmoins son téléphone à Shoto, déverrouillé et sur la page d'un nouveau contact. Le bicolore s'empressa d'entrer ses données et de s'envoyer un message afin d'avoir le numéro du blond. Puis, il lui redonna son cellulaire en souriant. Décidément, il n'était pas habitué à voir ce sourire.
Le repas se finit et, comme la fois précédente, le blond partit quelques temps après, une fois habillé, prenant l'ascenseur. Il avait peu dormi, mais son sommeil avait été bien meilleur que les nuits précédentes. Il rentra chez lui et sortit son téléphone, remarquant plusieurs messages dû à son départ précipité la veille. Il les ignora, n'ouvrant que ceux de Kirishima. Ce dernier s'était tout d'abord inquiété de son absence, puis lui avait demandé si tout allait bien, lui expliquant ensuite qu'il avait un rencard avec Yaoyorozu et qu'il lui expliquerait dimanche. Enfin, le dernier, reçu il y a quelques minutes, disait qu'il arriverait dans une vingtaine de minutes chez lui.
Bakugou sourit, commençant à déballer la table de son salon ainsi que le meuble télé.
Kirishima arriva plus rapidement que prévu et, après de brèves salutations, ils commencèrent leur labeur. Au final, ils s'y étaient repris à trois fois avant de monter correctement le meuble télé. Mais, une fois lancés, la table basse suivit, ainsi que la petite bibliothèque et les étagères, la table de nuit du blond fut montée rapidement elle aussi et l'armoire dans la seconde chambre suivit de près. Pendant que Katsuki était parti chercher son canapé, encore au magasin, Kirishima monta le meuble de salle de bain et commanda des pizzas au vu de l'heure déjà tardive. Ils installèrent - non sans mal - le canapé à sa place et s'avachirent dessus, épuisés. La sonnerie retentit quinze minutes plus tard et ce fut un réel supplice d'aller ouvrir. Katsuki se décida à bouger et paya les pizzas malgré les protestations du rouge. Il prit au passage des boissons dans son frigo et posa le tout sur la table basse fraichement montée devant eux.
Ils commencèrent à manger, mais le silence ne dura pas bien longtemps.
« Hey bro, pourquoi t'es parti si vite hier ?
Finissant d'avaler son morceau de pizza, Bakugou répondit quelques secondes après.
- J'étais fatigué.
- Comme ça, d'un seul coup ?
- Qu'est-ce que ça peut te faire, tête d'orties ?
- Bah t'es mon meilleur pote, je m'inquiète pour toi, surtout quand tu disparais !
Le cendré fit claquer sa langue contre son palet.
- Bah j'avais pas disparu, donc tranquille. Raconte plutôt comment t'as eu rencard avec ta belle brune. Katsuki savait que c'était le meilleur moyen pour faire changer le rouge de sujet.
- Ah ouais, j'avais dit que je t'expliquerais ! Bah, hier, on a super bien parlé, on a rigolé ensemble et, plus tard dans la soirée, on a parlé de choses un peu plus intimes... Elle m'a parlé de sa relation avec Todoroki, de leur rupture l'année dernière. Elle m'a dit qu'elle s'y était préparée mais que ça lui avait fait mal et qu'elle avait perdu beaucoup de confiance en elle. Ils sont restés en contact, mais plus comme avant. Du coup, je lui ai dit qu'elle était magnifique et intelligente, qu'elle avait pas à douter et que n'importe qui aimerait avoir un rencard avec elle. Et là, elle m'a dit 'N'importe qui, tu dis ? Même toi ?' J'étais en panique et elle a remarqué et rit, alors j'ai rit avec elle. Puis, après, elle m'a sorti le plus naturellement du monde 'Je ne sais pas ce que tu fais le week-end prochain, mais ils jouent le lac des cygnes au grand opéra. J'ai deux places alors, si ça te dit de m'accompagner' et j'ai accepté direct ! Je sais même pas de quoi ça parle mais je vais chercher d'ici-là ! »
Le rouge avait fini son monologue avec un énorme sourire sur le visage, ce qui décrocha un petit sourire au cendré. Il ne put s'empêcher de se moquer de son ami, remettant en cause sa 'virilité' du fait qu'il ait été invité et non l'inverse. Kirishima en rit simplement puis, voyant l'heure, le rouge se leva, se dirigeant vers la porte et lâchant un sonore 'à demain Baku !' avant de sortir. Katsuki finit quelques petits aménagements avant de prendre une douche et d'aller se coucher. La journée avait été longue et la nuit précédente, plutôt courte. Il ne mit pas longtemps à s'endormir.
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Hey ! Bien le bonsoir !
Voici le chapitre 7 de cette histoire ! ( officiellement en retard, j'en suis désolée 😂 )
Le temps passe si vite, c'est dingue ! ^^
J'espère que ce chapitre vous plaira,
Baiser monochrome,
-DianaV🌺
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