Chapitre 49
Émotions tumultueuses.
Les jours s'égrainaient, à la fois avec une lenteur atroce et avec une rapidité déconcertante pour Katsuki. Suivant son humeur – très changeante ces derniers jours – il était tantôt pressé de se faire opérer car sûr du succès de cette dernière, et avait hâte de retrouver le terrain et de combattre à nouveau ; tantôt il était terrifié à l'idée que l'opération ne change rien, et d'entendre le verdict final qui le condamnerait à ne plus jamais porter de costume, ou le nom de 'héros'.
Cette humeur changeante et cette tension palpable s'étaient répercutées sur tous ceux que Katsuki voyait et, majoritairement, sur Shoto. Le bicolore serrait les dents, supportant les sauts d'humeur du blond, ainsi que ces répliques acerbes des derniers jours car il se doutait de la pression qu'il ressentait. Il avait essayé d'aborder le sujet une nouvelle fois avec lui, mais Katsuki s'était refermé sur lui-même, refusant de lui parler les trois heures qui suivirent alors, Shoto avait laissé tomber momentanément ce combat inutile. Même si Katsuki finissait toujours par lui faire comprendre qu'il s'en voulait, certains moments étaient parfois presque invivables. Todoroki avait néanmoins un avantage : il enchainait les heures de boulot en ce moment, puisqu'il avait posé quinze jours pour la convalescente de son petit ami, ce qui lui donnait quelques heures de répit, bien qu'il culpabilisait de le laisser seul avec son angoisse.
Une seule chose arrivait à apaiser Katsuki dans cette période, c'était de rendre visite à sa filleule : Sora. Alors, il passait ses matinées à l'orphelinat, à discuter et jouer avec la petite blonde qui, parfois, était accompagnée de quelques amies à elles. Il remarqua ainsi que l'enfant qui passait le plus de temps avec la fillette était Yori, le petit garçon lui aussi orphelin à cause du même groupe de vilains. Malgré la différence de sexes et d'âge, le garçon aux cheveux rouges était toujours prévenant envers la petite, même lorsque cela entrainait des moqueries de ses copains après coup. Katsuki remarqua aussi que Sora s'était attachée au garçon, car elle lui en parlait tout le temps. La petite blonde, après être sorti de son mutisme et avoir pu parler de son traumatisme, s'était avérée être très bavarde. Malgré la tragédie qui lui était arrivée, elle jouait et souriait, étonnant Bakugou de jour en jour. Le blond découvrit à quel point les enfants peuvent être combatifs et débordants d'énergie, même après de telles épreuves, et débordait de plus en plus d'affection pour la petite.
La matinée du quatre juin, veille de son opération, Katsuki expliqua donc à Sora qu'il ne viendrait pas demain, mais qu'il reviendrait dès que possible. La petite blonde, qui s'était habituée à ce rythme journalier, eut quelques larmes et c'est Yori qui la réconforta en jouant avec elle, ce qui attendrit le cendré.
Lorsque Katsuki rentra à l'appartement, il trouva – comme il en avait prit l'habitude – Shoto, torse nu, en train de cuisiner. Il l'observa quelques instants, détaillants son dos musclé, la chute de ses reins, ses bras et ses épaules larges, ses cheveux encore en pétard, et ancra cette image dans sa mémoire comme si c'était la première fois qu'il le voyait ainsi.
Il s'approcha du bicolore et vint soudainement l'étreindre, comme si sa vie en dépendait, respirant l'odeur de sa peau.
Shoto fut surpris par ce geste car, depuis le soir du mariage, Katsuki n'avait pas vraiment été du genre câlin, ou même simplement à se laisser approcher. Il prit quelques lentes inspirations, forçant son cœur à calmer ses battements affolés par ce simple contact physique qui lui avait manqué ces derniers jours, et caressa tendrement les avant-bras du blond qui l'enserraient, laissant ses yeux se fermer quelques instants.
Il les rouvrit rapidement, inquiet lorsqu'il sentit des gouttes humides s'écraser contre son épaule et, à la vue des légers tremblements qu'il tentait de contenir, il comprit que Bakugou pleurait, laissant enfin s'échapper la pression qu'il retenait en lui.
Il pivota avec difficultés face à lui, tant son étreinte était ferme, et l'enlaça de manière protectrice. Inconsciemment, le bicolore effectua un mouvement de balancier, dans une tentative de bercer Katsuki et de l'apaiser.
De longues minutes s'écoulèrent ainsi, dans un silence inquiet où Shoto attendait que Katsuki lui parle, et que Bakugou ne brisait que de quelques respirations sanglotantes. Puis, lorsqu'il fut apaisé, le blond tenta de briser leur étreinte, mais Todoroki le maintint dans ses bras fermement.
« Parle-moi, Katsu... Le blond se mordit la lèvre, se sentant déjà suffisamment honteux d'avoir pleuré comme ça. Sentant qu'il n'allait pas craquer, le bicolore poursuivit. Je m'inquiète pour toi. Tu n'as pas à garder tout pour toi, tu sais ? Je t'ai dit que je serai à tes côtés, que je te soutiendrai, et je compte tenir mes promesses. Je t'aime, Katsuki. Je sais que tu traverses une période difficile, mais c'est dur pour moi aussi de te voir souffrir et me repousser, sans rien pouvoir faire pour t'aider. Alors, même si je ne peux pas faire grand chose, parle-moi je t'en prie. Je peux au moins t'écouter et te soutenir. Le blond prit une inspiration, percuté par l'inquiétude dans la voix du bicolore.
- J'ai peur... Articula-t-il avec difficulté, des trémolos dans la voix. Si... Si l'opération ne marche pas, je ne serais plus jamais un héros. Je devrais abandonner ma carrière, et mon rêve. C'est tout ce que j'ai toujours voulu et, sans ça, je suis plus rien, Shoto. Le blond s'arrêta pour retenir un sanglot et Todoroki le sentit trembler de la tête aux pieds, ce qui le fit resserrer son étreinte.
- Ce sont des médecins compétents. La femme qui va t'opérer est l'une des meilleures du Japon. Il y a de grandes chances que l'opération se passe bien, et que tu puisses reprendre, Katsu.
- Et si... Si c'était pas le cas ? Cette question lourde de sens imposa un silence. Shoto reprit après avoir humidifié ses lèvres.
- Alors, il faudra un temps d'adaptation. Puis, tu trouveras un autre objectif. Tu es une personne formidable, capable de réussir dans tout ce que tu entreprends. Et, avec le temps, peut-être que tu trouveras un nouveau rêve. Ou qu'on en trouvera un, ensemble. Affirma Todoroki, qui déposa un baiser sur le front du blond. Katsuki releva le visage vers lui, reconnaissant.
- J'ai été insupportable, ces jours-ci. Comment j'ai fait pour avoir un copain si compréhensif et patient ?
- Tu souffrais, et tu gardais tout pour toi. Je sais ce que ça fait, et comment ça se répercute. Je ne peux pas t'en vouloir pour ça. »
Todoroki lui adressa un sourire amoureux. Katsuki agrippa sa nuque et l'embrassa avec passion, baiser auquel le bicolore répondit immédiatement, échappant un soupire d'aise. Ses mains glissèrent le long du dos du blond et vinrent saisir ses hanches tandis qu'il s'appuyait contre le plan de travail de la cuisine.
Une légère odeur de brûlé les ramena bien vite sur terre. Par réflexe, Katsuki éteignit le gaz et se dégagea des bras de Shoto pour finir de s'occuper de ce repas avant qu'il ne soit trop tard, ce qui fit grogner de mécontentement le bicolore.
Il vint l'enlacer, déposant une nuée de baisers sur sa nuque, et tenta de le persuader de laisser tomber la cuisine et de commander à la place, mais le cendré ne céda pas, au grand dam de Shoto. Ils finirent par manger dans une ambiance apaisée, comme ils n'avaient pas eu ces derniers jours, même si l'inquiétude était toujours présente sur le front du blond.
Le reste de la journée se déroula dans la même ambiance calme, mais où l'angoisse était palpable. La nuit de sommeil qui suivit fut agitée pour nos deux héros qui eurent du mal à trouver le sommeil. Puis, dès que le réveil sonna, tout s'enchaina à une vitesse remarquable : habillement, petit déjeuner, brossage de dents, puis direction l'hôpital en bus.
Une fois arrivés dans cet établissement que le cendré détestait tant, ils se dirigèrent tous deux vers l'accueil afin de signaler leur présence. La secrétaire les confia à un infirmier qui les guida jusqu'à une chambre. Ici, on déposa la fameuse blouse d'opération, ainsi qu'un flacon de Bétadine pour la traditionnelle douche préopératoire. L'infirmier en question expliqua tout à Bakugou et Todoroki, puis prévint ce dernier qu'ils viendraient le chercher dans une heure.
Le cendré ne perdit pas de temps et se doucha, enfilant par la suite cette horrible blouse. Puis, il vint s'asseoir sur le lit, à côté de Shoto. Katsuki était nerveux, et tortillait ses doigts entre eux de manière très silencieuse.
« Katsu, tout va bien se passer. Lui assura Todoroki avec un sourire bienveillant. J'ai confiance en ces médecins, et en ta force.
Le doute était toujours présent dans les yeux du blond, semblable à une petite flamme tremblante. Cependant, il releva la tête, et prit cet air fier qui décrivait à merveille Katsuki Bakugou.
- Évidemment que ça va être une réussite. »
Cet air déterminé rassura le bicolore, même s'il savait que le doute persistait derrière cette apparence. Ils n'eurent pas à attendre bien longtemps avant de voir arriver dans la chambre la chirurgienne qui allait opérer le blond, accompagnée de deux infirmières qui trainaient un brancard opératoire, auquel était accroché une perfusion. L'opération étant délicate, il avait été convenu que Katsuki aurait une anesthésie générale, ce qui n'apaisait pas vraiment ses angoisses.
Néanmoins, le cendré prit place sur le brancard. Il sentit l'une des infirmières lui faire un garrot plus haut sur le bras, à l'aide d'un élastique, puis elle mit en place le cathéter, qu'elle fixa avec un sparadrap. La jeune femme lui expliqua qu'on lui administrerait le sédatif une fois au bloc, à travers la perfusion et que, lorsqu'il reviendrait à lui, il serait dans cette chambre de nouveau. Todoroki, de son côté, lui promit de l'attendre ici.
C'est ainsi que Katsuki fut embarqué pour le bloc opératoire en fin de matinée, et qu'il fut happé par un sommeil forcé. Lorsque ses yeux papillonnèrent de nouveau, les rayons de soleil furent trop intenses, le forçant à fermer les yeux quelques instants, et le firent grogner. Il sentit une petite pointe de douleur dans sa gorge.
Le grognement du blond attira l'attention de Shoto qui, assis dans une chaise à côté du lit, feuilletait de vieux magazines pour s'occuper.
« Katsuki, comment tu te sens ? Demanda immédiatement le bicolore, se levant pour être plus proche de son petit ami. Bakugou, de son côté, avait la tête légèrement embrumée, et sentait sa bouche sèche. Il eut aussi un frisson que Shoto remarqua rapidement, et il remonta le drap sur le blond. La chirurgienne m'a dit que l'opération s'était bien passée, mais que tu aurais peut-être des maux de gorge car ils ont dû t'intuber sous anesthésie. Le fait que tu aies froid est aussi un petit effet secondaire normal. »
Todoroki lui sourit et lui tendit une bouteille d'eau que Katsuki attrapa mollement de la main gauche. Il se redressa dans le lit et la tête lui tourna soudainement, petite séquelle de l'anesthésie. Todoroki vint s'asseoir au bord du lit et passa son bras autour de sa taille, le maintenant droit. Le cendré but quelques gorgées, ce qui apaisa sa gorge, avant de se rappeler les mots de Shoto : l'opération s'est bien passée. Un sourire soulagé s'imposa sur son visage.
Un médecin passa quelques minutes après le réveil du blond, et l'autorisa à rentrer chez lui. Il le prévint cependant que sa tension était encore basse et qu'il devait, par conséquent, éviter les efforts physiques, et faire attention à d'éventuels étourdissements.
Avec son tout nouveau gilet coude au corps, et son bras droit totalement immobilisé, Katsuki laissa Shoto l'aider à mettre son jeans et, dans l'incapacité de remettre son t-shirt, ne remit que la veste qu'il avait avec, évidemment, un seul bras sortant.
Ils prirent un taxi pour le retour, évitant ainsi l'attente du bus et le risque potentiel de rester debout dedans, et furent de retour à l'appartement en un rien de temps.
Une fois confortablement installé dans le canapé, Katsuki appela ses parents afin de les rassurer quant à l'opération, tandis que Shoto renseignait leurs amis par texto, et commanda leur repas du soir un peu plus tôt qu'à l'accoutumée, puisque Katsuki avait peu mangé aujourd'hui. Ils se firent livrer de la nourriture épicée – mais moins que d'habitude à cause du mal de gorge du blond – et se posèrent tranquillement devant un film.
À la fin de celui-ci, le blond somnolait déjà à moitié, sa tête reposant contre l'épaule de Shoto. La journée avait été épuisante émotionnellement et, bien qu'il ait dormi sous anesthésie, il ressentait une fatigue importante. Todoroki éteignit la télévision et tous deux se dirigèrent vers leur chambre. Katsuki dut se coucher sur le dos, chose qu'il aimait peu car il trouvait cette position assez inconfortable, mais il s'agissait de la meilleure configuration pour son bras. Shoto prit place sur le côté et entoura la taille du blond, se rapprochant un peu plus lorsqu'il remarqua sa peau fraiche.
Ainsi entouré de chaleur, Bakugou ne mit pas longtemps à s'endormir, malgré le fait d'être sur le dos.Todoroki, quant à lui, surveilla son petit ami durant les trois heuressuivantes. Il observait sa respiration calme, écoutait les battements réguliers de son cœur, et était attentif à ses variations de température. Puis, au boutd'un moment, lorsqu'il fut suffisamment rassuré, il se détendit et s'endormit à son tour, mais d'un sommeil léger.
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Hey ! J'espère que vous allez bien !
Nous voici déjà avec le chapitre 49, et nous nous approchons grandement de la fin de cette histoire.
J'espère qu'il vous aura plu et je vous dis à dimanche prochain pour le 50ième chapitre !
Baiser monochrome,
-DianaV🌺
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