Chapitre 42

Annonces et responsabilités

Bakugou était rentré vers une heure du matin et, Todoroki étant en patrouille, s'était rapidement couché et endormi. Le lendemain, lorsque Katsuki se réveilla, il put observer le visage endormi de Shoto. Ses cheveux habituellement si bien coiffés étaient en bataille, ses lèvres finement entrouvertes. Bakugou remarqua bien vite la présence d'un bandage sur son bras droit, visiblement fait ailleurs qu'à l'hôpital, et en conclu que sa patrouille avait dû être mouvementée. Se promettant de le questionner plus tard, le blond se leva le plus silencieusement qu'il put et partit prendre une douche rapide.

Depuis son réveil, il y a un mois et demi, son bras droit avait retrouvé légèrement plus d'amplitude et il s'était surtout adapté à utiliser majoritairement son bras gauche dans les actions quotidiennes. Il restait néanmoins complètement bloqué dans certaines tâches, comme lever un objet lourd ou simplement enfiler un t-shirt. Mais, restant un battant jusqu'au bout, il avait bien progressé dans sa rééducation – et tellement insisté auprès du médecin – que ce dernier avait fini par l'autoriser à pratiquer plus d'exercices. Évidemment, soulever des poids lui était impossible mais, n'ayant momentanément plus de gardes à assurer, il avait repris son footing journalier, ainsi qu'abdos et à peu près tout type de musculation qui n'impliquait pas, ou peu, les bras. Se voir diminué l'avait bouffé et l'inaction le rendait dingue alors, avec le sport, il avait retrouvé un exutoire.

Une fois séché et vêtu, Katsuki prit le double des clés et sortit, se rendant à l'hôpital tout en exécutant son footing matinal. Il arriva dix minutes avant son rendez vous, et se retrouva à attendre impatiemment, créant presque une tranchée à cause de ses aller-retours incessants dans la salle d'attente. Avec seulement quatre minutes de retard – avantage d'être le deuxième rendez-vous de la journée – le quinquagénaire qui gérait son dossier entra dans la petite salle et, après une brève poignée de main, lui fit signe de le suivre. Ils s'installèrent tous deux dans le bureau, où une table de consultation trônait un peu plus loin.

« Alors, monsieur Bakugou, je remarque que c'est la première fois que vous venez seul en consultation. Comment allez-vous ? Son perpétuel air sérieux sur le visage, le médecin détaillait son patient, comme cherchant à lire en lui. Katsuki haussa légèrement l'épaule gauche.

- Ça va. Il y eut un silence de quelques secondes. Comprenant qu'il devait s'étendre un peu plus, le blond ajouta. Shoto était juste rentré, alors je l'ai pas réveillé. Puis, j'ai fait des progrès, je sais me gérer en quasi autonomie.

- Bien, alors montrez-moi ces progrès. Installez-vous sur la table d'auscultation, en sous vêtements. Replongeant le nez dans le dossier du garçon, consultant notamment son ancien poids, pourcentage de masse musculaire et autres données, il observa du coin de l'œil le cendré se dévêtir plutôt habilement, constatant rapidement que ce dernier se débrouillait, en effet, vraiment bien. Dès qu'il le vit assis, l'homme se leva et, réajustant son stéthoscope autour de son cou, il se saisit du matériel dont il aurait besoin. Il testa des réflexes du garçon, vérifia son cœur, sa vue, l'amplitude de ses mouvements et même, en lui demandant quelques squats, son rythme respiratoire et cardiaque à l'effort. Il fut étonné de constater que le héros avait rapidement récupéré au niveau musculaire. Son corps était robuste et sa motivation sans bornes, ce qui donnait rapidement des résultats. Il lui fit une prise de sang et termina l'auscultation en se concentrant sur l'épaule blessée. Il fut de nouveau surpris. Bien que le blond récupère rapidement sur la totalité de son corps, son épaule semblait rester à la traine, ce qui provoqua un froncement de sourcils du médecin. Geste infime, mais qui n'échappa pas aux pupilles sanguines qui l'observaient.

- Y'a un truc qui va pas ? Même s'il avait essayé de sonner détaché, l'inquiétude était perceptible dans sa voix.

- Avez-vous fait des exercices supplémentaires à ceux prescrits ?

- Non. Réponse franche et immédiate de la part du cendré. J'en crevais d'envie mais j'ai saisi que c'était plus risqué qu'autre chose. Pourquoi ? Après un discret soupir, l'homme en blouse blanche reprit.

- Votre amplitude de mouvements a, certes, augmenté, mais pas comme elle aurait dû. Cette fois-ci, c'est Katsuki qui fronça les sourcils. Certains mouvements devraient vous être accessible maintenant, pourtant vous ne pouvez en réaliser qu'une moitié. Vos muscles ainsi que l'articulation scapulo-humérale ont l'air encore très fragiles, ce qui me préoccupe. J'aimerais vous faire passer une radio et un scanner de l'épaule, afin d'avoir plus d'informations. Ce n'est peut être rien, mais je préfère jouer la sécurité.

- Et si vous avez raison, et qu'il y a un problème ? Le cendré avait du mal à avaler sa salive à cette simple idée.

- Nous aviserons, suivant le problème. Mais nous ferons le maximum possible, quel que soit le résultat. »

Bakugou se contenta d'hocher la tête, se rhabilla tandis que le médecin lui expliquait qu'il pourrait lui faire passer ces examens dans neuf jours, lui donnant un nouveau rendez-vous dans ce lieu qui le mettait mal à l'aise, puis quitta l'hôpital, déambulant dans les rues, la tête remplie de questions. C'est inconsciemment – et certainement par habitude – que Katsuki se retrouva à quelques pas de son agence. Reprenant ses esprits, il commença à faire demi-tour, puis se ravisa, se décidant finalement à entrer. Ses collègues présents l'observèrent, étonnés de sa présence.

« Hey Baku ! Une tornade rouge se précipita vers lui, souriant jusqu'aux oreilles. Ça fait plaisir de te revoir ici ! Eijiro avait les yeux brillants, espérant une bonne nouvelle.

- Yo, tête d'orties. J'étais dans le coin, alors je suis passé. Il observa l'agence et les bureaux autour de lui. Quoi de neuf ici ?

- Quelques trucs mais rien d'aussi énorme que notre dernière enquête. Au fait, faut que je te présente ! Akemi, tu peux venir deux minutes ? Le blond observa alors une jeune femme, plutôt petite, se lever d'un bureau et se diriger vers eux. Akemi, je te présente Katsuki Bakugou, Ground Zéro, mon partenaire depuis presque quatre ans ! Baku, voici Akemi Hagima, une nouvelle recrue récemment diplômée de Yuei. C'est avec elle que je fais mes patrouilles depuis trois mois. La jeune femme salua poliment le héros et Katsuki sentit son cœur se serrer. Il chassa rapidement cette sensation mais il ne put le nier : il avait la triste impression d'avoir été remplacé. Secouant la tête, il reprit ses esprits et salua également la jeune femme qui partit finir ses rapports.

- Je te laisse, Kiri, je vais voir la chef quelques minutes.

- Tu vas bientôt pouvoir reprendre ? Pinçant les lèvres, Katsuki prit la voix la plus assurée qu'il put.

- J'en sais rien. Tu seras un des premiers au courant, lorsque j'en saurai plus.

Puis, sans laisser à son meilleur ami le temps d'ajouter quoi que ce soit, il partit vers cette porte qu'il connaissait bien, y donner quelques coups. Sa supérieure l'accueillit, surprise mais non moins ravie, et lui fit signe de s'asseoir d'un geste ample.

- Ground Zéro ! Je suis heureuse de te revoir ici ! De bonnes nouvelles ?

- Mitigées. Je récupère, mais je ne sais toujours pas quand je pourrai reprendre. Le cendré prit place, assis en tailleur sur la large chaise tandis que sa supérieure tentait de masquer une moue inquiète.

- Je vois. Il vaut mieux que tu prennes le temps pour nous revenir en pleine forme. Cet incident a été plutôt violent.

- La violence est courante dans ce métier. Mais je ne suis pas venu pour parler de ça. L'héroïne se pencha un peu en avant, à l'écoute.

- Je t'en prie, de quoi souhaitais-tu parler ?

- Je sais que je suis hors service en ce moment, mais j'aimerais avoir le rapport final de cette enquête, et savoir ce que sont devenus les gamins. Kirishima m'a déjà dit que la plupart avaient retrouvé leur famille, mais je n'en sais pas plus. La femme sourit et, sans même vraiment y réfléchir, fouilla dans ses dossiers afin d'en sortir celui qui inquiétait Ground Zéro.

- Tiens, le rapport complet et détaillé. Ramène-le-moi dans deux jours. En ce qui concerne les enfants, certains sont, malheureusement, en orphelinat, et le resterons pendant encore un moment. Tu trouveras toutes les infos dans les dernières pages. Katsuki hocha lentement la tête, les yeux posés sur le dossier. Puis-je faire autre chose pour toi ?

- Non. J'ai ce que je voulais. Le héros convalescent se leva de sa chaise et se dirigea vers la porte, s'arrêtant main sur la poignée. Au fait... Il marqua une pause, hésitant. Cette Akemi je-sais-plus-trop-quoi... Elle est bien ? Tournant le dos à sa supérieure, il ne remarqua pas le sourire sur son visage.

- C'est une très bonne héroïne, très compétente. Et Red Riot la coache à merveille.

- Bien. Le blond serra les dents, frustré, ce qui n'échappa à la jeune femme.

- Mais nous attendons tous impatiemment ton retour, Ground Zero. À cette phrase, le cendré sut qu'elle avait lu en lui comme dans un livre ouvert. Il mordit sa lèvre, soudainement mal à l'aise, mais étrangement soulagé.

- Je serai de retour si vite que c'est à peine si vous remarquerez mon absence. »

Mettant ainsi un terme à la discussion, le héros sortit et, saluant rapidement ses collègues, quitta l'agence direction l'appartement de Shoto. Il n'était qu'onze heure trente lorsque Katsuki déverrouilla la porte de l'appartement. Pourtant, il entendit la voix de Todoroki, bien qu'il ne comprenne pas ce que ce dernier disait. Le blond retira ses chaussures et, instinctivement, se dirigea vers la voix du bicolore. Cette dernière provenait de la chambre de ce dernier. Katsuki était partit pour le rejoindre mais s'arrêta, main sur la poignée, à l'entente d'une phrase.

« Je me libèrerai. »

Trois mots qui coupèrent la respiration du garçon. Il resta figé, incapable d'appuyer sur la poignée. Le comportement de Denki lui revint en tête et, sans le vouloir, il fit un inquiétant parallèle. Le silence régna quelques secondes avant que Shoto ne reprenne la parole.

« Écoutes, c'est déjà génial que tu prennes du temps pour moi alors, donnes-moi un horaire, et je serai là. » Un autre silence suivit, pendant lequel Bakugou essayait de se résonner le plus possible.

« T'en fais pas. Je t'ai dit que je serai là. Alors, on se voit vendredi. »

N'y tenant plus, et bien que tremblant légèrement, Bakugou abattit la poignée – plus brusquement qu'il ne l'aurait voulu – et aperçut le bicolore, torse nu et décoiffé, assis dans le lit, le téléphone toujours à l'oreille. Ce dernier eut l'air surpris, mais aucune trace de panique ne prit place sur son visage. Peut-être une pointe d'inquiétude dans ses yeux, mais tellement fugace que le cendré n'en était pas certain. Il conclut son appel d'un bref 'À plus', avant de se lever, souriant tendrement au garçon.

« Je ne t'ai pas entendu rentrer. Comment s'est passé ton rendez-vous ? Une fois suffisamment proche, le héros nocturne posa ses mains sur les hanches de l'explosif et l'attira à lui dans une tentative de baiser que le cendré esquiva, baissant les yeux afin d'éviter ce regard hétérochrome.

- Bof. Je récupère bien, sauf de l'épaule. Je vais passer d'autres examens dans une semaine. Todoroki pinça les lèvres, inquiet de voir le cendré si peu animé. Ces dernières semaines, son moral n'avait fait qu'augmenter jour après jour et là, après ce rendez-vous, il avait l'air au plus bas. Il l'attira dans ses bras, le berçant de manière rassurante tout en caressant son dos.

- Je suis certain que ce n'est qu'une question de temps, Katsu. Tu es la personne la plus forte et la plus déterminée que je connaisse. Si quelqu'un peut s'en remettre, c'est bien toi. Bakugou posa la tête contre l'épaule du garçon, soupirant tout en agrippant sa taille fermement pendant quelques instants. Il devait chasser les idées parasites qui troublaient son esprit, et il ne vit pas plus simple que de demander, se redressant afin de plonger son regard rubis dans les yeux vairons qu'il appréciait tant.

- C'était qui, au téléphone ? Le bicolore parut étonné d'une telle question, mais répondit assez rapidement.

- Une amie. Qui avait besoin de parler. L'air sincère du héros ne rassura aucunement Bakugou. Le morceau de conversation qu'il avait surpris ne semblait pas correspondre à ce que son petit ami lui affirmait.

- T'aurais pas dû raccrocher, alors.

- Je la vois vendredi. Et puis, tu avais cette mine inquiète que je ne pouvais pas ignorer. Le plus vieux déposa un doux baiser sur le front de l'explosif, espérant dérider un peu ses traits. Et si on préparait à manger ? Je meurs de faim.

Décidant de mettre ses doutes de coté, mais bien déterminé à démêler le vrai du faux, Katsuki se laissa entraîner vers la cuisine, questionnant le bicolore sur son bandage afin de s'occuper l'esprit. Le repas fut près et rapidement dégusté, et les deux héros se posèrent sur le sofa, les infos en sourdine. Katsuki feuilleta le rapport d'enquête un long moment, silencieux, jusqu'à ce que Shoto ne brise le silence.

- Même en arrêt maladie, tu trouves le moyen de ramener du travail à la maison ? Todoroki, curieux, se pencha au dessus de l'épaule du blond afin de savoir ce qui absorbait tant son copain.

- C'est le rapport d'enquête sur les kidnappings. Je compte faire un saut à l'orphelinat, pour rendre une visite aux deux gamins qui ont tout perdu. Voyant l'air affligé sur le visage de Katsuki, Shoto déposa un baiser dans son cou.

- Je t'accompagnerai, si tu veux. »

Le cendré se contenta de hocher la tête sans parvenir à esquisser le moindre sourire.

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Hey ! Bonjour à tous et à toutes !

Voici le chapitre 42, en temps et en heure ^^

On repart sur une petite pointe de drama, ce qui me donne envie de poser deux petites questions :

À la place de Bakugou, vous seriez inquiet ou vous penseriez plutôt devenir paranoïaque ?

À votre avis, avec qui Shoto était au téléphone ces derniers temps ? Et pourquoi ? ^^

J'espère que ce chapitre vous a plu, je vous souhaite un bon dimanche et vous dis à la semaine prochaine pour le chapitre suivant !

Baiser monochrome,

-DianaV🌺

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