Chapitre 50
Un avenir à tes cotés.
Les jours qui suivirent l'opération furent compliqués. Pour Katsuki, il s'agissait d'un retour au début de ce calvaire : il ne pouvait quasiment rien faire seul.
Enfiler un pantalon relevait déjà d'une épreuve, se doucher était plus que compliqué et cuisiner d'une main, un acte impossible. Pour quasiment chaque chose qu'il voulait faire, il avait besoin d'aide. Certes, Shoto était présent, comme il le lui avait promis, mais la fameuse fierté de Katsuki ne le laissait jamais tranquille, lui répétant qu'il était bon à rien.
Leurs journées étaient calmes : ils sortaient se balader dans le parc, faisaient parfois quelques courses, regardaient des films, lisaient de temps en temps, et avaient reçus quelques visites, notamment des jeunes époux Midoriya, de Shinso et Mei, de Kirishima et Momo. Mitsuki et Masaru étaient également venus deux jours dans leur appartement, séjournant dans la chambre d'amis pour une nuit.
En ce mercredi douze juin, soit une semaine tout juste après l'opération, les deux héros s'étaient levés et avaient effectué leur petite routine habituelle. En fin de matinée, Shoto prétexta sortir afin d'aller chercher le repas, ce qui surpris le blond car, les rares fois où il ne cuisinait pas, ils s'étaient faits livrés. C'était la première fois que Todoroki le laissait depuis une semaine, et ça n'échappa pas à l'attention du cendré. Toutefois, il se persuada que le bicolore avait simplement besoin d'un bol d'air et, sans s'attendre à quoi que ce soit, le laissa sortir.
Quelle ne fut pas la surprise de Katsuki lorsque, à l'ouverture de la porte, il perçut une voix fluette qu'il connaissait bien, et des petits pas précipités qui se rapprochaient.
Il eut tout juste le temps de se redresser que Sora s'était ruée sur lui en criant son prénom, et avait agrippé ses jambes avec force. Un grand sourire apparut sur son visage et il caressa la chevelure blonde de la petite fille avec tendresse, sous le regard brillant de Shoto.
La petite blonde releva la tête, mais son sourire disparut rapidement lorsqu'elle remarqua l'absence d'un des bras du héros. Elle attrapa la manche vide, l'air affolé, quand Katsuki, pour la rassurer, dézippa sa veste.
« Hé, blondinette, tout va bien. Regarde, il est toujours là mon bras. Lui assura-t-il avec douceur. La petite approcha sa main et la posa sur le gilet coude au corps.
- Ça fait mal ? Tu t'es fait mal ? Demanda-t-elle, inquiète pour son parrain.
- Non, ça fait pas mal. Mais j'ai pas le droit de bouger mon bras pendant quelques jours. Lui expliqua Bakugou.
- Pourquoi ?
- Et bien... Pour redevenir un héros, j'espère. Répondit le cendré avec un fin sourire incertain.
- Mais... c'est dangereux... La petite blonde baissa les yeux et murmura d'une toute petite voix. Je veux pas te perdre aussi... Les deux héros furent désemparés quelques secondes devant la détresse de Sora, puis Katsuki l'attira contre son torse et l'entoura de son bras libre.
- Hé, petit cœur, tu me perdras pas. Je te le promets. La petite serrait la veste du héros dans ses poings fermés et avait enfoui sa tête contre le torse du blond. Shoto s'approcha et, après s'être assis à son tour, il caressa le dos de la blondinette d'un geste rassurant.
- Tu sais, Sora... Débuta le bicolore. Moi non plus, je ne veux pas le perdre. Mais Katsuki est l'un des meilleurs héros que je connaisse. S'il continu, il pourra aider pleins d'autres enfants, ou des adultes, et arrêter pleins de méchants. La petite jeta un regard en coin vers Todoroki qui lui sourit. Ça serait bien, tu ne crois pas ? Elle sembla réfléchir quelques secondes, puis hocha la tête, se décollant légèrement du cendré.
- Yori aussi veut arrêter les méchants...
- Encore lui... Murmura Katsuki en fronçant les sourcils.
- Yori, c'est bien le garçon qui ne voulait pas te laisser partir ? Demanda Shoto, attirant ainsi l'attention du blond.
- Oui. C'est mon copain. Lui sourit la petite fille. Puis, remarquant le regard interrogateur de Bakugou, le bicolore expliqua.
- J'ai dû lui promettre que je ramènerais Sora ce soir, et qu'il la reverrait. Puis, reportant son attention sur la petite, il continua. Donc, Yori veut être un héros ?
- Oui ! Même qu'il protège des enfants des plus grands ! »
S'exclama Sora, les yeux brillants d'admiration. Puis s'ensuivit un monologue de la fillette sur les exploits du garçon aux cheveux rouges. Le repas se déroula dans une ambiance décontractée où la petite fille expliquait ce qui lui était arrivée depuis une semaine, et où les deux hommes discutaient avec elle.
Shoto observa cette scène, heureux. Bien que ce ne soit que la troisième fois qu'il voyait Sora, elle avait l'air de l'apprécier, et il était impressionné du lien que Bakugou avait créé avec elle. Une pensée s'imposa à son esprit, une qui lui murmurait qu'ils ressemblaient à une famille, et le bicolore sourit de nouveau, ému. La petite resta ainsi tout l'après midi, jouant, discutant, et regardant un Disney avec les deux héros. Puis, la fin d'après midi se profilant, Shoto et Sora se préparèrent afin de retourner à l'orphelinat.
Une fois partis, Katsuki en profita pour commander leur repas du soir, et attendit le retour de Shoto. Cette journée avait été agréable, et lui avait changé les idées. Le blond observa son bras, immobilisé contre son torse, et soupira ces quatre mots.
« Plus que deux semaines. »
Et les deux semaines en question passèrent plutôt rapidement. Lors de la première, Shoto avait récupéré Sora quatre fois, et la petite illuminait littéralement le quotidien de Bakugou. Lors de la dernière, Shoto dû reprendre ses patrouilles de nuit, ce qui compliqua leurs emplois du temps. Mais Katsuki avait repris le sport les matinées – évidemment, sans solliciter son bras droit – ce qui lui faisait du bien moralement. Les après-midis étaient partagées avec Shoto, et parfois Sora, et les soirées étaient assez calmes.
La fin du mois de juin arriva et, avec elle, le verdict tant attendu. Pour le plus grand plaisir de Shoto, Bakugou avait eu son rendez-vous le vingt-six juin, à quinze heures, ce qui lui permettait de l'accompagner sans aucun souci dû à ses patrouilles, ni sans sacrifier ses quelques heures de sommeil.
Ils avaient mangé rapidement, le stress coupant l'appétit du blond, s'étaient préparés puis avaient pris la direction de l'hôpital. La journée était douce, le temps ensoleillé, alors ils étaient descendus du bus deux arrêts avant celui de l'hôpital, l'histoire de marcher tranquillement, profitant du temps clément qu'il faisait. Ils arrivèrent avec dix minutes d'avance mais, à force, connaissaient plutôt bien le médecin qui s'occupait du cas de Katsuki, et savaient qu'il aurait du retard.
Tous deux entrèrent dans la salle d'attente et, tandis que Shoto s'asseyait en prenant un magazine datant d'il y a deux ans, Katsuki faisait les cents pas au fond de la salle. À cet instant précis, le cendré était une boule de nerfs et chaque seconde qui passait lui paraissait interminable. Ce fut au bout de quarante-cinq minutes que le médecin entra et appela le nom de notre héros convalescent. Katsuki et Shoto se levèrent et, après avoir brièvement salué l'homme en blouse blanche, le suivirent jusqu'à son bureau.
Ils y retrouvèrent les fameux fauteuils en cuir, le bureau chargé de paperasse et la table d'auscultation qu'ils connaissaient tous deux trop bien.
Ils prirent place dans les fauteuils et l'homme pianota quelques secondes sur son ordinateur.
« D'après le rapport de ma collègue, l'opération s'est déroulée sans problèmes... Comment vous sentez-vous, monsieur Bakugou ?
- J'ai hâte qu'on m'enlève ce truc. Répondit le blond avec un mouvement de tête en direction de son épaule, ce qui provoqua un rictus chez le médecin.
- C'est bien normal, et c'est ce que nous allons faire. Mais vos trois semaines se sont bien passées ? Avez-vous eu des douleurs régulières à votre épaule ?
- Quelques fois. Mais sinon, ça allait.
- Y-a-t-il autre chose à me signaler ?
- Non, rien d'autre. Affirma Katsuki.
- Bien, dans ce cas, allons tester ce bras. »
Conclu le médecin en quittant son siège, rapidement suivi par son patient. Todoroki pivota afin d'observer les deux hommes. Bakugou prit place sur la table d'auscultation et dézippa sa veste, puis libéra son bras du gilet orthopédique. Ensuite, il retira son débardeur large en glissant son bras gauche à l'intérieur et en le faisant passer par dessus sa tête.
Puis, sous les demandes de l'homme en blouse blanche, Bakugou effectua au mieux les mouvements exigés. Il fut parfois soutenu dans ses gestes par le médecin, et celui-ci effectua quelques actions et rotations, tout en demandant régulièrement à son patient s'il ressentait de la douleur ou une quelconque gêne. Après plusieurs minutes de sollicitation, qui furent intenses pour ces muscles au repos forcé depuis trois semaines, le médecin laissa son patient se rhabiller et retourna à son bureau, où il pianota de nouveau sur son ordinateur.
« Et bien, monsieur Bakugou, votre récupération me semble bonne. Je vous marque néanmoins une radio afin de vérifier que l'articulation n'a pas de problèmes persistants. Vous semblez avoir recouvré plus de soixante pourcents de vos capacités donc, mis à part un énorme souci signalé par la radiographie – ce qui m'étonnerait grandement –, vous pourrez reprendre votre activité professionnelle après quelques séances de rééducation. Lui sourit le médecin.
Katsuki sentit toute la tension accumulée ces dernières semaines quitter soudainement son corps, et soupira ouvertement de soulagement. Shoto le regarda avec un grand sourire, et les yeux remplis de fierté.
- C'est génial... Murmura-t-il, sans encore réaliser complètement.
- Je vais donc vous prescrire deux séances par semaine avec un kiné, pendant un mois, afin de remettre cette épaule au mieux de sa forme. Quant à la radio, lundi prochain, 10h ? Demanda l'homme.
- Parfait. Assura le héros en hochant la tête.
- Bien. Les résultats me seront communiqués le soir même. Je vous appellerai pour débriefer et confirmer ou modifier les séances de rééducation, si besoin.
- Merci, docteur. » Souffla le cendré.
Ils réglèrent puis saluèrent l'homme, et quittèrent l'hôpital dans une ambiance légère. N'ayant aucune envie de rentrer immédiatement, ils se baladèrent paisiblement dans cette ville qui bourdonnait de personnes, même un après midi de semaine. Un sourire béat était peint sur les traits de Katsuki, il était enfin apaisé et observer cela réchauffa le cœur de Shoto.
Voyant la fin d'après midi se profiler, ils rentrèrent en taxi, et mangèrent rapidement avant que Todoroki ne quitte de nouveau l'appartement pour sa patrouille du soir.
La radio fut faite le lundi, comme prévu, et le médecin confirma que tout allait très bien, ce qui fit enfin réaliser à Katsuki que son rêve allait pouvoir reprendre. Lorsqu'il raccrocha le téléphone, il se tourna vers Todoroki avec des yeux larmoyants d'une joie trop intense.
« Je vais redevenir un héros, Shoto...
- C'est fantastique, Katsu. Je savais que tu y arriverais. Déclara le bicolore en enroulant ses bras autour du blond.
- Je suis tellement heureux, si tu savais. Confia Katsuki avant de prendre une grande inspiration. Faut que j'appelle l'agence pour leur dire. Non, d'abord Kirishima, et Deku, et mes parents, et...
- On va les prévenir. Todoroki eut un léger rire. Procédons par ordre d'importance : ton binôme en premier ? »
Bakugou hocha la tête et téléphona donc à Kirishima, acte qu'il regretta quelque peu lorsqu'il remarqua que Red Riot était tellement heureux pour lui qu'il l'avait maintenu au téléphone pendant deux heures complètes. Il avait donc lancé un regard désemparé à Shoto qui, comprenant le message, avait prévenu les personnes les moins proches par texto, puis appelé Izuku en parallèle, ce qui avait finalement donné une excuse au blond pour raccrocher, passant simplement d'un ami bavard à un autre. Katsuki avait fini par s'en sortir, expliquant à l'actuel numéro un qu'il devait appeler son agence avant que celle-ci ne ferme, ce qu'il avait fait. Sa chef avait été plus que ravie d'apprendre cette nouvelle, et lui avait dit de passer dans la semaine afin qu'ils en discutent plus amplement. Enfin, il avait appelé ses parents. Ces derniers avaient été comblé pour leur fils et, le félicitant à la façon Bakugou – c'est-à-dire que Shoto entendait la conversation mère-fils depuis la cuisine – ils proposèrent aussi au couple de revenir pour un weekend lorsqu'ils en auraient le temps.
Katsuki raccrocha enfin le téléphone, lessivé de tous ces appels dont il n'était clairement pas fan. Shoto déposa deux assiettes fumantes de poulet au curry sur la table du salon, ce qui fit sourire le cendré. Ils dinèrent avec les informations en fond sonore, puis Todoroki se prépara et, après un rapide baiser à son petit ami, partit à son agence rejoindre Shinso pour leur patrouille. De son côté, Katsuki s'endormit paisiblement, l'esprit vidé de toute angoisse, ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps.
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Hey ! Comment allez-vous ? :)
Voici le chapitre 50, qui sera très certainement l'avant dernier de cette histoire ! Je vous avais dit que la fin approchait, et elle devrait être là dimanche prochain. :)
J'espère que ce chapitre vous aura plu en tous cas !
Je vous souhaite une bonne fin de week-end, et une bonne semaine à venir, et je vous dis à dimanche prochain pour le chapitre final de 'Même les héros ont besoin d'un héros' !
Baiser monochrome,
-DianaV🌺
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